Territoire : Écorce, la formation à tous les étages

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Formations, sensibilisation, prêt de matériel… Depuis 2005, l’écocentre ariégeois Écorce promeut l’écoconstruction.

Un travail de longue haleine en passe d’acquérir une reconnaissance institutionnelle.

9h30. Rendez-vous a été pris dans les locaux de l’association Écorce, à Foix en Ariège. Guillaume Bonnin, l’un des deux salariés de l’association, et Franck Deffarge, adhérent, membre du bureau et autoconstructeur, ont servi le café. Les choses « sérieuses » vont pouvoir commencer ! Parler d’écoconstruction en Ariège sans évoquer Écorce serait commettre un impair. Après 18 ans d’existence, l’association est en effet devenue un acteur « majeur ! » de la construction écologique. Il n’est pas un canton où l’association n’a pas organisé des visites de maisons exemplaires. Pas une foire « bio » où l’on n’a pas vu un de ses stands présentant livres et prospectus sur son cœur d’activité.

En presque deux décades, Écorce a dispensé plusieurs milliers d’heures de formation à des pro ou des particuliers ! Elle a prêté ses outils, tels que scie alligator, humidimètre pour bottes de paille, malaxeur, etc. via l’outilthèque. Guillaume, salarié fraîchement embarqué, apporte son énergie nouvelle à la structure. « La formation, la sensibilisation, la mutualisation et la fédération sont les quatre axes qui structurent l’action de l’association, détaille-t-il. Je m’occupe de la sensibilisation en organisant des conférences, des visites de maisons et de chantiers. Nous intervenons aussi dans les écoles, de la primaire au lycée, pour parler de matériaux, d’architecture, de bioclimatisme. Il y a de la demande, car l’éducation au développement durable (économies d’énergie, lutte contre le réchauffement climatique, etc.) fait maintenant partie des programmes scolaires. Nous projetons d’intervenir dans les classes de découverte et les colonies de vacances, et de faire circuler une exposition sur l’écoconstruction dans les bibliothèques, les lycées. »

Former, maître-mot de l’association

Organisme de formation depuis 2007, Écorce propose des formations courtes, théoriques et pratiques, à destination des professionnels et des particuliers. Les novices en écoconstruction, désireux de se lancer dans l’aventure, peuvent s’inscrire à la formation « Les clés pour écoconstruire ». Y sont abordés la conception bioclimatique, la thermique du bâtiment, les énergies renouvelables, les matériaux, l’assainissement, les démarches préparatoires, etc. « Quant à la formation Pro-Paille, elle passe en revue les règles professionnelles de la construction en paille en alliant théorie et pratique sur une maquette grandeur nature, expose Lael Delort, coordinateur de l’association depuis 2016. Cette formation s’adresse en priorité aux professionnels du bâtiment, mais Écorce propose des tarifs accessibles aux particuliers. »


Mobilier : L’art de faire, ensemble ou par soi-même

Comme un établi

Au nord de Rennes, en Bretagne, un ancien hangar industriel accueille Comme un établi, un atelier partagé regroupant une vingtaine d’artisans.

Des machines professionnelles et portatives sont aussi à disposition des amateurs de menuiserie.

Dans une ancienne zone industrielle aujourd’hui investie par une salle d’escalade, un espace de vente Emmaüs, des ateliers de reconditionnement de l’entreprise d’insertion Envie 35 et l’association de promotion du compost et du jardinage urbain Vert le jardin, des bruits de découpe de bois et de métal sortent d’un hangar de tôle. Sur la façade nord, le long d’une avenue passante, de grands sacs de copeaux attendent d’être récupérés. « Les copeaux partent vers des associations ou des particuliers qui ont besoin de litières pour leurs toilettes sèches. Cela nous permet de valoriser tous les déchets de bois produits dans les ateliers. Nous essayons d’aller au bout d’une démarche d’économie circulaire dès que c’est possible », explique Benjamin Danjou, responsable du développement et cofondateur de Comme un établi, un espace partagé par des artisans et des bricoleurs qui viennent y utiliser des machines et puiser du savoir-faire.

