Extérieur : Piscine naturelle, l’entretenir au rythme des saisons

-N°129, La Maison écologique, Piscine naturelle

L’absence de produits chimiques induit-elle forcément plus d’huile de coude ? L’entretien facilité de la piscine naturelle semble prouver l’inverse. À condition de respecter son cycle biologique.

« Ce qui est déterminant pour avoir une piscine naturelle qui fonctionne bien, c’est d’abord de bien la concevoir. Le reste, en termes de gestion et d’entretien, se résume à pas grand-chose », témoigne Stéphan Hillairet, qui a autoconstruit la sienne il y a une dizaine d’années dans les Alpes-de-Haute-Provence. La piscine naturelle a de quoi déstabiliser. Habitué à tout contrôler, et à un environnement aseptisé, on se souvient rarement que la nature n’a parfois pas besoin d’intervention humaine. Libérés des traitements chimiques de type chlore, ses bassins conservent la pureté de leur espace baignade en recréant un écosystème quasi autonome. 

Son fonctionnement repose notamment sur un bassin de filtration où poussent des plantes aquatiques épuratives qui régulent les éléments minéraux et organiques naturellement présents dans l’eau. Des couches de gravier spécifiques de différentes granulométries offrent ensuite un habitat aux microorganismes qui ingèrent la matière organique. À côté du bassin de baignade, une autre zone est constituée de plantes macrophytes d’oxygénation dont les racines épurent l’eau de baignade en puisant ce dont elles ont besoin ou en hébergeant une faune qui régulent aussi l’équilibre de l’eau.

La gestion du vivant peut faire peur à ceux qui ne se sentent pas la main verte. Pour autant, pas besoin d’être jardinier pour entretenir une piscine naturelle. L’entretien de la zone de filtration ne demande aucun savoir-faire particulier. « Les premières années, il faut retirer les herbes indésirables pour ne pas se laisser envahir par d’autres plantes. Par la suite, il n’y aura presque plus de place dans le bassin de filtration, donc plus besoin de désherber », explique Mary Burbaud, assistante de direction chez Couleur nature 3E (83), constructeur de piscines naturelles et paysagiste.


Dossier : Maisons en A

MAISONS EN A-N°129, La Maison écologique, À La Semblada, les communs

Construire un bâtiment en forme de triangle ne date pas d’hier. Ce style architectural, consistant à poser un toit sans mur sur un plancher, emprunte à des fermes japonaises traditionnelles, des habitats maoris ou de vieux bâtiments de zones de montagne. Facile à mettre en œuvre, cette architecture ancestrale facilitait le glissement de la neige ou permettait le stockage de produits agricoles. Le développement des « maisons en A » – en référence à l’élément de charpente générique que l’on aligne pour ériger des maisons plus ou moins longues – doit cependant à plusieurs architectes américains, de la cabane de Rudolph Schindler (1934) au Reese A-Frame d’Andrew Geller (1957). Reprise par l’industrie du bois qui en proposa des versions en kit, bon marché et faciles à construire, la maison en A (type « A-frame » en anglais) a séduit les classes moyennes qui en ont fait un symbole de la vie au plein air.

Délaissée dans les années 1970, la maison en A jouit aujourd’hui d’un regain d’intérêt. La petite maison canadienne, plantée seule sous les arbres ou au bord d’un lac, alimente ici et outre-Atlantique les rêves d’un habitat simple et proche de la nature. En Europe, notamment en France, à l’instar de la tiny house, une offre de kits de maisons en A émerge, mais comporte rarement des matériaux biosourcés. Dans le même temps, des communautés d’échange de pratiques d’autoconstruction de ce type de maison se déploient. En témoigne le succès rencontré par le film La Maison en A réalisé par Morgane Launay, récit de l’autoconstruction en Dordogne de la maison d’Élisabeth Faure. 

Cette femme enthousiaste et pragmatique, âgée de 65 ans à l’époque, est parvenue à autoconstruire son habitation de 180 m² pour seulement 40 000 €. Et a donné des idées à de nombreux porteurs de projet. Son téléphone ne cessant de sonner, une série de tutoriels en ligne, un site Internet et une carte interactive localisant les projets et les chantiers terminés ont vu le jour.


