magazine Collector – La Terre, l’écomatériau d’hier et de demain



 

Prévente, publication prévue mi-juin.

Après le Collector Paille, nous nous affairons à préparer notre second ouvrage Collector dédié à la Terre dans le bâtiment !

Depuis 22 ans maintenant, notre magazine La Maison écologique a à cœur de présenter tous les bienfaits de la terre comme écomatériau.

 

Des centaines d’articles ont été publiés sur des projets de construction et de rénovation en terre, des enquêtes, des cahiers pratiques

Œuvrez avec nous à l’essor de la terre dans les projets de construction et de rénovation.

 

Je commande : https://lamaisonecologique.com/produit/collector-terre/#flipbook


Cahier pratique Finition : Osez sculpter vos escaliers et mobilier

66 CP FINITIONS SCULPTER

Avec un torchis traditionnel alsacien appliqué sur de l’osier tressé façon vannerie, optez pour un intérieur au fondant garanti !

Après la maison pain d’épices du conte d’Hansel et Gretel, pourquoi pas une maison guimauve à Strasbourg ? Quand l’association l’Orée 85 a pris ses quartiers dans une ancienne écluse en plein cœur de la ville afin d’y créer un tiers-lieu, elle envisageait un intérieur « à la grecque ». Avec des murs pas vraiment lisses et enduits de chaux. Mais l’utilisation de torchis traditionnels (lire encadré p.68) sur du mobilier en bois et en osier tressé, comme la remarquable rampe d’escalier, éveille autant la mémoire des gourmands que des voyageurs. Pour aller au bout de son engagement, l’Orée 85 a sou-haité utiliser des matériaux locaux et au maximum issus de réemploi. Les boiseries proviennent de la matériauthèque strasbourgeoise BOMA ; les rameaux de saule, d’une friche de la ville. La réalisation, elle, est signée Maurine Koeberlé, artisane connue pour ses réalisations organiques à l’atelier Lowarchitech, épaulée par une centaine de volontaires en chantier participatif. Chantier qui a duré quatre mois, contraint par la date d’ouverture du tiers-lieu. Pourtant, « environ six mois de séchage sont habituellement nécessaires pour un torchis », rappelle Maurine. « On a appliqué l’épaisseur minimum, soit 3 cm, et un déshumidificateur à filtres a tourné toutes les nuits », justifie-t-elle. En autoréalisation, respecter les délais recommandés et s’entourer d’une bande d’ami.es. Car comme le conseille l’experte : « c’est un travail créatif qu’il vaut mieux partager. »


Cahier pratique Travaux : Mission isolation en béton terre et miscanthus

56 CP TRAVAUX MISCANTHUS

Réaliser une isolation thermique par l’intérieur (ITI) vertueuse et économique est à portée de main !

L’ITI en terre-fibre allégée est un compromis accessible, tant sur le volet budgétaire que sur l’isolation de petites surfaces, pour lesquelles  il est parfois difficile de mobiliser un artisan. Le caractère vertueux de ses composants et convivial de sa pose ne gâchent rien ! Cette ITI terre-miscanthus a été réalisée en chantier participatif avec un accompagnateur de chantier dans le cadre d’une rénovation thermique au standard de performance BBC d’un bâti pavillonnaire mitoyen des années 1960. La façade sud étant en zone classée, l’Architecte des Bâtiments de France a refusé la pose d’une isolation par l’extérieur avec bardage bois.

L’ensemble est posé en voie humide, relativement moins humide qu’un enduit correcteur thermique, apportant davantage de souplesse lors de la phase du séchage. La plus faible proportion d’eau et de liant terre permet d’avoir un mélange « aérien », léger, plus accessible en termes de manutention pour l’équipe de mise en œuvre. Selon l’épaisseur souhaitée – en moyenne 10 cm –, le volume de mélange à préparer et à compacter est conséquent. Cela convient particulièrement à l’organisation d’un chantier participatif où petits et grands, bricoleurs et moins aguerris, peuvent s’y retrouver. Éviter la saison hivernale pour faciliter un bon séchage. La technique peut aussi être employée pour construire des cloisons avec un caractère phonique appréciable. Enfin, le mélange est réversible. À l’avenir, ses constituants pourront aisément être démontés, réemployés ou compostés.


Dossier : La terre crue on y croit

DOSSIER TERRE CRUE

Coulée, banchée, moulée, la terre crue bénéficie d’un regain d’intérêt.

En France, une génération fraîchement acquise à la cause veut en accélérer les nouveaux usages.

