La maison aux mille et une vies



Pour restaurer leur maison en pays gascon, Elisabeth et Loïc n’ont utilisé presque que des matériaux naturels, locaux et parfois chargés d’histoire(s). Bienvenue dans un lieu aux multiples passés.

Il paraît que les chats ont sept vies. Difficile de savoir combien en a eu la maison qu’Elisabeth et Loïc ont restaurée dans le Gers. Ni combien elle en aura encore, puisqu’elle est presque entièrement biodégradable. La partie centrale du bâtiment date de 1797. Mais un bois de colombage gravé à l’extérieur révèle qu’une extension a été réalisée en 1813. « Cette maison aurait été construite avec les restes d’une métairie d’une ferme voisine qui avait brûlé, explique Loïc. Ici, c’est ce qu’on appelle une borde, la maison des ouvriers. Elle mesurait à peine 100 m2 au sol, dont une étable pour mettre un ou deux animaux. » Voilà pour les trois premières vies – au moins. Lire la suite


Rénover : Rénovation, extension, surélévation une maison passive en trois temps

Renover maison passive

Rénovation, extension, surélévation

Adapter son logement à l’arrivée des enfants plutôt que s’éloigner du centre-ville, c’est le choix de cette famille qui voulait vivre sans voiture. Dix ans et deux agrandissements plus tard, leur deux-pièces girondin est devenu une maison passive.

Nous avions 25 ans et une envie folle de mettre en pratique pour nous-mêmes ce que nous préconisions aux autres», se souviennent Delphine et Mat­thieu, deux Bordelais arrivés au terme d’une longue aventure constructive.
Mais à partir d’un petit deux-pièces insalubre, ils ont bâti une maison passive de 135 m2 sur deux niveaux. Un projet ambitieux en trois étapes et trois matériaux.
Difficile de trouver le terrain adéquat dans la métropole bordelaise; d’autant plus quand les agences immobilières ne comprennent pas les critères recherchés par des clients formés au bioclimatisme. Mais en août 2009, il dénichent la perle rare à Talence : une maison de style échoppe de 45 m2, construite vers 1920 et orientée sud-est, sur un joli terrain de 350 m2 « La maison était dans un très grand état d’insalubrité. Tout était à refaire», décrit Delphine, conseillère info-énergie à la CLCV, membre du réseau Faire.
De l’existant ne seront conservés que les quatre murs extérieurs et le toit. Dalle, murs, charpente; en seule­ment un mois et demi, tous les matériaux sont mis à nus et la maison, isolée pour que les deux autoconstructeurs puissent emménager. Déplacée sur le passage latéral, l’en­trée est devenue un espace central qui délimitera les par­ties jour et nuit une fois l’extension réalisée.
Visant les performances énergétiques des bâtiments pas­sifs, les propriétaires soignent d’em­blée l’isolation. Mais côté rue au nord, les menuiseries sont remplacées par des fenêtres en bois à triple vitrage. La porte d’entrée, à l’est, en bois et double vitrage est aussi choisie pour ses performances.


Rénover : Ils ont rénové une maison en paille

rénover une maison en paille

S’approcher des performances passives

Aurélie et Gweltaz ont acheté une maison autoconstruite deux ans plus tôt en bois et paille. Ils l’ont encore améliorée pour s’approcher des performances passives. Vmc double flux et chauffe-eau solaire ont fait chuter les factures et grimper le confort !

Oui, de tels logements ne courent pas les vitrines des agences immobilières. Bioclimatique, alimentée en eau de pluie mais aussi chauffée pour une poignée de bûches, bâtie en bois et isolée en bottes de paille ; Aurélie et Gweltaz achètent en 2016 cette maison autoconstruite dans un quartier de Vitré (35).

Le descriptif a beau être idyllique ; mais ils découvrent quelques lacunes et décident de pousser ses performances. « Les murs en paille avec finition bois ou chaux étant perspirants; certains pensent qu’on peut se passer de ventilation. La vapeur d’eau migre à travers la paroi mais les polluants, eux, ne sont pas évacués. Composés organiques volatils (COV) des peintures et formaldéhydes des colles », cite Gweltaz en toquant contre le plan de travail de la cuisine qui « en dégage pendant deux ou trois ans ». Conseiller info-énergie, il apporte un appareil de mesures du taux de particules fines, mais aussi de dioxyde de carbone (CO2), de COV et d’humidité. « Un logement ne devrait pas dépasser 800 parties par million (ppm). Ici, on ne descendait jamais sous 900 ppm. Avec des invités, on a vite grimpé à 1 600 ppm.


