Cahier pratique travaux : En demi-bottes, une isolation en paille bien ficelée

TRAVAUX 137

En Haute-Savoie, Marc Sage Segard a expérimenté une technique d’isolation par l’extérieur en demi-bottes de paille fixées au mur à l’aide de ficelle et de petites cales en bois.

Exit le remplissage de caissons ou d’ossature bois rapportée, place à une isolation extérieure en bottes de paille qui économise du bois, du temps et de l’argent ! En 2018, Marc Sage Segard, enduiseur spécialiste de la chaux et de la terre (lire aussi le reportage Rénover dans LME n°133) a testé sur sa maison en Haute-Savoie un système plutôt inédit : il a superposé contre les parois des bottes de paille coupées en deux dans la longueur, arrimées à l’aide de ficelles vissées dans le mur et bloquées avec un petit bois. L’ensemble, pris entre une lisse haute et une lisse basse, puis enduit avec un mélange chaux-sable, tient parfaitement.

« Dans le massif des Bauges, les débords de toit sont très larges, donc les demi-bottes sont protégées sans besoin de réaliser une extension de toiture », précise-t-il. Leur résistance thermique reste intéressante, évaluée par Coralie Garcia, du Réseau français de la construction paille (RFCP) entre 4 et 4,5 m2.K/W.

L’artisan avertit toutefois : il a pu réaliser cette technique « car la maison est une bâtisse ancienne en pierre, avec une partie en parpaing de ciment et un enduit chaux et ciment qui ont permis une bonne tenue des vis dans le mur ». Elle est reproductible d’après lui sur un mur en bois ou en parpaing, mais pas sur une façade de maison en pierres enduites à la chaux, trop friable. Pour Coralie Garcia, l’enjeu est aussi de bien comprimer les bottes entre la lisse haute et la lisse basse pour anticiper leur affaissement et éviter la fissuration de l’enduit.


Rénover : Une rénovation au sommet

RENOVER 137

Jordan et Lola ont autorénové leur petit chalet en Haute-Savoie, dans le respect de la tradition montagnarde, de ses savoir-faire et ses ressources. Un travail parachevé par des finitions exigeantes prouvant que la frugalité a du style.

Sillonnant la route jusqu’au sommet du Grand Bornand, station de ski en Haute-Savoie, Jordan et sa compagne Lola scrutent par la fenêtre de leur voiture les constructions en cours dans la vallée. Toutes sont en béton, bientôt parées de bois et de pierres pour leur conférer l’esthétique d’un chalet. Tous deux déplorent la fermeture de dizaines de scieries locales ces dernières années, la perte de savoir-faire ancestraux dans la construction, l’altération de la vie locale par le tourisme… Autant de raisons qui ont poussé ce maître d’œuvre et thermicien et cette architecte à autorénover un mazot (nom savoyard pour un petit chalet) à contre-courant. Objectif : répondre aux exigences thermiques modernes en s’inspirant de techniques traditionnelles, couplées à des matériaux locaux et biosourcés. Un chantier expérimental, car « beaucoup de techniques que l’on a utilisées ne sont pas réglementées(1). La rénovation offre la chance d’être au plus proche de nos exigences écologiques », admet Lola.

Nous voilà garés, dans ce hameau d’alpage du XVIIIe siècle où seuls deux chalets sont habités à l’année. « C’était le mazot de mon grand-père qui l’avait lui-même hérité de son père. Il y venait l’été et y stockait les récoltes du potager », introduit Jordan, soulignant un lien affectif avec ce lieu culminant à 1 400 m d’altitude, là où la déneigeuse ne passe même pas l’hiver.

Un bâtiment comme avant

Bien qu’il semble d’origine, avec son soubassement en pierre, ses façades en madriers piqués par le temps et son large toit couvert de tuiles de bois grisées appelées des ancelles, « on a tout déposé et reconstruit », annonce Lola. Le hameau étant classé au patrimoine des Bâtiments de France, impossible de toucher à l’aspect extérieur, au grand dam du couple. « On n’a pu agrandir que le soubassement, dont une partie est enterrée, ce qui impliquait de repartir des fondations », poursuit-elle.

