Ecoconstruire : Une maison qui ne perd pas le nord

Longère en bois

Une longère en bois enracinée dans le local

Quand il est tombé sur l’ouvrage La Conception bioclimatique, signé par Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, Benoît Gautier s’est découvert une passion pour la sobriété énergétique et l’énergie solaire. En 2016, alors qu’il vit dans une vieille bâtisse à Auray (56) avec sa femme, psychomotricienne, et ses quatre enfants, aujourd’hui âgés de 12 à 20 ans, il trouve un terrain à acquérir à une dizaine de kilomètres de là. Amoureux du bois, ergothérapeute de formation, puis menuisier ébéniste, il se lance dans ce projet de construction. Son désir : relever le défi d’ériger une longère en ossature bois qui se fonde dans son environnement, bâtie avec des matériaux essentiellement locaux. « Marine, ma femme, a dessiné des esquisses de la future maison pour orienter les plans des architectes, habitués aux projets écologiques. Nous voulions que cette maison se dissolve presque dans le paysage boisé et qu’elle soit très ouverte sur le verger qui préexistait au nord, mais aussi sur les couchers de soleil à l’ouest », explique Benoît.

Fidèle à son amour du bois et désireux d’embarquer au maximum ses proches dans l’aventure, il opte pour une structure à ossature bois, en douglas, isolée avec de la ouate de cellulose insufflée (220 mm). Avant le pare-pluie et le bardage, un panneau de fibre de bois contreventant (Agepan) ferme l’ossature. Hormis la fabrication de la charpente, effectuée par un professionnel, Benoît a monté les murs sur place et posé la charpente avec l’aide d’amis charpentiers. Quant au reste des travaux, seules la couverture et la maçonnerie des fondations périphériques en parpaing ont été réalisées par des entreprises. Au total, 80 % de la maison a été autoconstruit et le chantier a duré deux ans.

Dorénavant, la belle longère à la teinte naturellement grisée se fond presque dans les herbes hautes au sud et dans le potager arboré au nord. « Nous voulions une continuité entre la maison et l’extérieur. L’ouverture au nord n’était pas une évidence du point du vue bioclimatique, mais se priver de la vue sur les arbres fruitiers, sur le bosquet de chênes et sur le potager n’était pas envisageable », relate Benoît. Dans la cuisine, la vue est dégagée sur la verdure grâce à une ouverture de 2,20 x 1,10 m. Juste à gauche, au bout de la pièce, une baie vitrée crée un pont avec l’horizon ouest. « Nous avons posé des doubles vitrages (4/16/4 avec radon). Si c’était à refaire, je mettrais du triple vitrage au nord pour plus d’efficacité », juge-t-il.


Écoconstruire : Une maison qui ne perd pas le nord

ECOCONSTRUIRE Maison bois

Son logement est simple, sobre et ouvert sur la nature.

Un pari gagnant pour cette architecte d’Indre-et-Loire qui a fait le choix controversé d’ouvrir sa façade au nord pour profiter de la vue sur un grand verger tout en restant au chaud l’hiver et au frais l’été.

Dans une petite zone résidentielle de Beaulieu-lès-Loches (37) se trouve une maison pas comme les autres. De la route, on distingue l’atelier en bardage bois. En s’aventurant dans la cour, émerge la sensation d’être lové dans la nature abondante et le bois omniprésent qui entourent la maison de Caroline Guilhot, architecte et maître d’œuvre spécialisée en écoconstruction. Ses 110 m2 habitables, répartis sur un rez-de-chaussée et un étage; ont été imaginés et construits en grande partie par la propriétaire elle-même. « C’est compliqué de se mettre à nu sur son propre projet de maison. Je souhaitais quelque chose de simple et d’épuré. Les nombreux arrondis de la maison conçue en rectangle apportent de la douceur », indique Caroline Guilhot. C’est « Rond comme un carré », du nom de son entreprise. 

L’impression persiste dans chaque partie du logis. La porte d’entrée, une grande porte-fenêtre, laisse entrer la lumière du sud. Et, surprise, le cube est complètement ouvert au nord. Trois grandes ouvertures en triple vitrage, dont deux fixes, donnent une impression d’immersion dans le verger depuis la maison. La cuisine et le bureau, les deux pièces ouvertes situées face au nord, sont lumineuses et chaudes. Serait-il finalement possible d’ouvrir sa maison à cette orientation souvent cachée derrière des murs aveugles lorsqu’on recherche de bonnes performances énergétiques ? 


