Dans un poêle mixte, bûches comme granulés peuvent brûler. L’offre de cet équipement se diversifie et vaut le coup d’œil ! Classique ou bouilleur, foyer commun ou séparé, automatique ou manuel ; les fabricants proposent une gamme élargie. Plus onéreux que leurs cousins monocombustibles, ils offrent tout de même de nombreux avantages.
La Programmation annuelle de l’énergie (PPE) du gouvernement vise entre 219 et 247 TWh de production de chaleur renouvelable en 2028. Or, celle-ci n’était que de 157,8 TWh fin 2021. La marche est haute ! Pour atteindre cet objectif, la PPE mise notamment sur le bois, en particulier au sein des foyers. Ce combustible présente en effet de nombreux atouts.
Premièrement, il s’agit d’une énergie vraiment renouvelable. La ressource se reconstitue vite, à l’inverse des énergies fossiles (lire encadré p. 37). Deuxièmement, c’est une énergie locale qui divise les émissions de CO2 par 12 par rapport au fioul, 6 par rapport au gaz et 4,5 par rapport à l’électricité, d’après l’Ademe, en comptabilisant l’énergie consommée du « puits » à la chaleur produite. Enfin, se chauffer au bois est économique. Même si les prix des granulés, plus chers que les bûches, ont flambé l’an dernier (lire p. 44-45), ils sont restés en-deçà de ceux du fioul et de l’électricité, d’après l’association nationale du chauffage au granulé Propellet. « Pour le gaz, il y a un moment où on a été au-dessus en raison du bouclier tarifaire, mais désormais on est revenu au même tarif », commente éric Vial, son délégué général.
Des ventes qui flambent
En 2022, porté par les aides du gouvernement, le marché des appareils domestiques de chauffage au bois a progressé, avec un fort regain d’intérêt pour les poêles à bûche (+ 30 % d’après Observ’Er). S’ils restent une niche, les poêles mixtes, aussi appelés hybrides, dans lesquels on peut brûler bûches et granulés, ont également tiré leur épingle du jeu avec + 32 % d’unités vendues (soit 1 190 en 2022). « C’est la page de notre site Internet la plus consultée depuis l’année dernière ! », témoigne Xavier Hamonet, cofondateur de l’association Conseils thermiques.
Encore rares il y a quelques années, ils sont désormais proposés par de plus en plus de marques et combinent de nombreux avantages : ils permettent d’utiliser son poêle comme un poêle à bois classique, avec un chargement de bûches régulier, et de jouir en même temps de l’automaticité et des possibilités de gestion thermostatique et de pilotage offertes par les poêles à granulé.
La plupart sont capables de basculer en mode pellet (granulé) lorsque la combustion des bûches est terminée et que le thermostat se déclenche, ou aux heures programmées. L’autonomie peut alors être d’un ou deux jours. Fini les réveils et les retours du travail dans une ambiance glacée !
Les poêles mixtes séduisent depuis longtemps les adeptes du bois qui souhaitent gagner en confort. « Ils intéressent des agriculteurs, par exemple, qui font leur bois, mais qui veulent rentrer dans une maison chaude », illustre Sébastien Thomas, d’énergie 2000+, installateur des poêles mixtes Rika.
Leur prix décourage cependant souvent de passer le cap. Si des marques de qualité sont parvenues à développer des poêles à des prix raisonnables, comme les fabricants Dielle et Nobis (lire p. 44), il faut compter entre 5 000 et 10 000 € pour un poêle mixte robuste et éprouvé, soit le double d’un poêle à bûche simple.
Une arme anti-pénurie
L’envolée de ventes repose aussi sur la crainte de pénuries. « Depuis l’automne 2022, on voit des partisans des poêles à granulé passer le pas du mixte, affolés par les médias quant aux risques de pénurie et à l’augmentation des coûts des pellets. Ils ne veulent pas renoncer au confort des granulés, mais veulent sécuriser leur approvisionnement et réduire le budget combustible », fait remarquer Corinne Chaurang, responsable de ventes France chez Jolly Mec. « Pour que cela vaille le coup, il faut cependant avoir accès à des bûches de qualité peu chères, et utiliser au moins la moitié du temps ce mode de chauffage », complète Xavier Hamonet. D’autant que la chambre de combustion et la fumisterie sont optimisées pour un fonctionnement avec des bûches.
La peur de la coupure d’électricité fait également partie des arguments avancés. « L’année dernière, on a clairement vu une augmentation des questions sur ce sujet », poursuit Corinne Chaurang. Les poêles à granulé nécessitent d’être branchés. Les mixtes offrent donc la possibilité de fonctionner de façon autonome en mode bûche.
Complexes techniquement, souvent chargés d’électronique, les mixtes peuvent cependant rencontrer des problèmes de combustion et des pannes. Encore plus que pour les autres poêles, l’entrée de gamme est ainsi déconseillée. Comme pour les appareils à granulé, le bruit peut aussi, pour certains modèles, être gênant. Enfin, il faut avoir de la place pour installer le poêle, souvent massif, et pour stocker les deux combustibles. Réfléchir à ses besoins réels, étudier les différents poêles mixtes et faire chiffrer les autres solutions de chauffage est aussi indispensable avant d’investir.