Techniques et matériaux : Comment faire les bons choix ?



Les options de matériaux et de techniques constructives sont innombrables, chacune avec ses avantages et inconvénients.

Pour déterminer leur propre recette, les autoconstructeurs doivent mélanger moult critères pour trouver les solutions qui leur conviennent le mieux.

Choisir parmi d’infinies options comment bâtir votre maison relève d’une équation à de multiples inconnues. « LA bonne technique n’existe pas. Il faut trouver la plus adaptée aux futurs habitants, souligne Dirk Kober, coach pour autoconstructeurs. S’ils veulent le plus écolo possible, on s’oriente vers la paille. Puis, je mets les pieds sur le frein : quel temps disposez-vous pour participer aux travaux ? Une maison paille requiert beaucoup de main d’œuvre, ce qui peut faire bifurquer vers une maison ossature bois avec isolation biosourcée plus classique. » Les matériaux bruts semblent à Raphaël Soulier « les plus adaptés à l’autoconstruction. La paille et la terre sont peu coûteux. Le bois est un peu plus technique », estime ce charpentier accompagnateur.

Venant de l’univers du spectacle, Lola se souvient qu’on s’y réfère à « un triangle dont chaque pointe est associée aux mots beau, rapide et pas cher. Tu ne peux avoir que deux de ces trois éléments. Beau et rapide, ce sera cher. Pas cher et rapide, ce ne sera pas beau. Il faut des compromis. C’est pareil pour les maisons ! ». Le sol de tout son logement est isolé en copeaux de bois. « On est allé les chercher gratuitement dans une menuiserie, mais il a fallu 15 allers-retours. »

Le matériel peut aussi faire partie du choix

C’est ce que pointe l’accompagnateur Jean-Pascal Despaux. « Des techniques se contentent d’outils électroportatifs [voire manuels, ndlr], d’autres requièrent des engins de levage. » Les conditions d’accès au terrain entrent alors en jeu, comme pour les camions de livraison. La part d’accompagnement entre aussi en ligne de compte : ;« Le client comprend vite comment faire du terre-paille et peut ensuite rester en autonomie, remarque Christophe Benoit.; Le pro doit être plus présent dans la durée pour une maison en béton cellulaire, qui demande une planéité parfaite. ». Vos choix dépendent donc aussi de vos savoir-faire, ou de ceux que vous êtes prêts à acquérir. « Des autoconstructeurs partent sur une technique, puis ne trouvent pas l’artisan qui la maîtrise, constate Raphaël Soulier. Mieux vaut trouver l’artisan avant pour y réfléchir ensemble. »

De même, rien ne sert de choisir le matériau parfait s’il n’est pas disponible près de chez vous ! Si votre terrain est pierreux, pensez-y pour soubassements et fondations. En Provence, pourquoi ne pas isoler en paille de lavande ? Une carrière, un fabricant de peinture; une briqueterie à proximité réduiront l’énergie grise de votre maison. ; « Le pin des Landes est dans toutes les scieries landaises et on a un fabricant de panneaux de fibre de bois à côté », note Jean-Pascal Despaux, en Gironde.

Si vous partez avec l’idée d’organiser des chantiers participatifs, les choix techniques s’en ressentiront : plusieurs personnes peuvent-elles intervenir en même temps, combien d’outils le procédé requiert-il, les tâches peuvent-elles être scindées en étapes simples ?


Sécurité : Les clés d’un chantier sans dangers



Sur un chantier, les risques sont nombreux. Et l’autoconstruction ne déroge pas à la règle.

Prévention, bons équipements, consignes de sécurité, bonnes postures et organisation sont les clés pour assurer la sécurité de tous·tes.

