Territoire : Ils sèment les villes de demain

TERRITOIRE VILLE DE DEMAIN

La ferme urbaine Capri s’ancre dans le 15e arrondissement de Marseille comme un équipement agricole de quartier.

Et sur sa parcelle, l’écoconstruction fait partie de l’équation.

Et si Marseille (re)devenait une ville vivrière ? Cette proposition qualifiée d’utopique par certains fonde en partie les actions de la Cité de l’agriculture. Implantée depuis 2017 sur le vaste territoire phocéen, cette association qui compte aujourd’hui une vingtaine de salariés replace l’alimentation durable au cœur de la transformation sociale et spatiale.

Sa fondatrice Marion Schnorf raisonne de manière systémique, défendant l’idée « qu’une forme d’agriculture urbaine mobilisée à des fins de transition écologique, et en articulation avec les questions de justice sociale, peut répondre aux imposants enjeux des villes de demain ». La jeune femme rappelle d’ailleurs que Marseille était « autosuffisante en fruits et légumes dans les années 1950 », grâce à un réseau de fermes et de jardins situés principalement au nord et à l’est de la ville.

Réactiver le réseau

Installée sur un ancien terrain agricole, la ferme Capri réactive la présence de ce maillage agricole urbain. En effet, ce projet phare de la Cité de l’agriculture expérimente une activité de maraîchage sur 3 000 m2 d’une parcelle en friche depuis 70 ans. L’initiative lancée il y a presque deux ans bénéficie à la résilience du site. Elle vise aussi à faciliter l’accès à des produits frais pour les habitants du quartier, identifié comme un « désert alimentaire ».

À dimensions multiples, le projet de la ferme Capri exploite toutes les externalités positives (environnementale, sociale, pédagogique…) générées par cette activité de maraîchage. C’est un lieu support ouvert à tous les possibles. « La ferme est un équipement agricole de quartier », confirme Lucas Turbet-Delof, coordinateur de la ferme urbaine. Elle produit, sensibilise, rassemble et forme. « L’objectif ne se limite pas à la production agricole. On y fait de la vente directe auprès des riverains sur le marché des Aygalades ou à la sortie des écoles du quartier. La ferme accueille les bénévoles et les habitants le mercredi ; des ateliers pratiques, de la formation dans la semaine. Cette diversité d’activités en développement a nécessité la construction d’un lieu d’accueil », poursuit-il.


Écoconstruire : Une maison sur le toit de l’immeuble

ECOCONSTRUIRE MAISON IMMEUBLE

À Brest, Charles et Sandra ont construit leur maison sur le toit de leur immeuble.

Une manière de faire du neuf en construisant sur la ville, sans rogner sur les terres agricoles ou naturelles.

Leur petit collectif est situé sur les hauteurs de Brest. Une construction datée de 1938, sur un terrain à faible pente. C’est là que Charles Crozon et Sandra Foussard, commercial dans la construction navale et directrice d’un centre de formation, tous deux finistériens d’origine, sont revenus s’installer dans les années 1990 après un détour à Paris. Si l’immeuble qui compte neuf logements se fait remarquer depuis la grande avenue voisine, ce n’est pas pour ses murs blancs ni ses ceintures de béton fraîchement peintes en orange qui délimitent chacun des trois étages. C’est plutôt son étrange toit, surmonté d’une construction qui attire l’œil. Une maison sur le toit. « Nous vivions dans cet immeuble. Nous ne voulions pas le quitter mais nous avions envie de nous lancer dans un nouveau projet. Sandra a commencé à rêver d’une maison sur le toit », explique Charles. La rencontre avec l’architecte brestoise Claire Bernard va le concrétiser. « Nous avons rencontré beaucoup d’architectes avant Claire et les tarifs atteignaient huit cent mille euros. Totalement hors de portée pour nous. Finalement, Claire est arrivée avec une démarche très pragmatique et une solution financièrement accessible pour notre budget aux alentours de 260 000 euros pour deux nouveaux niveaux », se souvient-il. Dans son cahier des charges, le couple inscrit l’objectif de matériaux à faible impact : ossature en douglas non traité, isolants biosourcés. L’architecte acquiesce.