Une coopérative pour être solide

Depuis cinq ans, Comme un établi a rejoint la jeune famille des ateliers partagés qui émergent dans plusieurs villes françaises. La Baleine à Quimper, L’Atelier partagé à Dignes-les-Bains, La CoFabrik à Lille, Les Copeaux d’abord à Grenoble. Pour modèle économique, ils ont choisi de se constituer en Scic pour faire converger plusieurs dynamiques vers un même lieu. La société coopérative d’intérêt collectif compte ainsi quatre collèges : artisans, salariés, partenaires publics ou privés, usagers du lieu. « Après quelques années de voyage, Edvin [le second cofondateur] et moi avons eu envie de créer un lieu de travail hybride. Les 1 200 m2 sont occupés en grande partie par les ateliers des artisans, mais nous proposons aussi des sessions destinées aux bricoleurs », explicite cet ancien ingénieur géologue qui a toujours été passionné par le travail manuel en général et celui du bois en particulier. Son compère, ingénieur en construction bois, a quant à lui exercé le métier d’ouvrier charpentier avant de se lancer dans l’aventure.

À ce jour, 25 professionnels ont leur atelier dans les locaux de Comme un établi, dont 11 menuisiers, ébénistes ou charpentiers, deux artisans travaillant le métal, huit œuvrant dans le textile, un cabinet d’architecture, un luthier. « Le loyer d’un atelier ici est plus abordable que s’ils étaient seuls et devaient trouver un espace dans la métropole rennaise. Et le partage des machines qui sont à disposition est aussi important  », résume Benjamin. Dans l’espace voisin, une scie à format, une toupie pour réaliser des moulures, une scie à ruban, une dégauchisseuse, une raboteuse et des machines dédiées à la fabrication de patères, de mobilier ou de garde-corps en métal sont disposées dans 500 m2. « L’investissement s’élève à environ 80 000 € et les machines sont évidemment aux normes, avec une attention particulière à l’aspiration des poussières pour garantir de bonnes conditions de travail aux artisans », indique-t-il.


Territoire : L’Arpe souffle le vent de l’écoconstruction

écoconstruction

Écoconstruction : Articulant sensibilisation, formations et soutien au développement des filières d’écomatériaux régionaux ; l’Arpe fait naître des projets aux quatre coins de la Normandie.

L’enduit à la chaux finit de sécher. Dernière touche à la préparation de l’exposition « Et si ? Construire et rénover autrement », accueillie jusqu’au 17 septembre 2022 à la Maison de l’architecture de Normandie, à Rouen (76). Grégory Boulen, chargé de projets à l’Association régionale pour la promotion de l’écoconstruction (Arpe) Normandie, s’active autour de la maquette d’un mur en ossature bois isolé en paille. Rejoint par Pascal Séjourné, président de l’Arpe et architecte, il se tient au milieu de panneaux présentant des constructions et rénovations régionales réalisées avec des matériaux biosourcés. Un projet collectif mené avec la Maison de l’architecture de Normandie, le CAUE 76, l’École nationale supérieure d’architecture de Normandie et l’établissement d’enseignement et de recherche UniLaSalle Rouen, qui illustre ce qu’est devenue l’Arpe : un centre de ressources sur la construction écologique à l’échelle de la Normandie.

Réno accompagnée et bonnes pratiques 

Aujourd’hui, l’association regroupe 300 adhérents, dont un tiers de professionnels. Guide des écomatériaux normands accessible gratuitement en ligne, annuaire d’entreprises toutes signataires de la charte de l’Arpe et travaillant “dans le respect d’une construction/rénovation naturellement durable” ; carte de réalisations sont autant d’outils offerts aux porteurs de projets. Les particuliers souhaitant participer aux travaux de rénovation de leur logement peuvent également être mis en relation via l’Arpe Normandie avec des artisans volontaires accompagnateurs. Elle co-anime en effet, avec l’association Enerterre, le Réseau normand de l’autoréhabilitation accompagnée (ARA), appelé Réno’Acc, qui regroupe les professionnels accompagnant des autorénovateurs. “L’ARA prend de l’ampleur en Normandie, notamment depuis qu’elle est éligible à l’aide régionale, via le Chèque éco-énergie. Et les travaux peuvent inclure des écomatériaux, ce qui donne droit à une bonification d’aides, une particularité normande”, se réjouit Grégory Boulen. Une reconnaissance institutionnelle à laquelle a largement contribué l’Arpe.

