Travaux : Construire un habitat nomade

Construire un habitat nomade

Construire un habitat nomade en 15 étapes

Un habitat léger, réalisable en quelques semaines de A à Z, accessible, écoresponsable et démontable. C’est le pari qui a mené Yves Desarzens à la conception d’une maison nomade.

Si la première « maison nomade » est aujourd’hui dans un écovillage du Sud-Ardèche, le hameau des Buis, elle a pris forme dans le jardin d’Yves Desarzens, dans le Pays de Gex. Il s’agit de son quatrième montage- démontage. Elle est mise à disposition des Hameaux légers, une association accompagnant la création de lieux de vie collectifs. Un autre exemplaire se balade en Bretagne, assemblé par un particulier. Les contraintes liées à la rénovation de maisons anciennes, domaine dans lequel Yves a fait carrière, l’ont poussé à concevoir un habitat accessible, facile à mettre en oeuvre et qui utilise le moins de matières premières possible. Une recherche de simplicité qui a abouti en 2012 après un an de gestation.


Dossier : 10 autoconstructions 10 ans après

autoconstruction 10 ans après

Leçons tirées du chantier, évolutions apportées, habitat au quotidien… Retour d’expériences de dix autoconstructeurs.

1/5 S’adapter au quotidien

Au fil des années, la famille Bel a apporté des améliorations à sa maison bois. Leur comportement a évolué face aux aléas climatiques, n’enlevant rien à la satisfaction que leur apporte leur habitat autoconstruite en 2008.

Nous sommes très contents de vivre dans cette maison, l’hiver comme l’été et en mi-saison aussi ! », s’exclament en cœur Emmanuel et Christine Bel. Ils habitent leur autoconstruction bioclimatique dans les Yvelines depuis 2008 avec leurs quatre enfants. Depuis la visite de La Maison écologique n° 80, « il y a des choses qu’on a améliorées », reconnaissent-ils.

Ils ont par exemple ajouté un sas isolé à l’entrée, côté nord. « Une pièce de 15 m2 pour entreposer chaussures et manteaux. Elle joue en plus un rôle de tampon thermique. » Ils ont aussi revu le mobilier de cuisine afin de le rendre plus fonctionnel. Ou encore ajouté deux dépendances : un abri pour le bois et un dôme géodésique de 20 m2 qui fait office de bureau. Un chauffe-eau solaire est également à venir.

C’est en habitant qu’ils se rendent compte du fonctionnement de la maison et de leurs besoins. Pour les Bel, exit la ventilation mécanique contrôlée. « Au début, je réfléchissais beaucoup aux normes de renouvellement d’air. Mais on voit bien qu’en ouvrant simplement les fenêtres, on n’a jamais eu de problèmes d’air vicié ou d’humidité. Avec la terre, l’isolant chanvre, on sent que la régulation hygrothermique se fait naturellement », explique Emmanuel. La cuisine, les toilettes sèches et la salle de bains possèdent des extracteurs d’air simples qui donnent directement sur l’extérieur. Leur puits canadien trouve son utilité en été « pour rafraîchir l’air entrant. Le moteur est un peu bruyant, mais c’est pratique. En saison froide, par contre, il amènerait un air à 12°C alors qu’on n’a jamais moins de 16°C sans chauffage, donc on ne le met pas en route ».

Évolution des consommations

Un confort thermique qui prouve que leur conception bioclimatique est efficace. Les premières années, leur poêle consommait six stères de bois par an. Les hivers étant plus doux, trois stères suffisent désormais ! Côté sud, une petite véranda encastrée sur une bonne partie de la façade récupère de la chaleur. Cette dernière s’engouffre dans la maison via des fenêtres intérieures et une porte centrale. L’été, pour éviter les surchauffes, un voile d’ombrage est tendu devant le vitrage telle une « pergola ». La température maximale en pleine canicule 2019 était de 27°C dans les pièces de vie.


Outillage : Les outils « maison » de Benjamin Hatton

outils maison

Benjamin est en pleine construction de sa maison familiale. Soucieux de minimiser les dépenses, de se faciliter la tâche et aussi parce que ça l’amuse, il a fabriqué nombre de machines utiles pour son chantier.

