Écoconstruire : leur maison tourne autour du soleil

ecoconstruire-N°129, La Maison écologique, Leur maison tourne autour du soleil

J‘veux du soleil », chantait encore le groupe Au P’tit Bonheur l’année où Mathilde et Antony ont entamé la construction de leur maison à Marzens, dans le Tarn. En 2012, eux aussi voulaient du soleil, pour leur apporter de la lumière naturelle, du chauffage gratuit, de l’électricité autoproduite… Pour que leur logement en profite, ils multiplient les astuces, sans surenchère technologique et en employant des produits locaux et naturels. À l’instar d’Au P’tit Bonheur, pas question pour ce couple que ses enfants grandissent « dans un monde en super plastique » !

La parcelle n’était pourtant pas propice au dialogue avec le soleil. « La pente dégage la vue au nord et la bouche au sud, retrace Sandra Perié, architecte. Pour capter le soleil, on a positionné la maison au plus loin du talus, donc en bas du terrain, et surélevée sur pilotis. » Pour bénéficier des apports passifs, la façade sud est la plus vitrée, comprenant un large « bow-window », succession incurvée de vitrages.

La partie basse de ce mur arrondi est constituée de « radiateurs solaires » fabriqués sur le principe du mur Trombe. « De petits murs capteurs faits d’un double vitrage basique le plus clair possible, sans gaz isolant, détaille Antony. On a bien nettoyé les vitres avant de poser derrière les briques fabriquées avec la terre du terrain compressée (BTC), en plaçant un Compriband en périphérie pour que la lame d’air entre vitre et BTC soit bien étanche. Et on a peint les briques en noir pour qu’elles captent au maximum les calories solaires. » L’effet de serre fait monter en température les briques, qui restituent la chaleur emmagasinée vers l’intérieur du logement.

La magie des vitrages

Les vitrages sont différenciés selon leur exposition. « Souvent, quand je dis qu’on a mis du triple vitrage au sud, on me répond que ce n’est pas une bonne chose, car il réduirait l’apport solaire, grince Antony. C’est faux, on a choisi un triple vitrage qui présente un facteur solaire équivalent à celui d’un double. »


Alternatives : Verger et potager partagés au coeur de Montpellier

potager partagés

Entre deux quartiers denses de Montpellier, une coulée verte abrite plusieurs parcelles comestibles et aires de compostage. De quoi instiller une culture agricole et nourricière dans la ville et sur les balcons des habitants.

30 ha de verger et potager partagés

Quelle surprise de découvrir le Verpopa. Ce jardin, à la fois verger et potager, de 2 500 m2 logé au cœur d’un immense parc de 30 ha dans le quartier Malbosc, à Montpellier. Un véritable poumon vert au nord-est de la ville, qui s’étend jusqu’au quartier voisin de la Mosson. Un corridor écologique pour les 20 000 habitants des deux quartiers. De nombreux jardins y fleurissent, comme ceux du Bosphore et les jardins familiaux municipaux, clôturés et nichés derrière d’épaisses haies végétales. Dans les prairies du parc, un troupeau de moutons paît tranquillement. Dans cet îlot de verdure que l’actuelle équipe municipale promet de ne pas urbaniser, impossible de ne pas remarquer le Verpopa.

Ici, pas de rangées rectilignes de légumes plantés dans un sol nu, mais des buttes potagères et une végétation libre de s’exprimer, une mare, des arbres fruitiers, des ruches. Et on ne débroussaille pas avant que l’herbe soit jaunie.

Le premier verger partagé urbain de France

« L’idée est née en 2008 lors des rencontres de la permaculture cévenole. Une vingtaine de personnes de quartiers différents a démarré ce lieu, qui est le premier verger partagé urbain en France avec ses plantations de pêchers, abricotiers, figuiers, cerisiers. Aujourd’hui, nous comptons 32 membres », résume Alain Del Vecchio, coprésident de Verpopa, cofondateur et coprésident de l’association le Réseau des semeurs de jardin – dont Verpopa est un membre fondateur – et fervent défenseur du jardinage en ville.

Un parcours long et sinueux, raconte Elisabeth Vatel, habitante du quartier, membre du comité de quartier Malbosc Bouge et membre de Verpopa. Active, Elisabeth détient aussi une parcelle dans les jardins familiaux.

