Rénover : Un coeur de pierre couvert d’un manteau de paille

rénover une bâtisse en pierre

À Saint-Appolinaire, dans le Rhône, Clément et Emmanuelle ont fait le choix de rénover une bâtisse en pierre partiellement en ruines. En visant une simplicité d’exécution et une faible énergie grise tout en respectant les irrégularités de l’existant, ils ont dû faire preuve d’inventivité.

Le vitrail multicolore réalisé par Emmanuelle et niché entre le mur en pierre du salon et la salle de bain illustre la faculté de Clément et Emmanuelle à réutiliser la matière cassée, usée, délabrée pour ériger du « Beau ». Cette dernière décrit : « Il ne s’agit que de verres de récupération que j’ai taillés, teintés et assemblés avec du silicone liquide entre deux plaques. » Clément ajoute : « On a récupéré des liteaux en chêne pour faire le cadre. » L’arbre de vie qui en constitue le motif chatoie de cyan, de feu et de doré, « en référence à Klimt », un peintre autrichien. Il est vif, irrégulier mais harmonieux, et orne le cœur d’une création plus grande encore : leur maison, autorénovée sur la base d’un bâtiment de pierres, elles aussi cassées, usées ou délabrées.

Auto-rénover une bâtisse en pierre d’un manteau de paille

« Avant notre arrivée en 2016, le lieu était abandonné depuis cinquante ans. Il ne restait que quatre murs en pierre, un toit pourri, cinquante chats et l’odeur qui va avec ! », ironisent-ils. D’après leurs fouilles quasi archéologiques, le bâtiment aurait été « une ferme, puis une maison d’habitation, puis un atelier avec un métier à tisser ». Le terrain de 2 000 m2 était « si arboré qu’on ne le voyait pas de la route en contrebas. De la végétation avait même poussé dans l’éboulis d’un mur ». Mais le charme des vieilles pierres a eu raison de leur première impression. La capacité inertielle(1) des roches et le potentiel bioclimatique du bâti orienté sud, face à l’horizon dentelé du Beaujolais Vert, aussi. Ils se lancent donc dans une autorénovation avec, comme étendard, simplicité d’exécution, faible énergie grise et respect de l’existant.

D’abord, ils divisent le bâtiment d’environ 100 m² au sol en deux parties. Du pignon sud jusqu’au premier mur de refend, ils dessinent la maison à rénover et à augmenter d’une extension largement vitrée. La surface habitable est portée à 170 m² avec un étage, pour loger les cinq membres de la famille. La partie au nord restera un garage et un espace tampon entre les températures extérieure et intérieure. 


Rénover : Une maison dans la grange

Renover une maison dans une grange

Balayés par le vol des hirondelles, les abords de la ferme équestre située à Abondant (28) baignent déjà dans un franc soleil en ce début de matinée. Dans un bâtiment au sol sableux, cavaliers et chevaux s’exercent à des figures esthétiques. Un peu plus loin, un hangar abrite du foin et du matériel.

« Voilà, c’est là ! », pointe Pauline Loisy en montrant le hangar alors qu’elle est censée désigner sa maison. La jeune architecte contourne le bâtiment pour atteindre l’entrée de son logement, dont rien ne laissait deviner la présence. Voilà donc le secret de sa « Paille-house » : un rectangle discrètement intégré dans un plus grand bâtiment qui a gardé sa fonction agricole.

Diplômée de l’École nationale d’architecture de Nancy en 2014, Pauline Loisy est passionnée par le monde équestre. À tel point que, fraîchement sortie de l’école, elle fait l’acquisition, avec son compagnon artisan ferronnier Johan Jan, d’une pension pour chevaux au cœur de ce village de l’Eure-et-Loir. Mais, sur place, aucun logement n’était prévu pour les jeunes acquéreurs.

« Le contrat prévoyait que l’ancienne propriétaire occuperait en viager la maison du corps de ferme », explique Pauline. En tant qu’éleveurs, le couple aurait pu solliciter un permis de construire sur l’une de ses parcelles en zone agricole, mais l’objectif était de « construire rapidement et à moindre coût ». 