Autoconstruire : Une famille dans deux tiny houses

tiny houses se nichent sous la verdure AUTOCONSTRUIRE La Maison écologique 128

En plein cœur de l’Hérault, les deux tiny houses se nichent sous la verdure, à l’ombre des arbres. Posées sur une grande terrasse surélevée, se faisant face, les habitations de bois dégagent une grande poésie. C’est ce lieu qui a vu Clara et Corentin Malaud changer de mode de vie. « Je voulais arrêter d’acheter des fruits et légumes bio tout en vivant dans une grande maison avec de grosses voitures et de gros boulots », assume cette convaincue. À l’époque, elle est architecte et lui, informaticien. En 2016, la découverte du documentaire En Quête de sens, de Marc de la Ménardière et Nathanaël Coste, qui traite de l’idée de « faire sa part » et de la sobriété heureuse, ainsi que le déménagement d’une amie vivant en tiny house sont des détonateurs. La même année, Clara dépose un dossier pour un congé individuel de formation avec l’objectif de se lancer dans la construction de sa propre tiny avant d’en faire son métier. L’année suivante, elle se lance dans un BTS Structure construction bois et habitation, tandis que son compagnon passe un CAP Construction maison à ossature bois. En février 2018, tous deux lancent leur chantier d’autoconstruction, qui s’achève en 2019.

Pendant les travaux, la petite famille loue un appartement. « Au début, nous dessinions une tiny pour quatre. C’était beaucoup de contraintes dans 13 m2 et nous tombions dans tous les clichés, notamment celui de n’avoir de la place que pour le strict nécessaire. Or, nous voulions que ce changement de vie soit joyeux. Dans notre famille, il y a les lève-tôt et les lève-tard. Dans un même espace, cela ne pouvait pas fonctionner. Nous avons alors pensé à créer une tiny bruyante et une tiny silencieuse. Une tiny parents, une tiny enfants pour nos garçons qui ont aujourd’hui 12 et 8 ans. En nous disant aussi que nous pourrions en revendre une en cas de déménagement. C’est plus modulable », développent Clara et Corentin. En outre, avec deux tiny, chacun pouvait aussi expérimenter ses idées.

Étape par étape

Première étape : fixer la maison de façon amovible sur sa remorque (lire encadré p. 19). Pour cela, il leur faut construire une ossature bois qui accueillera le plancher. Un cadre en bois est réalisé avec des sections de douglas 45 x 120 mm et fait le tour du plateau de la remorque. À l’intérieur, des chevrons en bois sont fixés tous les 50 cm.

Une fois constituée, cette ossature est retournée sur l’envers pour faciliter la pose d’un pare-pluie (agrafé). Une tôle ajourée est ensuite vissée par-dessus ce dernier pour le protéger. L’ossature est remise à l’endroit et fixée sur la remorque. Pour éviter tout phénomène de corrosion, le couple place des lattes de bois de 2 cm d’épaisseur entre la tôle et la structure de la remorque.

Pour isoler le plancher, les autoconstructeurs posent du Métisse, l’isolant en textile recyclé du Relais, entre les chevrons, agrafent un frein-vapeur et posent un parquet en pin de récupération. « Une fois le plancher installé, nous avons monté une ossature bois classique pour réaliser le squelette de chaque tiny : une lisse basse et une lisse haute horizontales et des montants verticaux de 55 x 95 mm tous les 60 cm, détaille Clara. Nous avons ensuite préparé les quatre façades, au sol, avant de procéder à la levée des murs et de voir chaque maison prendre forme en volume. Les façades sont solidarisées avec le plancher des mezzanines et la toiture. »

Pour le bardage, les autoconstructeurs optent pour du bois de red 


Rénover : Une autorénovation qui divise la facture de chauffage par 4

autorénovation RENOVER La Maison écologique 128

Mathilde et Adrien souhaitaient vivre dans une maison de ville, avoir deux chambres, un jardin, aller travailler en vélo ou en transport en commun. En 2017, le couple trouve une maisonnette typique de la région lilloise en brique rouge des années 1950, avec une véranda donnant sur le jardin. « Quand on a emménagé, ça ressemblait plutôt à un squat… On s’est dit qu’on allait rénover la maison au fur et à mesure en fonction de notre budget, tout en suivant un schéma cohérent de rénovation pour être performant à la fin », se souviennent-ils.

L’autorénovation : c’est plus intéressant financièrement

Autre souhait : rénover par eux-mêmes. « Plus intéressant financièrement », ont-ils d’abord jugé. En tant que conseiller dans un point Info-Énergie, Adrien ne voulait pas non plus acheter un logement dont il n’aurait pas suivi la rénovation : « Je préfère avoir quelque chose de brut. Dans mon boulot, nous passons souvent avec une caméra thermique dans les habitations l’hiver pour identifier les zones de déperditions d’énergie. Sur des constructions neuves ou des rénovations, nous repérons parfois un mur qui n’a pas été isolé. » Adrien voit aussi les conditions dans lesquelles certains artisans travaillent : « Une entreprise doit être rentable et n’a pas toujours le temps de mettre en place le détail qui permettra une excellente étanchéité à l’air. » Le couple décide donc d’autorénover en privilégiant des écomatériaux de qualité.