Rénover : Faire de son appartement un coin de campagne

appartement écologique

Faire danser le bois et la terre crue en centre-ville, voilà l’ambition d’Isabelle et Rémy pour leur appartement de 60m2 au cœur de Clermont-Ferrand.

Vivre en ville dans un appartement conventionnel ; au mieux, j’aurais tenu deux mois », affirme Rémy Ollier. Charpentier spécialisé dans la construction en paille, le jeune homme ne s’imagine pas dans un habitat « inerte ». Lorsqu’il rencontre la danseuse Isabelle Franques en 2016, celle-ci occupe en colocation un appartement de 60 m² au quatrième étage d’un immeuble en pierre de Volvic du centre historique de Clermont-Ferrand (63). Acheté deux ans auparavant dans un état rustique, elle l’a rénové pour en faire un logement viable, mignon et pratique : aménagement de la cuisine et de la salle d’eau avec des matériaux et meubles standards, pose de toile de verre au plafond et peinture sur l’ensemble des plaques de plâtre qui couvrent les murs isolés avec de la laine de verre, pose de carrelage en complément du parquet stratifié existant, remplacement des menuiseries bois abîmées par du PVC, investissement dans du chauffage électrique performant…

D’écologie, il n’est alors pas vraiment question. Clermontois d’origine, Rémy, alors installé dans le Lot, décide d’emménager avec sa compagne dans le Puy-de-Dôme. Elle n’est pas prête à laisser son compagnon habiter chez elle, ni à vendre l’appartement ; il rêve d’une vie en pleine nature. Une solution s’impose : recréer l’atmosphère d’un coin de campagne en centre-ville, importer le savoir faire de Rémy pour créer chez Isabelle un nid commun aussi « organique » que la nature et la danse.

Des courbes naturelles

Dans cette perspective, le choix des matériaux naturels est une évidence, mais le couple va plus loin. Il souhaite bannir arêtes et angles droits. « Ces derniers n’existent pas dans la nature, sauf pour se défendre. Ils pompent de l’énergie », estime Rémy. « Tandis que les arrondis sont doux, accueillants », complète Isabelle. Pour la finition des murs, le couple n’a qu’une idée en tête : des enduits en terre crue. « Ils permettent non seulement de créer des courbes apaisantes, mais également d’instaurer une ambiance feutrée, où les bruits tranchants n’ont pas leur place », justifie Isabelle, qui a pu constater les bénéfices de ce matériau sur des chantiers participatifs. Rémy, lui, connaît bien la technique pour avoir travaillé avec le spécialiste Éric Handrich (voir entretien p. 30).

Désireux d’améliorer la thermique de leur appartement, ils commencent en février 2018 par une phase de déconstruction. Les murs périphériques sont mis à nu, jusqu’à retrouver la structure en maçonnerie. […]


Dossier : Isoler sa maison par l’extérieur

isolation extérieure

Pourquoi et comment isoler par l’extérieur ? Techniques, matériaux, financements, le point sur l’isolation thermique extérieure, de son petit nom ITE.

1. Pourquoi isoler par l’extérieur ?
2. Des murs-manteaux en paille
3. Chanvre, ouate, fibre de bois et liège pour isoler par l’extérieur
4. Sarking, la couette du toit
5. Coût et financement de l’ITE

1. Pourquoi isoler par l’extérieur ?

En enveloppant la maison, l’isolation thermique par l’extérieur traite les ponts thermiques, conserve l’inertie du bâti, préserve l’espace intérieur et permet les travaux en site occupé.

La question de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) se pose très majoritairement quand on veut rénover une maison pour améliorer son confort et abaisser ses factures énergétiques sans changer les doublages existants, déplacer les radiateurs et les réseaux ou encore perdre de la surface habitable. Quand la couverture est à changer, c’est l’occasion à ne pas manquer pour réaliser l’isolation du toit par l’extérieur, sans toucher à l’aménagement des combles. Les façades ont besoin d’un bon ravalement ? Là encore, l’ITE permet de joindre l’utile à l’agréable.

