Billet d’humeur : Eau c’est la vie, vive l’eau !

BILLET 137 eau

Sans eau, pas de photosynthèse donc pas de plantes. Sans eau, pas de mammifères dont les corps (y compris les nôtres, nous les humains) sont constitués de 60 à 70 % d’eau, toute déshydratation étant rapidement mortelle.

Sans eau, pas de régulation du climat par évaporation ou condensation, plus de mode de transport millénaire par voie maritime ou fluviale, plus de source d’énergie hydraulique. Et sans eau, plus de fluide bienheureux pour, en s’y plongeant, vaincre la gravité sans avoir à aller dans l’espace ou tout simplement admirer la beauté de sa présence sur Terre.

Mais si l’eau est bien à la source de toute vie, l’eau douce est rare. Notre planète est avant tout une planète d’eau salée, et les eaux douces ne représentent que 2,8 % du volume global. De plus, dans ce faible pourcentage, l’eau réellement disponible ne représente que moins d’un centième : la plupart de l’eau douce existante réside dans les glaciers ou dans des nappes souterraines très profondes. Autrement dit, sur 1 m3 d’eau sur Terre, seuls 20 cl d’eau douce – un petit verre – nous sont réellement disponibles !

Or, les humains consomment de plus en plus d’eau. En moyenne, chaque Français en utilise directement 150 l quotidiennement pour ses besoins propres, mais 5 000 l pour tous les usages industriels, agricoles et énergétiques. Et cette consommation est souvent délocalisée : un smartphone, par exemple, nécessite 11 m3 d’eau pour sa fabrication, soit… 115 000 fois son volume !

De plus, sous nos yeux effarés, le fragile équilibre hydrique mondial est en train de se rompre, conséquence de nos addictions aux énergies fossiles : les émissions de gaz à effet de serre augmentent la température globale, donc celle des sols, provoquant des sécheresses locales. L’humidité du sol ainsi évaporée charge en humidité les colonnes d’air atmosphérique. Avec deux effets : à la fois plus de condensation, donc plus de précipitations locales, mais aussi plus de réchauffement global, car la vapeur d’eau est un puissant effet de serre ; le phénomène s’emballe. Au final, la quantité globale d’eau mondiale reste inchangée (il n’y a pas de « création d’eau ») mais davantage de pluie ici avec son cortège d’inondations cataclysmiques et là des sècheresses répétées générant des mégafeux de forêts. Qui, à leur tour, augmentent le CO2, donc l’effet de serre…

Comment briser, ou tout au moins atténuer ce cercle vicieux ?

Comme pour l’énergie, la démarche négaWatt – ou plutôt néga-water ! – est une précieuse boussole pour l’action.

Il faut être sobre, donc non gaspilleur dans tous les usages, ce qui implique de hiérarchiser et réguler nos besoins. Il faut être efficace, donc développer des process, des équipements qui vont minimiser la quantité d’eau consommée tant dans l’industrie, l’agriculture et la production d’énergie. Et il faut enfin être renouvelable en favorisant les retours de l’eau dans les sols et en augmentant le recyclage ; comment se fait-il que le taux de recyclage soit de 90 % en Israël, 15 % en Espagne et… 1 % en France ?

L’eau est source de toute vie, et le vivant sur Terre dépend de l’usage que l’on en fait. Et de l’usage que, demain, nous en ferons, en folle inconscience ou bien en responsabilité.


Dossier : Ils vivent low-tech



Gagner en autonomie, se réapproprier des savoirs, par souci écologique, sanitaire ou économique, créer du lien ou relocaliser, les raisons d’utiliser des low-tech au quotidien convergent vers du vivre mieux avec moins et interrogent notre dépendance aux ressources et à l’énergie. Rencontre avec cinq familles et bricoleurs qui ont adopté au moins un équipement low-tech.