Une terrasse pour sol, trois étages pour fondations

Avant de poser la moindre première poutre de cette maison ossature bois, deux ans de conception ont été nécessaires. Le temps de vérifier la faisabilité technique du projet et d’obtenir l’accord de la copropriété. Un bureau d’études structure accompagne pour valider la capacité du petit immeuble à supporter deux nouveaux niveaux. Pour se faire, un chainage en béton armé est réalisé sur le mur en pierre d’origine pour recevoir et répartir la charge des poutres en bois qui vont constituer les fondations sur lesquelles sera posé le sol en bois de la maison.

« Traiter 100 % de la toiture était la meilleure solution. Ensuite, il a fallu que tous les copropriétaires cèdent leur droit au toit. La surélévation vient se positionner sur un petit appartement que nous avons acheté et sur l’appartement d’un voisin », précise Charles. Pour convaincre la copropriété, le couple a transformé le chantier en avantage : en contrepartie de la cession des droits du toit, le couple a complètement rénové la toiture et son étanchéité qui était en piteux état. À la clé : une isolation thermique et phonique (ouate de cellulose insufflée entre solives). Autre astuce de mutualisation : l’échafaudage monté et loué pendant la pose de la nouvelle couverture a permis d’effectuer le ravalement des façades de l’immeuble pour les nettoyer et les rafraîchir.


Territoire : R-Urban : construire la ville en circuits courts

écoconstruire la ville en circuits courts TERRITOIRE La Maison écologique 128

Créer des liens et instaurer des circuits courts dans les villes, c’est l’ambition de l’Atelier d’architecture autogérée qui a mis au point la stratégie R-urban. Au programme : Recyclab et Agrocité.

Il existe dans un coin de Bagneux, au sud de Paris, un petit poumon vert fait de jardins et de bâtiments écoconstruits. L’un de ces bâtiments, le « Recyclab », a été terminé au début de l’été 2021, après cinq mois de chantier. Construit à partir de containers, il est conçu avec une empreinte carbone minimale et a été monté sur pilotis, de façon à ne pas imperméabiliser les sols. « Les matériaux utilisés sont biosourcés et issus du réemploi, explique Constantin Petcou, architecte et cofondateur de l’Atelier d’architecture autogérée (AAA), structure qui a initié et coordonné la construction du Recyclab. Les caissons du plancher ont été élaborés avec des portes récupérées dans des immeubles haussmanniens et les doubles vitrages sont partiellement issus de réemploi. » 

À terme, le lieu accueillera des activités de l’économie sociale et solidaire, un fablab (atelier de fabrication équipé de machines numériques), des séminaires, des activités de réemploi, etc. « Dans le premier Recyclab que nous avons construit, à Colombes (92), il y avait un Repair café pour dépanner les vélos, des espaces de coworking, des résidences pour designers, séminaires, etc. ; tout un écosystème d’activités favorisant une transition écologique basée sur des activités et des acteurs locaux », raconte l’architecte.

Habitants impliqués à toutes les étapes

Juste à côté du Recyclab se trouve l’Agrocité. Bâtie en 2019 selon les mêmes principes écologiques. « Nous avons utilisé des planches de séchage de parpaing recyclées pour le plancher. L’isolation est en paille, qui est aussi un déchet local, issu de l’agriculture, et que nous avons récupérée en Île-de-France. Le bardage est bigarré, réalisé avec diverses fins de séries de bois », détaille Constantin Petcou. 