« L’ITE de la toiture, j’en parle à mes clients qui veulent l’isoler, surtout quand ils vivent déjà sur place, pour faire un chantier qui respecte leur intérieur et qui leur permette de continuer à y vivre pendant les travaux, explique Julien Couillard, menuisier-charpentier à Cristot (14). Et quand les couvertures sont à remplacer, il n’y a même plus à réfléchir, c’est la solution, parce que les travaux induits par une isolation du toit par l’intérieur reviennent plus cher qu’en accédant par l’extérieur, par dessus les doublages existants qui restent en place. »

ITE 1-Ponts thermiques 0

L’ITE est une excellente solution de traitement des ponts thermiques et des entrées d’air dans la maison ou dans le complexe isolant, ces endroits dans les parois qui sont les passages du froid et du chaud entre l’intérieur et l’extérieur. Par exemple, la liaison entre une dalle de plancher en béton et un mur extérieur est un pont thermique important.

Sans isolation extérieure, c’est le froid aux pieds garanti à l’approche du mur, parfois sur 1 m. L’ITE couvrira le pont thermique, conservant ainsi le chaud l’hiver comme le frais l’été dans les murs. Mais si ce type de pont thermique est facilement traité par l’ITE des murs, il reste à traiter ceux des liaisons mur-toiture (en façades et en pignons), ceux des liaisons avec le sol (fondations, dalles sur terre-plein) et autour des menuiseries. Le plus performant est de raccorder une ITE des murs avec une ITE du toit pour envelopper complètement le bâtiment d’un manteau isolant. […]


Rénover : Une rénovation partagée avec les artisans

Rénovation partagée avec les artisans

Acquérir ne nouvelles compétences auprès des artisans tout en rénovant leur maison, tel est le pari relevé par Carine et Hoai-An dans la Vienne. Et la bâtisse vieillotte devint chaleureuse, faisant honneur à son majestueux poêle de masse.

En quête d’une maison adaptée à leur mode de vie, Carine et Hoai-An craquent fin 2013 pour un terrain arboré de 3 000 m2 en plein quartier-village de Châtellerault (86). Une maison des années 1960, n’ayant jamais connu de transformation si ce n’est l’ajout d’une véranda. « Au rez-de-chaussée, les volumes étaient répartis en petites pièces cloisonnées, la distribution manquait d’air et de luminosité, les revêtements de sol étaient démodés… C’était en plus une vraie passoire énergétique », résume Carine. Réfection de toiture, décloisonnement, création d’ouvertures, isolation thermique par l’extérieur (ITE), poêle de masse… Carine et Hoai-An, éligibles à de nombreuses aides (voir encadré p. 32), engagent une rénovation énergétique, épaulés par des artisans talentueux de la région. L’enjeu : rendre la maison plus économe en énergie et améliorer le cadre de vie. Six ans plus tard, la maison affiche une chaleureuse simplicité avec finitions naturelles en bois, chaux et terre.

Une rencontre décisive

Le fil conducteur de cette rénovation ? La lecture de J’attends une maison, de François Desombre (éd. de la Pierre Verte). Le couple y découvre le poêle de masse, alors que les radiateurs en fonte de leur maison ont disparu avec les précédents propriétaires ! Par le biais d’une amie, ils font la connaissance de Hans Hinrichs (Feu Vivant), spécialisé dans la construction de poêle à inertie. « Le poêle de masse nous a séduits par sa simplicité de fonctionnement, sa facilité d’entretien et sa longévité. Il nous a paru le plus adapté pour notre maison à étage de format carré », souligne Hoai-An. Ainsi de cette rencontre naît une prise de conscience tournée vers plus d’autonomie.

 


Rénover : Restaurer pour faire durer le passé

réhabilité une bâtisse

Passionnées par les pierres et le bois, Justine et Quentin ont réhabilité une bâtisse au cœur du Beaujolais, dans le soucis du respect du patrimoine et des matériaux locaux de récupération.

Nous rêvions d’une maison en pierres dorées, mais cela nous semblait inaccessible, lance Justine. La seule solution était de tout faire nous-mêmes. » Dans le Beaujolais, au nord-ouest de Lyon, là où les pierres ocres rayonnent au milieu des coteaux verdoyants, Justine et Quentin dénichent leur bonheur : une petite maison accolée à une grande grange. Toutes deux ont été construites dans les années 1880 à Châtillon-d’Azergues (69), une commune de 2 100 habitants.

