Autoconstruire : 300 m3 de terre du jardin pour ériger leur maison en pisé

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Bricoleur invétéré, Grégory Rubio a construit dans le Cantal sa maison familiale en pisé grâce à 300 m³ de terre excavée du jardin ! Équipée d’une serre solaire et d’un poêle à inertie, ses 167 m2 disposent d’un confort thermique unique.

Dans le Cantal en hiver, il fait froid ! Et l’été, il fait plutôt chaud… Lorsqu’en 2008 Grégory et sa compagne Stéphanie cherchent à rénover une grange autour d’Aurillac, ils sont donc particulièrement attentifs à l’inertie thermique du bâtiment. Mais pas seulement. « Nous voulions exploiter au maximum les calories solaires pour le chauffage passif. Ici, il y a plus d’heures d’ensoleillement qu’à Toulouse, alors autant en profiter ! », insiste Grégory. Mais le couple ne trouve aucun bien adéquat… « Toutes les bonnes affaires avaient été faites. Alors nous nous sommes résolus à construire une maison neuve en maçonnerie lourde avec une serre attenante pour chauffer la maison l’hiver, en utilisant le plus possible de matériaux bruts et locaux, à la fois pour des raisons économiques et écologiques », poursuit-il.

Mieux vaut tester que pester

Reste à trouver le terrain – grand ! Au moins 2 500 m², car Stéphanie et Grégory envisagent un potager, une phytoépuration, un cabanon et une maison spacieuse pour eux et leurs deux enfants. En prime, ils veulent le soleil présent dans le logement du matin au milieu de l’après-midi et, surtout, de la terre exploitable pour construire en pisé. « À l’époque, je dirigeais une association de culture urbaine à Aurillac pour laquelle j’avais fabriqué un skate-park avec un bowl en bois. J’étais bricoleur et j’ai voulu bâtir moi-même la maison pour me former. Mais je n’étais pas prêt à transporter des tonnes de pierres pour imiter le bâti local, raconte l’autoconstructeur. Je connaissais le pisé et l’avantage de sa forte inertie, alors nous avons cherché un terrain avec une terre idéale pour cette technique, contenant assez d’argile pour assurer une bonne cohésion mais pas trop pour éviter les fissurations au séchage. »

Lorsqu’à l’été 2009 le couple trouve un terrain optimal à Teissières-lès-Bouliès, à 20 min d’Aurillac, Grégory prend la peine de tester la terre avant de signer. Il pioche à deux ou trois endroits et réalise plusieurs expériences. Il remplit une bouteille de terre bien mouillée, puis laisse décanter pour juger la proportion d’argile par rapport au sable, l’idéal étant d’être autour de 15 %. « On peut aussi presser une boule de terre dans la main. S’il est possible ensuite de la séparer en deux sans qu’elle éclate, c’est que la terre a une bonne cohésion », propose-t-il. Ces premières expériences se révélant positives, il apporte un seau de terre à un spécialiste du pisé (qui n’est actuellement plus en activité), qui la juge parfaite !

Le terrain acheté, les premiers coups de tractopelle sont donnés le 5 avril 2010. Le but : aménager rapidement une annexe de 55 m² dans laquelle la famille puisse s’installer en attendant la fin des travaux de la maison principale attenante de 167 m². Pour les fondations et la structure poteau-poutre (béton armé) des deux bâtiments, Grégory fait appel à un ami maçon qui lui explique comment réaliser ses ferraillages, ses coffrages et doser les bétons. Deux autres amis viennent ensuite lui donner un coup de main sur le chantier. Ils comprennent vite la technique : la maçonnerie, les soubassements de 80 cm en schiste, les réseaux et la phytoépuration sont terminés en cinq mois (hors poutres réalisées à l’été 2011) alors que Grégory travaille encore à plein temps.

En parallèle, commence le travail du pisé, suivant la même démarche. Grégory se renseigne, lit et se forme auprès du même spécialiste ès pisé. Il passe une journée avec lui, pose beaucoup de questions et « rentre serein ».


Travaux : Des cloisons en pisé

Cloisons en pisé

Généralement employé en mur extérieur ou refend porteur, le pisé de terre crue peut aussi apporter aux cloisons ses atouts esthétiques, d’inertie thermique, de bilan carbone et de prix.

Devinette : je suis l’exact opposé du placoplâtre rapide à poser, fabriqué industriellement, standardisé et blanc. Je suis vivante et gratuite… Je suis… la terre ! La terre crue présente une excellente inertie thermique. Employée en cloison intérieure, elle réinterprète ici de manière contemporaine deux techniques médiévales : pisé et colombage. Dans la maison, elle se marie à merveille avec d’autres matériaux naturels tels que le bois et la pierre. Pour mettre en œuvre cette technique soi-même, il faut trois choses : de la terre argileuse, des amis et du temps. Banchage et compactage nécessitent un vrai travail manuel. Il est ainsi recommandé de travailler au minimum à deux personnes. Comme la terre crue est un matériau naturel, la teneur en argile peut varier d’une région à l’autre, d’un terrain à l’autre. Seuls les essais et l’expérimentation permettront d’obtenir le résultat escompté.