L’association, issue de la fusion en 2016 de l’Arpe Basse-Normandie historique et de sa jeune homologue haut-normande, mène aussi un patient travail de développement des filières d’écomatériaux régionaux. “La filière paille est aujourd’hui la plus mâture à l’échelle de la Normandie”, résume Pascal Séjourné. Elle sensibilise différents publics aux intérêts de la paille comme isolant et accompagne l’amplification d’une offre locale en bottes de paille pour le bâtiment, avec des partenaires tels que le réseau coopératif Accort-Paille. Elle organise deux formations Pro-paille par an, qui ont accueilli 80 professionnels depuis 2019. Timidement, mais sûrement, la construction paille avance en Normandie, région céréalière où le matériau ne manque pas. Y compris dans les bâtiments publics. Le futur lycée international de Bourg-Achard (27) sera ainsi isolé en paille.


Territoire : Valoriser les ressources locales

PERMABITA-N°129, La Maison écologique, Valoriser les ressources locales

Au cœur de la Provence verte, dans la petite commune de Plan-d’Aups-Sainte-Baume (83), s’est construit un fournil un peu spécial. Accolée à la maison de Karine Meyran, boulangère en bio, l’extension de 80 m2 a été entièrement réalisée à partir de ressources locales ! « Je veux faire du pain avec des farines locales alors, pour construire le fournil, je ne me voyais pas utiliser du bois qui vient de loin », sourit-elle. Son ambition a pu se concrétiser grâce à la rencontre avec Loïc Frayssinet, l’un des quatre membres fondateurs de Permabita, une association dont le but est de créer une filière locale de l’écoconstruction. 

« La vallée du Gapeau est propice à l’utilisation de ressources locales dans la construction. On trouve du liège qui vient du chêne liège et qui pousse quasi exclusivement dans le Var ; du bois de pin d’Alep, châtaignier, cyprès, etc. ; de la paille de blé, de la laine de mouton, du genêt, de la canne de Provence, une tige cultivée pour produire des pièces d’instruments de musique et qui peut être utilisée en construction, et de la terre aussi, car nous avons pas mal de carrières », détaille l’ingénieur thermicien. L’objectif de Permabita ? Recenser toutes ces ressources locales et mettre en lien les agriculteurs, les propriétaires forestiers et les artisans avec les porteurs de projets, que ce soit en construction ou en rénovation. Cette mise en relation de l’association avec les acteurs locaux a ainsi permis à Karine Meyran de construire son fournil.

Débardage à cheval et scierie mobile

L’ossature bois a été montée avec du pin sylvestre qui poussait sur une zone Natura 2000. Au moment de l’entretien, le propriétaire forestier voulait couper des arbres pour favoriser la repousse de feuillus ; une aubaine pour le chantier. « Nous avons acheté le bois sur pied, 32 troncs exactement. Pas facile de savoir combien allaient être nécessaires à la construction de la charpente », se souvient Karine Meyran. Des bûcherons sont intervenus et les troncs ont été débardés à cheval « pour respecter au maximum la forêt », ajoute t-elle. 


Territoire : Recette habile pour réemploi massif

déchets de déconstruction

Près de Grenoble, la plateforme de réemploi Éco’Mat38, portée par l’association Aplomb, donne une nouvelle vie aux déchets de déconstruction.

Derrière l’église du village de Saint-Appolinard, des matériaux s’amoncellent : tuiles, pierres, pièces de charpente massives, sanitaires, rails de cloisons… Ils sont les trésors collectés par la plateforme de réemploi Éco’Mat38, en cours d’emménagement dans ses nouveaux locaux.

Créée en 2015, la plateforme est issue de l’association Aplomb qui forme des professionnels en écoconstruction et en rénovation de patrimoine. « Nous travaillons dans le bâti ancien, notre capacité à réutiliser in situ des matériaux est connue. Par exemple, transformer d’anciennes poutres en linteaux. On a voulu étendre ce principe pour réutiliser plus largement », justifie Bruno Jalabert, codirecteur. L’idée d’Éco’Mat38 : collecter des déchets de déconstruction pour les revendre à des professionnels ou particuliers.

