Enquête énergie : Les communautés d’énergie : nouveau boost de la transition ?

ENQUETE ENERGIE ÉNERGIE

Introduites dans le droit européen en 2018, les communautés d’énergie ont fait leur entrée dans la loi française en mars 2023. À ce jour, difficile de savoir si elles seront une aide ou un obstacle aux projets citoyens.

Produisons et consommons ensemble notre énergie », c’est le projet de la communauté d’énergie de Malaunay, petite commune de 6 000 habitants située à côté de Rouen, en Normandie. « Nous n’avons pas de ressources côté éolien ou hydraulique et pas de foncier disponible pour installer des panneaux photovoltaïques, décrit Laurent Fussien, directeur général des services de la Ville. Nous avons donc décidé de rechercher les gisements du côté des toitures disponibles et avons incité divers acteurs du territoire – industriels, propriétaires de toitures privés, bailleurs – à rejoindre un projet de communauté énergétique. » Leur idée ? Autoconsommer une partie de leur production d’électricité et revendre le surplus à une communauté de consommateurs. « Nous ne connaissons pas encore la faisabilité de ce projet ni sa viabilité économique, poursuit Laurent Fussien. Nous en sommes au stade de l’étude. Mais il nous tient à cœur de créer un commun et proposer un accès à une énergie locale décarbonée. »

Une définition hors-sol ?

Introduites en France via la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables de mars 2023, les communautés d’énergie « assoient le droit pour les projets citoyens de détenir et vendre l’énergie », explique Léa Le Souder, responsable de projet EnR au Cler-réseau pour la transition énergétique. « Une directive européenne de 2018 oblige les États membres à développer un cadre favorable à ces communautés énergétiques », complète Marion Richard, responsable de l’animation nationale d’Énergie partagée. Problème : la définition retenue par le législateur français ne permet pas de représenter les quelques 300 projets citoyens actuellement déployés sur le territoire national, alors que ce sont eux qui ont, en partie, inspiré la directive européenne.

« Le texte français interdit pour le moment d’avoir un actionnaire qui détient plus de 25 % des parts, détaille Léa Le Souder. Or, c’est le cas de divers groupements de citoyens, via les Cigales, par exemple. » Pour les deux expertes, le risque que les projets citoyens à venir ne puissent pas bénéficier de soutiens publics spécifiques existe s’ils ne sont pas dans les clous de ce qu’est censée être une communauté énergétique. « On peut prendre l’exemple des appels d’offres qui incluent des points bonus pour les projets qui ont une gouvernance partagée, cite Marion Richard. Ou encore les tarifs de rachat spécifiques. » Et sans ces coups de pouce, difficile de se lancer… Un nouveau décret est en cours de négociations pour régler ces points litigieux.


Enquête : Énergie citoyenne, le grand décollage



Historiquement cantonnés à un rôle de consommateurs d’énergies, les citoyens deviennent de plus en plus producteurs via des initiatives locales et collectives.

Le mouvement se développe depuis une dizaine d’années en marge du marché et les politiques commencent enfin à en tenir compte. Suffisamment ?

Les citoyens seraient-ils le maillon manquant de la transition énergétique ? Photovoltaïque, éolien, hydroélectricité, biogaz ou encore bois ; un peu partout en France, des collectifs citoyens motivés s’emparent du sujet de la production d’énergie renouvelable. Jusqu’ici, la production d’électricité était centralisée, unidirectionnelle et détenue par des grandes entreprises. « L’avènement des énergies renouvelables a complètement changé la donne et pose la question de la gouvernance là où, auparavant, seule la technique comptait », explique Andreas Rüdinger, chercheur associé au programme Énergie-Climat de l’Iddri et auteur d’une étude sur les énergies citoyennes.

Le principe d’un « projet citoyen », aussi appelé projet « à gouvernance locale » ou « communauté d’énergie », est un groupe d’acteurs locaux (consommateurs, citoyens, collectivités, entreprises…) qui se réunit pour mener à bien un projet de A à Z. Ils choisissent le terrain, la technologie, l’installateur, etc. À ne pas confondre avec le « financement participatif »qui implique seulement une participation financière dans un projet, sans prise de décision.

D’après une étude d’Énergie partagée, les projets citoyens peuvent rapporter au moins deux fois plus de valeur ajoutée au territoire qu’un projet porté par un développeur extérieur, selon la part des investisseurs locaux au capital et le recours à des entreprises implantées sur le territoire. Un des projets citoyens les plus emblématiques est celui de Béganne, dans le Morbihan. Dès 2003, l’association Éoliennes en Pays-de-Vilaine a eu l’idée de réunir plus de 1 000 habitants pour financer l’installation de quatre éoliennes de 2 MW chacune. Avec des clubs d’investisseurs, ils ont réussi à lever 2,8 millions d’euros sur les 12 millions d’euros nécessaires au projet total. Les éoliennes tournent depuis 2014 et les projets citoyens ont essaimé. Sur le territoire breton, trois parcs permettent de couvrir la consommation d’électricité de 20 300 habitants, autrement dit l’ensemble de la population des communes de Redon, Avessac, Béganne, Allaire, Sévérac et Guenrouët.


