Au nord de Rennes, en Bretagne, un ancien hangar industriel accueille Comme un établi, un atelier partagé regroupant une vingtaine d’artisans.
Des machines professionnelles et portatives sont aussi à disposition des amateurs de menuiserie.
Dans une ancienne zone industrielle aujourd’hui investie par une salle d’escalade, un espace de vente Emmaüs, des ateliers de reconditionnement de l’entreprise d’insertion Envie 35 et l’association de promotion du compost et du jardinage urbain Vert le jardin, des bruits de découpe de bois et de métal sortent d’un hangar de tôle. Sur la façade nord, le long d’une avenue passante, de grands sacs de copeaux attendent d’être récupérés. « Les copeaux partent vers des associations ou des particuliers qui ont besoin de litières pour leurs toilettes sèches. Cela nous permet de valoriser tous les déchets de bois produits dans les ateliers. Nous essayons d’aller au bout d’une démarche d’économie circulaire dès que c’est possible », explique Benjamin Danjou, responsable du développement et cofondateur de Comme un établi, un espace partagé par des artisans et des bricoleurs qui viennent y utiliser des machines et puiser du savoir-faire.
Une coopérative pour être solide
Depuis cinq ans, Comme un établi a rejoint la jeune famille des ateliers partagés qui émergent dans plusieurs villes françaises. La Baleine à Quimper, L’Atelier partagé à Dignes-les-Bains, La CoFabrik à Lille, Les Copeaux d’abord à Grenoble. Pour modèle économique, ils ont choisi de se constituer en Scic pour faire converger plusieurs dynamiques vers un même lieu. La société coopérative d’intérêt collectif compte ainsi quatre collèges : artisans, salariés, partenaires publics ou privés, usagers du lieu. « Après quelques années de voyage, Edvin [le second cofondateur] et moi avons eu envie de créer un lieu de travail hybride. Les 1 200 m2 sont occupés en grande partie par les ateliers des artisans, mais nous proposons aussi des sessions destinées aux bricoleurs », explicite cet ancien ingénieur géologue qui a toujours été passionné par le travail manuel en général et celui du bois en particulier. Son compère, ingénieur en construction bois, a quant à lui exercé le métier d’ouvrier charpentier avant de se lancer dans l’aventure.
À ce jour, 25 professionnels ont leur atelier dans les locaux de Comme un établi, dont 11 menuisiers, ébénistes ou charpentiers, deux artisans travaillant le métal, huit œuvrant dans le textile, un cabinet d’architecture, un luthier. « Le loyer d’un atelier ici est plus abordable que s’ils étaient seuls et devaient trouver un espace dans la métropole rennaise. Et le partage des machines qui sont à disposition est aussi important », résume Benjamin. Dans l’espace voisin, une scie à format, une toupie pour réaliser des moulures, une scie à ruban, une dégauchisseuse, une raboteuse et des machines dédiées à la fabrication de patères, de mobilier ou de garde-corps en métal sont disposées dans 500 m2. « L’investissement s’élève à environ 80 000 € et les machines sont évidemment aux normes, avec une attention particulière à l’aspiration des poussières pour garantir de bonnes conditions de travail aux artisans », indique-t-il.