Entre ces deux bâtis verts : des jardins familiaux. Soit 1 500 m² en tout, au cœur d’une cité densément peuplée : 10 000 habitants par km². « Les projets sont en interaction les uns avec les autres, ajoute le cofondateur d’AAA. Les eaux pluviales récoltées sur le Recyclab servent, par exemple, à alimenter le jardin en permaculture de l’Agrocité. Il y a une complémentarité entre les deux unités. » Cette interdépendance s’inscrit pleinement dans la stratégie « R-urban », portée par AAA, qui ambitionne de créer des réseaux locaux et de valoriser les circuits courts en milieu urbain pour l’habitat, le travail, les mobilités ou encore l’agriculture. À chaque projet constructif, les habitants de la commune sont associés. Et ils restent très actifs ensuite, une fois les bâtiments achevés.


Avis d’experts enquête : Réseaux de chaleur : cap sur les renouvelables

réseaux de chaleur

3321 km au total en 2009, 5 964 km en 2019 ! En dix ans, les réseaux de production et de distribution de chaleur se sont considérablement développés en France. Si les premiers ont été construits dans les années 1930 comme des outils de mutualisation énergétique pour alimenter en chauffage et en eau chaude les centres des grandes villes, ils se sont développés dans les nouvelles zones de logements pour participer à une politique urbaine et sociale. Ils investissent également petit à petit les campagnes où ils permettent aux communes une reprise en main de la question énergétique. Contrairement aux réseaux de ville, souvent exploités via une délégation de service public par des entreprises spécialisées et raccordés à des logements collectifs et des bâtiments tertiaires, les réseaux ruraux sont en général exploités en régie par la collectivité qui les porte, faute d’intéresser les opérateurs de réseaux. « Malgré la faible densité de population, ils trouvent leur modèle économique en reliant quelques bâtiments importants, comme ceux des hôpitaux et des collectivités, et éventuellement des particuliers », explique Guillaume Perrin, chef du service des réseaux de chaleur et de froid de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, la FNCCR.

Du local dans les réseaux de chaleur

Alimentés au départ essentiellement par des énergies fossiles, les réseaux de chaleur deviennent depuis les années 2010 un outil phare des politiques publiques pour décarboner la chaleur. « L’un des principaux arguments en faveur de ces infrastructures est qu’elles mobilisent massivement des gisements d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) locales non distribuables autrement, comme la géothermie profonde, le bois dans des chaufferies de forte puissance, la chaleur issue de l’incinération des déchets… Et elles font basculer d’un seul coup de nombreux usagers vers les EnR&R », poursuit Guillaume Perrin. En dix ans, leur utilisation dans les réseaux a doublé pour atteindre 59,4 % (15 TWh) en 2019(1).

Si la géothermie profonde est l’énergie verte historique des réseaux de chaleur, l’énergie issue des Unités d’incinération des ordures ménagères (UIOM) est actuellement la plus représentée. « L’énergie des UIOM, si elle n’est pas valorisée, est perdue. C’est donc l’une des options privilégiées lors de l’étude des possibilités d’alimentation d’un réseau, avec la chaleur fatale industrielle », justifie Arnaud Mainsant, du service Réseaux et énergies renouvelables de l’Ademe, qui subventionne le développement des réseaux de chaleur alimentés à plus de 65 % par des EnR&R. Pour fournir de la chaleur à la ZAC Bordeaux Euratlantique, Bordeaux Métropole a ainsi opté pour un réseau qui devrait, d’ici une dizaine d’années, être couvert à 90 % par l’énergie de l’UIOM de Bègles (complément au gaz).


Alternatives : Verger et potager partagés au coeur de Montpellier

potager partagés

Entre deux quartiers denses de Montpellier, une coulée verte abrite plusieurs parcelles comestibles et aires de compostage. De quoi instiller une culture agricole et nourricière dans la ville et sur les balcons des habitants.

