Alternatives : intégrer des nichoirs au bâti

Nichoirs ALTERNATIVES La Maison écologique 128

Pour cohabiter au mieux avec les oiseaux, quelques précautions s’imposent. Pour une rénovation, il faut s’assurer que les travaux ne vont pas détruire l’habitat d’une espèce protégée(1), sans quoi le chantier pourra être arrêté. Repérer les traces d’occupation hors période d’utilisation des nids(2) (pelotes, fientes ou anciens nids ; au pied des murs, dans les encadrements de fenêtres, les combles et les anfractuosités des murs). Ces hôtes sont discrets.
Il est préférable de se faire aider par une association spécialisée, comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui prodigue également des conseils pour l’implantation de nichoirs.

Adapter nos pratiques

Une fois les habitats localisés, l’idéal est de les maintenir. Si la façade doit être rejointoyée, laisser un chiffon dans les trous à conserver, le temps des travaux. En cas de pose d’enduit, signaler la cavité avec un bâtonnet, pour la récupérer ensuite. Une isolation par l’extérieur est prévue ? Les habitats supprimés pourront être compensés par des nichoirs intégrés à l’isolation, derrière un bardage, par exemple. Gare toutefois aux ponts thermiques, même si l’impact est limité. « Mieux vaut choisir une zone qui n’a pas besoin d’être isolée, comme une cage d’escalier ou une gaine technique(3) », préconise Thierry Dupeux, architecte de l’agence Rhizome, à Rennes, qui intègre des nichoirs à ses projets architecturaux.

Pour une construction neuve, il faut définir à quels oiseaux les nichoirs seront destinés, ce qui suppose de recenser espèces locales et migrateurs habituels. Là encore, l’avis d’une association de protection de la nature est primordial. « L’environnement immédiat a son importance, parce que s’il est trop artificialisé, un nichoir ne servira pas à grand-chose. La présence de nourriture, mais aussi d’eau à proximité est indispensable. Les oiseaux ont besoin de boire et de se baigner, même en hiver », indique le naturaliste Jean-François Noblet(4).

Anticiper la cohabitation

Dès la conception du logement, « il faut regarder le bâtiment sous l’angle d’un biotope éventuel, voire adapter la construction pour que l’installation d’animaux soit possible », explique Thierry Dupeux. L’intégration au bâti a des avantages : l’aspect de la maison est préservé, cela limite les actes de vandalisme ou les excès de curiosité et la nichée est protégée de la chaleur. Attention aux risques d’infiltration, qu’il vaut mieux anticiper, par exemple en posant des bavettes.

Il existe des nichoirs en béton de bois vendus par la société allemande Schwegler ou l’entreprise française Nat-H (Nature Harmonie). Des sites Internet proposent des plans pour réaliser soi-même des nichoirs(5). À fabriquer en bois non traité et non raboté épais d’au moins 20 mm.


Billet d’humeur : Penser comme un arbre

penser comme un arbre

Et si nous regardions enfin les arbres ? Les regarder vraiment, pas simplement comme de simples ornements du paysage, verts, sympathiques et décoratifs.

Explorant avec talent de multiples branches de l’arbre de la vie, le botaniste, écologue, chercheur et écrivain Jacques Tassin nous y invite dans un stimulant petit livre dont le titre énigmatique est à lui seul un traité de philosophie : Penser comme un arbre (éd. Odile Jacob). Mais, nous dit-il, pour y parvenir, il nous faut d’abord poser sur l’arbre un regard neuf, admiratif et reconnaissant. Admiratif, car quelle technologie humaine est capable de créer de la matière vivante avec simplement du soleil, de l’air et un peu d’eau ? À coût nul, sans consommation d’énergie fossile ou fissile, tout en stockant du carbone au lieu d’en émettre ? Le moindre arbrisseau y parvient.

Poser sur les arbres un regard reconnaissant

Quel architecte, quel ingénieur est capable de concevoir l’égal d’un géant amazonien de 60 m de haut, déployant une surface totale de 150 000 m2, parfaitement en appui sur un seul tronc et 3 m de fondations dans un sol meuble où il pleut 3 000 mm d’eau par an ?