Mais pour ces jeunes attentifs à leur empreinte carbone, couler du béton, « c’est la dernière option ! ». Jordan décide de conserver des fondations et un soubassement en pierres porteuses. En 2019, après que la grue a levé d’un seul bloc le chalet en madrier comme le chapeau d’un champignon, il dépose, avec l’aide d’un maçon inspiré, chaque pierre du soubassement pour les remonter une par une avec un mortier de chaux. Un travail colossal de deux mois. Cette partie semi-enterrée de la maison est portée à 70 m2 et comporte désormais salon, chambre, salle de bains, toilettes, cave et atelier. « Puis, on a repris le chalet et on l’a remis à sa place », explique Jordan.


Rénover : Appartement autorénové au cœur de Marseille



Il y a trois ans, Lola et Morgan ont entrepris la rénovation d’un appartement à Marseille. Un voyage porté par la sobriété, semé d’embûches mais aussi d’apprentissages.

C’est derrière l’imposante façade d’un bâtiment des années 1930, dans le cœur de Marseille, que se sont déroulés les travaux à partir de mars 2019. Un chantier de 14 mois, en autorénovation et chantiers participatifs, auxquels il faut ajouter cinq semaines d’intervention de professionnels. Avec ses 200 m2 de jardin et une partie de ses sols en tomette, l’appartement avait de quoi séduire. Au moment de l’achat, sa conception en brique et pierre et son emplacement au cœur de la ville correspondent à merveille au mode de vie de Lola et Morgan. « Nous n’avions pas de voiture et nous étions heureux au quotidien comme cela. Pouvoir se déplacer facilement et avoir accès à tous les services reste un avantage non négligeable en ville, d’autant que nous sommes juste à côté de la gare Marseille-Blancarde, donc c’est très bien situé », précise Lola Pouchin, 30 ans. 

Autre motivation : mettre en pratique leurs apprentissages et valeurs. Pour le couple, tous deux architectes de formation, la dimension écologique de la rénovation, plus vertueuse que la construction car moins consommatrice de ressources, a été abordée en théorie dans leurs cursus respectifs. « Nous nous sommes dit que si nous ne le faisions pas chez nous, nous n’aurions pas la crédibilité pour le faire chez les autres », relate Lola. De fait, le couple privilégie les matériaux biosourcés, naturels ainsi que l’existant si cela a du sens. Respectueux de l’environnement, ils les jugent aussi inoffensifs pour leur santé, surtout celle de leur bébé Corto, né pendant les travaux. Un « tsunami » heureux qui a confirmé certains choix, comme celui d’utiliser des câbles électriques blindés dans les deux chambres pour se prémunir des champs électromagnétiques durant la nuit (lire p. 29).

Pour cet appartement de 73 m2, le couple se donne plusieurs objectifs. Entre les bruits de la rue, le système de chauffage électrique à changer et l’emplacement du logement en rez-de chaussée, il décide de combiner des matériaux qui leur assurent une bonne isolation thermique et phonique, mais aussi de tenter de réaliser un maximum de travaux par eux-mêmes et en chantiers participatifs. « D’entrée, nous avions une contrainte financière. Pour cette rénovation, nous avions un budget disponible de 40 000 € », se souvient Lola.


Territoire : Valoriser les ressources locales

PERMABITA-N°129, La Maison écologique, Valoriser les ressources locales

Au cœur de la Provence verte, dans la petite commune de Plan-d’Aups-Sainte-Baume (83), s’est construit un fournil un peu spécial. Accolée à la maison de Karine Meyran, boulangère en bio, l’extension de 80 m2 a été entièrement réalisée à partir de ressources locales ! « Je veux faire du pain avec des farines locales alors, pour construire le fournil, je ne me voyais pas utiliser du bois qui vient de loin », sourit-elle. Son ambition a pu se concrétiser grâce à la rencontre avec Loïc Frayssinet, l’un des quatre membres fondateurs de Permabita, une association dont le but est de créer une filière locale de l’écoconstruction. 

« La vallée du Gapeau est propice à l’utilisation de ressources locales dans la construction. On trouve du liège qui vient du chêne liège et qui pousse quasi exclusivement dans le Var ; du bois de pin d’Alep, châtaignier, cyprès, etc. ; de la paille de blé, de la laine de mouton, du genêt, de la canne de Provence, une tige cultivée pour produire des pièces d’instruments de musique et qui peut être utilisée en construction, et de la terre aussi, car nous avons pas mal de carrières », détaille l’ingénieur thermicien. L’objectif de Permabita ? Recenser toutes ces ressources locales et mettre en lien les agriculteurs, les propriétaires forestiers et les artisans avec les porteurs de projets, que ce soit en construction ou en rénovation. Cette mise en relation de l’association avec les acteurs locaux a ainsi permis à Karine Meyran de construire son fournil.