L’entrée de l’écolieu est marquée par un panneau qui en porte le nom, « EchoVert », surmonté d’un motif d’escargot. À son pied, un caisson pentagonal en bois et polycarbonate. Deux objets représentatifs de ce lieu de vie collectif niché dans le Gard. Le premier rappelle son histoire : quand ils l’ont créé en 1997, Bruno et Anne Lorthiois projetaient de pratiquer l’héliciculture, l’élevage d’escargots comestibles. Le deuxième évoque tous les outils autonomes qu’ils ont inventés pour satisfaire eux-mêmes leurs besoins, notamment énergétiques. En l’occurrence, le « CESS » : chauffe-eau solaire simplifié (voir Cahier pratique dans notre hors-série n° 12). Depuis 2018, ce dernier alimente d’avril à octobre, sans électricité, deux douches extérieures dans de jolis cabanons en bois.

Sous son couvert en polycarbonate, il contient deux cylindres.
« Deux anciens cumulus électriques, précise Bruno. On les a déshabillés de leur tôle et de leur couche isolante pour ne récupérer que la cuve centrale. Puis, on les a peints en noir pour capter les rayons du soleil. » Défait de la pompe de circulation, du liquide anti-gel, de l’électronique, le CESS fonctionne par chauffe directe de la masse d’eau dans les ballons. 450 l précisément. Pour maintenir la chaleur, ils sont insérés dans un caisson en bois isolé avec 10 cm de laine de bois. Pour augmenter la captation solaire, le caisson est fixé sur un support incliné à 45° face au sud et recouvert par deux pans de polycarbonate qui forment un angle à 30° orienté est-ouest. Dans la joue basse du caisson, les branchements : l’arrivée d’eau froide du réseau et la sortie d’eau très chaude, direction les douches équipées d’un mitigeur classique. 

0 électricité, 0 panne

« On a déjà été 15 bénévoles à se doucher sans manquer d’eau chaude », témoigne Olivier, un des trois bénévoles permanents du lieu. Question aussi d’organisation : « Idéalement, on se répartit entre le matin et le soir pour que l’eau ait la demi-journée pour chauffer. »

Le système a été optimisé depuis le prototype fabriqué il y a 10 ans. Ce dernier avait un ballon unique et une couverture de polycarbonate plate. « Je l’ai démonté parce que je voulais voir les points d’usure. Après quatre ans de fonctionnement, le ballon était tellement en bon état que je l’ai réutilisé pour l’actuel CESS », sourit Bruno. Il a seulement retiré une petite poignée de calcaire en poudre déposé au fond. « La raison pour laquelle les gens se débarrassent de leur cumulus est l’entartrage de la résistance électrique qui bloque le transfert de chaleur vers l’eau. Ici, l’eau est très dure mais comme on n’utilise pas la résistance, le cumulus ne tombe jamais en panne. » L’appoint électrique des cumulus sauvés de la déchetterie est toutefois détartré et conservé, au cas où.


Autoconstruire : Résiliente et autonome, c’est tout naturel



Dans les Vosges, Louise et Mathieu ont autoconstruit une surprenante maison ronde. Ils concrétisent dans cet écrin naturel fait de terre, de bois et de paille leur désir d’autonomie en eau, chauffage et électricité.

La maison autoconstruite par Louise McKeever et Mathieu Munsch dévoile ses contours arrondis au détour d’un virage, une fois passé le centre du hameau de La Grande-Fosse (88), au cœur du parc naturel des Ballons des Vosges. Dans ce village, situé à 70 km de Strasbourg, ces trentenaires ont concrétisé un ambitieux projet. Leur habitat de terre, de bois et de paille perché à 630 m d’altitude n’est pas raccordé au réseau EDF, pas plus qu’aux réseaux d’eau potable et d’assainissement.

Cette autonomie, les deux ex-militants pour le climat n’envisageaient pas de la conjuguer avec « isolement ». Ici, ils sont bien tombés, comme le laissent deviner les panneaux solaires sur la toiture de l’église. Leur écohabitat a poussé sur 4 000 m2 de terrain dans un bourg résolument engagé dans la transition écologique.

