À Brest, Charles et Sandra ont construit leur maison sur le toit de leur immeuble.
Une manière de faire du neuf en construisant sur la ville, sans rogner sur les terres agricoles ou naturelles.
Leur petit collectif est situé sur les hauteurs de Brest. Une construction datée de 1938, sur un terrain à faible pente. C’est là que Charles Crozon et Sandra Foussard, commercial dans la construction navale et directrice d’un centre de formation, tous deux finistériens d’origine, sont revenus s’installer dans les années 1990 après un détour à Paris. Si l’immeuble qui compte neuf logements se fait remarquer depuis la grande avenue voisine, ce n’est pas pour ses murs blancs ni ses ceintures de béton fraîchement peintes en orange qui délimitent chacun des trois étages. C’est plutôt son étrange toit, surmonté d’une construction qui attire l’œil. Une maison sur le toit. « Nous vivions dans cet immeuble. Nous ne voulions pas le quitter mais nous avions envie de nous lancer dans un nouveau projet. Sandra a commencé à rêver d’une maison sur le toit », explique Charles. La rencontre avec l’architecte brestoise Claire Bernard va le concrétiser. « Nous avons rencontré beaucoup d’architectes avant Claire et les tarifs atteignaient huit cent mille euros. Totalement hors de portée pour nous. Finalement, Claire est arrivée avec une démarche très pragmatique et une solution financièrement accessible pour notre budget aux alentours de 260 000 euros pour deux nouveaux niveaux », se souvient-il. Dans son cahier des charges, le couple inscrit l’objectif de matériaux à faible impact : ossature en douglas non traité, isolants biosourcés. L’architecte acquiesce.
Une terrasse pour sol, trois étages pour fondations
Avant de poser la moindre première poutre de cette maison ossature bois, deux ans de conception ont été nécessaires. Le temps de vérifier la faisabilité technique du projet et d’obtenir l’accord de la copropriété. Un bureau d’études structure accompagne pour valider la capacité du petit immeuble à supporter deux nouveaux niveaux. Pour se faire, un chainage en béton armé est réalisé sur le mur en pierre d’origine pour recevoir et répartir la charge des poutres en bois qui vont constituer les fondations sur lesquelles sera posé le sol en bois de la maison.
« Traiter 100 % de la toiture était la meilleure solution. Ensuite, il a fallu que tous les copropriétaires cèdent leur droit au toit. La surélévation vient se positionner sur un petit appartement que nous avons acheté et sur l’appartement d’un voisin », précise Charles. Pour convaincre la copropriété, le couple a transformé le chantier en avantage : en contrepartie de la cession des droits du toit, le couple a complètement rénové la toiture et son étanchéité qui était en piteux état. À la clé : une isolation thermique et phonique (ouate de cellulose insufflée entre solives). Autre astuce de mutualisation : l’échafaudage monté et loué pendant la pose de la nouvelle couverture a permis d’effectuer le ravalement des façades de l’immeuble pour les nettoyer et les rafraîchir.