Territoire : Une plateforme à l’assaut du réemploi

12 TERRITOIRE METABATIK

Fondée par un autoconstructeur, l’association récupère et revend des matériaux.

Créée en 2019 à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, l’association Métabatik propose à la vente des matériaux de construction de réemploi. Une solution plus écologique et économique que le neuf.

Nicholas et Judith Dennis-Felton rénovent une ferme à Tourzel-Ronzières (63). Adeptes de la construction écologique pure et dure, ils ont choisi, pour leurs travaux, de faire leurs emplettes non pas dans un magasin de bricolage traditionnel, mais chez Métabatik.

Fondée en mars 2019 par Jean-Heudes Sylla, autoconstructeur averti, l’association récupère des matériaux de construction d’occasion pour les vendre à moindre coût. Le but : favoriser le réemploi, alternative de premier plan à l’extraction de matières premières et à l’enfouissement des déchets. « Il faut bien distinguer cette pratique du recyclage, qui consiste à récupérer la matière première des déchets pour fabriquer d’autres objets. Dans le réemploi, les produits sont réutilisés quasiment tels quels. Plus écologique, car ne nécessitant aucune transformation industrielle, cette option doit être privilégiée. Or, il n’y avait à l’époque aucun réseau adapté dans le Puy-de-Dôme dans le secteur de la construction. Jean-Heudes Sylla a souhaité combler le manque », raconte Adeline Lenoir, l’une des deux salariées de l’association.

Des produits locaux et en bon état

Implantée sur 2 000 m² de terrain prêté dans la périphérie de Clermont-Ferrand par le Valtom, syndicat chargé de la valorisation et du traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme, Métabatik dispose actuellement d’une centaine de références. Fermacell, dalles de moquette, plaques de verre, portes, fenêtres ou volets de toute matière, cuvettes de toilettes, baignoires, panneaux solaires thermiques sont soigneusement rangés dans de grands containers. Les produits sont également visibles sur le site Internet de l’association, avec leur prix.


Alternatives : Il a sauvé sa cabane dans les bois

cabane dans les bois

Une utopie et deux ans de démêlés judiciaires. En 2021, Yannick a obtenu la garantie que sa maison perchée ne sera pas détruite. Un combat peu ordinaire.

Après avoir sillonné un chemin forestier, crapahuté entre les chênes verts des Alpes-de-Haute-Provence, voici qu’apparaît la cabane de Yannick. Suspendue entre ciel et terre, presque cachée, elle s’accroche à un majestueux pin d’Alep. « Le Roi » comme l’appelle Yannick. Une passerelle de bois clair invite à venir toquer à la porte. Quand elle s’ouvre, Yannick, 43 ans, d’humeur joviale, présente le cocon dans lequel il vit depuis 5 ans et qu’il a failli perdre en 2019, quand une décision de justice lui a intimé de la démonter. Avec sa petite trentaine de m2 couverts, isolés et douillets, sa maison est loin de la simple branche habitée par l’ermite du Combat ordinaire* de Manu Larcenet.

Une architecture ouverte : une cabane dans les bois

Vivre en cabane, il l’a choisi pour des raisons économiques, en mettant en balance le coût de l’habitat et son confort de vie. Et il insiste : ce n’est pas un engagement écologique qui l’a en premier lieu décidé à adopter ce mode de vie mais plutôt un désir de sobriété et l’envie de créer des astuces qui lui permettent de vivre bien dans un « confort moderne » réduit au minimum. Sa maison a d’ailleurs pris forme au fur et à mesure du chantier. En créant une mezzanine pour son couchage, plutôt qu’un étage, il a par exemple gagné une pièce de vie « plus conviviale » et très ouverte en hauteur grâce au faîtage qu’il a établi à 4,60 m.

Avec sa grande baie vitrée, qui donne accès à la terrasse, la pièce s’ouvre sur la forêt, présente à perte de vue, et sur les sommets montagneux. Une nature et un horizon qui manquaient à la vie de Yannick.