Depuis un an, on livre des camions entiers ! » Marie Aeberli, de la Briquetterie Dewulf située à Allonne (60), au nord de Paris, détaille les commandes passées et à venir d’adobes et de pisé en vrac, pour la plupart destinées à des chantiers volumineux. « Le Grand Paris a fait redécouvrir la terre crue comme matériau de construction, en particulier chez les architectes, et l’engouement a pris comme un feu de paille. » Historiquement spécialisée dans la brique de terre cuite et la production de torchis en vrac à partir des argiles du Pays de Bray et du Nord, l’entreprise a élargi sa gamme, notamment avec de la bauge en vrac. Une illustration des tendances actuelles de la filière terre crue en France : une hausse de la demande stimulée par des projets publics ainsi qu’une expansion des matériaux au-delà de leur territoire d’origine.

La construction, en 2019, d’un vaste espace de coworking en pisé (1 000 m2 sur trois niveaux), l’Orangery à Lyon la Confluence, par l’entreprise rhonalpine pionnière Le Pisé créée par Nicolas Meunier, ou encore celle du groupe scolaire Myriam-Makeba à Nanterre, lui aussi en pisé, témoignent aussi du retour de cette technique, mais aussi de son évolution avec la préfabrication en atelier ou sur site.

Éléments porteurs…

Présent de la vallée du Rhône au Massif central, le pisé est constitué de terre argilo-sableuse et généralement graveleuse (30 % d’argile et 70 % de granulat). Damé entre des banches à l’état naturel (donc un peu humide), il donne un « mur monolithique sur lequel apparaissent des couches successives », précise Sophie Bioul, architecte et chercheuse spécialiste de la terre crue au sein d’Amaco (conseil, expertise, formation). Cette belle esthétique renforce son attrait chez les maîtres d’ouvrage. « Le pisé peut désormais être préfabriqué en atelier, poursuit-elle. Cela ne fait pas toujours baisser son coût, du fait notamment du rejointoiement, mais on peut ainsi mieux maîtriser les délais de chantier, car les blocs arrivent secs sur place. » Le fouloir pneumatique qui dame la terre a aussi permis d’augmenter la cadence de mise en œuvre de cette technique ancestrale.

Majoritairement présente en Bretagne et Normandie, la bauge consiste, elle, en un mélange de terre et de fibres (paille ou crin de cheval), posé frais sur un soubassement, puis dressé pour aboutir là aussi à un mur monolithique. « On tente actuellement de simplifier le processus avec des coffrages perspirants de type treillis métallique (des gros grillages) pour aller plus vite et accélérer le séchage », note Sophie Bioul. L’impression en 3D de terre stabilisée est également expérimentée avec succès, mais pas encore en France.


Cahier pratique travaux : Enduit terre sur support paille en extérieur

-N°129, La Maison écologique, Enduit terre sur support paille en extérieur

Plus fragile que l’enduit à la chaux, la finition extérieure en terre crue est généralement déconseillée, d’autant plus si le mur est soumis aux intempéries. Lorsque l’on souhaite favoriser les matériaux à faible empreinte carbone, la réalisation d’un enduit extérieur sur support paille met souvent en œuvre de la terre locale pour le gobetis (la couche d’accroche) et, en partie, pour le corps d’enduit. La finition s’opérant, elle, à la chaux pour une plus grande résistance aux chocs et aux intempéries. Pour ce chantier, le maître d’ouvrage s’est inspiré du patrimoine bâti local en bauge, en mettant en œuvre la paille pour l’isolation et un enduit terre fibré pour la finition.

Pour appliquer cette finition terre, quelques prérequis s’imposent. Le bâtiment doit être doté d’un débord de toit supérieur à 50 % de la hauteur du mur, afin de limiter l’impact des pluies verticales sans nuire aux apports thermiques solaires en hiver. Toutefois, sur le long terme, l’agression du mur par les rebonds de pluie depuis le sol et les pluies horizontales en cas de fort vent peuvent altérer l’enduit terre. Il faut donc admettre une possible altération dans le temps. Mais, à la différence de la chaux, la terre peut être aisément recyclée pour refaire la finition ! Pour accéder sur ce chantier de professionnel à une garantie décennale sur le clos couvert, le gobetis et le corps d’enduit ont été réalisés à la chaux.

Si la surface à enduire est importante, la location d’un matériel de projection et l’accompagnement par un artisan compétent sont fortement conseillés pour gagner du temps et travailler en toute sécurité. Ici, cinq personnes ont travaillé pendant deux semaines pour réaliser les enduits sur les 170 m2, dont la préparation du support, de la terre locale et des enduits. Compter environ trois semaines de séchage entre le corps d’enduit et la réalisation de la finition.


