Rénover : Et la vieille longère devint reine de la performance

RENOVER VIEILLE LONGERE

Dans les Deux-Sèvres, Eddy et Gwendoline ont rénové une longère en pierre avec le moins de technologie possible et une isolation en paille ajustée finement à la configuration du logement. Une performance au Top.

Soleil et bois s’allient pour offrir un confort intérieur optimal.

Après avoir fondé l’entreprise de charpente Bois & Paille spécialisée en écoconstruction en 2007, Eddy Fruchard a toujours aimé voler de ses propres ailes. Au sens propre comme au sens figuré. La découverte d’un terrain de 4 ha au milieu de la Gâtine (79) donne corps à de nouveaux projets à la fois professionnels et personnels. Au cœur du projet de vie familial, une vieille ferme rénovée dans les années 1970 enduite de ciment, qu’il achète en 2016. « La maison d’environ 140 m2 exposée sud à laquelle était accolée une ancienne étable était considérée comme habitable, mais avec chauffage au fioul, laine minérale, briques plâtrières sans isolant et dalle béton non isolée. J’ai pris le parti de mettre à nu la structure de l’habitation, d’enlever toutes les couches. S’en est suivie une réflexion globale low-tech sur la base d’un maximum de matériaux biosourcés », résume Eddy. Un chantier d’ampleur étalé sur quatre ans.

Bois de douglas local, paille, chènevotte de chanvre, ouate de cellulose, terre et chaux pour les enduits… Du gros œuvre aux finitions, Eddy décline une large palette de matériaux naturels à toutes les étapes de la rénovation. La paille y joue un rôle majeur : « On a isolé la toiture et certains murs en bottes de paille », confie Eddy. L’expérience de deux rénovations antérieures et les personnes, professionnels et amis, dont il a su s’entourer contribuent à la réussite de cette rénovation performante.

Isolation à tous les étages

Son savoir-faire de charpentier en écoconstruction lui permet de reprendre la charpente de A à Z, de tailler la structure, épaulé par l’équipe de l’entreprise Bois & Paille pour le levage des éléments. « Le plancher de l’étage a été déposé et la charpente, attaquée par les capricornes, a du être entièrement refaite. L’isolation de la toiture de la pièce à vivre s’est faite en sarking avec 35 cm de bottes de paille par-dessus la charpente, puis 8 cm de fibre de bois entre chevrons, recouverts d’un panneau pare-pluie isolant de 35 mm. Avec une résistance thermique (R) proche de 10 m2.K/W, cette technique d’isolation de la toiture par l’extérieur est particulièrement efficace : elle supprime l’ensemble des ponts thermiques et, de plus, l’espace sous toiture a permis de conserver un beau volume avec les fermes de charpente en douglas apparentes », se réjouit Eddy.

Pour les murs, Eddy s’adapte en fonction des contextes. À l’extérieur, il décide de conserver l’esthétique des façades d’origine. Si la façade sud est modifiée par l’agrandissement des ouvertures, elle est simplement recouverte d’un enduit chaux-sable pour protéger la pierre. Au nord, en clin d’œil à l’histoire du lieu, il ne change rien, pas même les volets et les ouvertures d’origine de l’ancienne étable devenue cuisine.

Côté intérieur, l’isolation des murs est réfléchie sur la base d’une correction thermique. « On a d’abord piqueté tous les murs afin de retrouver la pierre d’origine (épaisseur de 50 cm), puis on a appliqué un gobetis à la chaux pour unifier la surface, combler d’éventuels trous et créer une accroche pour la finition à venir, principalement des enduits terre », décrit Eddy.

