Dans un marché français qui associe trop souvent cloison intérieure et plaque de plâtre, quelles sont les nouveautés dans les gammes des duettistes Placo et Fermacell ? Sur les chantiers, le débat qui les opposait hier semble moins vif et d’autres produits ont enrichi l’offre.
Depuis 30 ans, deux solutions à base de gypse se disputent le marché français. D’un côté la plaque de plâtre de type Placo BA13 (pour « bords amincis 13 mm »), composée d’une âme en gypse parfois renforcée par des fibres (verre, ouate ou cellulose, etc.) prise en sandwich entre deux feuilles de carton pour une épaisseur totale courante de 13 mm. De l’autre côté, la plaque de plâtre de type fibre-gypse dont le leader est l’Allemand Fermacell (racheté en 2018 par le groupe irlandais James Hardie), d’épaisseur variable (10, 12,5, 15 ou 18 mm). Mais s’ils sont encore renvoyés sur le ring, le combat se conclut de plus en plus souvent en match nul.
Fermacell conserve néanmoins une place de choix dans un projet de construction écologique, souligne Cédric Valdenaire, de l’entreprise Isologique (69) : « Ce produit se réclame sans adjuvant avec juste de la cellulose et du gypse [à 66 % de synthèse contre 100 % de gypse naturel extrait en carrière pour le Placo, ndlr]. On peut aussi le travailler dans la masse, à la différence du BA13, pour réaliser des quarts de rond en bout de cloison, par exemple. » Ses qualités en contreventement, sa meilleure résistance mécanique pour la fixation et sa résistance aux intempéries pendant le chantier en font le chouchou des constructeurs d’ossature bois.
Côté inconvénients : le poids (1 200 kg/m3 contre 750 kg/m3 pour le Placo), la difficulté de découpe. « En intérieur, il faut impérativement une scie circulaire avec une aspiration », précise Cédric Valdenaire. Le BA13 standard a l’avantage d’être très facile à découper au cutter ou à la scie égoïne. Et, avantage suprême, le coût au m2 est environ trois fois moins élevé que celui d’une plaque de Fermacell, ce qui fait souvent peser la balance en faveur d’une solution BA13 (environ 3 € TTC/m2 pour du Placo). Côté inconvénients, sa faible résistance aux chocs et ses faibles qualités hygrométriques ou phoniques en font un pur produit d’habillage neutre, n’apportant rien au confort intérieur. Le temps de mise en œuvre ne donne l’avantage ni à l’un, ni à l’autre.
De timides nouveautés
Si Fermacell a sorti des plaques à bords amincis, qui nécessitent la réalisation de bande à joint comme pour le BA13, son utilisation reste anecdotique d’après Cédric Valdenaire : « On ne l’utilise à la rigueur qu’en plafond, car il est plus difficile d’avoir la même précision qu’en paroi verticale au niveau des raccords entre plaques. Mais c’est surtout un produit destiné au marché français, friand de bande à joint. » De l’avis même de la directrice marketing de Fermacell, « à part les FDES qui sont à jour sur la base Inies, il n’y a pas de nouveauté dans la gamme et rien en prévision ». La plaque H2O de Fermacell, conçue pour les espaces très humides (le Fermacell est déjà hydrofuge et s’utilise couramment en salle de bains, par exemple), semble une évolution destinée spécialement aux marchés publics et à la promotion immobilière, d’autant que l’apport de ciment, d’une trame plastique et d’adjuvant dans sa composition fait largement baisser l’image écologique du produit.
La petite plaque de 1,5 x 1 m, sur le marché depuis environ 15 ans, semble être la seule véritable « nouveauté ». Cédric Valdenaire explique : « On utilise des grandes plaques uniquement pour les chantiers spacieux et très accessibles. Mais le plus souvent on utilise de la petite plaque pour des raisons de manutention et de facilité de pose. » Idem pour Bertrand Royal, de l’entreprise Peinture naturelle et compagnie, à Châtellerault (86) : « Au début, j’utilisais des grandes plaques, mais vu les difficultés de manipulation, je suis passé aux petites plaques uniquement. »