Historiquement cantonnés à un rôle de consommateurs d’énergies, les citoyens deviennent de plus en plus producteurs via des initiatives locales et collectives.
Le mouvement se développe depuis une dizaine d’années en marge du marché et les politiques commencent enfin à en tenir compte. Suffisamment ?
Les citoyens seraient-ils le maillon manquant de la transition énergétique ? Photovoltaïque, éolien, hydroélectricité, biogaz ou encore bois ; un peu partout en France, des collectifs citoyens motivés s’emparent du sujet de la production d’énergie renouvelable. Jusqu’ici, la production d’électricité était centralisée, unidirectionnelle et détenue par des grandes entreprises. « L’avènement des énergies renouvelables a complètement changé la donne et pose la question de la gouvernance là où, auparavant, seule la technique comptait », explique Andreas Rüdinger, chercheur associé au programme Énergie-Climat de l’Iddri et auteur d’une étude sur les énergies citoyennes.
Le principe d’un « projet citoyen », aussi appelé projet « à gouvernance locale » ou « communauté d’énergie », est un groupe d’acteurs locaux (consommateurs, citoyens, collectivités, entreprises…) qui se réunit pour mener à bien un projet de A à Z. Ils choisissent le terrain, la technologie, l’installateur, etc. À ne pas confondre avec le « financement participatif »qui implique seulement une participation financière dans un projet, sans prise de décision.
D’après une étude d’Énergie partagée, les projets citoyens peuvent rapporter au moins deux fois plus de valeur ajoutée au territoire qu’un projet porté par un développeur extérieur, selon la part des investisseurs locaux au capital et le recours à des entreprises implantées sur le territoire. Un des projets citoyens les plus emblématiques est celui de Béganne, dans le Morbihan. Dès 2003, l’association Éoliennes en Pays-de-Vilaine a eu l’idée de réunir plus de 1 000 habitants pour financer l’installation de quatre éoliennes de 2 MW chacune. Avec des clubs d’investisseurs, ils ont réussi à lever 2,8 millions d’euros sur les 12 millions d’euros nécessaires au projet total. Les éoliennes tournent depuis 2014 et les projets citoyens ont essaimé. Sur le territoire breton, trois parcs permettent de couvrir la consommation d’électricité de 20 300 habitants, autrement dit l’ensemble de la population des communes de Redon, Avessac, Béganne, Allaire, Sévérac et Guenrouët.