Débardage à cheval et scierie mobile

L’ossature bois a été montée avec du pin sylvestre qui poussait sur une zone Natura 2000. Au moment de l’entretien, le propriétaire forestier voulait couper des arbres pour favoriser la repousse de feuillus ; une aubaine pour le chantier. « Nous avons acheté le bois sur pied, 32 troncs exactement. Pas facile de savoir combien allaient être nécessaires à la construction de la charpente », se souvient Karine Meyran. Des bûcherons sont intervenus et les troncs ont été débardés à cheval « pour respecter au maximum la forêt », ajoute t-elle. 


Territoire : L’écoformation au cœur de l’humain et des sciences

TERRITOIRE ECOFORMATION GABION

L’écoformation au Gabion

Au centre du Gabion, chaque morceau de mur, de pierre, de bois, de terre amène à des réflexions, des projets humains; des expériences scientifiques et sociales sur l’habitat et les écomatériaux. Le but : partager, essaimer et rendre l’écohabitat accessible à tous.

L’aventure débute en 1993 avec Richard Lacortiglia, menuisier chez les Compagnons bâtisseurs; spécialisé dans le mélèze, le bois des Hautes-Alpes, après avoir œuvré sur la réhabilitation de l’abbaye de Boscodon, à Crots (05). Il choisit alors de transmettre ses connaissances et crée l’association Le Gabion. À l’époque, deux idées, deux publics : la création de chantiers de restauration d’insertion et l’écoformation via des stages courts principalement sur les métiers du gros œuvre. Aujourd’hui, l’activité s’est recentrée sur les chantiers d’insertion et les formations longues et qualifiantes.

Sur ses chantiers d’insertion d’une durée moyenne de 18 mois; on rencontre des candidats de moins de 25 ans ou plus de 50 ans, des travailleurs handicapés, des chômeurs longue durée, des bénéficiaires du RSA. Ils se déroulent sur le domaine public lorsque la facture, dans un cadre conventionnel de travail, devient inabordable pour les collectivités.


Territoire : Marseille pointe vers le réemploi

réemploi à Marseille

Créée il y a trois ans par deux architectes, l’association marseillaise R-Aedificare a su fédérer les acteurs de la construction autour du réemploi de matériaux issus de démolitions.

Si vous parvenez à faire du réemploi de matériaux à Marseille, vous pourrez en faire partout ailleurs ! » Bien décidées à faire évoluer le secteur crucial des déchets du BTP dans les Bouches-du-Rhône, Valérie Décot et Céline Lassaigne n’ont jamais prêté l’oreille aux Cassandre qui ne croyaient pas à leur projet. Créée fin 2016, l’association R-Aedificare – « reconstruire » en latin – a véritablement émergé en remportant l’appel à projets Fili Déchets, lancé par l’Ademe et la Région en 2017. « Le sujet portait sur la création d’une filière de réemploi en région Paca, relate Valérie Décot. Cette étape fondatrice nous a permis de cerner et fédérer bon nombre d’acteurs locaux comme les entreprises de démolition, de cibler des maîtres d’ouvrage publics et privés volontaristes et de sensibiliser les autres. »

Si compliqué le réemploi à Marseille ?

Trois ans plus tard, R-Aedificare est devenu l’un des moteurs du réemploi dans le bâtiment en Paca. Son champ d’action s’est même étendu de l’échelle du bâtiment à celle de la ville. L’association a récemment été missionnée – avec les bureaux d’études Altereo et Recovering –, par la Ville de Miramas pour étudier la faisabilité du réemploi local sur les dix ans à venir à l’échelle urbaine.

Déjà « territoire zéro déchet », cette commune de l’étang de Berre, proche de Marseille, a candidaté au programme européen LIFE Smart Waste. « Ce projet ambitieux s’inscrit dans une période de transformation de la ville, explique Céline Lassaigne. Notre mission : l’étude du gisement de matériaux issus des déconstructions, la quantification des besoins pour les opérations à venir (neuf et rénovation), la mise en adéquation des flux et la réalisation d’une plateforme de stockage pour 2021. »

À l’image des acteurs engagés dans l’économie circulaire, Valérie Décot et Céline Lassaigne pensent aujourd’hui à l’échelle urbaine avec comme but une massification des pratiques dictée par l’urgence climatique et la raréfaction des ressources. Car, si la réglementation européenne semble aller dans le bon sens avec un objectif de valorisation de 70 % des déchets du BTP en 2020, les textes ne font pas suffisamment le distinguo entre recyclage et réemploi. Or, selon l’architecte, on pense encore trop volumes et pas suffisamment bilan environnemental. « Certaines familles de matériaux ont un impact carbone plus élevé que d’autres (câbles, métaux, verre), d’où l’intérêt de les réutiliser plutôt que de les recycler », remarque Valérie. Le bilan environnemental de la valorisation matière n’est effectivement pas neutre.