Leur priorité est d’isoler l’ensemble des surfaces, installer une bonne ventilation et, en dernier ressort, choisir le système de chauffage adapté. Du sol à la toiture et aux murs, de l’électricité au chauffage en passant par la plomberie, la ventilation, les nouvelles fenêtres et la gestion de la véranda existante, le chantier est vaste. Déjà bien informé grâce aux formations données au sein de son milieu professionnel par l’Ademe, Adrien peaufine son projet en profitant du savoir-faire de ses collègues. Il dévore également le livre L’Isolation thermique écologique de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, consulte le site ubakus.com
qui aide à planifier les bons isolants et identifier les risques de condensation dans les parois.

Conserver la perspirance des briques

Premier chantier pour le couple : isoler les murs par l’intérieur afin de conserver le cachet extérieur de leur maison en brique. Adrien précise : « Ça me permettait aussi de le faire moi-même. Isoler par l’extérieur était plus compliqué, plus cher : ça signifiait refaire l’étanchéité extérieure, les jonctions avec la façade des voisins ainsi que le contour des fenêtres. » Le couple pose de la laine de bois pour isoler tout en maintenant la perspirance de la brique*.


Habitat groupé : Éloge de l’autoconstruction collective

autoconstruction collective

À Saint-Médard-sur-Ille, en Bretagne, huit maisons partiellement autoconstruites ont permis à des foyers de devenir propriétaires, tout en découvrant l’écoconstruction et la richesse de la vie collective.

L’autoconstruction collective, un vrai pari

Faire accéder à la propriété d’une maison écologique et performante de 85 m2 pour 140 000 €, moyennant une participation aux travaux. C’est le pari que s’étaient lancé la mairie de Saint-Médard-sur-Ille, à 25 km au nord de Rennes, le bailleur social Néotoa et l’association Compagnons bâtisseurs. « On avait déjà procédé à un projet similaire à Langouët [situé dans la même communauté de communes, ndlr], mais seulement sur les annexes et les clôtures, relate Véronique Cornillet, architecte. Pour des maisons, c’était vraiment une première. » « Concevoir des plans qui respectent l’enveloppe budgétaire et qui soient réalisables en partie par des non-professionnels, c’était une vraie difficulté, avance Mickaël Laurent, chargé de développement chez Bruded, un réseau d’échanges d’expériences de développement durable entre collectivités, qui a observé avec grand intérêt ce projet. Il fallait en plus qu’elles soient conformes à la réglementation thermique tout en étant écologiquement performantes. » 

Sorties de terre en décembre 2017 et inaugurées en septembre 2018, les huit maisons ont tenu leurs promesses thermiques : il y fait bon en toute saison. « On a même enlevé les convecteurs prévus pour les chambres, relate élodie, qui habite l’un des logements avec son mari et leurs trois enfants. Le chauffage bois suffit. » Les habitants goûtent particulièrement ce confort alors que les coûts de l’énergie s’envolent, de même que le nombre de personnes en situation de précarité énergétique.

Huit ménages sur un chantier

« Il y a huit maisons à ossature bois, isolées en laine de bois et chauffées par des poêles à granulés, détaille Mickaël Laurent. Les maisons ont été vendues en Vente en état futur d’achèvement (Vefa) par Néotoa qui avait auparavant acheté les terrains à la mairie. Les habitants se sont occupés essentiellement du second-œuvre : isolation, pose de cloisons sèches, carrelage, peinture… » Le mélange des genres, à savoir des maisons commandées mais partiellement autoconstruites, n’a pas été aisé à saisir pour les habitants. « Les gens avaient deux casquettes : face à nous ils étaient acquéreurs, mais sur le chantier ils étaient artisans. Cela a généré des confusions, détaille Véronique Cornillet. Il était question que les gens mettent la main à la pâte côté travaux, mais c’est tout. Les maisons étaient déjà dessinées, on ne pouvait plus en modifier la conception. » Élodie résume : « C’est vrai que quand on montait les cloisons, on se disait qu’on aurait bien ajouté un placard ou deux, mais ce n’était pas dans les plans. On n’a pas la même vision en tant que futur habitant par rapport à une architecte qui répond à
une commande. »


Ecoconstruire : Une maison paille dans la pente

maison paille

Au cœur du quartier de Pommeil, à Guéret (23), la maison paille de Delphine et Benoît German se fond littéralement dans le paysage. De la route, son toit végétalisé émerge comme un premier plan sur la ligne d’horizon.