Enquête finitions : Parée de ses plus beaux atours

finitions pour maison bois

Finitions pour maison bois

Que ce soit à l’extérieur ou à l’intérieur, de nombreuses finitions sont possibles pour habiller les bâtiments en structure bois. Leur mission : protéger ce matériau végétal et laisser “respirer” le mur. Sans oublier confort et esthétique.

Les finitions, c’est ce que nous voyons. Elles répondent à des critères esthétiques, mais aussi techniques pour assurer longue vie au bâtiment et confort aux habitants. Elles doivent protéger des intempérie, surtout pour une structure en matériau végétal, sans bloquer la permabilité de la paroi à la vapeur d’eau.

Pour l’extérieur, consulter le Plan local d’urbanisme, qui ne peut imposer ou interdire un matériau, mais peut interférer sur la couleur ou l’aspect d’une façade. En secteur sauvegardé, la nature des matériaux peut être réglementée.

“Une structure bois n’impose en aucun cas un bardage bois” s’accordent les professionnels du secteur. C’est souvent l’option choisie, notamment pour des raisons économiques. Il s’agit en général de lames de bois massif ou lamellé-collé. Le premier étant plus écologique, surtout s’il s’agit d’essences françaises compatibles sans traitement avec la classe d’emploi 3 (façade non abritée).

“Lorsque la façade est abîmée et qu’il faut la changer, on peut la déposer et la brûler” vante Dominique Molard, architecte associé du cabinet Archipente.

 

 

 


Leur maison écologique voit la vie en roseau !

Construire une maison saine et naturelle grâce au roseau. © Gwendal Le Ménahèze

Surplombant les roselières de la Brière du Brossais (Loire-Atlantique), la maison de Clémence et Cédric est habillée de roseau. Isolant murs et toiture, ce végétal revêt aussi les façades. Une technique contemporaine qui plie la tradition mais ne la rompt pas.

La large baie vitrée de Clémence et Cédric domine les marais de la Brière du Brossais, parsemés de roseaux. « Quand j’ai découvert la paroi en bois et roseau de la société RizHome, ça a tout de suite fait sens », se souvient Clémence Cazenave, architecte et propriétaire de cette maison de Savenay (Loire-Atlantique) avec Cédric Bassaget, informaticien. « La pose de bottes de roseau en vêture extérieure est pratiquée depuis des années aux Pays-Bas, Suède et Norvège, décrit Mireille Avril, de RizHome. Ils ont une assurabilité et annoncent 80 ans de durée de vie. » Lire la suite


À vos marques, prêts…Bardez !

Bardages

Pour les bardages, la tendance est à un retour en grâce de produits sains et durables, sans laisser de côté la modernité ni l’intégration dans le paysage.

Une vêture très nature

Miser sur les produits naturels pour embellir sa façade en se tournant vers des produits responsables et de qualité permet de conjuguer écologie et audaces architecturales. Audaces de mieux en mieux acceptées par les pouvoirs publics, laissant une plus grande liberté quand vient l’heure de décider de l’aspect extérieur de son logement. Le bois sous toutes ses déclinaisons s’impose comme matériau de référence, tant pour ses qualités esthétiques que pour sa durabilité naturelle.

Bardages naturels ?

Mais si les bardages naturels sont de plus en plus présents sur le marché, des poches de résistance industrielle subsistent, proposant du clin d’épicéa autoclave boosté aux biocides, affublé d’une hideuse teinte verte ou marron. Ce type de produit semble inutile face à des essences naturellement durables qui assurent la pérennité d’une façade sans nécessiter une chimie dévastatrice pour l’environnement. Pour Mathieu Thiberville, gérant de MG-Eco, spécialisée dans la construction bois écologique et bioclimatique, l’utilisation de bois traités ou reconstitués est une hérésie : « Je déteste l’épicéa par-dessus tout. Sa classe d’emploi pour l’utilisation extérieure lui est intégralement conférée par des produits chimiques très nocifs pour l’environnement et c’est un bois d’importation dont le bilan carbone est épouvantable. Je ne l’utilise même pas pour mes contre-lattes(1) ! »

Douglas, mélèze et red cedar, trio de tête

L’entrée de gamme d’un bardage est à rechercher du côté du douglas purgé d’aubier, dont la durabilité naturelle permet une classe d’emploi 3a (utilisation extérieure avec humidification de courte durée), le minimum pour un bardage destiné à durer 50 à 100 ans. Pour Mathieu Thiberville, le douglas est moins intéressant en bardage qu’en structure.