Quelle médecine humaine est capable de nous rajeunir chaque année ? Chaque arbre est potentiellement immortel puisqu’il n’a pas, comme nous, un programme de sénescence : un arbre grandit mais ne vieillit pas, ou plus exactement chaque année son horloge biologique repart à zéro. Rien à voir avec le botox et les crèmes anti-rides… Poser ensuite sur les arbres un regard reconnaissant, car nous leur devons – excusez du peu – l’oxygène de notre air, les glucides de leurs fruits, les matériaux pour nous loger, nous chauffer, cuire nos aliments ou bien naviguer sur les mers du globe. Avec en prime la beauté de nos paysages. Les arbres sont aussi une assurance-santé grâce à leur extraordinaire pharmacopée, encore très méconnue. C’est une assurance-eau ; les grandes forêts du globe permettent aux nuages chargés d’eau océanique de se décharger bien loin vers l’intérieur des terres.

Pour autant, nous accordons bien peu d’attention à leurs vertus. Pire, nous déforestons la planète avec une suicidaire inconscience. Selon Global Forest Watch, 24 millions d’hectares de forêts ont disparu en 2019, soit l’équivalent de la surface de la ville de Paris… toutes les quatre heures ! Pas rancuniers, forêts et arbres viennent à notre secours, tentant de réparer nos excès en stockant le carbone, favorisant la pluviométrie, dépolluant notre air. Alors aimons-les, car ils sont une pièce maîtresse de notre vie sur Terre, la rendant belle et habitable. Aimons-les pour leur puissance créatrice, leur sagesse. […]


Avis d’expert : Biodiversité à la maison

Biodiversité à la maison

Araignées, fourmis, chauves-souris et même reptiles ou batraciens… La petite faune sinanthropique qui se faufile dans nos logements est d’une richesse incroyable, mais parfois source d’inquiétude et de gêne. Dans la plupart des cas la détruire n’est ni utile, ni souhaitable.

La profusion d’êtres vivants qui nous entourent, qu’ils appartiennent au règne végétal ou animal, nous permet de nous alimenter, nous abriter,
nous soigner. Entre autres bienfaits… Cette formidable richesse, il nous faut à tout prix la préserver, ne serait-ce que parce qu’il en va de notre survie. À peu près tout le monde est d’accord. Il suffit pourtant qu’une grosse araignée velue surgisse pour que les bonnes résolutions volent en éclats en même temps que les pattes de l’infortunée bestiole. La biodiversité, c’est bien joli, mais de loin.

« Éradiquer toute forme de vie dans nos maisons est évidemment un non-sens ! », estime fourmis. « L’idéal est de contrôler, mais ce n’est pas facile. Il faut pour cela connaître la biologie des espèces », reconnaît l’entomologiste.

Comprendre avant d’agir

Avec la baisse des températures, quantité d’insectes et de petits animaux sauvages auront tendance à voir dans nos habitations l’abri idéal pour
attendre le retour du printemps. « Certains s’installent dans nos maisons, car ils y trouvent des conditions de vie qui correspondent à leurs besoins : hygrométrie, température, nourriture, luminosité, etc. Certains y trouvent un abri durable, d’autres un refuge temporaire, telles les Chrysopes en hiver, qui ressortent à l’extérieur au printemps pour chasser les pucerons », explique Georges Chauvin (Spécialiste des insectes à l’université de Rennes 1).

Nombreux sont aussi ceux qui cherchent un site pour se reproduire. Chaque saison apporte son lot de visiteurs. Qu’il s’agisse d’arthropodes, d’oiseaux, de rongeurs, ou de mammifères un peu plus gros, il faut s’efforcer de comprendre leur comportement et, en cas de gêne réelle, y apporter une réponse adaptée, au lieu de les détruire sans discernement. « Apprenons à connaître l’origine et la biologie de notre ” faune domiciliaire ” et n’agissons qu’après réflexion », résume le scientifique.

La majorité des oiseaux s’invitant dans nos logis vont s’implanter en façade, pour nicher dans des anfractuosités ou sous les avancées de toit, comme les hirondelles, les moineaux, les rougequeues… Parfois dans les combles, en ce qui concerne certaines chouettes et le hibou petit duc, ou au niveau de la couverture, pour les martinets et les bergeronnettes grises. « Il faut faire en sorte de les accueillir au mieux », plaide Nicolas Macaire, qui rappelle que la loi française interdit de détruire des nids d’espèces protégées, qu’ils soient occupés ou non.


Billet d’humeur : Paresseux et intelligents

Les animaux et les plantes

Qui sont les meilleurs architectes de la planète ?

Les lauréats du « Nobel de l’architecture », le prix Pritzker ? Frank Gerry, Zaha Hadid et leurs disciples ? Eh non. Sans conteste, les bâtisseurs les plus créatifs et surtout les plus écologistes sont les animaux et les plantes… Dans son remarquable Biomimétisme et architecture*, l’architecte Michael Pawlin dresse un stupéfiant et très documenté panorama des techniques de construction pratiquées par les vivants non humains. La conclusion est claire : sur la fabrication des matériaux, les méthodes d’assemblage et de liaison, la gestion de l’énergie et des déchets, les plantes et les animaux savent tout faire. Et souvent bien mieux que nous qui sommes si fiers de nos technologies !