Le couple a décidé de poser ses valises sur un terrain fortement en pente en 2017. D’abord pour répondre au projet d’agrandissement familial, mais aussi par désir d’un habitat écologique. « On habitait une maison des années 1950 dans le quartier de Pommeil auquel nous sommes très attachés. Il n’était pas question de faire construire ailleurs. L’idée était aussi de ne pas favoriser l’étalement urbain et de s’insérer dans la vie du quartier », raconte Delphine, 41 ans, fonctionnaire territoriale.

À quelques encablures de chez eux, une parcelle d’environ 1 000 m2, orientée sud-ouest, profitait d’une belle vue sur les toits de Guéret et sur l’arrondi des collines et des puys. « Ce terrain dont la pente est d’environ 20 % (dénivelé de 7 m entre le haut et le bas) était cultivé en potager par un voisin. Je passais à pied devant tous les jours. J’ai contacté le service du cadastre pour connaître le nom du propriétaire, à qui nous avons fait une proposition d’achat », se souvient-elle.

Une maison paille en paliers

Le projet : une maison sobre, en ossature bois isolée en paille et modulable pour l’arrivée du petit troisième, Elzear, qui naîtra quelques jours après l’emménagement en août 2017. « On a cherché des architectes locaux avec la certification pro-paille du Réseau français de la construction paille (RFCP) et le courant est bien passé avec le duo creusois Pierre Barnérias et Charlotte Cornevin », poursuit Delphine. De son côté, Benoît, 43 ans, pense réaliser quelques-uns des travaux tout en poursuivant son travail d’éducateur sportif.

Compte-tenu des pentes du terrain, le projet de construction oscillait entre deux possibilités : construire une maison de plain-pied montée sur pilotis ou bien construire une maison en paliers avec une partie basse en rez-de-jardin et un plateau en partie haute.


Alternatives : Il a sauvé sa cabane dans les bois

cabane dans les bois

Une utopie et deux ans de démêlés judiciaires. En 2021, Yannick a obtenu la garantie que sa maison perchée ne sera pas détruite. Un combat peu ordinaire.

Après avoir sillonné un chemin forestier, crapahuté entre les chênes verts des Alpes-de-Haute-Provence, voici qu’apparaît la cabane de Yannick. Suspendue entre ciel et terre, presque cachée, elle s’accroche à un majestueux pin d’Alep. « Le Roi » comme l’appelle Yannick. Une passerelle de bois clair invite à venir toquer à la porte. Quand elle s’ouvre, Yannick, 43 ans, d’humeur joviale, présente le cocon dans lequel il vit depuis 5 ans et qu’il a failli perdre en 2019, quand une décision de justice lui a intimé de la démonter. Avec sa petite trentaine de m2 couverts, isolés et douillets, sa maison est loin de la simple branche habitée par l’ermite du Combat ordinaire* de Manu Larcenet.

Une architecture ouverte : une cabane dans les bois

Vivre en cabane, il l’a choisi pour des raisons économiques, en mettant en balance le coût de l’habitat et son confort de vie. Et il insiste : ce n’est pas un engagement écologique qui l’a en premier lieu décidé à adopter ce mode de vie mais plutôt un désir de sobriété et l’envie de créer des astuces qui lui permettent de vivre bien dans un « confort moderne » réduit au minimum. Sa maison a d’ailleurs pris forme au fur et à mesure du chantier. En créant une mezzanine pour son couchage, plutôt qu’un étage, il a par exemple gagné une pièce de vie « plus conviviale » et très ouverte en hauteur grâce au faîtage qu’il a établi à 4,60 m.

Avec sa grande baie vitrée, qui donne accès à la terrasse, la pièce s’ouvre sur la forêt, présente à perte de vue, et sur les sommets montagneux. Une nature et un horizon qui manquaient à la vie de Yannick.

Du rêve à la réalité, l’avant-projet

Après des études de commerce, puis d’assistant social, Yannick a enchaîné plusieurs boulots sans y trouver son compte. L’argent était rarement au rendez-vous. La chaleur humaine non plus. Les compromis ne lui conviennent pas, jusqu’à sa rencontre avec une petite équipe de charpentiers ayant créé une Société coopérative de production (Scop) dans la construction bois. Il participe alors à la création de cabanes pour un projet touristique dans les Hautes-Alpes. Une révélation. Cet habitat lui apparaît simple, peu coûteux et connecté à la nature. Il lui évite « l’harnachement au travail » et « les menottes » du crédit bancaire tout en étant bien logé.