Du rêve à la réalité, l’avant-projet

Après des études de commerce, puis d’assistant social, Yannick a enchaîné plusieurs boulots sans y trouver son compte. L’argent était rarement au rendez-vous. La chaleur humaine non plus. Les compromis ne lui conviennent pas, jusqu’à sa rencontre avec une petite équipe de charpentiers ayant créé une Société coopérative de production (Scop) dans la construction bois. Il participe alors à la création de cabanes pour un projet touristique dans les Hautes-Alpes. Une révélation. Cet habitat lui apparaît simple, peu coûteux et connecté à la nature. Il lui évite « l’harnachement au travail » et « les menottes » du crédit bancaire tout en étant bien logé.


Habitat groupé : à la bonne choux-quête

Habitat groupé

Mutualisation des espaces, des équipements, des tâches et ouverture au reste du village : bienvenue aux Choux lents ! Un habitat (très) participatif dans le Rhône.

Sept foyers constituent l’habitat groupé

À 12 h 30, entre-chocs de couverts, rires d’enfants et conversations mêlées résonnent au-delà de l’imposante maison en pierre. Derrière, une cour, cernée par trois bâtiments rénovés, accueille une longue tablée. Audrey, Ludo et leurs enfants Dorian et Margot mangent en compagnie de Micha, Marie, Lucie et sa fille Lili. Ils sont une partie des sept foyers qui constituent l’habitat participatif Les Choux lents, créé en 2012 à Saint-Germain-au-Mont-d’Or (69). Ici, le partage des repas et de ses nourritures est comme la métonymie de leur philosophie : convivialité du collectif et mutualisation.

« On fait les courses en commun. C’est l’une de nos particularités », raconte Audrey. Elle qui de métier accompagne des groupes pour monter des habitats participatifs note que c’est une chose rare. Pour 17 Choux (propriétaires associé·es), Choux-fleurs (compagnes et compagnons de Choux) et Chouquettes (enfants de Choux et de Choux-fleurs), c’est toute une organisation. À chacun sa tâche : un pilote Amap pour les produits frais, un pilote Biocoop pour le vrac de produits secs, un pour le ramassage de courses, un pour la gestion des stocks, un pour la gestion des comptes… « Mais chacun reste libre de manger dans les espaces communs ou pas, de cuisiner dans son espace privatif, puis manger avec les autres ou de cuisiner avec les autres, puis manger chez soi. Dans tous les cas, la nourriture est à tout le monde », poursuit-elle. « L’hiver, on a plus tendance à s’inviter à manger les uns chez les autres », concède Lucie. Seul repas rituel où tout le monde cuisine pour tout le monde : celui de la réunion plénière, une fois toutes les deux semaines.

Grands communs

La taille des communs est pour beaucoup dans ce fonctionnement. Surtout la cuisine, au rez-de-chaussée de la maison du XIXe siècle dont le charme a été conservé. Cette large pièce, équipée d’un bar et d’une grande table, est fournie d’ustensiles, parsemée de boîtes et pots de conservation. À chaque porte de placard et tiroir, son étiquette : céréales, légumineuses, lait, boissons… Et encore, tout n’y est pas stocké ! Un garde-manger est étagé dans le cellier. Le salon aussi est généreux, il y règne une ambiance de salle de jeux. Le parquet en point de Hongrie craque sous les pas et les portes de placard grincent après le déclic des vieilles clés.


Alternatives : Autoconstruire sa tiny house dans un atelier partagé

Alternatives tiny house dans un atelier partagé

Tinyland, « l’association des mini-maisons mobiles»,

Au cœur de la Drôme, l’association propose un grand hangar-atelier aux autoconstructeurs de tiny house. Un nid à débrouil­lards solidaires et créatifs. La tôle du hangar renvoie le chant mécanique de la scie sauteuse de Fabien. Emmitouflé dans son anorak, il ajuste les lames de douglas non délignées qu’il a choisies pour le bardage de sa tiny house en forme d’ancienne locomotive. À côté, celle d’Agathe et Anton, plus linéaire, s’est récem­ment parée de menuiseries. Mais la porte d’entrée coince encore. «Je peux emprunter ton tournevis Fabien?», demande Agathe tandis qu’elle se dirige vers l’établi. Plus loin dans le hangar, trois autres tiny hou ses sont en cours de réalisation, celles de Bérangère, d’Arthur et de Stéphanie. Entre Valence et Crest, dans la Drôme, ce grand local est mis à disposition par l’association Tinyland ; afin d’offrir un havre d’entraide et de créativité aux autoconstructeurs de tiny houses.