Quelques exemples édifiants :

Produire de l’eau ? Nous sommes incapables de produire la molécule H20, sauf à utiliser un process complexe de captation de CO2 et de production d’hydrogène nécessitant électricité… et eau ! Les chameaux, bien plus malins, stockent dans leurs bosses des graisses qu’ils métabolisent naturellement en eau et en énergie.

Réguler la température ? Décoratives, les oreilles des éléphants ? Eh bien non. Hyper vascularisées, elles évacuent la chaleur corporelle par rayonnement et
convection, celle-ci étant accentuée par de grands battements qui ne servent donc pas qu’à éloigner les mouches. Trompeur, l’éléphant ! Quant aux termitesboussoles, ils climatisent leurs termitières géantes par un dense et très subtil réseau de canalisations d’air.

Assembler par des noeuds ? Le tisserin-gendarme bâtit son nid par un savant tissage de brindilles, utilisant jusqu’à six noeuds différents : boucle, clé, demi-clé, reliure, noeud glissant, demi-noeud… Pas certain que la plupart des humains en connaissent autant !

Se chauffer grâce à des serres ? La rhubarbe du Sikkim est capable d’enrouler ses hautes feuilles semi-transparentes pour piéger le rayonnement solaire. Elle gagne ainsi jusqu’à 10°C.

Fabriquer des fibres hyper-résistantes ? Fierté des laboratoires de recherche, la fibre aramide (le Kevlar) est l’une des plus résistantes, cinq fois plus que l’acier. Sauf que le fil de soie des araignées est, à sec, plus résistant encore !

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Alternatives : Trop de princes charmants pour l’abeille au bois dormant

abeille

L’ abeille fait le buzzzzz.

Dans les grandes villes, comme à Paris, les initiatives se multiplient pour sauver Maya, Mireille et leurs semblables. Au point d’empêcher le bon développement d’autres pollinisateurs tout aussi vitaux, voire davantage.

Je suis B., une abeille qui souhaite devenir la première abeille influenceuse ! », clame cette petite bête tout de jaune et noir vêtue sur son compte Instagram. « C’est de notre devoir d’assurer que les abeilles continuent de copuler », estime quant à lui le vice-président d’une plateforme de films X qui vient de lancer une émission « porno-comique » mettant en scène des abeilles butinant des fleurs, doublées par des voix-off très hot. « Offrez une tournée de fleurs à vos abeilles », propose pour sa part une start-up commercialisant des « bars à abeilles », jardinières souples de fleurs sauvages à installer sur son balcon tout gris… Les bons samaritains, pas toujours désintéressés, se bousculent au chevet des abeilles depuis que des études scientifiques alertent sur l’effondrement de la biodiversité. Et de notre propre espèce, par ricochet.

Dans les centres-villes, la solution à la mode est l’installation de ruches.

À Paris, la mairie en dénombre un millier sur les toits des particuliers et des entreprises, dans les parcs, jardins, cimetières… Soit a minima 30 à 40 millions de butineuses. Un bienfait pour la nature? Pas tout à fait. Aujourd’hui, les scientifiques crient « stop ! ». À l’image d’Isabelle Dajoz, professeure à l’Université Paris-Diderot et chercheuse à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement.

L’excès d’abeilles domestiques – ou mellifères – serait une des causes du déclin des pollinisateurs sauvages. La raison ? Des ressources insuffisantes. « L’abeille domestique est une espèce sociale qui a besoin d’énormément de ressources pour la colonie et les larves », explique l’experte, qui les étudie depuis près de 20 ans. Opportunistes, elles butinent presque de tout et jusqu’à 3 km de leur ruche. Si bien que « toutes les ressources florales de Paris seraient consommées uniquement par les abeilles domestiques », d’après une simulation en laboratoire. Au détriment des autres pollinisateurs dont la capacité de dispersion autour du nid est plus faible […]


Billet d’humeur : La planche volante et le martinet

planche volante

Un exploit, vraiment?