« Au Verpopa, il y a du monde à jardiner ensemble, c’est enthousiasmant. Au début, certains membres des jardins familiaux se moquaient de l’organisation du jardin. Mais, en permaculture, tout ce qui y est fait est respectueux de l’environnement et tout a un sens. Cela a pris du temps de nourrir cette terre qui, au départ, n’est pas riche, avec juste leur compost, le compost collectif et le bois raméal fragmenté (BRF)(1). Je me suis rendue à une de leurs fêtes où l’on déguste les produits du jardin (artichauts, courges, tomates, etc.). Un spécialiste des plantes comestibles nous y a montré plus d’une trentaine d’espèces présentes, dont des salades sauvages ! »


La maison aux mille et une vies



Pour restaurer leur maison en pays gascon, Elisabeth et Loïc n’ont utilisé presque que des matériaux naturels, locaux et parfois chargés d’histoire(s). Bienvenue dans un lieu aux multiples passés.

Il paraît que les chats ont sept vies. Difficile de savoir combien en a eu la maison qu’Elisabeth et Loïc ont restaurée dans le Gers. Ni combien elle en aura encore, puisqu’elle est presque entièrement biodégradable. La partie centrale du bâtiment date de 1797. Mais un bois de colombage gravé à l’extérieur révèle qu’une extension a été réalisée en 1813. « Cette maison aurait été construite avec les restes d’une métairie d’une ferme voisine qui avait brûlé, explique Loïc. Ici, c’est ce qu’on appelle une borde, la maison des ouvriers. Elle mesurait à peine 100 m2 au sol, dont une étable pour mettre un ou deux animaux. » Voilà pour les trois premières vies – au moins. Lire la suite


Habitat groupé : Mascoop, le virus du vivre-ensemble

Habitat groupe mas coop

Près de toulouse, la coopérative d’habitants Mas Coop a créé onze logements autour d’une maison commune.

En ces temps de confinements sanitaires, ils n’en apprécient que plus les joies de l’habitat groupé. En temps de pandémie, l’habitat groupé se découvre une nouvelle carte à jouer. « On se reconfine quand vous vou­lez!», s’esclaffe Cécile. Après 15 jours de« quarantaine», la vie collective a repris au rythme des désinfections des poignées de la maison commune et des machines à laver partagées. Mais face aux écoles closes, la mixité sociale et générationnelle a permis à certains de travailler sans être bloqués par leurs enfants; en cours d’anglais chez la voi­sine Marie-Lou ou occupés au potager avec Robert. Seuls deux habitants partaient chaque semaine faire les courses pour les 14 adultes et 9 enfants.

Ces onze logements participatifs à Beaumont-sur-Lèze (31) sont nés fin 2014, quand deux couples quittent un projet qu’ils ne jugent plus viable. Moins de quatre mois après, ils mettent le grappin sur ce terrain de 1,1 ha. Le propriétaire accepte de leur louer le bâtiment existant, dans lequel ils vivent à compter d’août 2015 « en coloc » le temps de créer la coopérative, d’obtenir le prêt, le permis de construire, etc. Depuis, « on conseille aux groupes de chercher une maison existante plutôt que des terrains nus, rares et hors de prix. Si on avait dû la bâtir en plus des logements, on aurait fini par se contenter d’un hangar… Alors que c’est le centre de la vie de notre petit hameau ! », insiste Stéphanie.


Autoconstruire : 2 bâtiments-tests avant la maison finale

bâtiments-tests

En construisant dans le Gers une maisonnette où habiter pendant leurs futurs chantiers, puis un hangar, Jérôme et Valérie ont pu tester divers matériaux et techniques d’écoconstruction. Et ainsi choisir en toute conscience ce que serait leur maison finale.

Thèse, antithèse, synthèse. En partie basse du terrain pentu de Valérie et Jérôme Boisneau, dans le Gers, flotte une maisonnette de 16 m2 en bois et ouate de cellulose sur pilotis. Thèse. Jouxtant ce premier bâtiment érigé et habité par le couple et ses enfants pendant plus de trois ans, un grand hangar partiellement isolé en bottes de paille. Antithèse. La synthèse de ces deux premières expériences se dresse dans leur prolongement. « L’objectif du petit chalet était de vite habiter sur place, mais aussi de nous tester en tant qu’autoconstructeurs et tester des techniques et des matériaux », retrace Valérie.