30 ha de verger et potager partagés

Quelle surprise de découvrir le Verpopa. Ce jardin, à la fois verger et potager, de 2 500 m2 logé au cœur d’un immense parc de 30 ha dans le quartier Malbosc, à Montpellier. Un véritable poumon vert au nord-est de la ville, qui s’étend jusqu’au quartier voisin de la Mosson. Un corridor écologique pour les 20 000 habitants des deux quartiers. De nombreux jardins y fleurissent, comme ceux du Bosphore et les jardins familiaux municipaux, clôturés et nichés derrière d’épaisses haies végétales. Dans les prairies du parc, un troupeau de moutons paît tranquillement. Dans cet îlot de verdure que l’actuelle équipe municipale promet de ne pas urbaniser, impossible de ne pas remarquer le Verpopa.

Ici, pas de rangées rectilignes de légumes plantés dans un sol nu, mais des buttes potagères et une végétation libre de s’exprimer, une mare, des arbres fruitiers, des ruches. Et on ne débroussaille pas avant que l’herbe soit jaunie.

Le premier verger partagé urbain de France

« L’idée est née en 2008 lors des rencontres de la permaculture cévenole. Une vingtaine de personnes de quartiers différents a démarré ce lieu, qui est le premier verger partagé urbain en France avec ses plantations de pêchers, abricotiers, figuiers, cerisiers. Aujourd’hui, nous comptons 32 membres », résume Alain Del Vecchio, coprésident de Verpopa, cofondateur et coprésident de l’association le Réseau des semeurs de jardin – dont Verpopa est un membre fondateur – et fervent défenseur du jardinage en ville.

Un parcours long et sinueux, raconte Elisabeth Vatel, habitante du quartier, membre du comité de quartier Malbosc Bouge et membre de Verpopa. Active, Elisabeth détient aussi une parcelle dans les jardins familiaux.

« Au Verpopa, il y a du monde à jardiner ensemble, c’est enthousiasmant. Au début, certains membres des jardins familiaux se moquaient de l’organisation du jardin. Mais, en permaculture, tout ce qui y est fait est respectueux de l’environnement et tout a un sens. Cela a pris du temps de nourrir cette terre qui, au départ, n’est pas riche, avec juste leur compost, le compost collectif et le bois raméal fragmenté (BRF)(1). Je me suis rendue à une de leurs fêtes où l’on déguste les produits du jardin (artichauts, courges, tomates, etc.). Un spécialiste des plantes comestibles nous y a montré plus d’une trentaine d’espèces présentes, dont des salades sauvages ! »


Vue d’ailleurs : Luc Schuiten, l’archi végétal

Archi vegetal

L’archi végétal

L’un des précurseurs de la création des maisons autonomes en Belgique dans les années 1970, Luc Schuiten développe aujourd’hui, en tant qu’architecte utopiste, ses projections futuristes d’une ville où la nature serait beaucoup plus présente. Rencontre.

En 1977, Luc Schuiten a construit l’une des premières maisons autonomes en énergie près de Bruxelles. Il voit à l’époque les architectes retirer la végétation autour des bâtisses qu’ils érigent, pour les mettre en évidence comme des objets posés dans l’environnement. « Moi, je voulais au contraire que ma maison vive par l’environnement, raconte Luc Schuiten, que son environnement devienne sa ressource, son énergie, qu’elle trouve dans cet endroit quelque chose qui la fasse réellement vivre. » À cette époque, les premiers panneaux solaires thermiques viennent de sortir en Belgique. « J’estimais que le fait d’incorporer quelque chose d’aussi important nécessitait de revoir entièrement la façon de construire une maison », se souvient-il.

Il conçoit alors des plans intégrant 80 m2 de capteurs solaires, dont le fluide caloporteur alimente une cuve de 100 000 l au sous-sol. Le but : stocker l’énergie pour chauffer l’hiver. « L’installation de départ était coûteuse. C’est un système que je ne referais plus aujourd’hui. C’était une expérience un peu pionnière, on essayait des tas de choses. » Pour ne pas dépendre d’un système expérimental, Luc Schuiten installe aussi un poêle à bois. L’électricité, quant à elle, provenait d’une éolienne de 25 m de haut. « J’avais été voir le constructeur qui l’avait érigée à côté de son usine. Je lui avais dit : “Si vous mettez votre éolienne à côté d’une maison, on verra qu’elle fournit entièrement son électricité, ce sera bien plus démonstratif.” Il a été tout de suite d’accord. Donc je l’ai reçue et montée chez moi. » 