L’activité qui a démarré modestement est aujourd’hui considérable. En 2023, les nouveaux locaux de Saint-Appolinard devraient compter « 4 000 m2 d’espaces de stockage dont un magasin », se délecte-t-il. Rien qu’en 2021, Éco’Mat38 a sauvé environ 850 t de matériaux de la benne et en a vendu 506 t, principalement pour du gros œuvre (charpente et tuiles). Avec 400 000 € réalisés, cette activité représente presque la moitié du chiffre d’affaires d’Aplomb.

Seule et sur tous les fronts 

Les raisons du succès ? Elles sont doubles. D’abord, Éco’Mat38 a investi le marché du réemploi jusque-là vacant au niveau local. Ensuite, le contexte politique cherche dans l’économie circulaire une rédemption à la production massive de déchets(1). La plateforme est devenue un partenaire clé de certains maîtres d’ouvrage engagés dans cette réduction. Comme l’Établissement public foncier local (EPFL) du Dauphiné qui accompagne des collectivités dans la gestion de gros aménagements et démolition sur des terrains bâtis. Souhaitant y inscrire le réemploi, il sollicite grandement Éco’Mat38. « On n’a pas vraiment besoin de faire de prospection de chantier, concède Bruno Jalabert. En ce moment, on en gère déjà trois en même temps. »

Comme la collecte de matériaux n’est pas obligatoire et reste un effort parfois jugé trop coûteux, Éco’Mat38 a trouvé une parade : la déconstruction, ou « curage ». Une étape obligatoire avant la démolition, qui consiste à déposer les éléments de second œuvre afin qu’il ne reste que l’enveloppe à débâtir. En étant à la fois « déconstructeur » et « collecteur » sur un chantier « on garde la main sur les matériaux que l’on souhaite récupérer et on préserve leur intégrité », justifie Bruno Jalabert. Plus en amont, Éco’Mat38 propose un « diagnostic ressources »(2), qui identifie les éléments à déconstruire ainsi que leur filière de tri.

Valoriser et vendre les déchets de déconstruction

Les chantiers pour Éco’Mat38 se multipliant, les matériaux s’accumulent. Et leurs débouchés sont parfois incertains. Car les professionnels de la construction, qui comptent pour 20 % de la clientèle mais 80 % du chiffre d’affaires, ont besoin de diagnostic sur la viabilité des matériaux de réemploi afin d’assurer leur garantie décennale. Si l’état des matériaux bruts (verre, bois, tuiles, briques…) se juge visuellement, « beaucoup d’équipements comme les luminaires, les câbles ou gaines d’électricité, les vitrages, l’isolation, etc. sont soumis à réglementation. Or, ce qu’on enlève n’est souvent plus adapté aux normes. Il faut qu’on puisse les diagnostiquer en finançant de la recherche ou leur trouver d’autres usages, parce qu’on ne jettera rien ! », alerte le codirecteur. Éco’Mat38 valorise déjà quelques produits en fabriquant du bardage en bois brûlé, du gabio


Territoire : Apala, incubateur libre pour solutions low-tech

APALA solutions low-tech

L’arrivée dans les locaux d’Apala est un condensé de la vie urbaine contemporaine. Avant de les atteindre, il faut naviguer dans la circulation chargée de l’ancienne Cité des Ducs de Bretagne, s’engouffrer dans la zone portuaire de l’île de Nantes devenue une florissante friche industrielle et pénétrer sous les anciennes serres du marché aux fleurs reconverti en Agronaute, un espace de cotravail. 