C’est une expérience dont Olivier Carpentier se souviendra longtemps. Lui qui pensait avoir tout prévu en termes de sécurité sur le chantier d’autoconstruction de sa maison, en Ille-et-Vilaine, a vu son doigt arraché par la bétonnière de seconde main qu’il s’était procurée. ;« Il manquait le clapet de protection sur l’engrenage. Je faisais très attention quand elle était en marche. Mais, en la nettoyant alors qu’elle était éteinte, je l’ai fait tourner manuellement, mes gants ont glissé et ma main a été prise au piège. Sans gants, j’aurais sûrement perdu ma main », raconte-t-il.; « Ces choses arrivent malheureusement, surtout avec du matériel d’occasion », prévient Roselyne Laurent, l’architecte qui a dessiné les plans de la maison d’Olivier.

Préparer l’accessibilité

Sur un chantier, le risque zéro n’existe pas. Il est d’autant plus important chez les autoconstructeurs, dont ce n’est pas le métier. Du fait de leur légèreté, tronçonneuses et disqueuses, notamment les petites, sont souvent tenues à une main et sans bons appuis, augmentant le risque de se couper. Les scies circulaires et leur possible retour de lame sont aussi particulièrement dangereuses. 

Christelle Dupont, encadrante de chantiers participatifs terre-paille en Bretagne et en Pays-de-la-Loire et cofondatrice de l’association Botmobil, mise sur la prévention. Avant le chantier, l’artisane fournit aux porteurs de projet une liste détaillée du matériel (dont l’essentiel extincteur) et des outils nécessaires, ainsi qu’une pharmacie à prévoir pour les premiers soins (voir encadré p. 66). « Nous envoyons aussi un document résumant les consignes de sécurité sur un chantier; les usages appropriés d’éléments tels qu’escabeaux, échelles, outils électroportatifs. Avec les autoconstructeurs, nous préparons l’accessibilité du chantier avant l’arrivée des bénévoles pour qu’il se déroule dans de bonnes conditions. Si le terrain est cabossé, on l’aplanit. Si la maison est construite sur pieux, ou pas au même niveau que le sol extérieur, on fabrique une rampe en bois solide et stable. Cela évite d’avoir à enjamber une structure ou de marcher sur deux parpaings empilés », indique-t-elle.


Autoconstruction : un an de travaux à budget riquiqui

Autoconstruction petit budget

Deux ans de conception pour seulement un an de travaux en autoconstruction, menés par ces deux aides-soignants du Maine-et-Loire en respectant leur budget ultra-serré. Une prouesse relevée sans pression et avec passion.

Article paru dans la rubrique Autoconstruire de notre magazine n°119 (octobre-novembre 2020) et offert avec grand plaisir aux internautes d’un jour ou de toujours visiteurs curieux de notre site Internet.

Texte et photos Gwendal Le Ménahèze (sauf mention contraire)

Autoconstruction rime souvent avec tensions, exténuation, séparation. Mais pas dans le dictionnaire de Lydie et Jean-Charles Noguès. Les pièges ne manquaient pourtant pas pour ce couple d’aides-soignants qui a mené son chantier en autoconstruction quasi totale sur un an seulement, tout en gardant leurs emplois à plein temps et en élevant leurs trois premiers enfants. Sans aucun retard, ni dépassement d’un budget très serré, leur projet a plutôt rimé avec parfaite sérénité. Un exploit qui ne doit rien au hasard… Lire la suite


Territoire : Autoconstruire ses outils de production d’énergie



Niché dans une ferme de la Loire qui accueille des activités agricoles et culturelles, l’Atelier du Zéphyr propose des stages pour autoconstruire ses outils de production d’énergie renouvelable.

Accros aux stages d’autoconstruction, Aurélie et Clément ont créé l’Atelier du Zéphyr, en 2018, pour partager leur savoir-faire et le transmettre. Cuiseur solaire parabolique, cuiseur rocket aux allures de petit chaudron, éolienne Piggott à adapter en fonction de ses besoins en électricité ; l’association propose des formations, encadrées par quatre salariés, afin de construire des outils pour se chauffer, cuisiner ou produire son électricité. « On fait la promotion de l’autoconstruction et des énergies renouvelables. On ne vend pas un produit. L’idée est de pouvoir faire un cuiseur solaire ou une éolienne et d’être ensuite assez autonome pour la réparer soi-même, souligne Aurélie. Pendant les stages, on en profite pour donner envie aux gens d’utiliser une autre énergie pour se nourrir. Cette semaine, par exemple, le stage porte sur le Poelito [un petit poêle semi-démontable pour chauffer et/ou cuisiner, ndlr] et comme il fait beau, le cuiseur solaire parabolique et le cuiseur à bois servent pour préparer à manger. » En 2021, 90 stagiaires sont passés par l’Atelier et certains reviennent même construire un cuiseur ou un poêle utilisés pendant leur séjour à la ferme.