Autoconstruire sa maison, c’est une chose. Autoconstruire les machines nécessaires au chantier en est une autre… Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre pour Benjamin Hatton. « Il est absurde d’élaborer une maison la moins impactante possible pour l’environnement, avec des matériaux biosourcés et locaux, si c’est pour la réaliser avec de l’outillage à bas coût fabriqué dans des conditions déplorables à l’autre bout de la planète parce que les bons outils coûtent cher », affirme-t-il. Pour autoconstruire sa maison en ossature bois et bottes de paille à Isserteaux (63) cet ingénieur en mécanique adepte du low-tech a ainsi choisi en de nombreuses occasions de fabriquer son outillage, au maximum avec des chutes de chantier et du matériel à sa disposition ou de seconde main. Bricoleur mais soucieux d’avancer dans son projet, il cherche toujours le compromis entre « plaisir de mettre les mains dans le cambouis » et efficacité.

Une grue, c’est pratique pour élever du matériel, mais c’est cher (y compris d’occasion), encombrant, pas évident à conduire et pas toujours acheminable sur un chantier. « Il y a en outre un aspect logistique lourd. Il faut faire appel à un transporteur, puis un monteur. Il faut ensuite la lester. Dès que l’on veut la déplacer, il faut utiliser un tracteur… », complète Benjamin. Alors qu’une chèvre de levage maison, c’est trois pannes aisément transportables et assemblées sur place. Idéal pour un terrain arboré comme celui de notre astucieux autoconstructeur. Pour fabriquer la sienne, il a utilisé deux jambes de bois (600 x 25 x 6 cm) et deux traverses coupées dans une troisième panne (1,85 m et 45 cm de long). Un assemblage à mi-bois rigidifie la structure.

« Passe-partout », la chèvre de levage

Un tirfor®, acheté d’occasion, est attaché à un point fixe. De l’autre côté, le câble est accroché au point haut de la chèvre à une tige filetée à haute résistance mécanique (ø 24 mm, classe 10.9). Il permet de bloquer la chèvre en position debout. Un palan à chaîne (du voisin) est fixé également au point haut. À une extrémité, les charges sont accrochées grâce à des élingues (neuves par sécurité). On tire sur l’autre extrémité pour les monter. « Pour éviter la fissuration des pannes autour des points d’accrochage du tirfor® et du palan, chacune d’elles a été renforcée en partie haute avec trois tiges filetées (ø 12 mm, 28 cm de long) qui précontraignent les fibres du bois. […]


Autoconstruire : 2 bâtiments-tests avant la maison finale

bâtiments-tests

En construisant dans le Gers une maisonnette où habiter pendant leurs futurs chantiers, puis un hangar, Jérôme et Valérie ont pu tester divers matériaux et techniques d’écoconstruction. Et ainsi choisir en toute conscience ce que serait leur maison finale.

Thèse, antithèse, synthèse. En partie basse du terrain pentu de Valérie et Jérôme Boisneau, dans le Gers, flotte une maisonnette de 16 m2 en bois et ouate de cellulose sur pilotis. Thèse. Jouxtant ce premier bâtiment érigé et habité par le couple et ses enfants pendant plus de trois ans, un grand hangar partiellement isolé en bottes de paille. Antithèse. La synthèse de ces deux premières expériences se dresse dans leur prolongement. « L’objectif du petit chalet était de vite habiter sur place, mais aussi de nous tester en tant qu’autoconstructeurs et tester des techniques et des matériaux », retrace Valérie.

La démonstration s’achève en 2014 avec l’emménagement dans leur maison bioclimatique qui a su tirer parti des expériences menées sur les deux premiers bâtiments. « C’est plus rassurant de commencer par tout petit, ça va plus vite et les erreurs coûtent moins cher », prône Jérôme. De la ouate de cellulose a été insufflée dans l’ossature bois de la maisonnette; le toit, isolé en rampant avec de la chènevotte de chanvre en vrac. Test validé pour cette dernière, qui isole la maison finale mais simplement déversée au sol des combles perdus. La ouate insufflée a été recalée, « elle nécessite un savoir-faire et sa mise en oeuvre est laborieuse. Il faut découper de nombreux trous dans le mur pour insuffler, les reboucher… Ces ronds se devinent toujours à travers l’enduit, qu’on voulait appliquer directement sur le Pavaplan(1) sans le doubler ».