Cahier pratique travaux : Un plancher en quenouilles

quenouilles

Encore visibles dans certains planchers de greniers anciens, les quenouilles sont obtenues en enroulant un mélange de foin, de terre et d’eau autour d’un bâton de bois fraîchement coupé. Elles prennent ainsi la forme de cylindres courts qui, une fois posés de façon serrée sur le solivage, forment un sol.

Le plancher en quenouilles, une alternative intéressante

Les quenouilles sont une alternative intéressante aux planchers en bois. Confectionnées avec des matériaux locaux et bruts, elles constituent un matériau peu énergivore et à très faible coût. Leur application nécessite cependant une main d’œuvre importante, ce qui les destine plutôt à l’autoconstruction et aux chantiers participatifs. En cas d’interruption de chantier, les quenouilles peuvent être remouillées jusqu’à être à nouveau bien collantes.

Si elles ne sont pas destinées à isoler thermiquement un espace chauffé sous des combles non isolés, elles permettent toutefois d’assurer une fonction de pare-feu et une bonne isolation phonique entre deux niveaux.

Revêtements compatibles

Une fois posée, leur finition doit respecter le transfert d’humidité par des parois ou des matériaux perspirants. Par le dessous, elles sont généralement recouvertes d’un enduit terre (qui peut reprendre une partie des matériaux déjà mobilisés pour leur fabrication). Elles peuvent également être recouvertes d’un parquet bois, si elles sont coincées entre des lambourdes, ou recevoir une chape de chaux ou de plâtre, puis un carrelage en terre cuite. Pour être accompagné par un professionnel, prévoir entre 400 et 800 € la journée, suivant son degré d’expertise.

MATERIAUX POUR 1M2

• Terre argileuse : 4 litres

• Branches de bois local (5 à 6 cm de diamètre, 40 cm de longueur minimum), sans nœud, en châtaignier, chêne, hêtre, noisetier robinier faux-acacia ou charme pour 25 à 30 quenouilles

• 6 à 6,5 kg de foin de prairie naturelle ou paille de céréale bio secs

OUTILS ET DUREE

• Petite machette

• Tamis (facultatif)

• Gâchoir, grande poubelle ou grand seau

• Table longue

• Temps de mise en œuvre : 3 à 4 jours pour 27 m2 à 15 personnes


Cahier pratique finition : Enduit terre carton sans sable

enduit terre carton

Grâce à du carton récupéré, réaliser un enduit de finition en terre, sans ajout de sable.

La surexploitation du sable est dorénavant connue*. Majoritairement utilisé dans la confection du béton, le sable est moins présent dans la construction en terre. Certains professionnels cherchent tout de même à le supprimer complètement de leur pratique. C’est le cas de l’architecte Frédéric Denise, de l’agence Archipel zéro, qui a expérimenté un enduit de finition en terre et carton recyclé. Alors que les corps d’enduit peuvent être réalisés à partir de fibres assez grosses (paille hachée, copeaux de bois, etc.), il est recommandé de favoriser la fibre de cellulose, que l‘on retrouve dans le carton, pour la couche de finition. Elle donne à l’enduit une texture de pâte à modeler élastique, très cohésive, qui adhère à tous supports, sauf les mains. Au séchage, elle a l’aspect et la solidité d’une carapace assez dure qui ne farine pas et qui peut s’assimiler à une croûte de cuir. 

5 mm maximum

Fibrer la terre, comme avec du carton, permet d’éviter la fissuration de l’enduit sans y ajouter de sable. Mais attention, cet enduit de finition est destiné à des couches de 5 mm maximum d’épaisseur. Au-delà, il risque de se déformer et de se soulever sur les bords. De plus, pour les recycler dans l’enduit, il faut privilégier des cartons bruts, non colorés, pour éviter toute pollution de l’eau au moment du trempage et toute coloration de la pâte de carton. Habituellement, la proportion de carton est d’environ 3 % du poids sec. Ce qui correspond, en termes de volume, à 1/3 de carton pour 2/3 de terre tamisée. Plus il y a de carton, moins l’enduit se fissure, mais plus il risque de se déformer. Compter 5 l de mélange pour réaliser 1 m2 d’enduit. L’objectif est d’utiliser la terre déjà présente sur le site et du carton récupéré pour le recycler.

 


Matériaux : Mélanges terre-végétaux, le temps de la reconnaissance

ENQUETE TERRE VEGETAUX

Du neuf avec du vieux

Associations, chercheurs et artisans se mobilisent pour améliorer les techniques et favoriser l’utilisation des ressources locales dans les mélanges de terre fibrée. En parallèle, la reconnaissance institutionnelle de ces matériaux s’amorce.

