Pavillons : « Le manque d'anticipation globale mène à des impasses » (2/4)

La Maison écologique : Le périmètre de la rénovation d’un pavillon doit-il être prioritairement anticipé ?

Camille Julien : Oui, d’autant plus que le pavillon a l’avantage d’être facile à rénover thermiquement. Il ne s’agit surtout pas d’un simple ravalement de façade. Il ne sert à rien de se précipiter en changeant les fenêtres ou en procédant à un ravalement sans penser à l’isolation, par exemple. Car s’il y a ensuite une isolation thermique à faire par l’extérieur, il y aurait un frein à devoir à nouveau bouger ces fenêtres, donc réaliser – et payer – deux fois les mêmes travaux. Ou bien, en s’obligeant à recourir à une isolation par l’intérieur parce que l’on aurait ravalé la façade, on s’imposerait de vivre dans des travaux poussiéreux ou de se loger ailleurs le temps que ces derniers se fassent. Dans les deux cas, cela mène à une impasse. C’est pour cela que nous conseillons d’être accompagné dès le départ. Une rénovation de confort ou esthétique doit et peut se penser, mais cela doit se faire en même temps que la rénovation énergétique.

La rénovation des espaces intérieurs peut donc aussi s’envisager avec le prisme de la rénovation énergétique.
Si l’on s’engage dans la rénovation esthétique intérieure sans avoir envisagé les futurs travaux énergétiques, on peut se retrouver bloqué. Par exemple, si l’isolation extérieure s’avère impossible sur un mur, mais que les travaux sont déjà faits dans une pièce comme la cuisine, il sera impossible d’isoler le mur par l’intérieur à moins de tout défaire à nouveau. À l'inverse, il est pratique de penser sa rénovation esthétique en même temps que sa rénovation énergétique. En réaménageant son intérieur, il est aussi possible d’envisager des transferts de pièces : notamment entre les pièces froides et celles de vie nécessairement plus chaudes en cherchant à optimiser les apports de lumière et donc de chaleur (dans le salon, par exemple) et un circuit simple et efficace de ventilation.

Ces pavillons peuvent-ils atteindre de très faibles consommations énergétiques ?
Ce sont des maisons idéales pour cela, car on les achète dans leur jus. Comme il y a tout à faire, on peut tout faire en une seule fois : les propriétaires vont souvent pouvoir faire travailler ensemble les maçons, menuisiers ou plaquistes, par exemple. Dans notre groupement Dorémi, les artisans sont très attentifs à penser les interfaces entre les étapes de rénovation du toit, des murs, du sol, etc. Les artisans se concertent afin d’intervenir chacun au bon moment. Nous avons beaucoup de cas, aujourd’hui, pour lesquels des maisons qui étaient des passoires énergétiques classées F sont passées à B, voire A dans certaines régions. D’ailleurs, nous ne conseillons pas de se contenter de passer de F à D ou C. Le passage en B est vraiment accessible en une fois. Faire venir deux fois des artisans avec échafaudages, par exemple, coûte cher. En plus, passer en B offre de meilleurs résultats en termes de réduction de besoins et de consommations énergétiques.

La rénovation globale en une seule étape vous semble-t-elle toujours adaptée ?
Nous appliquons un objectif de 50 kWh/m² de consommation à l’issue de la rénovation. On peut y arriver par étapes, mais en deux étapes maximum en travaillant dès le départ sur la manière dont sera menée la seconde phase. Par exemple, l’étanchéité à l’air du mur et son isolation doivent être pensées et réalisées en intégrant les futures contraintes d’isolation de la toiture si cette dernière doit être menée dans un second temps. Nous avons d’ailleurs participé à la réalisation de fiches techniques disponibles en ligne sur ce point*.