Louise, 29 ans, est Irlandaise. Mathieu, 33 ans, est d’origine alsacienne. Leur parti pris de construire une maison ronde résulte de critères fonctionnels et esthétiques. « Les formes rondes diminuent la prise au vent, ce qui limite les déperditions thermiques. De plus, dans une petite maison, les arrondis augmentent l’impression d’espace », argumente Louise. Le désir d’avoir une maison naturelle en puisant les ressources alentours pour la construire a fait le reste.

Charpente en bois ronds

Le couple a puisé dans un rayon de 50 km la majorité des matériaux nécessaires à son projet conçu dans l’esprit d’une tiny house. Il a donc été décidé d’adapter l’habitation au climat et aux ressources disponibles, notamment forestières. De rares concessions ont été faites, à l’instar de déchets recyclés employés dans les fondations : agrégats de démolition et verre expansé issu du recyclage de pare-brises (Misapor).

Le pin douglas utilisé a poussé dans une forêt voisine de 30 km, à Urmatt (67). Cette essence a été mise en œuvre directement sur le chantier sous forme de bois ronds pour la structure et la charpente, sans passer par la case scierie. Mathieu et Louise ont retiré l’écorce et l’aubier des grumes livrées sur leur terrain et appliqué, comme unique traitement, de la cire d’abeille pour protéger les sections de bois coupé laissées à l’air libre. « Les bois ronds résistent mieux aux contraintes de flexion, car leurs fibres sont préservées par l’absence de sciage. En revanche, nous n’avions aucune garantie technique », explique le jeune Vosgien. 

Support d’une magnifique toiture-prairie (lire p. 19), huit poteaux – quatre à l’avant de la maison, quatre à l’arrière – accueillent deux poutres horizontales sur lesquelles reposent 17 sections rondes. Cette structure porteuse a été assemblée lors du premier été de travaux, en 2019, ménageant un abri bienvenu pour la paille. Les bottes en provenance d’Obernai (67), à moins de 50 km, ont été posées à chant l’été suivant (ép. 45 cm). Heureusement, Louise et Mathieu n’étaient pas seuls. Au total, 72 volontaires se sont succédés lors des deux ans de travaux dans le cadre de chantiers participatifs.


Sommet Vers l’habitat autonome…

Sommet Habitat Autonome et Résilient

Notre objectif
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21 interventions vidéos de spécialistes
reconnus vous attendent durant ces 7 jours.

 

Jour 1 : Rencontres inspirantes
Jour 2 : Habiter autrement
Jours 3 : De la conception à la réalisation
Jour 4 : Construire et rénover au naturel
Jour 5 : Indépendance en eau et en énergie
Jour 6 : Bien être et sobriété à la maison
Jour 7 : S’engager

 

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21 heures de contenus exclusifs pour réaliser son habitat autrement. Comment passer du rêve d’autonomie à sa mise en œuvre ? Si l’idéal d’autonomie vous semble loin, vous découvrirez comment vous engager vers plus de sobriété dans vos maisons ?

 

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Rénover : Vers l’autonomie et au-delà

rénover autonomie

Même sans électricité, on peut toujours se chauffer et manger chaud!

Après une période idyllique en roulotte, Hans a choisi de rénover une longère dans la Vienne pour en faire sa résidence principale. Aujourd’hui, avec Maria, ils adaptent leur quotidien pour limiter leur impact écologique et atteindre l’autonomie.

À quelques kilomètres de Saint-Romain, dans la Vienne, une longère en pierre à l’abandon. D’autres auraient fui, mais Hans Hinrichs, artisan, et sa compagne Maria Evelein, artiste-peintre, n’ont vu que le potentiel : les volumes et la grange accolée à la maison pour aménager leurs ateliers respectifs. Objectifs : confort en été comme en hiver et recherche d’autonomie en eau, électricité et chauffage. La parcelle arborée de 2,5 ha, plantée de trois vieux chênes, offrait la promesse de l’autonomie alimentaire. Grâce à la création de deux potagers et d’un verger, le couple est autosuffisant en fruits et légumes tout au long de l’année.

