Ils sont réunis dans la salle commune de La Semblada pour l’apéro. Cela fait de longs mois que ce n’est pas arrivé, la pandémie de Covid-19 ayant eu raison, pendant un temps, des échanges conviviaux non masqués. Cet espace accueillant est au cœur de l’immeuble que sept familles – douze enfants et douze adultes – partagent depuis fin 2018 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) dans l’écoquartier de Trémonteix. Le premier habitat participatif porté en autopromotion en Auvergne. Lors des multiples échanges destinés à trouver les moyens de réduire le budget global de ce projet, elles n’ont rien lâché sur ce point. Pas question de renoncer à donner une place centrale à la salle commune. « Nous avons préféré réduire l’ensemble du bâtiment, donc la surface de chacun des sept appartements, plutôt que de rebuter cette pièce dans un coin sombre où nous n’irions jamais », raconte Audrey, dont le duplex est, par exemple, passé de 89 m2 initialement à 82 m2.
Une décision ferme, mûrie au fil des formations et nombreuses visites d’habitats groupés, réalisées après la première réunion organisée en 2011 par Yannick et Brigitte, à l’initiative du projet. De ce travail instructif, le groupe a tiré une seconde leçon pour maintenir le lien entre les habitants sur le long terme : l’importance d’organiser les espaces de façon à favoriser les rencontres fortuites. Pour concrétiser ces attentes, l’atelier d’architecture du Rouget, créé par Simon Teyssou, est sélectionné. « Ce dernier avait déjà eu, à titre personnel, une expérience d’habitat participatif et c’était le seul à nous parler autant de la façon dont nous voulions vivre dans le bâtiment que d’architecture », justifie Mickaela.
Un patio fédérateur
Le résultat est là. Dans cet immeuble principalement en bois, opportunément baptisé La Semblada, qui signifie « assemblée » en patois auvergnat, toutes les entrées des appartements donnent, comme la salle commune de 45 m2, sur le patio central. « Cette organisation n’était pas la moins onéreuse, mais c’était un effort à faire pour le collectif. Nous ne le regrettons pas », poursuit Mickaela. Pour profiter au mieux de cet espace convivial, une terrasse a été réalisée par le groupe sous le préau qui ouvre sur le jardin. Table de ping-pong et banquettes en palettes y sont désormais installées.
Autre point qui a son importance : six des sept familles mutualisent quatre machines à laver dans une buanderie partagée (10 m2), située sciemment au fond de la salle commune. Impossible d’aller laver son linge sale en famille sans croiser les voisins !