Issus de la terre argileuse des environs, ces enduits sont réalisés en chantier participatif. Perméables à la vapeur d’eau, ils régulent l’hygrométrie, possèdent une certaine inertie et une bonne effusivité (capacité à capter rapidement la chaleur en surface) qui permet de garantir une bonne température dans les pièces ; cela engendre un gain important sur le confort d’hiver et, indirectement, sur les besoins de chauffage. « Mis en œuvre par trois amies, enduiseuses de métier, ces enduits terre se composent d’un enduit de corps, mélange grossier de terre et de paille hachée (2 et 10 cm de longueur), appliqué à la taloche, suivi d’un enduit de finition terre blanc (Argilus) et terre de Charente issue d’une tuilerie, réalisé à la lisseuse », résume Eddy.


Rénover : Restaurer pour faire durer le passé

réhabilité une bâtisse

Passionnées par les pierres et le bois, Justine et Quentin ont réhabilité une bâtisse au cœur du Beaujolais, dans le soucis du respect du patrimoine et des matériaux locaux de récupération.

Nous rêvions d’une maison en pierres dorées, mais cela nous semblait inaccessible, lance Justine. La seule solution était de tout faire nous-mêmes. » Dans le Beaujolais, au nord-ouest de Lyon, là où les pierres ocres rayonnent au milieu des coteaux verdoyants, Justine et Quentin dénichent leur bonheur : une petite maison accolée à une grande grange. Toutes deux ont été construites dans les années 1880 à Châtillon-d’Azergues (69), une commune de 2 100 habitants.

La situation de la maison les séduit tout de suite. « Nous avons eu un coup de cœur pour la vue sur le château qui domine le village et le ruisseau qui coule au fond du jardin. Mais il fallait faire énormément de travaux ! », souligne Justine, qui, deux jours avant l’achat de la maison, accouche de leur troisième enfant. Et Quentin, zen et serein, de préciser : « Se lancer dans la rénovation, ce n’est pas simplement acheter une maison, c’est inventer son logement, en cohérence avec sa façon de vivre. La conception écologique s’imposait forcément. L’emplacement correspondait à nos intérêts : un cœur de village dynamique, une vie associative développée,
la proximité de tout sans voiture, la gare dans le village, des espaces naturels proches… »

Quentin, en charge de la participation citoyenne pour une collectivité, se jette dans l’aventure des travaux en juillet 2017. Il a déjà entrepris plusieurs chantiers de rénovation personnellement ou avec des amis. Contraint par un prêt-relais, le couple se donne deux ans pour rénover l’ancien corps de ferme. Quentin choisit de ne plus travailler le vendredi et passe ainsi ses longs week-ends et ses vacances sur le chantier. Justine jongle entre son travail de comédienne et les trois enfants, mais réussit à mettre la main à la pâte, en particulier dans celle des enduits.

Ils placent d’abord la porte d’entrée, puis l’escalier et « distribuent » les pièces autour, en favorisant les espaces collectifs, sans couloir. Ils font ainsi le choix d’une très grande chambre (60 m2) pour leurs trois garçons, qui pourra être cloisonnée si nécessaire, et d’un espace bureau familial (palier de 15 m² avec bibliothèque et coin lecture). Cet agencement tient compte également de l’exposition, pièces tampons au nord-est et grandes baies vitrées au sud-ouest pour apporter de la clarté. « Faute de budget, nous n’avons pas encore mis de panneaux solaires thermiques côté cours, mais les raccordements sont en attente », confie Quentin, qui réfléchit également à la possibilité de convertir les WC en toilettes sèches. […]


Escapade : Un écrin pour l’harmonie de groupe

bâtisse en pierre

À DIX MINUTES DE CORDES-SUR-CIEL, DANS LE TARN, le bien nommé gîte du Suquet (petit mont en occitan) permet d’apprécier la campagne alentour depuis

un lieu ouvert à la convivialité et à l’esprit de partage. Eve et Sébastien y accueillent depuis trois ans des groupes d’une quinzaine de personnes maximum dans une bâtisse en pierre calcaire de la fin du XIXe siècle, avec sa grange attenante, héritage de la rusticité humble de ces anciennes terres agricoles.