Quand la terre épouse le bois

Pour ce pas à pas en images dans la maison de ses amis, l’autoconstructeur expérimenté Didier Pragout a mis en œuvre la terre dans les cloisons à ossature bois du menuisier. L’architecte Robin Faure a proposé de réaliser les parois en terre sur 8 cm d’épaisseur. Didier avait l’expérience de la technique du banchage pour des murs en chaux et chanvre ; il savait que le sous-sol charentais local présentait une terre argileuse jadis utilisée pour fabriquer tuiles et briques. Didier et Robin ont mené une série d’essais avant de réaliser le pisé, puis l’enduit de finition. Depuis, les amis ont emménagé. Et ils sont ravis !

OUTILLAGE

• 4 serre-joints
• 1 visseuse
• 1 scie circulaire
• 1 truelle
• 1 grande lisseuse
• 1 taloche éponge
• 1 auge de maçon
• Vis
• Papier de verre
• Pulvérisateur
• Seau carré
de type peinture

 

Cloisons en pisé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Renseignez-vous sur la qualité de la terre de votre région. Si elle est argileuse, vous pouvez l’utiliser. Testez en mettant la terre dans une bouteille d’eau transparente et laissez décanter. La première couche qui se dépose est le sable, puis les limons et, enfin, l’argile, sur le dessus. La terre idéale ici doit contenir 10 à 15 % d’argile.
  2. Autre test simple : réalisez à la main des boules de terre sèche ou très peu mouillée. Si elles se tiennent au bout de quelques jours, la terre convient. Faites des boules de différentes terres pour choisir celle qui vous convient, selon sa tenue, sa couleur. Elle ne doit pas s’effriter, mais rester homogène et tenir d’un bloc. […]

Leur logis présage l’habitat de demain

habitat de demain

En arrivant au lieu-dit Lachat, on ne peut pas la louper. Avec ses larges baies vitrées, ses murs de terre et de bois et ses panneaux solaires sur le toit, la maison de Sophie et Damien affirme sa singularité. Bâtie au milieu de pavillons conventionnels, elle fait des envieux dans le quartier. Et pas seulement d’un point de vue esthétique… « Quand on compare notre facture de chauffage avec celle de nos voisins, on est content de notre choix, témoigne Damien. 120 € de granulés suffisent pour alimenter notre poêle et avoir chaud tout l’hiver avec deux enfants en bas âge, quand leur dalle chauffante ou leur pompe à chaleur engloutit près de 1000 € pour une surface équivalente ! C’est la différence entre une habitation en terre-paille bien orientée et une construction en parpaings-laine minérale mal positionnée. »

 


Construire en terre, une technique performante et écologique entravée par les lobbies du ciment

mur en pisé

En Isère, le Domaine de la terre est un quartier d’habitat social unique en France. Les 70 logements y sont tous construits en terre crue, une ressource naturelle et locale, 100% recyclable et non polluante.

Trente ans après avoir été bâti, ce quartier apporte la preuve qu’il est possible d’édifier à moindre coût une architecture de terre avec une faible consommation énergétique et un vrai confort thermique. Pourtant, l’opération n’a jamais été réitérée en France. Pression des lobbies cimentiers, absence de suivi des pouvoirs publics, réglementation… En dépit de ces freins, la filière terre connait un renouveau. Reportage et enquête sur une solution d’avenir.

Des nichoirs pour oiseaux se fondent dans les bâtisses en terre crue. Ils surplombent la rue Hassan Fathy, du nom de l’architecte égyptien qui, dès le début du 20e siècle, plaide pour un bâti pensé avec des matériaux locaux. C’est dans cette philosophie que s’inscrit le Domaine de la Terre, un quartier expérimental situé à Villefontaine, à une quarantaine de kilomètres de Lyon [1]. Disposés à flanc de colline, quelque 70 logements HLM y occupent un peu plus de deux hectares. Érigés en 1985, les onze îlots sont construits en terre crue, un matériau délaissé depuis des décennies. Il a pourtant été longtemps employé dans la région Rhône-Alpes. 80% des habitations du Haut Dauphiné construites avant les années 1950 sont bâties avec ce matériau peu coûteux, aux performances thermiques et écologiques de premier plan. Lire la suite


Maisons écologiques et pas chères

Maisons écologiques et pas chères

Maisons écologiques et pas chères.

 

Construire avec des coups de main à tour de bras.

Préparation optimale, coups de main à foison, formes simples, récup’ et matériaux locaux, voici la recette d’Antonin et Sandra.