Leur regard se tourne alors vers l’un des hangars, uniquement ouvert sur le côté cour. « Ce bâtiment offrait une dalle et un toit, donc autant d’économies pour la construction. Son orientation ouest/sud-ouest était satisfaisante et permettait d’ouvrir l’habitation vers les prairies environnantes, à l’écart de l’activité de la ferme. » La décision est alors prise de déposer une demande pour poser le futur logement dans ce hangar(1).

Une enveloppe dans l’enveloppe

D’une surface de plus de 320 m² au sol, le hangar est investi sur près de 100 m² par une maison de la forme d’une longère, collée à la façade déjà bardée et glissée sous les fermes de la charpente. Grâce à son toit de tôle, le hangar est idéal pour accueillir, au sec et à l’abri du vent, les matériaux et le chantier.

« Inspirée par des artisans spécialistes de la préfabrication en construction paille, notre stratégie globale a consisté, d’une part, à monter au sol des éléments de murs isolés en paille et fermés afin de les assembler ensuite à la verticale. D’autre part, pour limiter les coupes, nous avons aligné les formats de chaque panneau sur ceux des matériaux usinés (panneaux pare-pluie 1 200 x 2 800 mm)…


Travaux : Mur bois-paille dans les règles de l’art

Mur en botte paille

Pour Autoconstruire en bottes de paille, les recettes ne manquent pas, mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. pas à pas sur les bonnes pratiques avec un formateur Pro-Paille.

Sur la table de chevet des autoconstructeurs paille trônent souvent les Règles professionnelles de la construction en paille, rédigées par le Réseau français de la construction paille (RFCP). En pratique, le réseau propose également des formations Pro-Paille, destinées aux professionnels ou amateurs dotés de bases solides en construction. Pendant une semaine, les gestes et notions essentielles pour la qualité de la mise en œuvre et la pérennité d’une construction en paille sont passés en revue. Emmanuel Deragne, formateur Pro-Paille et accompagnateur à l’autoconstruction de maisons ossature bois (MOB) et paille, précise : « Les règles de la construction en paille ne proposent pas un modèle défini de mur, mais plutôt un ensemble de pratiques vertueuses qui ont fait leurs preuves, au niveau de la conception
et de l’exécution. » 

Au rayon des vigilances incontournables : conception de l’ossature bois, contrôle et maîtrise de l’humidité en amont, pendant et après le chantier, mise en œuvre de la paille, traitement de l’étanchéité à l’air, gestion des points caractéristiques (menuiserie, étage, etc.), application des enduits intérieurs en terre. Selon ces règles, Emmanuel Deragne propose une méthode financièrement et techniquement adaptée à l’autoconstruction, inspirée de la technique ossature bois plate-forme pour la structure. L’approvisionnement en matériaux locaux est facile et le montage, à la portée de tous. Pour atteindre rapidement le hors-d’eau et traiter l’isolation en paille à l’abri des intempéries, il préconise un bardage extérieur, au lieu d’un enduit.


Ils ont rénové une maison en paille

autoconstruction-paille-vitre

Aurélie et Gweltaz ont acheté une maison autoconstruite en bois et paille deux ans plus tôt. Ils l’ont améliorée pour s’approcher des performances passives. VMC double flux et chauffe-eau solaire ont fait chuter les factures et grimper le confort !

De tels logements ne courent pas les vitrines des agences immobilières. Bioclimatique, alimentée en eau de pluie, chauffée pour une poignée de bûches, bâtie en bois et isolée en bottes de paille ; Aurélie et Gweltaz achètent en 2016 cette maison autoconstruite dans un quartier de Vitré (35). Le descriptif a beau être idyllique, ils découvrent quelques lacunes et décident de pousser ses performances.
« Les murs en paille avec finition bois ou chaux étant perspirants, certains pensent qu’on peut se passer de ventilation. La vapeur d’eau migre à travers la paroi, mais les polluants, eux, ne sont pas évacués. Composés organiques volatils (COV) des peintures, formaldéhydes des colles », cite Gweltaz en toquant contre le plan de travail de la cuisine qui « en dégage pendant deux ou trois ans ». Conseiller info-énergie(1), il apporte un appareil de mesures du taux de particules fines, de dioxyde de carbone (CO2), de COV et d’humidité.