Ainsi à quatre mains ou presque, Hans et Maria ont fait de « la Barlière » un lieu de vie et d’activités original : stage création de poêle de masse, cours de peinture artistique et de cuisine, wwoofing… « Ici, des bénévoles s’initient aux savoir-faire et aux modes de vie biologiques en prêtant main forte en échange du gîte et du couvert », explique Maria. « Selon nos goûts et nos compétences, nous avons réalisé un maximum de travaux en autorénovation, avec l’aide d’amis et de quelques intérimaires, se souvient Hans.


Dossier : Résilience, saisissons notre chance !

dossier resilience habitat

Il n’y a pas de temps à perdre pour faire entrer notre habitat en résilience.

Variations importantes du prix du pétrole, des carburants, du gaz et de l’électricité, vagues de chaleur, sécheresses, tempêtes, inondations, coupures de réseau…  Marche(s) à suivre…

1. Le coup de la panne d’électricité
2. Ne laissons pas le pétrole prendre le contrôle
3. Vagues de chaleur et pluies diluviennes : le climat s’emporte
4. Eau secours
5. Centenaire, tu seras

Face aux crises climatiques et énergétiques, notre logis est aux premières loges. Tout au long de sa longue carrière, il doit pourtant faire face et protéger ses habitants.

80 à 90 mm de pluie se sont abattues du 10 au 12 juin derniers dans le Finistère et le Morbihan, soit l’équivalent de plus d’un mois de pluie. Au même moment, dans le Sud-Est, un épisode cévenol exceptionnel a vu tomber localement trois à quatre mois de précipitations en 48 h avec jusqu’à 465 mm observés à Vialas, en Lozère !

A contrario, juillet 2020 s’est classé largement en tête des mois de juillet les plus secs depuis 1959 en France. La sécheresse de surface qui s’était amorcée par le Nord a gagné une grande partie du pays. En août, la canicule a pris ses quartiers. Avec des pointes à 42°C dans le Sud-Ouest, elle est restée moins intense qu’en 2003 et 2019 où l’on avait enregistré respectivement 44,1 et 46°C. Mais du 6 au 12 août, elle a asphyxié 80 % du territoire. Septembre a suivi avec d’autres épisodes cévenols dramatiques dans le Gard. Plus possible de l’ignorer, nos étés sont déréglés !


Eau de pluie: pour que la consommer coule de source!

Vidéos épisodes 170 et 171 de L'Archi Pelle sur l'eau de pluie avec Pierre L'écoleau

VIDÉOS. Collecter, traiter et consommer l’eau de pluie légalement.

Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à visionner ces deux vidéos. L’Archi Pelle les a publiées en juillet 2020 (épisodes 170 et 171).

Dans ces deux vidéos publiées par L’Archi Pelle, vous suivrez Pierre l’écoleau. En effet, militant de longue date pour l’eau de pluie, il est un expert reconnu de l’autonomie en eau. Lire la suite


Rénover : Pour vivre presque sans pétrole

vivre presque sans pétrole

Claire et Gildas ont rénové une maison des années 1970 pour la transformer en habitat résilient face aux “effondrements“. Au programme : Isolation, énergies renouvelables, récupération d’eau et, surtout, changement complet des habitudes de la famille.

Vivre avec peu de pétrole et consommer le moins de ressources possible. Voici le leitmotiv de Claire et Gildas Véret. Diplômée de Sciences-Po Paris et de permaculture, Claire prend conscience de la nécessité de changer de mode de vie il y a douze ans, en rentrant d’un grand voyage dans des lieux « permaculturels ». Gildas, lui, entrevoit l’« effondrement » en pratiquant son premier métier, ingénieur en bureau d’études énergie, puis se passionne pour la biologie des écosystèmes. Ensemble, ils décident d’appliquer la permaculture au quotidien, comme philosophie de vie. Activistes à Résistance climatique, qu’ils ont fondé avec des amis et enseignants-chercheurs en permaculture (Horizon permaculture), ils transforment alors leur logement dans le Val-de-Loire.