Transmission et accessibilité

Outre la sensibilisation par l’usage, l’Atelier du Zéphyr partage en open source tous les manuels de fabrication dont il dispose, notamment via son site Internet. « Nous n’avons quasiment rien inventé, il y a déjà de très chouettes outils qui existent. Il arrive souvent qu’on reprenne des idées déjà réalisées par certains qui n’ont pas eu le temps de faire de la documentation. Alors, nous faisons les plans pour les partager », explique Aurélie. Inspiration, coups de mains, regroupement des forces, l’Atelier du Zéphyr fait partie d’un riche réseau d’acteurs de la low tech et de l’autoconstruction : Tripalium pour les éoliennes, Feufollet pour les cuiseurs à bois, le Low-Tech Lab, Oxalis, Alter’Eco 30, etc.

Si la maîtrise de l’énergie peut paraître technique, l’association a plus d’un tour dans son sac pour la rendre accessible. « Sur notre site, on fait des articles pour vulgariser. Par exemple, on en a fait un sur le feu de bois pour expliquer ce qu’est une combustion propre avec des mots simples. » Et pour les novices en bricolage, des initiations mensuelles de 2 à 3 h reprennent les bases de la soudure à l’arc, de la brasure ou encore de l’électricité. Elles ont lieu à Lyon, dans un atelier de la friche Lamartine* et s’adressent à un large public, au-delà des autoconstructeurs stagiaires.


Autoconstruire : Résiliente et autonome, c’est tout naturel



Dans les Vosges, Louise et Mathieu ont autoconstruit une surprenante maison ronde. Ils concrétisent dans cet écrin naturel fait de terre, de bois et de paille leur désir d’autonomie en eau, chauffage et électricité.

La maison autoconstruite par Louise McKeever et Mathieu Munsch dévoile ses contours arrondis au détour d’un virage, une fois passé le centre du hameau de La Grande-Fosse (88), au cœur du parc naturel des Ballons des Vosges. Dans ce village, situé à 70 km de Strasbourg, ces trentenaires ont concrétisé un ambitieux projet. Leur habitat de terre, de bois et de paille perché à 630 m d’altitude n’est pas raccordé au réseau EDF, pas plus qu’aux réseaux d’eau potable et d’assainissement.

Cette autonomie, les deux ex-militants pour le climat n’envisageaient pas de la conjuguer avec « isolement ». Ici, ils sont bien tombés, comme le laissent deviner les panneaux solaires sur la toiture de l’église. Leur écohabitat a poussé sur 4 000 m2 de terrain dans un bourg résolument engagé dans la transition écologique.

Louise, 29 ans, est Irlandaise. Mathieu, 33 ans, est d’origine alsacienne. Leur parti pris de construire une maison ronde résulte de critères fonctionnels et esthétiques. « Les formes rondes diminuent la prise au vent, ce qui limite les déperditions thermiques. De plus, dans une petite maison, les arrondis augmentent l’impression d’espace », argumente Louise. Le désir d’avoir une maison naturelle en puisant les ressources alentours pour la construire a fait le reste.

Charpente en bois ronds

Le couple a puisé dans un rayon de 50 km la majorité des matériaux nécessaires à son projet conçu dans l’esprit d’une tiny house. Il a donc été décidé d’adapter l’habitation au climat et aux ressources disponibles, notamment forestières. De rares concessions ont été faites, à l’instar de déchets recyclés employés dans les fondations : agrégats de démolition et verre expansé issu du recyclage de pare-brises (Misapor).