La situation de la maison les séduit tout de suite. « Nous avons eu un coup de cœur pour la vue sur le château qui domine le village et le ruisseau qui coule au fond du jardin. Mais il fallait faire énormément de travaux ! », souligne Justine, qui, deux jours avant l’achat de la maison, accouche de leur troisième enfant. Et Quentin, zen et serein, de préciser : « Se lancer dans la rénovation, ce n’est pas simplement acheter une maison, c’est inventer son logement, en cohérence avec sa façon de vivre. La conception écologique s’imposait forcément. L’emplacement correspondait à nos intérêts : un cœur de village dynamique, une vie associative développée,
la proximité de tout sans voiture, la gare dans le village, des espaces naturels proches… »

Quentin, en charge de la participation citoyenne pour une collectivité, se jette dans l’aventure des travaux en juillet 2017. Il a déjà entrepris plusieurs chantiers de rénovation personnellement ou avec des amis. Contraint par un prêt-relais, le couple se donne deux ans pour rénover l’ancien corps de ferme. Quentin choisit de ne plus travailler le vendredi et passe ainsi ses longs week-ends et ses vacances sur le chantier. Justine jongle entre son travail de comédienne et les trois enfants, mais réussit à mettre la main à la pâte, en particulier dans celle des enduits.

Ils placent d’abord la porte d’entrée, puis l’escalier et « distribuent » les pièces autour, en favorisant les espaces collectifs, sans couloir. Ils font ainsi le choix d’une très grande chambre (60 m2) pour leurs trois garçons, qui pourra être cloisonnée si nécessaire, et d’un espace bureau familial (palier de 15 m² avec bibliothèque et coin lecture). Cet agencement tient compte également de l’exposition, pièces tampons au nord-est et grandes baies vitrées au sud-ouest pour apporter de la clarté. « Faute de budget, nous n’avons pas encore mis de panneaux solaires thermiques côté cours, mais les raccordements sont en attente », confie Quentin, qui réfléchit également à la possibilité de convertir les WC en toilettes sèches. […]


Rénovation : Mini-logis pour petit budget

petit budget

En Ille-et-Vilaine, Diêm a rénové une petite bâtisse avec un porte-feuille et un agenda très serrés. En déployant une vaste palette d’astuces, elle l’a rendu thermiquement et spatialement performante et agréable. Ses 44m2 lui paraissent presque trop grands…

Un projet à taille humaine…

Un gouffre financier. Je vivais dans un grand logement de 160 m2 mal isolé, toute ma paye y passait. Ce n’était pas tenable, pas durable, pas cohérent, se souvient Diêm Tran, 39 ans. Une volonté d’indépendance économique m’a fait aller vers le projet d’une petite maison. Je paye une mensualité de 450 € dégressive qui me laisse la possibilité de faire autre chose de ma vie que rembourser ma maison.

Si tu te sens bien chez toi, que tu as un toit sur la tête et du confort thermique, peu importe la superficie. J’avais connu huit logements, je n’y ai jamais trouvé de confort thermique. Avec un chauffage électrique dans des espaces plus grands, même en logements neufs, c’était compliqué de dépasser 18°C. J’ai aujourd’hui ce confort car c’est un projet à taille humaine, pensé de manière cohérente en partant de l’isolation de l’enveloppe. La conception et les matériaux font toute la différence. »

La cible n’était pourtant pas aisée à atteindre. Quand Diêm achète cette maisonnette en 2018, « c’était un taudis, vacant depuis plusieurs années, retrace-t-elle. En béton cellulaire, elle était innovante pour l’époque (1976), mais elle aurait pu être en pierre, en parpaing, je cherchais d’abord un cadre, un environnement ». La maison est désossée, n’en restent que les murs et la charpente. « La couverture en fibrociment amianté était en bon état et pouvait tenir 15 ans, mais je visais une bonne performance énergétique avec une isolation thermique par l’extérieur (ITE).

Planning aussi serré que le budget

J’appréhendais le résultat esthétique si je conservais l’ancien toit tout en le prolongeant pour couvrir cette surépaisseur des murs, en refaisant les rives… Et aurais-je eu la même énergie dix ans plus tard pour me relancer dans un gros chantier ? Mais, budgétairement, j’étais à l’euro près. » Pour pouvoir « assumer une nouvelle couverture », Diêm retrousse ses manches et prend en charge la démolition. Au départ, « avec une malheureuse échelle ». Elle finit par demander au couvreur d’anticiper l’installation de son échafaudage. Elle évacue la vieille laine de verre des combles, s’attaque au terrassement et décaisse le pourtour de la maison pour le drainage et l’assainissement… à la pioche ! « Cela aurait été plus simple et rapide de louer une mini-pelle, mais j’avais plein d’énergie et de motivation ! » Et peu de temps pour se poser trop de questions : elle s’est donné trois mois pour terminer les travaux extérieurs et emménager.