Leur projet n’est pas seulement d’aboutir à un lieu autonome. C’est aussi de devenir « un bastion de résilience » capable d’accueillir des réfugiés climatiques. « Nous essayons de bannir toutes les pratiques dont le fonctionnement nécessite des énergies fossiles ou l’achat de produits qui ne seront pas disponibles en cas d’effondrement », précise Claire. Pour limiter la consommation de foncier et de matières premières, le couple s’oriente vers la rénovation.

Ils recherchent un logement avec un grand terrain et une forêt pour produire nourriture et bois de chauffage. Près d’Amboise (37), ils achètent une maison des années 1970, en parpaing. En 2013, les travaux de rénovation sont lancés. Claire et Gildas commencent par modifier les plans de la maison. Ils gardent un maximum d’éléments, mais abattent un mur pour chercher un maximum de luminosité et de chaleur solaire en hiver. « Nous avons transformé les gravats de ce mur en ressource pour en faire une terrasse», justifie Claire.

La surface vitrée est multipliée par trois au sud et diminuée de 30 % au nord, plus exposé au froid. Une belle pièce apparaît dans la maison, avec « le jardin comme télévision », note Gildas, auteur de livres sur la permaculture. La parcelle de 1 ha évolue également : mise en place de potagers, d’un verger pâturé, de clôtures plessées avec, au fond, une petite forêt de 5 000 m2. Le jardin, entre la route et la maison, est destiné aux formations. « Nous ne pouvons pas produire de céréales, c’est trop ombragé. Mais nous avons quelques moutons. Ils broutent l’herbe et les feuilles des arbres que l’on abat pour le chauffage », indique Gildas. Quelques oies servent également de tondeuse. Les animaux du terrain sont l’unique viande que mange la famille, à raison de deux portions par mois.

La paille pare le pavillon

Premier et important chantier de cette rénovation : l’isolation. Claire et Gildas optent pour le matériau botte de paille, placé dans une ossature bois, côté extérieur des murs en parpaing. Pour supporter cet ajout de poids et éviter les ponts thermiques, la fondation existante est élargie.


Vue d’ailleurs : Un écovillage autonome en eau et en électricité

Un écovillage autonome en eau et en électricité

Un écovillage autonome

Il y a dix ans, neuf familles ont acheté un grand terrain dans l’ouest du Pays de Galles pour y construire un hameau expérimental totalement écologique et sans utiliser le réseau d’eau et d’électricité. Pari réussi.

Dans le Pembroshire nord, se trouve un petit hameau très particulier. Pour y pénétrer, il faut rouler un bon bout de temps dans la campagne galloise où l’on ne croise guère que des moutons paissant dans de vertes vallées, à perte de vue. Une fois dans le petit village de Glandwr, un portail flanqué
d’un menhir indique : Écovillage Lammas. C’est ici, dans un espace de plus de 30 ha, que vivent dans des habitats écologiques neuf familles qui n’utilisent ni le réseau d’eau, ni celui d’électricité. Cet endroit est l’aboutissement d’un projet pionnier au Pays de Galles, entamé en 2009.

À l’époque, les futurs habitants de l’écovillage ont obtenu un permis de construire sur un terrain agricole. Une première. Le gouvernement gallois lançait alors la One Planet Development Policy, politique visant à réduire l’impact carbone dans les zones rurales en rendant certaines terres agricoles constructibles à condition que les futurs habitants aient un réel projet durable et écologique. Il s’agit en quelque sorte d’un contrat passé entre les habitants et le gouvernement, qui les oblige à vivre en utilisant les ressources d’une seule planète. Aujourd’hui, dans le pays, 41 habitations ont pu accéder à un permis de construire dans le cadre de la politique bas carbone du gouvernement.

Chaque année, les foyers doivent présenter un rapport aux autorités locales, qui détaille ce que les habitants ont obtenu de leur terre : production d’électricité, quantité de nourriture récoltée, etc.