Le pin douglas utilisé a poussé dans une forêt voisine de 30 km, à Urmatt (67). Cette essence a été mise en œuvre directement sur le chantier sous forme de bois ronds pour la structure et la charpente, sans passer par la case scierie. Mathieu et Louise ont retiré l’écorce et l’aubier des grumes livrées sur leur terrain et appliqué, comme unique traitement, de la cire d’abeille pour protéger les sections de bois coupé laissées à l’air libre. « Les bois ronds résistent mieux aux contraintes de flexion, car leurs fibres sont préservées par l’absence de sciage. En revanche, nous n’avions aucune garantie technique », explique le jeune Vosgien. 

Support d’une magnifique toiture-prairie (lire p. 19), huit poteaux – quatre à l’avant de la maison, quatre à l’arrière – accueillent deux poutres horizontales sur lesquelles reposent 17 sections rondes. Cette structure porteuse a été assemblée lors du premier été de travaux, en 2019, ménageant un abri bienvenu pour la paille. Les bottes en provenance d’Obernai (67), à moins de 50 km, ont été posées à chant l’été suivant (ép. 45 cm). Heureusement, Louise et Mathieu n’étaient pas seuls. Au total, 72 volontaires se sont succédés lors des deux ans de travaux dans le cadre de chantiers participatifs.


Extérieur : Piscine naturelle, l’entretenir au rythme des saisons

-N°129, La Maison écologique, Piscine naturelle

L’absence de produits chimiques induit-elle forcément plus d’huile de coude ? L’entretien facilité de la piscine naturelle semble prouver l’inverse. À condition de respecter son cycle biologique.

« Ce qui est déterminant pour avoir une piscine naturelle qui fonctionne bien, c’est d’abord de bien la concevoir. Le reste, en termes de gestion et d’entretien, se résume à pas grand-chose », témoigne Stéphan Hillairet, qui a autoconstruit la sienne il y a une dizaine d’années dans les Alpes-de-Haute-Provence. La piscine naturelle a de quoi déstabiliser. Habitué à tout contrôler, et à un environnement aseptisé, on se souvient rarement que la nature n’a parfois pas besoin d’intervention humaine. Libérés des traitements chimiques de type chlore, ses bassins conservent la pureté de leur espace baignade en recréant un écosystème quasi autonome. 

Son fonctionnement repose notamment sur un bassin de filtration où poussent des plantes aquatiques épuratives qui régulent les éléments minéraux et organiques naturellement présents dans l’eau. Des couches de gravier spécifiques de différentes granulométries offrent ensuite un habitat aux microorganismes qui ingèrent la matière organique. À côté du bassin de baignade, une autre zone est constituée de plantes macrophytes d’oxygénation dont les racines épurent l’eau de baignade en puisant ce dont elles ont besoin ou en hébergeant une faune qui régulent aussi l’équilibre de l’eau.

La gestion du vivant peut faire peur à ceux qui ne se sentent pas la main verte. Pour autant, pas besoin d’être jardinier pour entretenir une piscine naturelle. L’entretien de la zone de filtration ne demande aucun savoir-faire particulier. « Les premières années, il faut retirer les herbes indésirables pour ne pas se laisser envahir par d’autres plantes. Par la suite, il n’y aura presque plus de place dans le bassin de filtration, donc plus besoin de désherber », explique Mary Burbaud, assistante de direction chez Couleur nature 3E (83), constructeur de piscines naturelles et paysagiste.