« Pour poser la fenêtre du haut on s’y est mis à cinq. Heureu­sement que les autres étaient là, raconte Anton. Le fait de ne pas être seuls donne envie de venir bosser ».  D’autant plus en ces jours d’hiver, dans cette plaine encerclée à l’est par le Vercors et au sud par le Mont Miéry.  «On se demande souvent conseil on s’influence », apprécie Fabien. Des mots qui émeuvent Nathalie, à l’origine de cet atelier partagé.


Écoconstruire : La paille porteuse modernisée

paille porteuse autoconstruite

Au sud de Grenoble, Mathilde et Cédric ont autoconstruit une maison en paille porteuse

Architectes et constructeurs.rices de métier, ils ont modernisé cette technique ancienne par militantisme pour promouvoir son développement.

Faire venir plus de 300 bottes de paille dans un quartier du sud de Grenoble, près de la voie ferrée, des box-garages et des immeubles bétonnés, mérite une certaine déférence. S’en servir pour monter les murs d’une habitation à l’allure contemporaine en mérite davantage. À l’origine de ce projet, deux architectes militants : Mathilde Lapierre et Cédric Hamelin, qui ont osé la technique de la paille porteuse, apparue il y a plus d’un siècle au Nebraska (États-Unis) et ne jouissant pas encore de règles professionnelles ni de méthode de calcul universelle, et qui en ont modernisé son utilisation.

Dans la pièce principale illuminée, qui sert de salon, cuisine et bureau, les livres sur la construction en paille de Luc Floissac et Barbara Jones (Amazonails) sont de sortie. Mathilde et Cédric s’en servent de références pour expliquer la technique paille porteuse. Elle commence : « Les bottes de paille, disposées en quinconce entre des lisses haute et basse, portent les charges de la maison. Plus précisément, elles sont aidées par des enduits épais, appelés voiles minces travaillants, qui servent de contreventement pour rigidifier l’ensemble. » Ils sont généralement en terre crue à l’intérieur et chaux à l’extérieur. Cédric poursuit : « Les bâtiments en paille porteuse sont souvent rectangulaires et symétriques. Si on met une porte au nord, on met la même au sud, car les bottes de paille subissent un tassement dû aux descentes de charges. Si les murs se tassent, il faut qu’ils le fassent de manière homogène. »


Rénover : Restaurer pour faire durer le passé

réhabilité une bâtisse

Passionnées par les pierres et le bois, Justine et Quentin ont réhabilité une bâtisse au cœur du Beaujolais, dans le soucis du respect du patrimoine et des matériaux locaux de récupération.

Nous rêvions d’une maison en pierres dorées, mais cela nous semblait inaccessible, lance Justine. La seule solution était de tout faire nous-mêmes. » Dans le Beaujolais, au nord-ouest de Lyon, là où les pierres ocres rayonnent au milieu des coteaux verdoyants, Justine et Quentin dénichent leur bonheur : une petite maison accolée à une grande grange. Toutes deux ont été construites dans les années 1880 à Châtillon-d’Azergues (69), une commune de 2 100 habitants.