Rénover : écorénover un appartement en ville

Rénover un appartement en ville

Rénover un appartement en ville, pas si facile… ni impossible !

Voisinage, espaces restreints, approvisionnement et stockage, copropriété… A Rennes, cela n’a pas effrayé Justine et Eric, qui voient dans leur appartement de centre-ville une vraie cohérence écologique.

Alors locataires depuis quatre ans et demi de ce T3 bis d’un immeuble de 1959 au coeur de Rennes (35), Éric et Justine Pierrevelcin l’achètent en février 2016. « Cela nous a laissé le temps d’en voir les atouts et les défauts, souligne Justine, qui travaille dans une agence d’urbanisme à 10 mn en vélo. Le matin, 30 mn suffisent pour déposer les enfants à l’école et chez la nounou et arriver au travail. Habiter en ville est vertueux en termes de déplacement. La voiture reste plantée dans la rue quasiment toute la semaine, on s’en est même passé pendant plusieurs mois. C’est aussi un véritable confort de vie de pouvoir tout faire à vélo, disposer de pas mal de services à proximité, même s’il s’agit d’un quartier résidentiel. » Toutefois, l’écorénovation d’un appartement en milieu urbain se heurte à des contraintes spécifiques, mais loin d’être insurmontables.


Rénover : Pour vivre presque sans pétrole

vivre presque sans pétrole

Claire et Gildas ont rénové une maison des années 1970 pour la transformer en habitat résilient face aux “effondrements“. Au programme : Isolation, énergies renouvelables, récupération d’eau et, surtout, changement complet des habitudes de la famille.

Vivre avec peu de pétrole et consommer le moins de ressources possible. Voici le leitmotiv de Claire et Gildas Véret. Diplômée de Sciences-Po Paris et de permaculture, Claire prend conscience de la nécessité de changer de mode de vie il y a douze ans, en rentrant d’un grand voyage dans des lieux « permaculturels ». Gildas, lui, entrevoit l’« effondrement » en pratiquant son premier métier, ingénieur en bureau d’études énergie, puis se passionne pour la biologie des écosystèmes. Ensemble, ils décident d’appliquer la permaculture au quotidien, comme philosophie de vie. Activistes à Résistance climatique, qu’ils ont fondé avec des amis et enseignants-chercheurs en permaculture (Horizon permaculture), ils transforment alors leur logement dans le Val-de-Loire.

Leur projet n’est pas seulement d’aboutir à un lieu autonome. C’est aussi de devenir « un bastion de résilience » capable d’accueillir des réfugiés climatiques. « Nous essayons de bannir toutes les pratiques dont le fonctionnement nécessite des énergies fossiles ou l’achat de produits qui ne seront pas disponibles en cas d’effondrement », précise Claire. Pour limiter la consommation de foncier et de matières premières, le couple s’oriente vers la rénovation.

Ils recherchent un logement avec un grand terrain et une forêt pour produire nourriture et bois de chauffage. Près d’Amboise (37), ils achètent une maison des années 1970, en parpaing. En 2013, les travaux de rénovation sont lancés. Claire et Gildas commencent par modifier les plans de la maison. Ils gardent un maximum d’éléments, mais abattent un mur pour chercher un maximum de luminosité et de chaleur solaire en hiver. « Nous avons transformé les gravats de ce mur en ressource pour en faire une terrasse», justifie Claire.

La surface vitrée est multipliée par trois au sud et diminuée de 30 % au nord, plus exposé au froid. Une belle pièce apparaît dans la maison, avec « le jardin comme télévision », note Gildas, auteur de livres sur la permaculture. La parcelle de 1 ha évolue également : mise en place de potagers, d’un verger pâturé, de clôtures plessées avec, au fond, une petite forêt de 5 000 m2. Le jardin, entre la route et la maison, est destiné aux formations. « Nous ne pouvons pas produire de céréales, c’est trop ombragé. Mais nous avons quelques moutons. Ils broutent l’herbe et les feuilles des arbres que l’on abat pour le chauffage », indique Gildas. Quelques oies servent également de tondeuse. Les animaux du terrain sont l’unique viande que mange la famille, à raison de deux portions par mois.

La paille pare le pavillon

Premier et important chantier de cette rénovation : l’isolation. Claire et Gildas optent pour le matériau botte de paille, placé dans une ossature bois, côté extérieur des murs en parpaing. Pour supporter cet ajout de poids et éviter les ponts thermiques, la fondation existante est élargie.