Du mobilier français, fabriqué avec des matériaux locaux, naturels ou recyclés, affublé de finitions vertueuses, c’est possible !
Mais pas toujours simple à dénicher ou à identifier. En France, des artisans et des fabricants de mobilier peaufinent leur savoir-faire. Passage en revue (non exhaustif) pour équiper son logement pièce par pièce et repérer les plus verts des meubles en un coup d’œil.
Avec une centaine d’essences, la forêt française n’a pas à rougir. Avoir son meuble en bois massif reste possible, à condition d’y mettre le prix. Locales, recyclées ou accompagnées, les solutions écologiques se renouvellent.
Meubles fabriqués à partir de bois massif ou de panneaux de particules recouverts de feuilles de stratifié ou mélaminé, le marché de l’ameublement français en bois se porte bien. D’après la veille économique mutualisée de la filière forêt-bois, son chiffre d’affaire s’élève à 1,2 milliard d’euros en 2020. Difficile en revanche de connaître la part de bois massif dans cette jungle même si, du fait de son prix, il reste un marché de niche peu conséquent en volume.
« Jusque dans les années 1990-2000, les gens avaient l’habitude d’acheter leurs meubles en bois massif, car il y avait une production française spécialisée et adaptée au marché. Mais ensuite, la mondialisation s’est mise en marche et une certaine harmonisation des goûts, à travers des gros acteurs comme Ikea, a bousculé le marché. Les meubles constitués de bois reconstitués ont pris la place du massif, car le mobilier a alors eu une valeur d’usage – avec l’idée qu‘“on achète et on jette” – plutôt que patrimoniale que l’on garde de génération en génération », retrace Dominique Weber, dirigeant de Weber industries (fabricant de meubles) et ancien président de L’Ameublement français (organisation professionnelle des acteurs de la fabrication d’ameublement).
Relancer la filière du hêtre massif
Heureusement, « d’irréductibles Gaulois » résistent encore et toujours à la mondialisation et à la facilité du panneau de particules, dont la provenance de la matière première -largement imbibée de colle, reste floue. C’est le cas de La Compagnie du hêtre, entreprise fondée par les acteurs des forêts des Pyrénées afin de relancer la filière de fabrication de meubles en bois massif dans les années 2000. « Le marché du hêtre s’était écroulé. L’essence était envoyée en Chine pour y être transformée. Notre objectif est de la revaloriser à travers la filière meuble en travaillant en circuit court de l’exploitation au sciage et à la transformation. Nous avons créé une ligne de meubles fabriqués par des menuisiers locaux », détaille Michel Castan, président de La Compagnie du hêtre et conseiller municipal de Tardets-Sorholus (64). Sur le site Internet se vendent des tables, bureaux ou chaises à prix accessible (à partir de 347 € la table). « Cette initiative permet aux artisans de se positionner à nouveau sur le marché du meuble alors que cette industrie a disparu en France », ajoute Irène Senaffe, responsable administrative et financière de l’entreprise.
À plus petite échelle, des ébénistes, menuisiers, artisans d’art résistent aussi et réalisent des meubles en bois massifs, locaux, non traités et aux finitions écologiques, comme l’Atelier Griffon, dans la Loire, Minimuma dans le Calvados ou L’Atelier Hugo Delavelle en Haute-Saône. « Oui, la filière est suffisamment solide en termes de ressources en France, qui compte plus de 100 essences différentes : 70 % de feuillus, dont une abondance de chêne et de hêtre, et 30 % de résineux. Nous avons sûrement la forêt la plus fournie du monde », soutient Dominique Weber. À chaque essence ses particularités. « Je travaille beaucoup le frêne olivier, qui apporte un rendu esthétique différent en termes de fibres, de cernes, de couleur. Le hêtre est rosé, le frêne est blanc, le chêne est plus brun », développe Arthur Moreaux, artisan du bois installé dans un des espaces de travail de l’atelier partagé Gueule de bois, à Nantes.