L’autoconstruction ou la rénovation de son chez-soi se double souvent de la mission d’être parent. Avec des ados, de jeunes enfants ou un bébé en devenir, pas toujours facile de réaliser dans les temps et en toute sécurité le chantier idéal ! Pas de panique, l’expérience des uns peut nourrir les projets des autres pour faire du chantier en famille un jeu d’enfant.
Éloigner les enfants d’un chantier est une option. Aménager leur présence aussi ! Auprès de leurs parents à l’œuvre sur les travaux, les mômes peuvent même développer de nouvelles compétences. À condition de s’organiser pour que leur présence se déroule sereinement.
Bruit sourd et prolongé, sol parsemé d’outils tranchants, poussière volante… À priori, les chantiers ne sont pas des espaces adaptés aux enfants. La plupart des parents autoconstructeurs préfèrent les tenir à l’écart. Comme Delphine et Marc, qui bâtissent une maison en bois et paille dans le Périgord Noir depuis 2021. Sur le terrain, ils ont aménagé une aire de jeux avec toboggan, tyrolienne et plateforme pour occuper leurs enfants Valentine, 10 ans, et Oscar, 4 ans. « Pour nous, la maison est un projet de couple. On le fait pour notre famille, mais on le porte à deux, justifie Delphine. Avoir les enfants sur le chantier ne nous convient pas. Monter l’ossature bois ou insuffler de la ouate de cellulose sont des postes dangereux. On perd trop de temps à les surveiller, leur expliquer les choses… »
Mais voilà, Valentine et Oscar, quand ils ne sont pas à l’école et quand ils n’ont plus envie de jouer seuls, observent, s’approchent et manifestent parfois leur envie de participer. Delphine leur confie des tâches peu préjudiciables comme tamiser la terre ou passer la première couche d’enduit. « Les enfants sont friands d’imitation. C’est une composante de leur apprentissage. Ils vont, par exemple, adorer passer le balai parce que les adultes le font », explique Lisa Perron, psychologue clinicienne. Pas étonnant de les voir s’intéresser au chantier. D’autant plus que celui-ci s’étale souvent sur plusieurs mois, rendant difficile voire impossible pour les parents de se défaire des enfants aussi longtemps. Il leur faut donc concilier travaux et vie de famille.
Sur le chantier pour mieux les surveiller
Pour Julien et Audrey, qui autorénovent depuis 2017 dans le Jura Vaudois, la solution est toute trouvée : intégrer totalement Martin et Noé, leurs garçons de 8 et 4 ans, sur le chantier en les faisant bricoler avec eux. Eux, c’est l’aspirateur de chantier qu’ils ont élu jeu favori, en compétition avec le tri des vis par taille et le rangement des outils à fil impeccablement dans leur coffret. « Ils se sont avérés être les meilleurs assistants que l’on puisse avoir », se gargarisent leurs parents, ajoutant que « le chantier est aussi leur espace de vie, car on habite la maison alors mieux vaut en faire un lieu d’amusements que d’interdits ». Quand ils n’aident pas à jointer les plaques de plâtre, ils s’amusent avec les chutes de bois et les fils électriques démontés pour leurs propres projets, sur leur établi taille enfant.
Du côté de Moulins, dans l’Allier, Franck et Julie autoconstruisent une paillourte avec leurs quatre enfants âgés de 2 à 9 ans. « Comme ils sont en instruction en famille, ils sont tout le temps avec nous, donc il nous semblait logique qu’ils participent aussi aux travaux, confie Julie. Ils ont apporté les pierres des fondations dans leur petite brouette, fait des enduits terre et même cloué le voligeage avec une étonnante capacité à redresser les clous qui se tordaient sous leur marteau ! »
Chez Eulalie, qui autorénove une maison en terre et galet près de Toulouse, Leave, 6 ans, demande souvent à aider. Elle étale des bâches de protection, peint les boiseries et passe même une couche de badigeon avec le gros pinceau plat. « Même si ça ne dure que 30 min ou 1 h avant qu’elle s’impatiente, je ne refuse pas sa présence. Cela nous fait passer un moment ensemble », témoigne la maman. Pour ces parents, faire participer les enfants permet de les garder à l’œil et partager des moments avec eux en même temps qu’ils avancent les travaux. Les enfants, eux, satisfont leur désir d’observer et de participer aux activités de leurs aînés qui les aident à s’inscrire dans la communauté, à trouver leur place, et même à grandir.