La situation de la maison les séduit tout de suite. « Nous avons eu un coup de cœur pour la vue sur le château qui domine le village et le ruisseau qui coule au fond du jardin. Mais il fallait faire énormément de travaux ! », souligne Justine, qui, deux jours avant l’achat de la maison, accouche de leur troisième enfant. Et Quentin, zen et serein, de préciser : « Se lancer dans la rénovation, ce n’est pas simplement acheter une maison, c’est inventer son logement, en cohérence avec sa façon de vivre. La conception écologique s’imposait forcément. L’emplacement correspondait à nos intérêts : un cœur de village dynamique, une vie associative développée,
la proximité de tout sans voiture, la gare dans le village, des espaces naturels proches… »

Quentin, en charge de la participation citoyenne pour une collectivité, se jette dans l’aventure des travaux en juillet 2017. Il a déjà entrepris plusieurs chantiers de rénovation personnellement ou avec des amis. Contraint par un prêt-relais, le couple se donne deux ans pour rénover l’ancien corps de ferme. Quentin choisit de ne plus travailler le vendredi et passe ainsi ses longs week-ends et ses vacances sur le chantier. Justine jongle entre son travail de comédienne et les trois enfants, mais réussit à mettre la main à la pâte, en particulier dans celle des enduits.

Ils placent d’abord la porte d’entrée, puis l’escalier et « distribuent » les pièces autour, en favorisant les espaces collectifs, sans couloir. Ils font ainsi le choix d’une très grande chambre (60 m2) pour leurs trois garçons, qui pourra être cloisonnée si nécessaire, et d’un espace bureau familial (palier de 15 m² avec bibliothèque et coin lecture). Cet agencement tient compte également de l’exposition, pièces tampons au nord-est et grandes baies vitrées au sud-ouest pour apporter de la clarté. « Faute de budget, nous n’avons pas encore mis de panneaux solaires thermiques côté cours, mais les raccordements sont en attente », confie Quentin, qui réfléchit également à la possibilité de convertir les WC en toilettes sèches. […]


Reportage : Voûte que coûte. Plongée dans un bateau renversé

Bateau renversé

Atypique, la charpente de cette petite maison du Puy-de-Dôme lui prodigue une forme de coque de bateau renversée. Ajoutons-y un espace réduit et le naufrage guette ses trois habitants. Ce serait sans compter sur l’ingéniosité des autoconstructeurs à la barre de ce beau chantier.

Guidés par leur sensibilité écologique, Isabelle et Emmanuel mettaient le cap sur un projet de construction bien précis. « Dans la lignée de Pierre Rabhi, on voulait un habitat simple emprunt de sobriété, avec le minimum d’emprise sur le terrain et pour un coût modéré. » Le projet initial comprenait une grange (l’actuelle maison) communiquant avec une maison en ossature bois et paille.

La question s’est vite posée de savoir comment arriver à vivre sur le chantier au plus vite et dans le confort, car le délai des travaux s’envisageait assez long. « On s’est rendu compte que la grange pouvait être aménagée comme une vraie maison et que, finalement, ça ne valait pas le coup de continuer sur un chantier plus gros », retrace Emmanuel. Sa formation de charpentier de marine et son expérience d’architecte d’intérieur lui ont permis de jeter l’ancre sur un système constructif atypique, qui se rapproche de l’architecture organique et de ses formes arrondies.

À l’abordage d’un système constructif innovant

« J’avais déjà vu cette forme de coque de bateau renversée pour des abris sommaires et dans des pays d’Europe du nord. Je l’ai perfectionnée en m’inspirant des systèmes constructifs en bois lamellé-collé, qui libèrent l’espace tout en offrant une excellente résistance », confie Emmanuel. L’idée étant aussi de pouvoir monter la structure avec des moyens modestes, il a suffi de quelques jours à deux personnes pour son édification sans engin de levage, seulement quelques échafaudages. Cette forme offrant une bonne résistance au vent était particulièrement adaptée à l’emplacement géographique de la maison, sur un plateau exposé de Domaize, à 500 m d’altitude dans le Puy-de- Dôme.