La démonstration s’achève en 2014 avec l’emménagement dans leur maison bioclimatique qui a su tirer parti des expériences menées sur les deux premiers bâtiments. « C’est plus rassurant de commencer par tout petit, ça va plus vite et les erreurs coûtent moins cher », prône Jérôme. De la ouate de cellulose a été insufflée dans l’ossature bois de la maisonnette; le toit, isolé en rampant avec de la chènevotte de chanvre en vrac. Test validé pour cette dernière, qui isole la maison finale mais simplement déversée au sol des combles perdus. La ouate insufflée a été recalée, « elle nécessite un savoir-faire et sa mise en oeuvre est laborieuse. Il faut découper de nombreux trous dans le mur pour insuffler, les reboucher… Ces ronds se devinent toujours à travers l’enduit, qu’on voulait appliquer directement sur le Pavaplan(1) sans le doubler ».

Porter haut les basses technologies

Autre enseignement : « Pour le chalet, on a misé sur l’isolation seulement. Sans inertie thermique, on avait des surchauffes en été, se souvient Jérôme. Au lieu d’un sol isolé sur pilotis, nous avons préféré coller la nouvelle maison au terrain, uniquement séparés par des matériaux massifs. »

Une partie du sol est revêtu de terre cuite. « En été, ces tomettes absorbent la chaleur et le sol reste agréablement frais. En hiver, elles accumulent le rayonnement devant les vitrages plein sud. » Deux cloisons en briques de terre crue comprimée (BTC) participent aussi à l’inertie du bâtiment, ainsi qu’à la régulation de l’hygrométrie. « Bien que la salle d’eau soit toute petite, on peut enchaîner quatre douches sans aucune buée sur les miroirs », apprécie Valérie.

Adepte des low-tech, le couple ne voulait pas de VMC. […]

 


Reportage autonomie : L’autonomie en ligne de mire

autonomie en ligne de mire

Fervente adepte de l’habitat autonome, la famille Glaziou habite cette maisonnette du Tarn depuis dix ans. Travaux, chauffage, alimentation en eau et en électricité, cuisine, l’objectif de “faire soi-même” les suit partout.

Dix années après sa construction, la maison de Sophie, Christophe et Zack n’a pas pris une ride. Au fil des printemps, elle a poursuivi sa croissance. Déjà habité, le premier module de 20 m2 a vu pousser sur son flanc une excroissance qui accueille la cuisine et salle à manger. Puis une autre pour les deux chambres. En pleine fleur de l’âge, le bâtiment a récemment fait peau neuve ; une carapace en bardeaux de bois habille les façades de la cuisine. Tout cela, né des mains de Christophe Glaziou. « Métalleux » de profession, il n’a jamais suivi de formation dans le bâtiment. Pourtant, l’objectif était clair : construction, chauffage, électricité, cuisine, eau, il voulait pouvoir tout gérer lui-même.

Fière comme une coque en paille

L’autonomie dans le viseur, il se retrousse les manches et opte pour un système constructif « simple et accessible à tout le monde : ossature bois, remplissage de paille en vrac tassée ». En sol, murs et toiture, les « caissons » sont garnis de 15 cm de cet isolant biosourcé cultivé et récolté par un voisin. Une épaisseur modeste en termes de performances thermiques, mais « je me suis appliqué à la mise en oeuvre pour que le matériau soit le plus continu possible, évitant les ponts thermiques, donc l’isolation forme une véritable coque en paille ».

Un espace facile à chauffer avec la cuisinière à bois qui a poussé au milieu de la maison il y a deux ans. Avant, la famille utilisait un classique poêle turbo en acier, « avec tous ses inconvénients : beaucoup de chaleur d’un seul coup, de stratification – très chaud au plafond et froid par terre –, de brassage d’air donc de poussière, grosse consommation de bois, combustion peu performante donc qui pollue, qui fume… Et il fallait l’alimenter quasi en continu ». Cette cuisinière poêle de masse moderne « a changé notre vie : une flambée de 1 ou 1,5 h par jour fait rayonner le poêle pendant 10 à 12 h. On compte 1 h d’inertie thermique pour 100 kg de briques ».