La rénovation de cet espace d’hospitalité a été menée principalement en autoconstruction et l’équilibre entre des matériaux sains et locaux, l’amélioration thermique et le patrimoine se ressent dans toutes les pièces de la maison. Dans le grand salon, les enduits intérieurs, à base de kaolin et paille, côtoient des murs en pierre jointoyée à la chaux. Au plafond, un enduit de terre rouge de Lexos, réalisé sur une trame de canisses, répond comme un miroir au sol en terre et chaux et confère à la pièce une douce chaleur pour de longues discussions hivernales. Pendant ces veillées, jeter quelques bûches dans le poêle bouilleur sera la seule consigne : ce dernier assure, avec des panneaux solaires, le chauffage et l’eau chaude de tout le gîte.

Quand le sommeil se fait sentir, un escalier conduit à l’étage où des chambres de deux à six personnes sont décorées selon des thèmes rêveurs et colorés, comme la chambre voyage et ses statuettes sénégalaises, ou la chambre mer et son écho, la chambre bleue, pour des nuits bercées par le calme des environs. « Au Suquet, souligne Eve, on peut vraiment écouter des concerts de silence. »

L’esprit au calme

Au matin, des pots de confiture de prune ou de poire cuisinées avec les fruits du verger annoncent une bonne journée.

Si le temps est chaud, la piscine hors sol habillée de bois, sécurisante pour les enfants, permet de se mettre au frais en contemplant la vallée. Cette dernière est exploitée par un Gaec estampillé AB. Pour mieux s’en imprégner, un détour par le chill-out s’impose : cet espace ouvert aux quatre vents, dans lequel on entre par une porte ronde symbolisant les cinq éléments, offre avec sa charpente réalisée par le charpentier d’art Yohan Leymarios, une solide protection pour méditer à l’air libre, tendre un hamac le temps d’une sieste, ou, à la mi-saison, profiter du jacuzzi chauffé par l’énergie solaire.

[…]


autoconstruire et autonomie

autoconstruire et autonomie

Électricité, chaleur eau, jardin, voiture… Ils disent oui à l’autonomie.

Liberté (de vivre en harmonie avec la nature), solidarité (partage de savoirs), paix (si chacun peut répondre à ses besoins). Telle est la devise de Matthias, un autoconstructeur pas tout à fait comme les autres.

Regarde comme je suis riche ! », s’exclame l’heureux propriétaire en balayant du regard, les bras grands ouverts, les 2 000 m2 boisés et fleuris de son terrain. « La terre alimente l’eau du puits, le ciel déverse l’énergie solaire pour nous éclairer et nous chauffer, les arbres donnent le bois pour le poêle et la cuisine et le sol, des centaines de kilos de nourriture ; noix, prunes, pommes, kiwis, cassis, mûres… Sans oublier les poules. La nature donne tout ! », s’émerveille Matthias. En effet,  l’autonomie – énergétique et alimentaire – est une valeur essentielle pour lui. « En protégeant ce lieu de toute agression polluante, nous vivons ici une relation très douce avec la Création », confie-t-il.

 


Bardage en bois brûlé et matériaux bruts pour cette rénovation écologique en ville

Rénovation écologique en ville à base de bardage en bois brûlé et matériaux bruts, à Vannes. Crédit: Gwendal Le Ménahèze

[VIDEO] Le bardage en bois brûlé de cette rénovation en fait craquer plus d’un. Katia et Jean voulaient rendre ce pavillon citadin des années 1950 économe et confortable. Pour lui donner une splendeur moderne sans grever l’environnement, ces adeptes du low-tech ont laissé apparents les matériaux bruts.

