RE2020 une révolution ?
La RE2020 est une montagne qui accouche d’une souris », constate amèrement Thierry Rieser, du bureau d’études Enertech. En 2017, l’expérimentation E+C- (pour énergie + et carbone -), un label qui caractérise les bâtiments à la fois sobres en énergie et en carbone, devait servir de point de départ à la nouvelle réglementation thermique française. Le cap semblait défini et la maison passive, capable de se passer de système de chauffage, comme la maison à énergie positive qui produit plus qu’elle consomme, faisaient largement consensus. La RE2020 a pris tout le monde par surprise. Derrière un discours auréolé de belles promesses – diminuer le bilan carbone, améliorer l’enveloppe, promouvoir les matériaux biosourcés –, la révolution tant attendue n’est finalement pas au rendez-vous.
Des attentes déçues
Première désillusion : la RE2020 n’encourage absolument pas le bâtiment à énergie positive (Bepos), expérimenté par le label E+C-. Le calcul ne prend en compte que l’énergie autoconsommée sur site. « Concrètement, si j’installe des panneaux photovoltaïques sur mon bâtiment, seuls les premiers mètres carrés posés seront valorisés, mais les panneaux supplémentaires, visant éventuellement à la consommation énergétique du quartier dans lequel j’habite, ne seront que très peu valorisés », détaille Thierry Rieser. Un revirement inconcevable pour son bureau d’études. « La France est en retard sur le développement des énergies renouvelables. Si les panneaux ne se mettent pas en toiture, alors où ? »
Petit pas vers la sobriété énergétique
Côté consommation énergétique, la RE2020 renforce les exigences du Bbio, un indicateur qui traduit le besoin en énergie d’un bâtiment en fonction de la qualité de son isolation et de sa conception générale. La performance énergétique devrait être équivalente à ce qui était demandé par la RT2012 moins 30 %, d’après le gouvernement. Il est néanmoins difficile de comparer ces deux réglementations, car la définition et le périmètre de calcul ont été modifiés ! L’avancée est loin d’être négligeable, mais les professionnels tempèrent. « Il était possible d’aller beaucoup plus loin sur la sobriété énergétique, comme sur le confort d’été », estime ainsi Hugo Arnichand, d’Effinergie.