Rénover : Un coeur de pierre couvert d’un manteau de paille

rénover une bâtisse en pierre

À Saint-Appolinaire, dans le Rhône, Clément et Emmanuelle ont fait le choix de rénover une bâtisse en pierre partiellement en ruines. En visant une simplicité d’exécution et une faible énergie grise tout en respectant les irrégularités de l’existant, ils ont dû faire preuve d’inventivité.

Le vitrail multicolore réalisé par Emmanuelle et niché entre le mur en pierre du salon et la salle de bain illustre la faculté de Clément et Emmanuelle à réutiliser la matière cassée, usée, délabrée pour ériger du « Beau ». Cette dernière décrit : « Il ne s’agit que de verres de récupération que j’ai taillés, teintés et assemblés avec du silicone liquide entre deux plaques. » Clément ajoute : « On a récupéré des liteaux en chêne pour faire le cadre. » L’arbre de vie qui en constitue le motif chatoie de cyan, de feu et de doré, « en référence à Klimt », un peintre autrichien. Il est vif, irrégulier mais harmonieux, et orne le cœur d’une création plus grande encore : leur maison, autorénovée sur la base d’un bâtiment de pierres, elles aussi cassées, usées ou délabrées.

Auto-rénover une bâtisse en pierre d’un manteau de paille

« Avant notre arrivée en 2016, le lieu était abandonné depuis cinquante ans. Il ne restait que quatre murs en pierre, un toit pourri, cinquante chats et l’odeur qui va avec ! », ironisent-ils. D’après leurs fouilles quasi archéologiques, le bâtiment aurait été « une ferme, puis une maison d’habitation, puis un atelier avec un métier à tisser ». Le terrain de 2 000 m2 était « si arboré qu’on ne le voyait pas de la route en contrebas. De la végétation avait même poussé dans l’éboulis d’un mur ». Mais le charme des vieilles pierres a eu raison de leur première impression. La capacité inertielle(1) des roches et le potentiel bioclimatique du bâti orienté sud, face à l’horizon dentelé du Beaujolais Vert, aussi. Ils se lancent donc dans une autorénovation avec, comme étendard, simplicité d’exécution, faible énergie grise et respect de l’existant.

D’abord, ils divisent le bâtiment d’environ 100 m² au sol en deux parties. Du pignon sud jusqu’au premier mur de refend, ils dessinent la maison à rénover et à augmenter d’une extension largement vitrée. La surface habitable est portée à 170 m² avec un étage, pour loger les cinq membres de la famille. La partie au nord restera un garage et un espace tampon entre les températures extérieure et intérieure. 


Travaux : Mur bois-paille dans les règles de l’art

Mur en botte paille

Pour Autoconstruire en bottes de paille, les recettes ne manquent pas, mais la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. pas à pas sur les bonnes pratiques avec un formateur Pro-Paille.

Sur la table de chevet des autoconstructeurs paille trônent souvent les Règles professionnelles de la construction en paille, rédigées par le Réseau français de la construction paille (RFCP). En pratique, le réseau propose également des formations Pro-Paille, destinées aux professionnels ou amateurs dotés de bases solides en construction. Pendant une semaine, les gestes et notions essentielles pour la qualité de la mise en œuvre et la pérennité d’une construction en paille sont passés en revue. Emmanuel Deragne, formateur Pro-Paille et accompagnateur à l’autoconstruction de maisons ossature bois (MOB) et paille, précise : « Les règles de la construction en paille ne proposent pas un modèle défini de mur, mais plutôt un ensemble de pratiques vertueuses qui ont fait leurs preuves, au niveau de la conception
et de l’exécution. » 

Au rayon des vigilances incontournables : conception de l’ossature bois, contrôle et maîtrise de l’humidité en amont, pendant et après le chantier, mise en œuvre de la paille, traitement de l’étanchéité à l’air, gestion des points caractéristiques (menuiserie, étage, etc.), application des enduits intérieurs en terre. Selon ces règles, Emmanuel Deragne propose une méthode financièrement et techniquement adaptée à l’autoconstruction, inspirée de la technique ossature bois plate-forme pour la structure. L’approvisionnement en matériaux locaux est facile et le montage, à la portée de tous. Pour atteindre rapidement le hors-d’eau et traiter l’isolation en paille à l’abri des intempéries, il préconise un bardage extérieur, au lieu d’un enduit.