« L’idée de départ des Lammas était de donner à chacun l’opportunité de construire sa propre maison en pleine nature grâce à la nouvelle politique du gouvernement, raconte Cassandra, qui vit dans le hameau avec son mari Nigel et ses trois enfants. Cela changeait radicalement la façon dont les gens pouvaient demander un permis de construire. Et c’était surtout bon marché. »

De fait, acheter une maison au Pays de Galles coûte très cher. Les neuf familles du village Lammas se sont partagé l’achat du terrain d’un montant total de 175 000 livres sterlings (197 600 €). Ensuite, il ne restait plus qu’à construire leurs maisons. Cassandra et Nigel ont déboursé 10 000 livres sterlings (11 278 €) pour bâtir la leur.

Des visiteurs du monde entier

La maison du couple ressemble à celle d’une famille de Hobbits avec sa forme ronde, sa chaux rose et son toit végétalisé.

[…]


Autoconstruire : Changer de vie, viser l’autonomie

changer de vie

Pour Philippe et Amélie, leur maison en paille et terre est plus qu’une première expérience réussie et une belle aventure de chantier participatif. C’est aussi la concrétisation d’un changement de vie vers plus d’autonomie.

Dans un petit village du Réolais, à 75 km de Bordeaux, la maison de Philippe et Amélie passe presque inaperçue depuis la petite route qui sinue entre les vignes et les champs. Un terrain en pente, « pas le plus séduisant mais irrigué par trois sources », foisonnant de ronces et d’arbustes variés, orienté sud. Ici, tout a été pensé selon les principes de la permaculture. Pour Philippe, « conscient que tout allait mal sur la planète sans savoir comment y remédier », le déclic a lieu en 2010, lors d’une courte formation à cette philosophie découverte via le mouvement Colibris de Pierre Rabhi. « En fin de stage, raconte-t-il, c’était une évidence : quitter mon travail  de salarié dans l’informatique depuis 20 ans, m’installer avec ma famille dans un lieu aménagé en permaculture, construire une maison en terre et paille et vivre le plus en autonomie possible. » Pour passer le cap financièrement, le couple vend sa voiture et sa maison à ossature bois, tout juste livrée par un constructeur ! Alors qu’Amélie conserve son travail de chargée de mission dans une association d’aide aux créateurs et repreneurs d’entreprises, Philippe se forme en enchaînant les chantiers participatifs. Un périple de deux ans et demi, riche en rencontres et inspiration. Il peaufine ainsi petit à petit leur propre projet de construction en paille et terre. La technique de la cellule sous tension (CST), accessible techniquement aux autoconstructeurs, est retenue. Autres souhaits du couple, l’ancrage de la maison grâce à des fondations cyclopéennes, faites de pierres et de chaux, et la création d’un hérisson ventilé au lieu d’un vide sanitaire.

Chantier participatif XXL

Pour trouver le terrain qui réponde à la longue liste de critères établie – parmi lesquels la présence d’argile (pour la construction) et la desserte d’une gare pour se rendre à Bordeaux en moins de 45 min –, il faut au couple pas moins de 18 mois. S’ensuivent cinq refus des banques avant d’obtenir le prêt de 35 000 € pour acheter la parcelle convoitée de 1,4 ha. « Le problème n’était pas notre solvabilité, mais la prise de risque puisqu’il n’y a pas d’hypothèque possible en autoconstruction, explique Philippe. Certaines banques exigeaient l’intervention de cinq corps d’état dans la construction ! » L’acte de vente enfin signé en juin 2014, le couple donne le coup d’envoi d’un vaste chantier participatif, qui durera près de deux ans et demi (avec une pause de cinq mois lors de l’emménagement). « C’était
logique pour moi de transmettre ce que j’avais reçu. On a accueilli au total 250 bénévoles, de tous âges et de tous horizons », se souvient l’autoconstructeur. Logées sur place dans des caravanes, un kerterre ou encore une yourte, jusqu’à 15 personnes simultanément prêtent main-forte à Philippe, qui, par sécurité, fait appel à des professionnels pour trois postes : les plans de la charpente et l’escalier, la plomberie et l’électricité.

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