« En local, il est souvent noueux, ce qui est préjudiciable à l’esthétique et à la longévité du bardage. Ou alors il faut trouver des lames issues d’une bille de pied, ce qui est rare et peu pertinent puisqu’il fait alors un très bon bois de structure. »[…]


Matériau : Le bois brûlé ou Shou Sugi Ban

bois brûlé

Le bois brûlé, ténébreux bardage

D’origine Japonaise, le Shou Sugi Ban protège le bois grâce à sa surface brûlée. Efficace et esthétique, cette mise en oeuvre traditionnelle se développe en France.

Le Shou Sugi Ban, appelé aussi Yakusugi, est une technique ancestrale japonaise (18e siècle) de protection du bois qui consiste à créer artificiellement une couche supérieure de bois carboné. Paradoxalement, cette couche a un effet retardateur de flammes ; le charbon, appauvri en oxygène, ne donne que peu de prise au feu. Ainsi traitée, la surface du bois est ignifugée, noircie et endurcie. Aujourd’hui, les agriculteurs et les pêcheurs nippons utilisent toujours le bois brûlé, économique et efficace pour prolonger la durée de vie du bardage de leurs maisons ou de leurs granges


Cahier pratique : peinture à l’ocre pour bardage

peinture à l'ocre pour bardage

Peindre votre bardage à l’ocre.

Facile à faire, protection du bois saine et très bon marché : retrouvez la peinture à l’ocre.

Employée depuis des siècles partout en Europe, la peinture à l’ocre protège durablement les bois exposés aux intempéries*. Elle prend soin également du peintre et des occupants de la maison ; les ocres sont des terres naturellement colorées par des oxydes de fer et la peinture se fabrique facilement avec de l’eau, de la farine, de l’ocre, du sulfate de fer (sel antifongique), de l’huile de lin et du savons. Ainsi, aucun solvant toxique à craindre !


Bardage en bois brûlé et matériaux bruts pour cette rénovation écologique en ville

Rénovation écologique en ville à base de bardage en bois brûlé et matériaux bruts, à Vannes. Crédit: Gwendal Le Ménahèze

[VIDEO] Le bardage en bois brûlé de cette rénovation en fait craquer plus d’un. Katia et Jean voulaient rendre ce pavillon citadin des années 1950 économe et confortable. Pour lui donner une splendeur moderne sans grever l’environnement, ces adeptes du low-tech ont laissé apparents les matériaux bruts.

Après cinq ans à la Réunion, Katia, Jean et leurs quatre fils voulaient lumière et chaleur. « On ne visitait pas les maisons si elles n’étaient pas bien exposées », se souvient Katia. En outre, Jean rêvait d’une maison sans chauffage. Mais « je suis très frileuse, il fallait qu’il me confirme que j’aurais 22 °C ». Finalement, un poêle de masse suffit à chauffer les trois niveaux de la maison. « On peut aller partout dans la maison sans ressentir de changement de température. C’est extrêmement agréable », apprécie-t-elle. Les six mois de travaux ont été assurés en autoconstruction et par des entreprises (SARL Guyot, etc.). Originalité qui intrigue les voisins: une façade est bardée de bois brûlé.

Une nouvelle jeunesse pour cette maison du centre-ville de Vannes (Morbihan). Quand elle l’achète en 2013, la famille Guêné-Bruneau ne tombe pas sous le charme des vieilles moquettes. Ni du carrelage démodé et des façades « moches ». Ni du chauffage au gaz et de l’organisation antibioclimatique. D’abord, cuisine et salle de bains au sud avec de toutes petites fenêtres. Ensuite, pièces de vie ouvertes sur le nord… Pas question pour autant de faire table rase du passé. « On voulait laisser la maison le plus possible en l’état, donc garder les matériaux bruts », insiste Jean.

Pour en savoir plus, retrouvez notre reportage complet sur cette maison rénovée dans le magazine La Maison écologique n°103. En kiosques jusqu’à fin mars 2018 ou sur commande ici.

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Rénovation low-tech

renovation low-tech

Sur le terrain des matériaux, c’est le brut !

Katia et Jean voulaient rendre ce pavillon citadin des années 1950 économe et confortable. Pour lui donner une splendeur moderne sans grever l’environnement, ces adeptes du low-tech ont souhaité laisser apparents les matériaux bruts.

De retour en métropole après cinq ans sur l’île de la Réunion, Katia, Jean et leurs quatre fils avaient besoin de lumière et de chaleur. « On n’allait même pas visiter les maisons si elles n’avaient pas une bonne exposition », se souvient Katia, En effet, Jean rêvait d’une maison sans chauffage, mais « je suis très frileuse, il fallait qu’il me confirme que j’aurais 22 °C ». Finalement, un poêle de masse constitue l’unique moyen de chauffage pour les trois niveaux de cette maison exposée sud-est.