Chaleur : le bois fait sa loi

Fini la stratification : « dernièrement, j’ai mesuré 21,7°C au sol et 21,7°C au plafond. Le chauffage ne se fait plus par convection mais par rayonnement, c’est-à-dire qu’il ne chauffe pas l’air mais les masses. Les ondes infrarouges réchauffent les corps, meubles, murs, qui ensuite te renvoient la chaleur. Ce confort est incomparable, la chaleur est homogène, douce ». Une flambée est allumée en fin d’après-midi. Une fois le feu éteint, des clapets d’obstruction du conduit permettent de garder la chaleur plus longtemps dans le poêle. « Il fait encore bon quand on se lève le matin. » […]


Territoire : Recettes de grand maire pour faire monter l’écologie

un village producteur de son électricité

Un village producteur de son électricité verte

Petit village de 250 âmes en Occitanie, Luc-sur-Aude ne possède pas d’infrastructure communale tentaculaire. Pourtant, les réalisations sont là. À l’initiative, le maire, Jean-Claude Pons raconte : « Dans notre village, seuls deux viticulteurs produisent encore en agriculture conventionnelle, tous les autres, moi y compris, se sont convertis à l’agriculture biologique sans attendre mon premier mandat ! J’ai fait campagne avec un programme d’actions écologiques en tête. » Ses convictions sont anciennes et ses études universitaires en agronomie et écologie ont contribué à les développer. « Si l’on défend des projets qui tiennent la route, les citoyens y sont sensibles. Bien évidemment, en proposant un investissement qui rapporte de l’argent en plus de produire de l’énergie verte, on rencontre l’adhésion de sa population. »

Luc-sur-Aude a été le premier en Languedoc-Roussillon à proposer l’extinction nocturne de l’éclairage public, voilà
douze ans. « Mon conseil municipal n’était pas favorable au départ. On l’a expérimenté durant six mois, puis on a pris le temps d’évaluer la mesure et aucun inconvénient ne s’opposait à la poursuite. Aujourd’hui, personne n’a envie de respirer des colles et des polyphénols dans son habitation, mais fédérer demande d’amener les choses en les expliquant », expose l’élu.

S’entourer des bons acteurs

« J’habite Luc-sur-Aude depuis 2011. Sa notoriété, en termes de vie sociale et d’actions municipales positives, m’a attirée. Avant même la création du parc solaire, les bâtiments anciens ont été rénovés avec des matériaux écologiques. Trois logements sociaux bénéficient ainsi de murs en terre-paille et d’isolation en laine de bois. Des panneaux solaires équipent le foyer. Tous les bâtiments communaux ont été isolés. L’école et l’un des logements sont chauffés grâce à une chaudière bois… », détaille Hedy Dargère.

Motivé par l’énergie de tous ces projets, dès 2014, ce nouvel arrivant devient premier adjoint. « Nous avons eu la chance de recruter une stagiaire en master Développement durable et aménagement, Juliette Theveniaut, qui nous a accompagnés sur le parc photovoltaïque comme sur le projet d’habitat participatif écologique. Sans ses compétences, nous n’aurions pas pu réussir aussi vite, par manque d’ingénierie, de temps et de ressources », assure-t-il.

En 2008, un lotisseur fait faillite laissant en déshérence un terrain de 1,5 ha avec trois maisons en cours de construction et un soubassement tout juste bâti pour une quatrième. « Soit nous prenions le risque financier du rachat, soit on laissait faire un promoteur dont le projet nous aurait échappé », se souvient Jean-Claude Pons. Une fois encore, le maire défend sa vision. Négociations serrées avec le liquidateur, recherche des propriétaires étrangers ne représentent que le début d’une longue liste d’obstacles. L’édile veut certes sauver ce projet de lotissement, mais avec une volonté bien précise : celle de réussir un projet participatif avec des constructions écologiques.