Alternatives : Se lancer dans un projet collectif d’énergies renouvelables

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L’aventure nécessite beaucoup de travail, mais elle est grisante !

Installer une production photovoltaïque près de chez soi avec d’autres citoyens, c’est apporter sa pierre à la transition énergétique.

Conseils de protagonistes…

Un groupe mimant le V de la victoire devant une centrale photovoltaïque baignée de lumière. L’image est belle et inspirante ! Mais pour en arriver là, il faudra allier patience et motivation. Si développer des installations solaires à financement et gouvernance citoyens « n’a rien de compliqué », affirme Pierre Stoeber d’Électrons solaires, qui œuvre en Seine-Saint-Denis, cela peut prendre quelques années. Contacter des développeurs locaux ou faire appel à l’association Énergie partagée fera gagner du temps. Elle conseille, forme et organise un système de parrainage entre porteurs de projets. « Il est bien que le collectif de départ comprenne au moins cinq personnes moteurs, qui devront s’organiser en groupes de travail, se mettre d’accord sur leurs valeurs communes et définir précisément les objectifs du projet », recommande Alexandra Lafont, coresponsable du pôle animation chez Énergie partagée.


Territoire : Malaunay, la transition tous horizons

Malaunay

Si l’ancienne cité industrielle de Malaunay, en Seine-Maritime, s’est longtemps fondue dans l’agglomération rouennaise, elle fait désormais figure de phare au sein de la métropole, qui tente de s’inventer une politique de transition écologique.

« Tout a démarré en 2012, raconte Guillaume Coutey, maire de cette commune de plus de 6 000 habitants et directeur de cabinet d’un maire voisin. Malaunay était en difficulté financière. » Dotée d’une équipe technique municipale réduite, la commune doit aller chercher l’inspiration ailleurs. « On s’est attelé à la démarche Citergie, pourtant réservée aux grandes collectivités, poursuit l’élu. Ce cadre théorique nous a fait changer de regard sur nos projets et notre fonctionnement au profit d’une amélioration environnementale.

Dès 2012, nous avons voté notre première politique énergétique. » La commune se porte alors candidate à l’appel à projets Territoires à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV). Lauréate, elle obtient en 2014 un soutien financier à la hauteur de ses ambitions, 500 000 € sur 870 000 € de budget total, que le Département, la Région Normandie, la Métropole et l’Union européenne soutiendront aussi.

Précarité énergétique

« Nous voulions faire de Malaunay une commune exemplaire, avant d’emmener les habitants dans cette aventure », précise Guillaume Coutey. La commune installe des panneaux photovoltaïques en autoconsommation sur les toits de l’église, puis d’un groupe scolaire, rénove thermiquement en les fusionnant une crèche municipale et une halte-garderie. Elle réoriente progressivement son éclairage public vers des LED, anticipe la suppression des traitements phytosanitaires et favorise le remplacement des sacs plastiques par des versions biosourcées dans les commerces de proximité.

C’est aussi à cette époque qu’est créé le Service municipal d’accompagnement à la maîtrise de l’énergie et de lutte contre la vulnérabilité énergétique (Same). Gratuit, il s’adresse à toute personne souhaitant faire des économies d’énergie. Jérôme Dumont, responsable du Centre communal d’action sociale, en est l’un des chargés de mission. Formé au diagnostic thermique, il aide en particulier les personnes en précarité. « Au cours d’une première visite, détaille-t-il, je repère avec elles les progrès possibles en termes de comportements, ainsi que les principaux défauts du bâtiment. Puis, nous imaginons les travaux et investissements envisageables et je porte à leur connaissance les aides publiques. Je suis souvent le premier interlocuteur pour le dossier Anah. Si des travaux sont engagés, j’accompagne les maîtres d’ouvrage jusqu’au bout, par exemple si des problèmes se posent avec les artisans. »

Depuis sa formation, le Same a accompagné près de 70 foyers. Les quartiers embarqués En 2016, une seconde convention TEPCV signée avec l’État renforce les moyens de la commune (1,5 million d’euros) pour sa transition énergétique.  […]


Énergies renouvelables, quand les citoyens entrent dans la danse

Les Clés de la rénovation, émission de mars 2018 sur les énergies citoyennes renouvelables

«Énergies Renouvelables et moi et moi et toi…» Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur les projets participatifs et locaux de production d’ énergies citoyennes renouvelables… et pourquoi pas vous impliquer dans une action près de chez vous!