Dossier : Maisons en A

MAISONS EN A-N°129, La Maison écologique, À La Semblada, les communs

Construire un bâtiment en forme de triangle ne date pas d’hier. Ce style architectural, consistant à poser un toit sans mur sur un plancher, emprunte à des fermes japonaises traditionnelles, des habitats maoris ou de vieux bâtiments de zones de montagne. Facile à mettre en œuvre, cette architecture ancestrale facilitait le glissement de la neige ou permettait le stockage de produits agricoles. Le développement des « maisons en A » – en référence à l’élément de charpente générique que l’on aligne pour ériger des maisons plus ou moins longues – doit cependant à plusieurs architectes américains, de la cabane de Rudolph Schindler (1934) au Reese A-Frame d’Andrew Geller (1957). Reprise par l’industrie du bois qui en proposa des versions en kit, bon marché et faciles à construire, la maison en A (type « A-frame » en anglais) a séduit les classes moyennes qui en ont fait un symbole de la vie au plein air.

Délaissée dans les années 1970, la maison en A jouit aujourd’hui d’un regain d’intérêt. La petite maison canadienne, plantée seule sous les arbres ou au bord d’un lac, alimente ici et outre-Atlantique les rêves d’un habitat simple et proche de la nature. En Europe, notamment en France, à l’instar de la tiny house, une offre de kits de maisons en A émerge, mais comporte rarement des matériaux biosourcés. Dans le même temps, des communautés d’échange de pratiques d’autoconstruction de ce type de maison se déploient. En témoigne le succès rencontré par le film La Maison en A réalisé par Morgane Launay, récit de l’autoconstruction en Dordogne de la maison d’Élisabeth Faure. 

Cette femme enthousiaste et pragmatique, âgée de 65 ans à l’époque, est parvenue à autoconstruire son habitation de 180 m² pour seulement 40 000 €. Et a donné des idées à de nombreux porteurs de projet. Son téléphone ne cessant de sonner, une série de tutoriels en ligne, un site Internet et une carte interactive localisant les projets et les chantiers terminés ont vu le jour.


Autoconstruire : Une famille dans deux tiny houses

tiny houses se nichent sous la verdure AUTOCONSTRUIRE La Maison écologique 128

En plein cœur de l’Hérault, les deux tiny houses se nichent sous la verdure, à l’ombre des arbres. Posées sur une grande terrasse surélevée, se faisant face, les habitations de bois dégagent une grande poésie. C’est ce lieu qui a vu Clara et Corentin Malaud changer de mode de vie. « Je voulais arrêter d’acheter des fruits et légumes bio tout en vivant dans une grande maison avec de grosses voitures et de gros boulots », assume cette convaincue. À l’époque, elle est architecte et lui, informaticien. En 2016, la découverte du documentaire En Quête de sens, de Marc de la Ménardière et Nathanaël Coste, qui traite de l’idée de « faire sa part » et de la sobriété heureuse, ainsi que le déménagement d’une amie vivant en tiny house sont des détonateurs. La même année, Clara dépose un dossier pour un congé individuel de formation avec l’objectif de se lancer dans la construction de sa propre tiny avant d’en faire son métier. L’année suivante, elle se lance dans un BTS Structure construction bois et habitation, tandis que son compagnon passe un CAP Construction maison à ossature bois. En février 2018, tous deux lancent leur chantier d’autoconstruction, qui s’achève en 2019.

Pendant les travaux, la petite famille loue un appartement. « Au début, nous dessinions une tiny pour quatre. C’était beaucoup de contraintes dans 13 m2 et nous tombions dans tous les clichés, notamment celui de n’avoir de la place que pour le strict nécessaire. Or, nous voulions que ce changement de vie soit joyeux. Dans notre famille, il y a les lève-tôt et les lève-tard. Dans un même espace, cela ne pouvait pas fonctionner. Nous avons alors pensé à créer une tiny bruyante et une tiny silencieuse. Une tiny parents, une tiny enfants pour nos garçons qui ont aujourd’hui 12 et 8 ans. En nous disant aussi que nous pourrions en revendre une en cas de déménagement. C’est plus modulable », développent Clara et Corentin. En outre, avec deux tiny, chacun pouvait aussi expérimenter ses idées.

Étape par étape

Première étape : fixer la maison de façon amovible sur sa remorque (lire encadré p. 19). Pour cela, il leur faut construire une ossature bois qui accueillera le plancher. Un cadre en bois est réalisé avec des sections de douglas 45 x 120 mm et fait le tour du plateau de la remorque. À l’intérieur, des chevrons en bois sont fixés tous les 50 cm.