Par soucis de cohérence, le choix du bois s’est porté sur une essence locale et non traitée, le douglas, complété par du mélèze, de la région également. La fondation, relativement simple elle aussi, est constituée de huit pieux en béton sur lesquels un maillage de longrines est posé. Une lisse basse en bois est fixée sur chacun des plus longs côtés. Elle sert de support pour la fixation des arcs, boulonnés et espacés d’environ 70 cm. Lors du montage du faîtage, les arcs de chaque flanc du bâtiment positionnés symétriquement face à face sont assemblés au sol avec une pièce de bois triangulaire à la jonction de leurs extrémités destinées à constituer le sommet de la maison. […]


Autoconstruire : Autoconstrution et réemploi

autoconstrution et réemploi

Les matériaux de seconde main en première ligne

La Maison de Célia, qu’elle a en partie autoconstruite, est un bel exemple de construction écologique : sobre en superficie, bien isolée, constituée de matériaux écologiques, de réemploi pour l’essentiel.

Ici on cultive l’art de la dèche ! », plaisante un Ardéchois dans le train jusqu’à Valence. De fait, lorsqu’on sillonne les villages et les routes en lacets autour des monts d’Ardèche, on ne peut s’empêcher de remarquer l’absence de pavillons individuels en parpaing. À la place : des forêts, des rivières, de grandes bâtisses en pierre restaurées, des coopératives agricoles et collectifs d’artistes. Avec les brebis dans le jardin et sa forme simple mais contemporaine, la maisonnette en bois de Célia Auzou s’insère harmonieusement dans cette carte postale. Elle l’a autoconstruite en grande partie, en deux ans et demi, pour 66 000 €. « J’étais architecte en agence à Lyon. Cela faisait longtemps que je pensais à construire une toute petite maison, compacte, économe en matière et en énergie. Cela aurait été une aberration pour moi d’acheter en ville et de m’endetter sur 25 ans ! »

Maison minimaliste mais vue grandiose

En 2016, la jeune femme de 31 ans achète un terrain constructible en haut d’une colline. Il tutoie la forêt et la rivière et se niche juste en-dessous d’un village pittoresque. La parcelle de 2 000 m2 est en pente forte et orientée plein nord.


Autoconstruire : Maison 100% solaire thermique

maison 100% solaire

Construire à 960m d’altitude une maison qui n’émet ni CO2, ni particule fine et qui se chauffe (eau sanitaire comprise) pour 22 € par an. Philippe Heitz, l’un de nos journalistes, l’a fait et vous le raconte.

Pour une fois, cet article, je vais l’écrire à la première personne. Car c’est le retour d’expérience sur ma propre maison que je vais partager ici, en expliquant comment l’on peut atteindre, avec des moyens courants, zéro émission de gaz à effet de serre pour toute la consommation de chaleur d’une maison, un grand niveau de confort (19 à 26°C) et une facture d’énergie réduite à son strict minimum.

Pour concevoir, dessiner et autoconstruire en partie, accompagné par des artisans, cette maison écologique dont je rêvais, je ne partais pas sans expérience. Après avoir été cinq ans vétérinaire rural dans l’Ain, j’ai été 25 ans agriculteur dans la Loire, ce qui m’a permis d’expérimenter l’écoconstruction en bâtissant en 1992 l’un des premiers bâtiments isolés en paille de Rhône-Alpes, une chèvrerie-fromagerie de 1 000 m² en bois cordé et paille. Reconverti journaliste indépendant depuis cinq années pour trois revues techniques, j’ai enrichi mon horizon des possibles…

Convaincu de l’efficacité des solutions constructives écologiques comme de l’urgence climatique, en choisissant de construire la première maison de l’écohameau communal du village de Burdignes (Loire), je décidais de me passer du plaisir d’une flambée pour ne plus émettre de fumée pour l’ensemble de la production de chaleur de ma maison, chauffage et eau chaude sanitaire (ECS). Certes, le bois est une source de chaleur renouvelable, mais sa combustion relargue dans l’atmosphère du carbone, qui mettra 40 ans pour refaire un arbre. Trop tard. Maintenant, le bois doit être au maximum utilisé en construction et ameublement, pour stocker le carbone comme tous les matériaux biosourcés.
Ossature bois, bottes de paille, isolants biosourcés, solaire thermique sont les piliers de mon projet. Et des systèmes de mesure des températures et des consommations électriques permettent d’évaluer les résultats et de les partager.