Qu’ils soient ancestraux ou plus récents, les matériaux à base de terre et de végétaux sont appréciés pour leur longévité et leur disponibilité. Aujourd’hui utilisés pour leur performance en termes d’inertie et d’isolation, ils sont longtemps restés à l’écart des processus normatifs du bâtiment. La reconnaissance officielle de leurs performances avance pourtant. En témoigne la récente publication d’une fiche de déclaration environnementale et sanitaire (FDES) dédiée à la technique du terre-paille, qui devrait bientôt être suivie d’une fiche dédiée au torchis. De quoi faciliter l’entrée des techniques de terre crue dans la construction neuve. Ces documents explicitent les données permettant l’analyse du cycle de vie (ACV) des matériaux, rendue obligatoire par la future Réglementation environnementale RE2020, et éviteront de fait que ne soient utilisées des données par défaut souvent pénalisantes.

Déjà, en 2018, l’édition d’un guide de bonnes pratiques consacré aux techniques de construction en terre crue (torchis, bauge, terre allégée, enduits, pisé et briques) avait impulsé un virage. Financé par le ministère de la Transition écologique, cet ouvrage a été rédigé par un collectif réunissant de nombreux acteurs des techniques terre pour diffuser « les pratiques et les mises en œuvre diverses, reconnues et validées par les praticiens du bâtiment », sensibiliser les professionnels aux vertus de la terre crue dans le bâtiment et stimuler la créativité en convoquant le passé pour mieux répondre aux enjeux actuels.


La maison aux mille et une vies



Pour restaurer leur maison en pays gascon, Elisabeth et Loïc n’ont utilisé presque que des matériaux naturels, locaux et parfois chargés d’histoire(s). Bienvenue dans un lieu aux multiples passés.

Il paraît que les chats ont sept vies. Difficile de savoir combien en a eu la maison qu’Elisabeth et Loïc ont restaurée dans le Gers. Ni combien elle en aura encore, puisqu’elle est presque entièrement biodégradable. La partie centrale du bâtiment date de 1797. Mais un bois de colombage gravé à l’extérieur révèle qu’une extension a été réalisée en 1813. « Cette maison aurait été construite avec les restes d’une métairie d’une ferme voisine qui avait brûlé, explique Loïc. Ici, c’est ce qu’on appelle une borde, la maison des ouvriers. Elle mesurait à peine 100 m2 au sol, dont une étable pour mettre un ou deux animaux. » Voilà pour les trois premières vies – au moins. Lire la suite


Cahier pratique : Concocter un four en terre



De l’argile, de la paille, une bonne dose d’huile de coude et votre jardin savoure l’arrivee d’un four naturel pour cuisiner au feu de bois!

Cuisiner au grand air des mets aux  saveurs incomparables transmises par le feu de bois. Tel est le petit miracle qu’offre ce four à autoconstruire avec des matériaux naturels et locaux. Sa paroi comprenant une seule couche de 15 cm d’argile fibrée permet un rayonne­ment de la chaleur durant trois jours. « Le premier, après 1 h 30 de chauffe avec 4 à 5 kg de bois (l’équivalent d’un cageot plein) allumés à l’entrée du four, je pousse le feu petit à petit au fond et je fais les cuissons haute température (350-400 ° C) tant qu’il y a des flammes; pizzas (en 3 mn), fouées, flammekueches, se délecte Michel Mouillé, qui anime des stages de construction de ce four. Puis, j’enlève les braises et j’obture l’ouverture du four pour cuire des pains, tartes, brioches, plats mijotés. Le lendemain, je peux cuire riz au lait œufs au lait etc. Et le troisième jour permet de déshydrater fruits et légumes. »

Pour stabiliser l’argile, Michel l’addi­tionne de chamotte plutôt que de sable.

« Il s’agit de tuiles et briques broyées. Je préfère utiliser des résidus de fabri­ cation considérés comme” déchets” plutôt qu’une ressource de plus en plus rare.»; Le seul sable qu’il emploie sert à réaliser le moule. Vidé après séchage, il peut être réutilisé.
Ce four peut être intégré sur une remorque en version nomade, ou sur un socle en pierre, parpaing, acier, bois … Ces deux derniers matériaux obligent à réaliser une isolation (liège+ Fermacell) entre eux et le four, sans quoi la cha­leur les déformerait. Bien que le four ne pèse «que» 700 kg, ce socle doit pou­voir supporter une charge de 1 t (eau + argile+ moule en sable … ). Il est impé­ratif de prévoir un abri au-dessus, car « pour obtenir de la terre cuite, il faut mon­ter à 1 200- 1 300 °CÀ cœur, ce four ne dépasse pas BOO °C; la terre reste crue, donc sensible à la pluie, indique Michel. Mais s’il est abrité, ce four vous donnera satisfaction pendant au moins 200 ans!».