Thomas Le Bris, fondateur de l’association CoopaWatt, et Michel Leclercq, président de l’association Énergie Partagée, vice-président de l’association Éoliennes en Pays de Vilaine, ont répondu aux questions des internautes concernant les énergies citoyennes renouvelables dans l’émission des Clés de la rénovation du mois de février 2018.

Minutage des questions
  • Quand on entend parler d’énergie renouvelable, on pense plutôt l’énergie du vent (l’éolien) ou l’énergie du soleil pour produire de l’électricité (photovoltaïque). Quelles sont les autres sources d’ énergies citoyennes renouvelables ? (4’50)
  • Que répondez-vous à ceux qui disent que la transition énergétique, c’est du greenwashing ? Est ce qu’il est possible de faire de grands projets solaires citoyens ou finalement on ne parle que de tout petits projets sans impact notable à l’échelle du territoire ? (6’40) En quoi participe exactement la participation des citoyens ? Simple investissement ou plus ? (10’15 ) Quels sont les différentes possibilités pour (s’)investir dans un projet d’énergies renouvelables participatif ou citoyen ? (15′)
  • Pourquoi développer des projets citoyens et quelles sont les plus-values d’un projet citoyen pour un territoire? Ne faut-il pas plutôt laisser cela à des professionnels de l’énergie, comme des groupes de BTP ou des grands fournisseurs d’énergie ? (22’20)

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Enquête : investissement citoyen

investissement citoyen energies renouvelables

Investissement citoyen dans les énergies renouvelables.

Et si les citoyen.ne.s s’emparaient de la transition énergétique pour la mener depuis la base ? Des femmes et des hommes s’y emploient. Les idées fusent. Enquête sur l’investissement citoyen dans les énergies renouvelables.

Qui ne s’est jamais demandé ce que devient son argent déposé à la banque ? Qui ne rêve pas d’une épargne qui finance des projets éthiques ? « La France s’est fixée pour objectif d’atteindre 32 % d’énergies renouvelables en 2030. Ce qui représente 82 milliards d’euros, soit moins de 2 % de l’épargne française », développe en préambule des cafés-climat Julien Hostache, créateur de la plateforme Enerfip.

Centrale photovoltaïque, barrage hydro-électrique, grand éolien… En fait, le financement participatif de projets pour la transition énergétique ne relève pas de l’utopie. Effectivement, cela fonctionne et, mieux encore, cela rapporte et permet même de financer de nouveaux projets verts et citoyens. Le premier acte consiste à trouver un projet ou à se constituer en collectif ou association. Bref, à unir ses forces car cela réclame de l’intelligence collective et un conglomérat de compétences, forces et volontés.

 

 

 


Éolien citoyen – envie d’investir ?



Du 29 mai au 29 juin 2017 – Financement participatif pour projet éolien

Un projet éolien est en cours d’étude sur le territoire de la commune d’Acigné (35) près de Rennes. Le nombre, l’emplacement et les caractéristiques des éoliennes qu’il sera possible d’implanter sur ce site seront déterminés en fin d’année 2017. Le dépôt d’une demande d’autorisation pourra intervenir au plus tôt début 2018, pour une mise en service envisagée en 2020.
Suite à la demande de participants lors des réunions de concertation, un financement citoyen du projet éolien a été évoqué.
Une première initiative sur Lendosphère, plateforme en ligne de financement participatif dédiée aux projets d’énergies renouvelables est mise en place dès maintenant. Lire la suite


Rencontre avec une coopérative d’énergie à Haïti

Les vagabonds de l'énergie - Haïti

Coopérative à Haïti

Les Vagabonds de l’énergie, Clément Bresciani et François Glaizot ont décidé de faire le tour du monde – sans avion – dans le but de découvrir et de vous faire découvrir le fonctionnement d’autres pays en matière énergétique. Leur dernière étape était Haïti, pays comptant 10 millions d’habitants, où seules les plus grandes villes disposent d’électricité. Cependant, certaines communes ont réussi à s’en procurer à travers des coopératives financées par d’autres pays. En effet, les dons des ONG internationales ont permis d’installer un système hybride photovoltaïque-diesel, géré et entretenu par les habitants de trois communes rurales. Pour les locaux, pour qui le grand défi quotidien est d’avoir à boire, à manger, et un toit sous lequel dormir, c’est une réelle révolution qui leur permet de créer une activité économique et d’améliorer leur confort. Pour découvrir cette vidéo et toutes les autres, rendez vous sur leur site web : www.vagabondsenergie.org


Rencontre à l’horizon



Des coopératives dans le vent.
Au Danemark, les citoyens soutiennent l’éolien.

Le Danemark est devenu le pays de l’éolien en partie grâce à la multiplication, dès 1980, de coopératives de petits investisseurs locaux. Ce mouvement trouve aujourd’hui un second élan, encouragé par l’obligation d’impliquer la population locale dans les nouveaux projets.