Porter haut les basses technologies

Autre enseignement : « Pour le chalet, on a misé sur l’isolation seulement. Sans inertie thermique, on avait des surchauffes en été, se souvient Jérôme. Au lieu d’un sol isolé sur pilotis, nous avons préféré coller la nouvelle maison au terrain, uniquement séparés par des matériaux massifs. »

Une partie du sol est revêtu de terre cuite. « En été, ces tomettes absorbent la chaleur et le sol reste agréablement frais. En hiver, elles accumulent le rayonnement devant les vitrages plein sud. » Deux cloisons en briques de terre crue comprimée (BTC) participent aussi à l’inertie du bâtiment, ainsi qu’à la régulation de l’hygrométrie. « Bien que la salle d’eau soit toute petite, on peut enchaîner quatre douches sans aucune buée sur les miroirs », apprécie Valérie.

Adepte des low-tech, le couple ne voulait pas de VMC. […]

 


Reportage autonomie : L’autonomie en ligne de mire

autonomie en ligne de mire

Fervente adepte de l’habitat autonome, la famille Glaziou habite cette maisonnette du Tarn depuis dix ans. Travaux, chauffage, alimentation en eau et en électricité, cuisine, l’objectif de “faire soi-même” les suit partout.

Dix années après sa construction, la maison de Sophie, Christophe et Zack n’a pas pris une ride. Au fil des printemps, elle a poursuivi sa croissance. Déjà habité, le premier module de 20 m2 a vu pousser sur son flanc une excroissance qui accueille la cuisine et salle à manger. Puis une autre pour les deux chambres. En pleine fleur de l’âge, le bâtiment a récemment fait peau neuve ; une carapace en bardeaux de bois habille les façades de la cuisine. Tout cela, né des mains de Christophe Glaziou. « Métalleux » de profession, il n’a jamais suivi de formation dans le bâtiment. Pourtant, l’objectif était clair : construction, chauffage, électricité, cuisine, eau, il voulait pouvoir tout gérer lui-même.

Fière comme une coque en paille

L’autonomie dans le viseur, il se retrousse les manches et opte pour un système constructif « simple et accessible à tout le monde : ossature bois, remplissage de paille en vrac tassée ». En sol, murs et toiture, les « caissons » sont garnis de 15 cm de cet isolant biosourcé cultivé et récolté par un voisin. Une épaisseur modeste en termes de performances thermiques, mais « je me suis appliqué à la mise en oeuvre pour que le matériau soit le plus continu possible, évitant les ponts thermiques, donc l’isolation forme une véritable coque en paille ».

Un espace facile à chauffer avec la cuisinière à bois qui a poussé au milieu de la maison il y a deux ans. Avant, la famille utilisait un classique poêle turbo en acier, « avec tous ses inconvénients : beaucoup de chaleur d’un seul coup, de stratification – très chaud au plafond et froid par terre –, de brassage d’air donc de poussière, grosse consommation de bois, combustion peu performante donc qui pollue, qui fume… Et il fallait l’alimenter quasi en continu ». Cette cuisinière poêle de masse moderne « a changé notre vie : une flambée de 1 ou 1,5 h par jour fait rayonner le poêle pendant 10 à 12 h. On compte 1 h d’inertie thermique pour 100 kg de briques ».

Chaleur : le bois fait sa loi

Fini la stratification : « dernièrement, j’ai mesuré 21,7°C au sol et 21,7°C au plafond. Le chauffage ne se fait plus par convection mais par rayonnement, c’est-à-dire qu’il ne chauffe pas l’air mais les masses. Les ondes infrarouges réchauffent les corps, meubles, murs, qui ensuite te renvoient la chaleur. Ce confort est incomparable, la chaleur est homogène, douce ». Une flambée est allumée en fin d’après-midi. Une fois le feu éteint, des clapets d’obstruction du conduit permettent de garder la chaleur plus longtemps dans le poêle. « Il fait encore bon quand on se lève le matin. » […]


Autoconstruire : Autoconstrution et réemploi

autoconstrution et réemploi

Les matériaux de seconde main en première ligne

La Maison de Célia, qu’elle a en partie autoconstruite, est un bel exemple de construction écologique : sobre en superficie, bien isolée, constituée de matériaux écologiques, de réemploi pour l’essentiel.

