Dans le pays d’Auge, en Normandie, les architectes d’Anatomies d’architecture ont réuni une trentaine de professionnels pour éprouver, lors d’un chantier grandeur nature, diverses techniques de construction et de rénovation à base de matériaux biosourcés les plus locaux possible.
L’inauguration a eu lieu début juillet, clôturant la rénovation de la première partie du vaste chantier, dans les couloirs du château du Costil, à Sap-en-Auge (61). Une grande demeure de 550 m2 logée à flanc de mont et surplombant une petite vallée normande où coule un ru. La journée a notamment été consacrée à présenter une exposition tirée des deux années de travaux qui ont amené professionnels et bénévoles en chantier-école à se rencontrer sur le site. Terre, paille, chanvre, liège, pierre sèche, bois ; de nombreuses techniques ont ici été testées pour rénover, non pas le château, mais une dépendance située à quelques dizaines de mètres en surplomb.
Réduire la surface habitable
« Le maître d’œuvre est venu nous chercher pour entreprendre la rénovation de ce domaine dans lequel il projette notamment de développer une activité alimentaire permacole en maraîchage, de l’agroforesterie et un jardin de simples [petites plantes aromatiques et médicinales, ndlr] dans la cour du château », explique Mathis Rager, associé d’Anatomies d’architecture. Cette coopérative spécialisée dans l’écohabitat et qui promeut notamment une architecture bioclimatique, réversible, locale et naturelle réunit également les auteurs de l’ouvrage Le Tour de France des maisons écologiques, qui recense 18 projets remarquables et de nombreuses techniques et matériaux déjà utilisés dans des constructions à la fois sobres et performantes (lire La Maison écologique n°108 et 117).
« La première étape a été de faire comprendre au propriétaire que si l’on partait sur un projet écologique, la rénovation du château devait être interrogée. Elle n’est pas infaisable, mais ce dernier ne peut pas constituer un habitat pour une famille de trois personnes. Il est impossible à chauffer en hiver, à moins de se restreindre à ne vivre que dans deux pièces du rez-de-chaussée », résume Mathis. Une option qu’avait retenue la dernière famille qui y vivait les quatre années précédentes. L’alternative s’est révélée facile. En visitant les lieux, les architectes découvrent, cachée sous divers arbres et ronces, une petite dépendance composée de deux parties, toutes deux en brique rouge cuite typique du pays d’Auge. La végétation a totalement envahi les lieux. « Nous avons proposé de rénover cette maison en y ajoutant une extension, pour atteindre 83 m2 au total. Quand le propriétaire a accepté, nous avons pu nous lancer véritablement dans le projet. Nous avions carte blanche sur les matériaux tant que nous restions dans le bas carbone », poursuit l’architecte.