S’ouvre alors un décor dans lequel se côtoient agriculture urbaine, entrepôt de plantes verdoyantes, atelier de céramique, fabrication de compost, confection de meubles en bois, textile d’occasion, bistrot associatif et espaces de réparation. Au-milieu de la nuée, l’association connue depuis 2013 sous le nom né de l’acronyme « Aux petits acteurs l’avenir » dévoile certaines de ses réalisations, de pots de parmesan végétal, cuisiné et vendu par ses soins pour diminuer la dépendance aux produits issus de l’élevage, jusqu’à l’exposition de vélos fraîchement remis en état. « Nous avons intégré l’Agronaute en 2021. Au départ, nous sommes tous intéressés par le développement des énergies renouvelables et nous voulions agir pour soutenir des solutions pour la transition », raconte Jonathan Gueguen, l’un des fondateurs.

Changer les pratiques dès l’école

Le credo d’Apala : miser sur la multiplication des initiatives portées par de petites structures à la fois créatives et réactives et sensibiliser le public. Incubateur et lieu de recherche-développement, plusieurs projets y ont fait leur nid. Pour l’École centrale de Nantes, ses membres viennent par exemple d’achever la construction d’un dôme géodésique pour que les étudiants s’essaient en situation réelle à la recherche de la bonne hygrométrie pour le bon usage, en jouant sur la conception des ouvrants. « Il existe de nombreuses solutions industrielles toutes faites. Nous voulons en créer de nouvelles. Faire entrer la transition dans l’enseignement grâce à la pratique, c’est aussi changer les choses », affirme Jonathan.

Démocratiser des solutions low-tech et reproductibles.

Autre ambition de l’association, démocratiser des solutions low-tech et reproductibles. « La découverte du rocket stove, de Ianto Evans, et de son succès dans le milieu alternatif nous a inspirés. Nous avons eu envie de proposer quelque chose de plus calibré et nous nous sommes lancés dans l’autoconstuction de poêles de masse dont nous voulons à terme livrer les plans en libre », relate-t-il. Mais pas seulement. Après plusieurs autoconstructions, les membres d’Apala ont l’intention de faire certifier leur modèle autoconstructible auprès du CSTB(1). « C’est une entrée dans les méandres de la certification, mais ce serait une avancée supplémentaire pour favoriser la réplication de cette solution », précise Jonathan.


Alternatives : Autoconstruire sa tiny house dans un atelier partagé

Alternatives tiny house dans un atelier partagé

Tinyland, « l’association des mini-maisons mobiles»,

Au cœur de la Drôme, l’association propose un grand hangar-atelier aux autoconstructeurs de tiny house. Un nid à débrouil­lards solidaires et créatifs. La tôle du hangar renvoie le chant mécanique de la scie sauteuse de Fabien. Emmitouflé dans son anorak, il ajuste les lames de douglas non délignées qu’il a choisies pour le bardage de sa tiny house en forme d’ancienne locomotive. À côté, celle d’Agathe et Anton, plus linéaire, s’est récem­ment parée de menuiseries. Mais la porte d’entrée coince encore. «Je peux emprunter ton tournevis Fabien?», demande Agathe tandis qu’elle se dirige vers l’établi. Plus loin dans le hangar, trois autres tiny hou ses sont en cours de réalisation, celles de Bérangère, d’Arthur et de Stéphanie. Entre Valence et Crest, dans la Drôme, ce grand local est mis à disposition par l’association Tinyland ; afin d’offrir un havre d’entraide et de créativité aux autoconstructeurs de tiny houses.

« Pour poser la fenêtre du haut on s’y est mis à cinq. Heureu­sement que les autres étaient là, raconte Anton. Le fait de ne pas être seuls donne envie de venir bosser ».  D’autant plus en ces jours d’hiver, dans cette plaine encerclée à l’est par le Vercors et au sud par le Mont Miéry.  «On se demande souvent conseil on s’influence », apprécie Fabien. Des mots qui émeuvent Nathalie, à l’origine de cet atelier partagé.


Alternatives : L’association Low-tech Lab

association Low-tech Lab

Un laboratoire pour les low-tech

L’association Low-tech Lab parcourt le monde à la recherche de technologies simples, économiques, durables qui répondent aux besoins primaires. Et les adapte à notre mode de vie. L’un des tiroirs de la cuisine dissimule un coffre isolé avec du liège en vrac, fermé par un couvercle en bois lui aussi rempli du granulat. « C’est une marmite norvégienne, décrit Clément. On peut y installer une casserole portée à ébullition pour que la cuisson continue, sans autre énergie. Les préparations restent chaudes pendant au moins trois heures. Ça réduit la consommation de gaz. » La « marmite » fait partie des douze technologies dites « low-tech » testées dans une tiny house(1) autoconstruite, au nord de Concarneau (29). Les ingénieurs Clément et Pierre-Alain y ont vécu, chacun une semaine sur deux, pendant huit mois.