L’éolienne avait une capacité de 2 kW. « Ce n’était pas énorme, donc on a réduit nos besoins. On fonctionnait au courant continu sur du 12 V. On a changé nos ampoules pour être sur du 12 V. Il y avait six grosses batteries de camion dans la cave. C’était suffisant pour stocker l’énergie, qu’on consommait au fur et à mesure. »

La maison, prolongation de soi-même

Pour Luc Schuiten, notre habitat est quelque chose de totalement personnel, comme un vêtement. « L’habit que nous portons se fait à notre manière de bouger et d’être. Je voulais que les gens qui viennent chez nous sans que nous soyons là aient une idée de qui nous sommes, par la personnalité de chaque chose. Les objets n’étaient donc pas achetés, ils étaient fabriqués. On vivait dans un environnement qui nous était propre et identitaire, une prolongation de nous-mêmes. » 


Avis d’expert.es : Ville ou campagne, quel terreau pour une vie écolo ?

terreau

Alors, ville ou campagne ?

Pour consommer moins, renouer avec le vivant et faire communauté pour plus de résilience, choisir son lieu de vie n’a rien d’anodin. 

Disons-le d’office : la question demeure sans réponse absolue. D’abord, parce que la frontière entre la campagne et la ville est ténue depuis l’avènement de la mobilité. Ensuite, parce que vivre de manière pleinement écologique est toujours relatif. Est-il plus écolo d’habiter en ville ou à la campagne ? Il s’agit plutôt de choisir son niveau d’agissement.

De prime abord, les villes ne paraissent pas être le lieu d’expression de convictions écologiques. L’artificialité et la pollution y sont nocives, le végétal y est d’ordinaire minoritaire ou aseptisé, ordonnancé(1). Elles concentrent des activités de production, de consommation, donc des humains. Elles se sont opposées aux campagnes en mettant un terme à la détermination sociale. Elles étaient l’œuvre du progrès, de la modernité. Et n’ont cessé de croître, de s’étaler. L’artificialisation des sols français concerne 20 000 à 30 000 ha par an, majoritairement pour l’habitat ; une augmentation quatre fois plus rapide que celle de la population(2). Elles se nomment désormais « aires d’attraction des villes », voire « métropoles » pour 22 d’entre elles. Leur cœur concentre souvent l’activité, leurs périphéries les résidences. Un Français sur cinq vit en commune périurbaine, proportion qui augmente de 1 % par an(3).


Vue d’ailleurs : Un squat allemand à l’épreuve du temps

VUE DAILLEURS SQUAT ALLEMAND

UFA Fabrik

Occupée depuis 40 ans, cette friche berlinoise a su maintenir l’esprit des débuts tout en passant le relais à une nouvelle génération en matière d’écologie; de vie communautaire et de solidarité. Ainsi trois stations du métro berlinois U-Bahn séparent l’UFA Fabrik de l’ancien aéroport de Tempelhof. Situés dans le même quartier au sud de Berlin (ouest), ces deux lieux historiques ont en commun d’avoir fédéré; à un moment critique de leur destinée, une énergie citoyenne qui les a sauvés de la disparition.

En 2008, les Berlinois prenaient possession des pistes de l’ancien fleuron aéroportuaire de l’Allemagne nazie pour le transformer en parc géant et; ne plus jamais en bouger en dépit des nombreux projets immobiliers envisagés par la municipalité. Trente ans plus tôt, en 1979, un groupe d’artistes et d’intellectuels circassiens, porteurs d’un idéal solidaire et écologique, s’installaient dans les vieux hangars abandonnés de l’UFA Fabrik. Tous les Berlinois connaissent ces anciens studios de cinéma de l’Universum Film AG fondés en 1921. C’est là qu’ont été tournés et post-produits des chefs-d’œuvres du cinéma allemand dont Métropolis de Fritz Lang et L’Ange bleu avec Marlène Dietrich, mais aussi des films de la propagande nazie.