Habitat groupé : Et la ferme devint écovillage

écovillage

Posé sur sa colline verdoyante, l’écovillage de Sainte-Camelle héberge une quinzaine d’adultes qui ont fait le pari de la vie en collectif. Une aventure qui soulève un intérêt croissant et qui continue de s’écrire.

« À quinze, on est plus malins que seul, déclare Dane, co-fondatrice de l’écolieu. Nos capacités de conscience et de réponse sont démultipliées. » Tout commence en 2009, quand Dane, psychologue holistique, décide de quitter la Loire-Atlantique. Avec Alain, son compagnon enseignant, ils vendent le lieu qu’ils occupent depuis quinze ans avec un collectif de huit personnes. Destination : les coteaux d’Ariège, au sud de Toulouse. Objectif : démarrer un projet collectif sur un terrain plus vaste permettant d’accueillir plus de monde. Après un premier projet non abouti, Dane a un coup de coeur pour une ferme du XIXe siècle, entourée de 18 ha de terres et forêt. Le terrain, bien exposé au sud, offre une vue imprenable sur les Pyrénées, le tout à quelques kilomètres de la petite ville de Pamiers. À l’état de quasi-abandon, l’ensemble comprend un corps de logis flanqué d’une étable et d’une bergerie, ainsi qu’un fenil et une porcherie.

Dane et Alain, tous les deux la cinquantaine, prennent possession des lieux en 2011. Le bouche-à-oreille répand la nouvelle qu’un écovillage ouvert à de nouveaux projets vient de se créer. Un groupe d’une dizaine de personnes se constitue autour du couple, hébergé provisoirement en caravanes.

Priorité : le logement. Mené surtout par Dane et Alain, le chantier démarre par un grand déblayage. Ensuite, sont rénovés les espaces bâtis existants les plus faciles à aménager : quatre appartements à l’étage du corps de logis, une salle commune et une colocation de cinq personnes dans le fenil. Autre priorité pour l’hiver : planter le verger – 130 fruitiers la première année, 350 noisetiers la deuxième.

Un chantier de longue haleine

Dès la deuxième année, la nécessité d’accueillir des groupes ponctuellement se fait sentir. Pour y répondre, un grand chapiteau en bois est construit. Dans la foulée, avec des artisans locaux, l’étable est renforcée et ouverte côté sud ; l’étage, partiellement reconstruit ; les façades en briques crues et moellons, protégées par de nouveaux enduits. Puis, sortent de terre deux cabanes perchées, un petit chapiteau, l’aire de camping, la salle polyvalente dans l’ancienne étable, au centre, et petit à petit un total de dix logements, dont celui de Dane et Alain dans la bergerie.

Dans le processus, le fenil s’est transformé en gîte pour 17 personnes. Un chantier de sept années mené par Dane et Alain avec des artisans locaux et le renfort de chantiers participatifs. « On a eu des moments de découragement […]


Escapade : Rondins des bois à la montagne

Rondins de bois

Au cœur du parc naturel des Pyrénées catalanes à deux pas du vieux village de Bolquère, le chalet Les Artigues aux allures de refuge de montagne invite à célébrer la nature. « L’idée de construire un chalet de vacances sur notre terrain à Bolquère est née alors que nous étions en vacances dans un gîte rural à La Réunion, en 2005. Accueillir à notre tour des vacanciers dans ce pays qu’on aime tant, la Cerdagne, nous a semblé une évidence, d’autant qu’Olivier avait entamé une formation de fustier depuis plusieurs années », explique Florence.

Ce chalet 100 % autoconstruction (à l’exception de la pose des panneaux solaires en toiture) dont le chantier va durer deux ans sera son oeuvre de fin de formation. « Nous le voulions en harmonie avec la nature environnante : gros rondins de bois de pays non traités, énergies renouvelables (bois et soleil ne manquent pas), matériaux sains et recyclés, fortement isolé pour faire face au froid de l’hiver et consommer peu d’énergie, d’où la toiture végétale, harmonieux par ses volumes et sa décoration, très confortable et facile à vivre », précise Olivier.