Ici on cultive l’art de la dèche ! », plaisante un Ardéchois dans le train jusqu’à Valence. De fait, lorsqu’on sillonne les villages et les routes en lacets autour des monts d’Ardèche, on ne peut s’empêcher de remarquer l’absence de pavillons individuels en parpaing. À la place : des forêts, des rivières, de grandes bâtisses en pierre restaurées, des coopératives agricoles et collectifs d’artistes. Avec les brebis dans le jardin et sa forme simple mais contemporaine, la maisonnette en bois de Célia Auzou s’insère harmonieusement dans cette carte postale. Elle l’a autoconstruite en grande partie, en deux ans et demi, pour 66 000 €. « J’étais architecte en agence à Lyon. Cela faisait longtemps que je pensais à construire une toute petite maison, compacte, économe en matière et en énergie. Cela aurait été une aberration pour moi d’acheter en ville et de m’endetter sur 25 ans ! »

Maison minimaliste mais vue grandiose

En 2016, la jeune femme de 31 ans achète un terrain constructible en haut d’une colline. Il tutoie la forêt et la rivière et se niche juste en-dessous d’un village pittoresque. La parcelle de 2 000 m2 est en pente forte et orientée plein nord.


Avis d’expert : Prêt bancaire et autoconstruction

Prêt bancaire et autoconstruction

Prêt bancaire et autoconstruction, utopique ?

Le prêt bancaire est un sésame difficile à décrocher pour les autoconstructeurs. Tour d’horizon des conditions à réunir et conseils pour mettre toutes les chances d’obtention de son côté.

À peine le verbe « autoconstruire » prononcé que les yeux du banquier s’écarquillent sous un froncement de sourcil. De l’autre côté du bureau, le regard du couple venu présenter fièrement son projet de maison perd soudain sa sérénité. Le costard de la finance entrevoit déjà les fissures aux murs, le cash supplémentaire pour réparer les dégâts d’un chantier solitaire, sans assurance ni garantie, et qui n’en finira peut-être jamais… Demande de prêt rejetée.


Construire : Construction accompagnée

Construction accompagnée

Épauler les artisans pour écraser les prix

Alors qu’ils n’y connaissent rien, Cécile et Ludovic ont participé à la construction de leur maison. Budget serré mais grand projet, le couple a réalisé l’habitat de ses rêves en mettant la main à la pâte.

J’avais très envie de participer à la construction de notre maison et je n’ai pas été déçu ! », s’enthousiasme Ludovic Charriau, éducateur sportif. Sur un terrain de 1 350 m2 à Touvois, petite commune de Loire-Atlantique à la frontière avec la Vendée, Ludovic et sa compagne, Cécile, ont fait construire leur habitation écologique. En dix mois, le couple, aidé par sa famille et ses amis, a mis la main à la pâte et participé à la construction de sa maison. « Cela demande beaucoup de temps et d’investissement, prévient Ludovic. Je m’étais organisé pour avoir des horaires modulables au travail et être disponible la journée pour les travaux. » C’est le maître d’oeuvre, Christophe Benoît, qui leur a proposé cette solution pour que leur projet respecte leur budget maximum de 130 000 €. Il est secrétaire d’Échobat, association oeuvrant pour l’écoconstruction solidaire (lire p. 17). « L’artisan peut venir seul avec sa compétence et son matériel. Les bras qui manquent, ce sont les clients qui les apportent. Aujourd’hui, c’est un modèle », explique Christophe Benoît. Ce dernier, tel un chef d’orchestre, a guidé les artisans comme les propriétaires du début à la fin du chantier.


Autoconstruire : Maison 100% solaire thermique

maison 100% solaire

Construire à 960m d’altitude une maison qui n’émet ni CO2, ni particule fine et qui se chauffe (eau sanitaire comprise) pour 22 € par an. Philippe Heitz, l’un de nos journalistes, l’a fait et vous le raconte.

Pour une fois, cet article, je vais l’écrire à la première personne. Car c’est le retour d’expérience sur ma propre maison que je vais partager ici, en expliquant comment l’on peut atteindre, avec des moyens courants, zéro émission de gaz à effet de serre pour toute la consommation de chaleur d’une maison, un grand niveau de confort (19 à 26°C) et une facture d’énergie réduite à son strict minimum.