Une habitation de 100 m² ayant coûté moins de 50 000 € et autoconstruite en à peine trois ans ; voilà qui est rare. C’est pourquoi, Antonin Gaudun et Sandra Edde, les deux heureux propriétaires normands de cette maison à ossature bois isolée en bottes de paille, ne le cachent pas : ils ont dû traverser une expérience « fatigante ». Mais qui reste néanmoins un excellent souvenir.
Ainsi, bien préparé, bien accompagné, leur chantier s’est déroulé sans gros accroc

 

Et ils habitèrent la terre.

Maisonnette en pisé, une poterie géante.

Ma participation comme journaliste à La Maison écologique depuis 2009 a précédé de peu la construction de notre première maison. C’est dire si ce magazine nous a accompagnés ! Pour une fois, j’ai le plaisir d’y évoquer ma propre expérience. En 2010, nous nous sommes installés à Saint-Michel-Loubéjou, dans le Lot, dans une noyeraie. Mon compagnon Benoît Musquar, potier de profession, souhaitait construire une maison en pisé (terre banchée et damée). « J’ai aimé la sensation enveloppante de dormir dans une maison en terre au Sénégal », se souvient-il.

 

L’autoconstruction de toutes les aventures.

Ou comment construire sa maison sans aucune expérience.

Fabrice Mélet et Marianne Garel donnent foi en l’autoconstruction. Respectivement professeur de SVT et ouvrière agricole, le couple ne possédait pourtant aucune expérience. Ils compensent en s’abonnant à La Maison écologique et en lisant de nombreux ouvrages. Mais lors de leur mutation dans les Cévennes, ils caressent un vague projet d’achat de maison ancienne. Mais les tarifs ne conviennent pas à leur budget. En 2000, ils trouvent un terrain. Ils commencent alors à se renseigner et visitent de nombreuses maisons écologiques à Nîmes et Uzès. Néophytes, ils font appel à une architecte, sensée être rompue à la construction bois-paille. Ils s’avèrent mieux informés qu’elle et l’abandonnent lorsqu’elle leur propose un projet à 300 000 € alors que leur budget est de 100 000 € !

 

Pris les mains dans le bois.

Une année pour autoconstruire une maison qui respecte la RT 2012

Lorsqu’en 2012, Alexandre et Caroline Ponsardin recueillent l’expérience d’un autoconstructeur d’Eure-et-Loir, ils sont d’emblée mis en garde : « Savez-vous qu’un couple sur deux divorce en autoconstruction ? » Et pan ! Mais, pas de quoi effrayer ce jeune couple, bien décidé à construire lui-même la maison de ses rêves. Une idée qui est venue « naturellement ». A cette époque, les deux ingénieurs, jeunes parents d’un petit Owen âgé d’un an, n’ont aucune idée de ce qui les attend, mais, après avoir cherché des maisons (toujours trop chères) à rénover, ils se lancent.

 

Comme sur des roulettes.

Pour se loger à petit prix, Muriel a choisi la Tiny! Sa mini maison baladeuse de 16 m2 est montée sur remorque.

“Ma vie est plus compacte, je pèse moins sur la Terre », apprécie Muriel Fry dans un délicieux accent british. Après avoir travaillé dans les arts plastiques, elle prend sa pré-retraite suite à un licenciement et quitte l’Angleterre en 1996. Puis, elle restaure une fermette en Mayenne, puis démarre la rénovation d’une grande maison de maître dans l’Orne.

 


A la loupe

construction maison en pise

Leur maison fait le TOUR DU PISÉ.

Mise en oeuvre en mur extérieur et en intérieur, en éléments préfabriqués en atelier et autoconstruits, la technique du pisé s’illustre sous diverses formes dans la maison des Streiff, qui jouissent ainsi des vertus multiples de la terre crue.


Réhabilitation

terre bois métal technique pisé contemporain

Terre, bois et métal la technique du pisé aux allures contemporaines.

Jouer avec une palette de matériaux différents, élargit les possibilités créatives en matière de réhabilitation : plein cap sur le métissage d’idées qui offre une deuxième vie à cette grange en pisé au nord de l’Isère.

 


Ensemble

Touraterre

Touraterre, le retour à la terre.

Dans le Vaucluse, de jeunes architectes veulent remettre la terre crue au goût du jour. Ils organisent pour cela des chantiers de bénévoles où amateurs et professionnels construisent ensemble.


Construire et rénover en terre crue



La terre crue serait-elle en train de faire son grand retour ? Après avoir été dénigrée et sacrifiée sur l’autel en béton armé du capitalisme industriel, elle regagne, timidement mais sûrement, du terrain en France. Enduits, briques, mortiers, panneaux ses utilisations diverses s’adaptent au bâti ancien et aux constructions neuves. Matériau d’hier, la terre s’invite dans l’écoconstruction d’aujourd’hui, et devient le matériau de demain…