Après avoir dessiné les plans, il installe son chantier de construction à 20 km de Bolquère. Transformer des arbres bruts façonnés par la nature en maison n’est pas le choix le plus facile. Pratiquement aucun arbre n’est droit. « Tous les arbres sont d’abord écorcés à la main, lavés à haute pression, puis ajustés à la tronçonneuse pour assurer leur empilement au millimètre près », reconnaît-il. Il faudra un an d’efforts et de patience pour bâtir tronc après tronc cette fuste de bois brut. Et une année de plus pour réaliser la toiture, l’aménagement intérieur et les extérieurs.

La tendresse du bois brut

Pour favoriser le bien-être des hôtes et limiter l’impact sur l’environnement, le choix d’utiliser des matériaux naturels s’est imposé. « La nature isolante des murs en pin douglas non traité de 35 cm de diamètre en moyenne est renforcée par la laine de mouton glissée entre rondins. Sur la toiture, 35 cm de ouate de cellulose associés à 25 cm de terre végétalisée (qui en hiver retient le manteau neigeux) assurent l’isolation », détaille Olivier. Grâce à son orientation plein sud, ce chalet à la location toute l’année bénéficie d’un bel ensoleillement. En hiver, le poêle à bois norvégien (JØtul) suffit à chauffer les volumes (3 à 4 stères par an).

Pour limiter son empreinte carbone, Olivier récupère le bois de chauffage en traction animale avec son cheval ! La maison utilise aussi l’énergie solaire via 12 m2 de panneaux solaires thermiques installés en toiture. Ils alimentent l’eau chaude sanitaire, le plancher chauffant, la cloison chauffante à ossature bois à l’étage,et l’eau du bain nordique en été. Enfin, des panneaux solaires photovoltaïques 3 kWc (environ 16 m2) couvrent 50 % de la consommation électrique du chalet.

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Escapade : Un écrin pour l’harmonie de groupe

bâtisse en pierre

À DIX MINUTES DE CORDES-SUR-CIEL, DANS LE TARN, le bien nommé gîte du Suquet (petit mont en occitan) permet d’apprécier la campagne alentour depuis

un lieu ouvert à la convivialité et à l’esprit de partage. Eve et Sébastien y accueillent depuis trois ans des groupes d’une quinzaine de personnes maximum dans une bâtisse en pierre calcaire de la fin du XIXe siècle, avec sa grange attenante, héritage de la rusticité humble de ces anciennes terres agricoles.

La rénovation de cet espace d’hospitalité a été menée principalement en autoconstruction et l’équilibre entre des matériaux sains et locaux, l’amélioration thermique et le patrimoine se ressent dans toutes les pièces de la maison. Dans le grand salon, les enduits intérieurs, à base de kaolin et paille, côtoient des murs en pierre jointoyée à la chaux. Au plafond, un enduit de terre rouge de Lexos, réalisé sur une trame de canisses, répond comme un miroir au sol en terre et chaux et confère à la pièce une douce chaleur pour de longues discussions hivernales. Pendant ces veillées, jeter quelques bûches dans le poêle bouilleur sera la seule consigne : ce dernier assure, avec des panneaux solaires, le chauffage et l’eau chaude de tout le gîte.

Quand le sommeil se fait sentir, un escalier conduit à l’étage où des chambres de deux à six personnes sont décorées selon des thèmes rêveurs et colorés, comme la chambre voyage et ses statuettes sénégalaises, ou la chambre mer et son écho, la chambre bleue, pour des nuits bercées par le calme des environs. « Au Suquet, souligne Eve, on peut vraiment écouter des concerts de silence. »

L’esprit au calme

Au matin, des pots de confiture de prune ou de poire cuisinées avec les fruits du verger annoncent une bonne journée.

Si le temps est chaud, la piscine hors sol habillée de bois, sécurisante pour les enfants, permet de se mettre au frais en contemplant la vallée. Cette dernière est exploitée par un Gaec estampillé AB. Pour mieux s’en imprégner, un détour par le chill-out s’impose : cet espace ouvert aux quatre vents, dans lequel on entre par une porte ronde symbolisant les cinq éléments, offre avec sa charpente réalisée par le charpentier d’art Yohan Leymarios, une solide protection pour méditer à l’air libre, tendre un hamac le temps d’une sieste, ou, à la mi-saison, profiter du jacuzzi chauffé par l’énergie solaire.

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