Pour concevoir, dessiner et autoconstruire en partie, accompagné par des artisans, cette maison écologique dont je rêvais, je ne partais pas sans expérience. Après avoir été cinq ans vétérinaire rural dans l’Ain, j’ai été 25 ans agriculteur dans la Loire, ce qui m’a permis d’expérimenter l’écoconstruction en bâtissant en 1992 l’un des premiers bâtiments isolés en paille de Rhône-Alpes, une chèvrerie-fromagerie de 1 000 m² en bois cordé et paille. Reconverti journaliste indépendant depuis cinq années pour trois revues techniques, j’ai enrichi mon horizon des possibles…

Convaincu de l’efficacité des solutions constructives écologiques comme de l’urgence climatique, en choisissant de construire la première maison de l’écohameau communal du village de Burdignes (Loire), je décidais de me passer du plaisir d’une flambée pour ne plus émettre de fumée pour l’ensemble de la production de chaleur de ma maison, chauffage et eau chaude sanitaire (ECS). Certes, le bois est une source de chaleur renouvelable, mais sa combustion relargue dans l’atmosphère du carbone, qui mettra 40 ans pour refaire un arbre. Trop tard. Maintenant, le bois doit être au maximum utilisé en construction et ameublement, pour stocker le carbone comme tous les matériaux biosourcés.
Ossature bois, bottes de paille, isolants biosourcés, solaire thermique sont les piliers de mon projet. Et des systèmes de mesure des températures et des consommations électriques permettent d’évaluer les résultats et de les partager.

Le fil rouge négaWatt

La démarche négaWatt a guidé la conception de mon logement.

Sobriété : pour réussir à couvrir les besoins de chauffage avec seulement de la chaleur solaire, il fallait réduire fortement les besoins grâce à une enveloppe très isolée. Le bureau d’études thermiques Heliasol a calculé un besoin d’énergie utile de 23 kWh/m².an pour le chauffage. Le projet n’entre donc pas dans le label PassivHaus (limite à 15 kWh/m².an), mais, vu le résultat final, une dépense d’isolants supplémentaires n’aurait pas été justifiée.


Autoconstruire : Se chauffer pour moins de 40 € par an

maison en bois et paille

Montrer que l’on peut décrocher le label bâtiment basse consommation avec une maison en bois et paille, autoconstruite qui plus est, était l’objectif de Pierre et Anne-Laure. Dans le Maine-et-Loire, ils chauffent leur habitation avec moins de dix sacs de granulés par an !

Armés de leurs visseuse, marteau et truelle, Anne-Laure et Pierre ont visé le label BBC. « Cela nous donnait accès à un prêt à taux zéro et on s’est dit que ça donnerait de la valeur à la maison, confient-ils. C’était un bel objectif en soi, avec l’aspect militant de montrer qu’une maison BBC peut se faire en paille et en autoconstruction. C’était une façon d’aider au développement de ce genre de bâtiments économes. »

Salarié d’une entreprise d’architecture d’intérieur, Pierre Foessel avait suivi une formation en décoration, puis en peinture lors de laquelle il s’était penché sur l’écologie dans le bâtiment. « Je suis tombé sur des sites comme celui de La Maison empoisonnée(2), d’un couple qui a fait construire une maison neuve et s’est rendu compte qu’elle était complètement polluée par des composés chimiques qui les ont vraiment rendus malades. Je me suis dit : tu es peintre, artisan, tu n’as pas le droit de polluer la vie des gens », retrace Pierre, qui a intégré la Scop d’écorénovation Abitabio en 2008, en même temps qu’Anne-Laure en devenait la secrétaire-comptable. Elle entame désormais une formation pour devenir céramiste.

Équipements et étanchéité imposés

Cette labellisation imposait un cahier des charges qui a apporté « des contraintes pour l’achat des équipements. Il fallait un poêle étanche à l’air, que l’appareil de VMC soit certifié. On n’avait pas prévu de chauffage dans la salle d’eau, mais on a été obligé de mettre un radiateur, paradoxe pour un label qui vise à minimiser les consommations », pointe le couple, qui s’est fait accompagner par un maître d’oeuvre pour atteindre les objectifs d’étanchéité à l’air du label, validés par le test final réalisé par l’organisme certificateur Promotelec.

Avant les travaux, « on a créé une maquette en ossature bois avec une menuiserie et des bottes de paille, un enduit terre sur une partie. Puis, avec une membrane et un ventilateur, on a regardé comment tout ça se comportait en termes d’étanchéité, afin d’identifier les points faibles à gérer, raconte Pierre. Chaque ouverture dans la paroi crée des faiblesses. D’un côté de la fenêtre, on a mis un adhésif d’étanchéité avec une trame ; de l’autre, sans trame avec l’enduit terre qui vient mourir sur la menuiserie. Aux