« Un logement ne devrait pas dépasser 800 parties par million (ppm). Ici, on ne descendait jamais sous 900 ppm. Avec des invités, on a vite grimpé à 1 600 ppm. Chacun expire du CO2, porte des vêtements, du parfum… Le temps d’y rentrer une bûche, le poêle dégage du monoxyde de carbone, du benzène, du NOx. Le taux est monté à 2 500 ppm. Le lendemain, on était à 1 100 ppm… » Lire la suite


Dossier : Isolants des champs, isolants résilients

DOSSIER ISOLANT RESILIENTS

La nouvelle réglementation RE2020 est de bon augure pour les isolants biosourcés.

Va-t-on enfin plonger dans un monde où chaque territoire saura tirer parti de ses ressources végétales, où le circuit court sera roi et où les paysans et les artisans travailleront main dans la main ? Aux quatre coins du pays, des filières émergent et inventent peu à peu ce monde résilient.

Les biosourcés ne représentent que 10 % des ventes d’isolant en France. Mais avec +87 % de volume vendu entre 2016 et 2020, ils pourraient bien prendre enfin la place qu’ils méritent. Ouate de cellulose, laine de bois ou de mouton, textile recyclé, la famille est grande. Mais le marché des isolants provenant de cultures végétales est encore discret. Pourtant, la France est championne européenne des agromatériaux et, depuis une vingtaine d’années, associations et artisans les (re)mettent au goût du jour. Les atouts de la paille, du chanvre, des balles de riz et de toutes sortes de végétaux en font des matériaux d’avenir. Selon l’Ademe, les laines végétales transformées sous forme de panneaux pourraient même représenter 13 % du marché des isolants en 2030. Encore faut-il des moyens, de la volonté et un changement d’habitudes pour dessiner ce futur réjouissant


Ecoconstruire : Écobâtir pour ralentir

ECOCONSTRUIRE autoconstruire ECOBATIR

Autoconstruire une maison en paille, low-tech, pour aller vers un mode de vie plus simple et cohérent

Adeline et Nicolas ont quitté la ville pour réaliser, dans les Côtes-d’Armor, un projet longuement mûri. 

Des citadins pur jus. Adeline et Nicolas ont vécu à Paris, puis Rennes (35) avant de se poser à La Vicomté-sur-Rance. Ils y habitent une maison chaleureuse dont les larges baies s’ouvrent sur une petite terrasse et un jardin fleuri. Simple et compact, le plan se développe sur deux niveaux avec un espace de vie largement ouvert ; un bureau et un cellier au rez-de-chaussée, deux grandes chambres et une mezzanine à l’étage. Entièrement conçue par le couple, cette habitation est née dans leur imagination avant d’être édifiée par leurs soins au terme d’un chantier de quatre ans;  «Ce projet a mûri lors d’un voyage de plusieurs mois en sac à dos.

De retour en France en 2011, nous nous sommes demandés où nous avions envie de vivre, de travailler et comment, explique le couple. Nous avons toujours eu envie de vivre près de l’eau – mer ou rivière –; de nos familles et amis en Bretagne, le tout dans un budget raisonnable. » Réfléchi et documenté, leur projet est lancé en 2012 avec l’achat d’un terrain de 1 300 m2 . Il ne se résume pas à l’autoconstruction d’une maison écologique à la campagne. Il répond à une aspiration plus profonde : mettre en cohérence des convictions et un mode de vie; « Bâtir par nous-mêmes, c’était aussi s’engager vers plus d’autonomie, moins de consommation, moins de temps consacré au travail, pour retrouver plus de sens, revendiquent-ils. Avec une dépendance bancaire la plus limitée possible.


La maison aux mille et une vies



Pour restaurer leur maison en pays gascon, Elisabeth et Loïc n’ont utilisé presque que des matériaux naturels, locaux et parfois chargés d’histoire(s). Bienvenue dans un lieu aux multiples passés.

