Si le bois est un combustible intéressant pour la transition énergétique, mal utilisé, il peut être polluant. Nos experts font le point sur les bonnes et les mauvaises pratiques de cette énergie de chauffage de nos logements, renouvelable, mais pas anodine.
Le 3 décembre dernier, la préfecture de Haute-Savoie signait un arrêté interdisant, à partir de 2022, l’utilisation des foyers ouverts dans la vallée de l’Arve. En cause, la pollution générée par ce mode de chauffage au bois individuel. « Dans les foyers domestiques de chauffage au bois, la qualité de la combustion est souvent médiocre, entraînant l’émission de nombreux polluants parmi lesquels des particules inférieures à 2,5 μm, qui pénètrent profondément dans les alvéoles pulmonaires », explique Serge Collet, ingénieur étude et recherche à la direction des risques chroniques de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris)*.
Selon les données de 2015 du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), le chauffage au bois individuel contribue en effet aux émissions annuelles de particules inférieures à 2,5 μm à hauteur de 44 %, augmentant le risque de maladies cardio-vasculaires et respiratoires, aux émissions de composés organiques volatiles (COV) comme le benzène – reconnu cancérigène pour l’homme – pour 58 % et aux émissions annuelles d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) – dont certains sont aussi reconnus cancérigènes pour l’homme – pour 59 %. « Le bois est une source d’énergie renouvelable intéressante car, contrairement aux énergies fossiles, il présente un bilan carbone neutre, contribuant ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais il doit être utilisé dans des conditions permettant une combustion la plus complète possible », poursuit le spécialiste.
Ce n’est pas dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes
Pour cela, remplacer son vieux poêle ou son foyer ouvert par un équipement neuf performant est un premier pas indispensable (cf. graphique). La moitié du parc domestique d’appareils de chauffage au bois se compose en effet d’appareils de plus de 15 ans ou de foyers ouverts, qui présentent des rendements énergétiques faibles et émettent 82 % des particules dues au chauffage au bois !
Le label Flamme verte, géré par le SER et attribué depuis le 1er janvier 2020 aux seuls appareils 7 étoiles, les plus performants, est un critère de choix. « Il répond à une charte de qualité contraignante en termes de rendement énergétique et d’émissions polluantes, avec une démarche d’amélioration continue. Les fabricants sont contrôlés régulièrement par des laboratoires indépendants », affirme Alexandre Roesch, délégué général du SER. Serge Collet regrette cependant que le label ne soit basé que sur des tests réalisés dans des conditions de référence éloignées des conditions réelles.