7 ans de réfection

7 ans de réfection

L’histoire démarre assez vite avec cette vieille maison aux abords d’un petit village perché dans les Alpes-de-Haute-Provence, au beau milieu d’une nature grandiose, avec vue alpine incroyable sur la plaine et les massifs alentours. La bâtisse, repérée en 2011, est un peu grande pour deux, mais le loyer de Michael et Jérémi est à l’époque un peu trop conséquent lui aussi… Il faut se décider. Après mûres réflexions, ils décident de se lancer dans sa rénovation et s’installent dans une partie voûtée du rez-dechaussée qu’ils badigeonnent rapidement d’un coup de chaux aérienne et équipent d’une kitchenette et d’une petite salle de bains. Ce camp de base, avec ses 17 m2 exigus, n’a rien d’un palace, mais leur permettra de mener le mode de vie économique nécessaire aux sept longues années de chantier durant lesquelles, pour Jérémi et Michael, leurs emplois respectifs de formateurs en travaux paysagistes et en agriculture se cumuleront avec la rénovation de la maison durant les week-ends et vacances.


Construire : maison bioclimatique à Avignon

Maison écologique à Avignon

A Avignon, sur le pont du bioclimatisme.

Garder le cap de son projet malgré les difficultés techniques et budgétaires et, au final, profiter d’une jolie maison écoconstruite qui se chauffe pour 150 petits euros annuels ! C’est l’expérience de Sara et Pierre, qui n’a pas manqué de retenir notre attention pour ce numéro anniversaire.

“Sara est comédienne et je travaille dans l’audiovisuel. Nos deux garçons avaient 4 et 8 ans quand la construction a commencé. Nous avons acheté en 2007 un terrain avec deux bâtiments totalisant 65 m2 habitables, à 500 m au sud des remparts d’Avignon. Nous voulions une maison écologique, au sens large, pour pouvoir faire nos trajets quotidiens à vélo ou à pied.”

Autres chantiers qui ont retenus notre attention pour ce numéro anniversaire….

Inspiration patrimoine rural.

À première vue, on croirait voir un bâtiment rénové. Pourtant, les locaux d’Astarac Patrimoine Innovation, distributeur d’écomatériaux et centre de formation, sont tout neufs !

Retour à la terre.

Notre autre coup de coeur  s’est aussi porté sur un bâtiment à usage professionnel. Situé au pôle inter-entreprises de construction en terre crue de Saint-Germain- sur-Ille (35), le programme de construction comprend des bureaux et un atelier de maçonnerie avec espace de formation.

 


Territoire : association Energ’ethique

Association Energ'ethique

Association Energ’éthique : l’éco-rénovation sur un air solidaire.

L’association Energ’ethique 04 propose des écorénovations accessibles à tous les porte-monnaie. Construite dans les années 1950, la maison tout en parpaings de Françoise et Luc avait besoin d’un sérieux lifting. En effet, sol, murs et toiture doivent être isolés et les menuiseries, changées.

« Nous étions un peu perdus parmi toutes les données techniques, se souvient Françoise. Nous avons donc décidé de demander de l’aide à la Scic Énerg’Éthique 04 » Née en 2012 autour d’un projet de centrale solaire « citoyenne » sur le toit d’une école, la Scic Énerg’Éthique(1) a eu à coeur d’agir aussi sur la maîtrise de l’énergie et la solidarité énergétique.


Réhabilitation Hautes-Alpes

Écogîte de La Bourrassée

L’Écogîte de La Bourrassée, une ferme dans son jus.

Un vieux corps de ferme réhabilité selon les règles exemplaires du guide de porteur de projet édité par Gîtes de France.

Le label écogîte, créé par les Gîtes de France®, a le vent en poupe. En voici un bel exemple : La Bourrassée, à St Clément Sur Durance, Chez Annie et Jean-François, un vieux corps de ferme réhabilité selon les règles exemplaires du guide de porteur de projet édité par Gîtes de France ®.