Alternatives : Un tiers-lieu accélérateur d’alternatives

Un tiers-lieu accélérateur d’alternatives

Tiers-lieu d’émancipation en milieu naturel

À Lussault-sur-Loire, près de Tours, se niche le Pôle XXI. Dans ce tiers-lieu, les savoir-faire s’entremêlent. Écoconstruction, permaculture et autonomie sont autant de thèmes abordés pour proposer des solutions permettant de vivre autrement.

Fuyant la chaleur estivale, les bénévoles du chantier participatif ont trouvé refuge dans la forêt. Assis sur des troncs d’arbres disposés en cercle, ils écoutent, attentifs, le programme des différents chantiers du jour qui vont mettre sur pied le camp de loisirs de l’été. Ce dernier est autoconstruit par les bénévoles et salariés de l’association d’animation Bul’ de mômes.

Ils se trouvent au Pôle XXI, « tiers-lieu d’émancipation en milieu naturel » cofondé par trois associations : Bul’ de mômes, dédiée à l’animation, Blix lab, consacrée aux arts numériques et visuels, et Horizon permaculture, tournée vers l’agriculture durable, qui se sont organisées en collectif. Depuis juillet 2018, à Lussault-sur-Loire (37), ce terrain de 1,3 ha accueille équipes, bénévoles et public. Il se veut un espace d’échange de savoir-faire et de compétences à travers les différentes activités proposées, notamment les chantiers participatifs. « Ce sont des temps forts et incontournables au Pôle XXI. Chacun amène son savoir-être et son savoir-faire et on apprend tous des autres », indique Jérémie Serin, vice-président de l’association Bul’ de mômes. Les chantiers participatifs sont ouverts à tous, peu importe le niveau, et rentrent parfaitement dans la démarche d’autonomie que veut instaurer le collectif à travers ce lieu.

Une kermesse zéro plastique

Tout est parti, il y a quelques années, du camp de loisirs éphémère porté par Bul’ de mômes et qui, auparavant, se montait sur le terrain de rugby de la commune. « Pour les enfants, on souhaitait un espace sans barrière, en pleine nature. Ici, on peut vraiment les sensibiliser à l’environnement, il y a de la vie », poursuit Jérémie Serin. Les membres des associations co-fondatrices se connaissaient et, après réflexion, ont eu l’idée d’un lieu unique pour se retrouver et créer un espace d’échanges de compétences.

On vient au Pôle XXI pour apprendre à recoudre soi-même ses vêtements, faire son éponge tawashi (fabriquée à partir de vieux vêtements et lavable) lors d’ateliers Do it yourself, prendre un cours de yoga en famille, assister à un stage de permaculture ou de construction d’un observatoire à oiseaux, ou encore participer à des exercices de sophrologie.

« Nous avons organisé la kermesse de l’école du village ici. Elle était zéro plastique. Au début, ça a étonné les parents d’élèves, il y en a même qui ont quitté le navire, arguant que c’était inutile et compliqué. […]


Territoire : association Minéka à Lyon

association Mineka

À Lyon, le réemploi prend son essor

Carrelage, peinture, tuyaux, bois… Bruno Dussautoir et sa compagne ne savent plus où donner de la tête. « On retape un appartement et on a fait exploser le budget. Alors je me suis mis à chercher des matériaux d’occasion », confie-t-il. Plus loin, Charlotte Allix cherche du bois pour fabriquer des étagères. « Acheter un meuble, je trouve ça impersonnel. Et j’essaie d’avoir une démarche responsable dans mes achats », explique l’étudiante lyonnaise. Comme eux, ils sont une cinquantaine ce jour-là à passer au peigne fin ce local de stockage à Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, cherchant la perle rare parmi les matériaux de deuxième main vendus par l’association Minéka.