Le fil rouge négaWatt

La démarche négaWatt a guidé la conception de mon logement.

Sobriété : pour réussir à couvrir les besoins de chauffage avec seulement de la chaleur solaire, il fallait réduire fortement les besoins grâce à une enveloppe très isolée. Le bureau d’études thermiques Heliasol a calculé un besoin d’énergie utile de 23 kWh/m².an pour le chauffage. Le projet n’entre donc pas dans le label PassivHaus (limite à 15 kWh/m².an), mais, vu le résultat final, une dépense d’isolants supplémentaires n’aurait pas été justifiée.


Extérieur : Les potagers prennent de la hauteur

Potager urbain sur le toit

Potager urbain sur le toit

À Grenoble, l’association Cultivons nos toits transforme le haut des immeubles en jardins partagés. Des lieux de production, mais aussi de lien social. Reportage en altitude…

Fabrice vit en rez-de-chaussée. Chaque jour, il enfile sa tenue de jardinier et va ramasser ses légumes… en montant dans l’ascenseur ! Car son petit potager se situe sur le toit du parking de son immeuble. « C’est ce qui m’a fait acheter un appartement ici. Je suis un citadin, certes, mais j’ai besoin de mettre régulièrement les mains dans la terre », témoigne ce banquier quinquagénaire grenoblois. En allant arroser les jeunes pousses qui pointent leur nez sur le toit, il croise Vincent, venu vider un seau d’épluchures sur le compost. Les deux voisins n’habitent là que depuis quelques mois, mais discutent déjà comme de vieilles connaissances.

« Le jardin, c’est fédérateur. C’est plus agréable de rencontrer ses voisins de palier en cueillant des tomates qu’à l’occasion d’une réunion de copropriété houleuse », assure le jeune homme. Une fois par mois, tous deux bénéficient d’une formation pratique pour apprendre à mieux gérer ce jardin partagé, dispensée par l’association Cultivons nos toits, à l’origine du site. « On explique aux habitants comment semer, pailler, arroser, poser un tuteur, mais aussi à quel moment récolter, explique Lucas Courgeon, chargé de projet au sein de l’association. Nous avons de l’expérience. On a implanté notre premier potager aérien il y a quatre ans sur le toit d’une ancienne caserne, la Casemate, située en plein centre-ville. En une saison, on a récolté 1 t de légumes sur 200 m2, cultivés dans de grands bacs. »

Un jardin d’un seul tenant

Les cultures sur la Casemate ont été interrompues en raison d’un incendie dans le bâtiment, mais vont reprendre en 2020. Entre temps, les jardiniers urbains ont semé d’autres graines. Ils ont convaincu un duo de promoteurs immobiliers d’aménager le toit de leurs nouvelles constructions, qu’occupent justement Fabrice et Vincent dans l’écoquartier Daudet, à Saint-Martin- d’Hères, en banlieue de Grenoble. « Anticiper la présence d’un jardin sur un bâtiment neuf permet de renforcer la structure pour accueillir un poids supplémentaire. Ici, les 840 m2 de surface plane accueillent non pas des bacs, mais une couche de 50 cm de terre arable. De quoi aménager un jardin d’un seul tenant », poursuit Lucas. L’espace est partagé entre une pelouse conviviale sur laquelle les enfants viennent jouer et des carrés de potager.

Chaque habitant dispose d’une petite parcelle qu’il utilise à sa guise. Seule contrainte, ne pas utiliser de pesticides. Ensuite, libre à chacun de faire pousser des fleurs, des aromatiques, des fruits ou des légumes. L’association fournit des graines et des outils grâce à une enveloppe de 5 000 € allouée par le promoteur. Ce montant finance également l’activité de conseil en amont de la construction et l’accompagnement des apprentis jardiniers en aval.