Après cinq ans à la Réunion, Katia, Jean et leurs quatre fils voulaient lumière et chaleur. « On ne visitait pas les maisons si elles n’étaient pas bien exposées », se souvient Katia. En outre, Jean rêvait d’une maison sans chauffage. Mais « je suis très frileuse, il fallait qu’il me confirme que j’aurais 22 °C ». Finalement, un poêle de masse suffit à chauffer les trois niveaux de la maison. « On peut aller partout dans la maison sans ressentir de changement de température. C’est extrêmement agréable », apprécie-t-elle. Les six mois de travaux ont été assurés en autoconstruction et par des entreprises (SARL Guyot, etc.). Originalité qui intrigue les voisins: une façade est bardée de bois brûlé.

Une nouvelle jeunesse pour cette maison du centre-ville de Vannes (Morbihan). Quand elle l’achète en 2013, la famille Guêné-Bruneau ne tombe pas sous le charme des vieilles moquettes. Ni du carrelage démodé et des façades « moches ». Ni du chauffage au gaz et de l’organisation antibioclimatique. D’abord, cuisine et salle de bains au sud avec de toutes petites fenêtres. Ensuite, pièces de vie ouvertes sur le nord… Pas question pour autant de faire table rase du passé. « On voulait laisser la maison le plus possible en l’état, donc garder les matériaux bruts », insiste Jean.

Pour en savoir plus, retrouvez notre reportage complet sur cette maison rénovée dans le magazine La Maison écologique n°103. En kiosques jusqu’à fin mars 2018 ou sur commande ici.

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choisir ses matériaux pour construire

choisir ses matériaux pour construire

Bien choisir ses matériaux pour construire.

Les réglementations thermiques successives ont rendu nos maisons bien moins gourmandes en énergie. Cependant, l’énergie nécessaire pour construire un bâtiment, dite énergie grise, reste constante, si bien qu’il faut environ 60 ans pour que la consommation en chauffage égale l’énergie grise d’une maison RT 2012 ! Pour qu’une maison soit écologique, il ne suffit donc pas de diminuer ses consommations : le choix des matériaux qui la constituent est essentiel.

Règle n°1 : choisissez-les locaux, peu transformés et facilement recyclables.

Nombreux sont les matériaux écologiques à pouvoir constituer des murs porteurs : terre (crue ou cuite), bois, paille, pierre, béton cellulaire…Il faudrait un, voire plusieurs livres entiers pour décrire toutes les techniques existantes. Mais ce dossier a été pensé et conçu pour donner un aperçu des solutions les plus fréquentes en écoconstruction. Quels critères peuvent guider votre choix vers tel ou tel système constructif ?


Rénover

vieilles pierres

La renaissance des vieilles pierres.

En trois ans d’auto-rénovation, Charline et Samuel Laheux ont ressuscité leur ruine vendéenne grâce au chanvre et à l’argile, tout en conservant le patrimoine du bâtiment d’origine.


Rénovation écologique d’une maison pierre

Rénovation d'une maison en pierre en Vendée

[VIDEO] La rénovation écologique de la maison en pierre achetée en Vendée par Charline et Samuel Laheux en 2012 a duré 3 ans.

Le jeune auto-rénovateur raconte dans cette vidéo la renaissance de cette ruine à base de blocs de chaux chanvre, d’argile, de bois et de tomettes de terre cuite.

Plus d’informations et de photos dans le reportage complet à lire dans La Maison écologique n°93 (juin-juillet 2016).


Réhabilitons nos vieilles pierres



« Il faut faire aujourd’hui ce que les autres feront demain. » Jean Cocteau

Ah, le charme des maisons anciennes, leurs pierres apparentes, leur fraîcheur estivale, le sentiment de vivre dans un lieu chargé d’histoire, construit en parfaite harmonie avec le paysage environnant.
Autant d’atouts qui ne sont pas étrangers au fait que la moitié des permis de construire délivrés en France concernent des bâtiments existants. Mais comment allier patrimoine et performance énergétique, comment conserver la durabilité de ces bâtisses ancestrales tout en les rendant thermiquement acceptables ?
Car c’est bien le défi auquel nous sommes confrontés : rendre toutes nos habitations peu émettrices en gaz à effet de serre.