Vue d’ailleurs : Vienne, laboratoire d’urbanisme vert

Vienne urbanisme vert

Au top des villes les plus agréables à vivre

La capitale autrichienne, Vienne, donne l’exemple en habitat social et écoresponsable. «Ville intelligente», réputée la plus bio-responsable d’Europe, la capitale autrichienne loge 60 % de sa population dans des appartements à loyer plafonné et réserve deux tiers des nouvelles constructions aux logements subventionnés. Une politique en oeuvre de longue date. En outre, chaque nouveau programme immobilier doit respecter une charte de normes environnementales. Des rénovations avec amélioration de l’isolation, sont régulièrement entreprises sur les bâtisses anciennes.

Vienne, c’est tout une manière de vivre au quotidien, avec des pistes cyclables et des voies piétonnes respectées et très utilisées, des boutiques secondhand, de nombreuses Amap(1), des marchés de producteurs tous les jours… Des guinguettes ouvrent en été le long du canal du Danube.


Alternatives : Un four à pain dans mon quartier

four à pain de quartier

Une bonne odeur de pâte chaude circule au milieu des immeubles du Mas du Taureau. Ce soir d’été, une dizaine d’habitants s’est regroupée au Petit bois pour déguster des pizzas cuites dans leur four à pain de quartier. Cet ancien terrain vague fait office de parc au cœur de la cité emblématique de Vaulx-en-Velin (69). Un peu plus loin, un bidonville rappelle la précarité de ce quartier de la banlieue lyonnaise : taux de pauvreté de 32 % et taux de chômage qui frôle 40 % chez les jeunes. Le Mas du Taureau fait l’objet d’un vaste plan de rénovation urbaine depuis plusieurs années. Des tours rasées, plus de 2 000 logements réhabilités, une médiathèque en construction… Quel rôle jouent les habitants dans ce bouleversement ? « Avec le collectif d’architectes Pourquoi pas !?, nous avons souhaité impliquer les riverains dans un processus de co-construction. L’échelle d’une rénovation urbaine est longue. Pour éviter la résignation, nous souhaitions un projet court, avec une fonction sociale. Pas du mobilier, mais un véritable équipement », explique Quentin Vernette, alors chargé de mission « participation » à la Ville de Vaulx-en-Velin. Après avoir planté une roseraie et fabriqué une distillerie pour confectionner de l’eau de rose, les Vaudaix se sont lancés dans la construction d’un four à pain de quartier.

Un four en co-construction

En 2015, le collectif d’architectes Pourquoi pas !? élit domicile dans le quartier et crée une permanence quotidienne*, La Fabriqueterie. Elle fait le lien entre les acteurs du territoire et mène une réflexion sur les aménagements transitoires. « Il faut du temps pour interpréter et formaliser les besoins et les envies. Ce qui est important, c’est l’appropriation. Nous avons d’abord remarqué un espace délaissé, à côté des roses et du terrain de foot. Puis, nous nous sommes intéressés à la façon de vivre le quartier. Au-delà de la construction collective du four, la transmission d’un savoir ancestral – faire son pain – semblait importante pour le lien intergénérationnel et la convivialité. Comme avant, dans les villages, en France ou au Maghreb, le four est universel », explique Amandine Riou, architecte de formation et membre active de Pourquoi pas !?.

Les résidents choisissent d’ériger le four en pisé, une technique vernaculaire de construction en terre crue. Empreinte carbone minime, matériau naturel et local, la terre crue est également sélectionnée car elle est facile à retravailler. Un atout important face aux risques de dégradations, comme l’explique Amandine Riou. « Quelques mois avant, nous avions construit une table et des bancs, dessinés par les enfants. […]