Le 4 août dernier, un « homme volant » a traversé la Manche à 15 m au-dessus des vagues sur un « Flyboard » (planche volante) , sorte de mini plate-forme munie de turbines. Le monde entier a applaudi, 110 ans après la première traversée aérienne de l’opiniâtre Louis Blériot, qui y consacra 32 tentatives et beaucoup de bois cassé. Mais regardons de plus près cet exploit contemporain. Moderne Icare, notre homme volant n’était pas équipé de plumes et de cire, mais a eu besoin de 80 l de kérosène pour ce vol de 35 km en deux étapes devant s’arrêter au milieu du parcours pour refaire le plein sur une barge, son autonomie n’étant que d’une quinzaine de minutes.

Ce « tapis volant du futur » (dixit les médias) a donc consommé 227 l aux 100 km, deux fois plus que la limite maintenant imposée aux formules 1 pour limiter leur puissance. Enfin, ce vol a émis 159 kg de CO2, soit 4,5 kg de CO2 par km, 35 fois plus qu’une berline standard. Maintenant, comparons l’homme volant avec un autre aéronef, qui lui n’est pas un prototype mais qui, selon les ornithologues, existe à deux cent millions d’exemplaires : Apus apus, le martinet noir.

Le martinet, un acrobate des airs !

Les 20 km d’autonomie du Flyboard feraient piailler de rire un martinet. Lui ne se pose jamais, ou plus précisément vole jour et nuit entre deux périodes de reproduction, durant neuf mois. Il dort en vol, se ravitaille en vol… et, en parfait acrobate des airs, s’accouple en vol. Plus étonnant encore, les jeunes martinets, dès la sortie du nid, volent joyeusement jusqu’à l’âge de 3 ans sans discontinuer !

Poids : 45 g tout habillé de plumes, contre 170 000 g pour l’homme volant, lourd de  son barda, ses tuyères et son carburant. Pollution : 100 % bio et recyclable, de la naissance jusqu’après la mort. Vitesse de pointe : le martinet arrive à pousser des pointes à 200 km/h, dépassant celles de l’homme volant. Entretien et maintenance : il mue progressivement en vol, plume par plume, tout en conservant ses talents de voltigeur des airs. Durabilité : 30 ans, avec au compteur 7 millions de km… 18 fois la distance Terre-Lune ![…]


Extérieur : les frelons

frelons

Cohabitons avec les frelons

Il est arrivé en plein repas de famille. Sans crier gare. Furie bichromatique lancée à tout berzingue dans une détestable tentative d’intrusion, qui ne pouvait avoir d’autre objet que de gâcher la fête. Tante Lucie s’est mise à hurler comme une possédée, agitant ses mains tout autour de sa tête, cependant que l’importun accomplissait une curieuse danse à son entour. Oncle Bernard a aussitôt senti son sang ne faire qu’un tour. Alors dans un élan chevaleresque, il a dégainé sa tongue, pour écrabouiller la bestiole sans autre forme de procès. Vlan ! Ci-gît Vespa crabro, victime colatérale de l’ignorance humaine. Innocent hyménoptère sacrifié sur l’autel des préjugés.

 


Extérieur : biodiversité et construction

construction et biodiversité

Bâtir pour la biodiversité

Nous partageons notre petite planète avec d’innombrables êtres vivants, humains, animaux, végétaux…au moment de construire ou rénover nos maisons, penser à y préserver un espace pour la nature est une bien belle idée.

Plusieurs espèces autrefois communes sont maintenant en fort déclin. D’après l’Institut français de l’environnement, 60 000 hectares de terres naturelles ou agricoles disparaissent chaque année en France sous l’effet de l’urbanisation. En plus de nos efforts délibérés – cache-moineaux, grilles anti-rongeurs –, les techniques modernes de construction et de rénovation sont souvent défavorables. En effet, en supprimant des habitats et lieux de nidification : façades lisses, volets roulants, étanchéité, fissures bouchées, etc. Heureusement, il existe des mesures simples qui contribuent à ramener un peu de vie sur et autour de nos logis.

www.urbanisme-batibiodiversite. fr
www.biodiversiteetbati.fr
www.windowcollisions.info/ public/vogelkiller3fz.pdf


Un habitat inspiré de la nature

permaculture

L’habitat, troisième peau après le vêtement : c’est le lieu qui réunit toutes les dimensions de l’activité humaine, où l’on aime se sentir à la fois bien chez soi, et ouvert sur le monde. Certains prennent modèle sur la nature, conçoivent leur habitat comme un être vivant, respirant, grandissant, le coeur battant. Pour vivre heureux, il suffirait de renouer avec cette nature, dont nous sommes un élément à part entière, les pieds bien ancrés dans le sol et la tête dans les étoiles. C’est ce que propose la permaculture, une approche transversale qui s’intéresse à bien plus que le jardinage…