Il paraît que les chats ont sept vies. Difficile de savoir combien en a eu la maison qu’Elisabeth et Loïc ont restaurée dans le Gers. Ni combien elle en aura encore, puisqu’elle est presque entièrement biodégradable. La partie centrale du bâtiment date de 1797. Mais un bois de colombage gravé à l’extérieur révèle qu’une extension a été réalisée en 1813. « Cette maison aurait été construite avec les restes d’une métairie d’une ferme voisine qui avait brûlé, explique Loïc. Ici, c’est ce qu’on appelle une borde, la maison des ouvriers. Elle mesurait à peine 100 m2 au sol, dont une étable pour mettre un ou deux animaux. » Voilà pour les trois premières vies – au moins. Lire la suite


Rénover : Ils ont rénové une maison en paille

rénover une maison en paille

S’approcher des performances passives

Aurélie et Gweltaz ont acheté une maison autoconstruite deux ans plus tôt en bois et paille. Ils l’ont encore améliorée pour s’approcher des performances passives. Vmc double flux et chauffe-eau solaire ont fait chuter les factures et grimper le confort !

Oui, de tels logements ne courent pas les vitrines des agences immobilières. Bioclimatique, alimentée en eau de pluie mais aussi chauffée pour une poignée de bûches, bâtie en bois et isolée en bottes de paille ; Aurélie et Gweltaz achètent en 2016 cette maison autoconstruite dans un quartier de Vitré (35).

Le descriptif a beau être idyllique ; mais ils découvrent quelques lacunes et décident de pousser ses performances. « Les murs en paille avec finition bois ou chaux étant perspirants; certains pensent qu’on peut se passer de ventilation. La vapeur d’eau migre à travers la paroi mais les polluants, eux, ne sont pas évacués. Composés organiques volatils (COV) des peintures et formaldéhydes des colles », cite Gweltaz en toquant contre le plan de travail de la cuisine qui « en dégage pendant deux ou trois ans ». Conseiller info-énergie, il apporte un appareil de mesures du taux de particules fines, mais aussi de dioxyde de carbone (CO2), de COV et d’humidité. « Un logement ne devrait pas dépasser 800 parties par million (ppm). Ici, on ne descendait jamais sous 900 ppm. Avec des invités, on a vite grimpé à 1 600 ppm.


Écoconstruire : La paille porteuse modernisée

paille porteuse autoconstruite

Au sud de Grenoble, Mathilde et Cédric ont autoconstruit une maison en paille porteuse

Architectes et constructeurs.rices de métier, ils ont modernisé cette technique ancienne par militantisme pour promouvoir son développement.

Faire venir plus de 300 bottes de paille dans un quartier du sud de Grenoble, près de la voie ferrée, des box-garages et des immeubles bétonnés, mérite une certaine déférence. S’en servir pour monter les murs d’une habitation à l’allure contemporaine en mérite davantage. À l’origine de ce projet, deux architectes militants : Mathilde Lapierre et Cédric Hamelin, qui ont osé la technique de la paille porteuse, apparue il y a plus d’un siècle au Nebraska (États-Unis) et ne jouissant pas encore de règles professionnelles ni de méthode de calcul universelle, et qui en ont modernisé son utilisation.

Dans la pièce principale illuminée, qui sert de salon, cuisine et bureau, les livres sur la construction en paille de Luc Floissac et Barbara Jones (Amazonails) sont de sortie. Mathilde et Cédric s’en servent de références pour expliquer la technique paille porteuse. Elle commence : « Les bottes de paille, disposées en quinconce entre des lisses haute et basse, portent les charges de la maison. Plus précisément, elles sont aidées par des enduits épais, appelés voiles minces travaillants, qui servent de contreventement pour rigidifier l’ensemble. » Ils sont généralement en terre crue à l’intérieur et chaux à l’extérieur. Cédric poursuit : « Les bâtiments en paille porteuse sont souvent rectangulaires et symétriques. Si on met une porte au nord, on met la même au sud, car les bottes de paille subissent un tassement dû aux descentes de charges. Si les murs se tassent, il faut qu’ils le fassent de manière homogène. »