Une fois constituée, cette ossature est retournée sur l’envers pour faciliter la pose d’un pare-pluie (agrafé). Une tôle ajourée est ensuite vissée par-dessus ce dernier pour le protéger. L’ossature est remise à l’endroit et fixée sur la remorque. Pour éviter tout phénomène de corrosion, le couple place des lattes de bois de 2 cm d’épaisseur entre la tôle et la structure de la remorque.

Pour isoler le plancher, les autoconstructeurs posent du Métisse, l’isolant en textile recyclé du Relais, entre les chevrons, agrafent un frein-vapeur et posent un parquet en pin de récupération. « Une fois le plancher installé, nous avons monté une ossature bois classique pour réaliser le squelette de chaque tiny : une lisse basse et une lisse haute horizontales et des montants verticaux de 55 x 95 mm tous les 60 cm, détaille Clara. Nous avons ensuite préparé les quatre façades, au sol, avant de procéder à la levée des murs et de voir chaque maison prendre forme en volume. Les façades sont solidarisées avec le plancher des mezzanines et la toiture. »

Pour le bardage, les autoconstructeurs optent pour du bois de red 


Rénover : Une autorénovation qui divise la facture de chauffage par 4

autorénovation RENOVER La Maison écologique 128

Mathilde et Adrien souhaitaient vivre dans une maison de ville, avoir deux chambres, un jardin, aller travailler en vélo ou en transport en commun. En 2017, le couple trouve une maisonnette typique de la région lilloise en brique rouge des années 1950, avec une véranda donnant sur le jardin. « Quand on a emménagé, ça ressemblait plutôt à un squat… On s’est dit qu’on allait rénover la maison au fur et à mesure en fonction de notre budget, tout en suivant un schéma cohérent de rénovation pour être performant à la fin », se souviennent-ils.

L’autorénovation : c’est plus intéressant financièrement

Autre souhait : rénover par eux-mêmes. « Plus intéressant financièrement », ont-ils d’abord jugé. En tant que conseiller dans un point Info-Énergie, Adrien ne voulait pas non plus acheter un logement dont il n’aurait pas suivi la rénovation : « Je préfère avoir quelque chose de brut. Dans mon boulot, nous passons souvent avec une caméra thermique dans les habitations l’hiver pour identifier les zones de déperditions d’énergie. Sur des constructions neuves ou des rénovations, nous repérons parfois un mur qui n’a pas été isolé. » Adrien voit aussi les conditions dans lesquelles certains artisans travaillent : « Une entreprise doit être rentable et n’a pas toujours le temps de mettre en place le détail qui permettra une excellente étanchéité à l’air. » Le couple décide donc d’autorénover en privilégiant des écomatériaux de qualité.

Leur priorité est d’isoler l’ensemble des surfaces, installer une bonne ventilation et, en dernier ressort, choisir le système de chauffage adapté. Du sol à la toiture et aux murs, de l’électricité au chauffage en passant par la plomberie, la ventilation, les nouvelles fenêtres et la gestion de la véranda existante, le chantier est vaste. Déjà bien informé grâce aux formations données au sein de son milieu professionnel par l’Ademe, Adrien peaufine son projet en profitant du savoir-faire de ses collègues. Il dévore également le livre L’Isolation thermique écologique de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey, consulte le site ubakus.com
qui aide à planifier les bons isolants et identifier les risques de condensation dans les parois.

Conserver la perspirance des briques

Premier chantier pour le couple : isoler les murs par l’intérieur afin de conserver le cachet extérieur de leur maison en brique. Adrien précise : « Ça me permettait aussi de le faire moi-même. Isoler par l’extérieur était plus compliqué, plus cher : ça signifiait refaire l’étanchéité extérieure, les jonctions avec la façade des voisins ainsi que le contour des fenêtres. » Le couple pose de la laine de bois pour isoler tout en maintenant la perspirance de la brique*.