Alors que la laine de mouton est aujourd’hui reléguée au rang de déchet, des territoires s’organisent un peu partout en France pour tenter de lui redonner une valeur économique. en la valorisant notamment comme isolant thermique ou acoustique pour le bâtiment.
La laine était une source de revenus importante pour les bergers au début du XXe siècle dans l’Hexagone, avant que sa valeur ne chute du fait des importations massives d’Australie, puis de Nouvelle-Zélande et, enfin, sous la pression du recours au coton et aux fibres synthétiques. En 2019, les éleveurs français parvenaient encore à en tirer 0,70 €/kg auprès de négociants : tout juste de quoi payer la tonte des brebis au printemps. Leurs 14 000 t de tonte brute partaient alors pour moitié à l’export, majoritairement en Chine.
En 2020, la crise sanitaire liée à l’apparition du Covid 19 et le blocage des échanges internationaux ont changé la donne. Les stocks mondiaux de laine ont gonflé et les exportations ont marqué un coup d’arrêt en France, achevant de réduire le prix de la laine à peau de chagrin : autour de 0,15 €/kg. « Cette dégringolade pousse certains éleveurs à mélanger la laine avec du fumier pour la dégrader », afin de ne pas avoir à la stocker, résume Raphaël Tétard, éleveur en Moselle.
Lui a choisi de stocker la laine de ses 1 800 brebis en attendant qu’elle soit valorisée localement par la jeune entreprise Mos-laine. Cette société coopérative fédère une centaine d’éleveurs du Grand-Est. Lancée par le Parc naturel régional de Lorraine, bien soutenue par les pouvoirs publics et les organisations agricoles, la coopérative a fixé son prix dans une fourchette de 1,5 à 2,5 €/kg
en misant sur de nouveaux débouchés, dans le bâtiment notamment.
Plus que trois fabricants français
Les produits isolants en laine de mouton, destinés à la construction ou la rénovation, ne sont pas nouveaux. La laine bénéficie en effet de nombreuses vertus. Sa conductivité thermique (capacité à faire transiter la chaleur) est faible. Avec un lambda () de 0,035 à 0,044 W/m.K, elle est comparable à la fibre de bois ou la laine de chanvre, constituant de bonnes capacités isolantes. Elle a en outre des caractéristiques hygroscopiques intéressantes, car elle peut absorber jusqu’à 33 % de son poids en humidité. On la trouve sous quatre formes principales : en panneaux semi-rigides, en rouleaux et en vrac pour l’isolation thermique, mais aussi en feutres pour l’isolation phonique sous parquet.
Malgré ces qualités, le filon peine à exister. Un important acteur du secteur, le Béarnais Naturlaine, qui proposait un isolant en rouleaux (100 mm, 1,2 x 10 m, 14 kg/m3, R = 2,86 m².K/W) ou en vrac a, par exemple, récemment stoppé son activité. On ne compte plus dorénavant que trois fabricants : Sotextho avec la marque Fibra natur dans le Tarn, Terre de laine dans le Puy-de-Dôme et Mos-laine qui, pour l’instant, sous-traite la fabrication de ses produits en Belgique.