Alternatives : Appart’ bien urbain, rénové et nourricier

ALTERNATIVE APPART URBAIN NOURRICIER ET RENOVE

À l’occasion de la rénovation de son appartement parisien, Yannick Cabaret a aménagé un jardin nourricier dans sa courette privative située au cœur des immeubles.

Après avoir cheminé dans le quartier de l’Opéra Bastille de Paris, où réside Yannick, il faut pousser une imposante porte et passer sous un immeuble pour arriver dans une cour où se situe le jardin de son appartement en rez-de-chaussée d’un petit immeuble. Derrière une haie, s’ouvre un petit coin de paradis. Tomates, pommes, courges et herbes aromatiques poussent dans un jardin baigné de soleil malgré les immeubles alentours. On passerait des heures assis ici, à la fois proche et protégé du mouvement de la ville.

« Lorsque j’ai cherché un logement à acheter en 2017, celui-ci m’a tout de suite séduit : un appartement avec jardin en retrait par rapport à la rue, plutôt bien exposé vers le sud, c’est rare ! », se souvient Yannick Cabaret, cadre dans la fonction publique territoriale. L’appartement, qui offre une surface de 56 m² pour 120 m² de jardin, est sombre ; il doit être modifié pour optimiser l’usage de l’espace et améliorer ses performances thermiques jusqu’alors médiocres. Soucieux d’une approche écologique et bioclimatique, le quadragénaire fait appel à un cabinet d’architecture, Latitude 48°, pour l’assister. « L’appartement de deux pièces s’est transformé en trois-pièces en supprimant les couloirs et l’entrée depuis l’immeuble, au profit d’une seule entrée par le jardin, et en jouant sur les transparences [des cloisons vitrées d’une pièce à l’autre, comme entre la chambre et le salon, ndlr] », explique Viviana Comito, du cabinet d’architecture. « Nous souhaitions également favoriser le contact immédiat avec l’extérieur, l’appartement étant aveugle pour moitié », poursuit le propriétaire.


Écoconstruire : Une maison sur le toit de l’immeuble

ECOCONSTRUIRE MAISON IMMEUBLE

À Brest, Charles et Sandra ont construit leur maison sur le toit de leur immeuble.

Une manière de faire du neuf en construisant sur la ville, sans rogner sur les terres agricoles ou naturelles.

Leur petit collectif est situé sur les hauteurs de Brest. Une construction datée de 1938, sur un terrain à faible pente. C’est là que Charles Crozon et Sandra Foussard, commercial dans la construction navale et directrice d’un centre de formation, tous deux finistériens d’origine, sont revenus s’installer dans les années 1990 après un détour à Paris. Si l’immeuble qui compte neuf logements se fait remarquer depuis la grande avenue voisine, ce n’est pas pour ses murs blancs ni ses ceintures de béton fraîchement peintes en orange qui délimitent chacun des trois étages. C’est plutôt son étrange toit, surmonté d’une construction qui attire l’œil. Une maison sur le toit. « Nous vivions dans cet immeuble. Nous ne voulions pas le quitter mais nous avions envie de nous lancer dans un nouveau projet. Sandra a commencé à rêver d’une maison sur le toit », explique Charles. La rencontre avec l’architecte brestoise Claire Bernard va le concrétiser. « Nous avons rencontré beaucoup d’architectes avant Claire et les tarifs atteignaient huit cent mille euros. Totalement hors de portée pour nous. Finalement, Claire est arrivée avec une démarche très pragmatique et une solution financièrement accessible pour notre budget aux alentours de 260 000 euros pour deux nouveaux niveaux », se souvient-il. Dans son cahier des charges, le couple inscrit l’objectif de matériaux à faible impact : ossature en douglas non traité, isolants biosourcés. L’architecte acquiesce.

Une terrasse pour sol, trois étages pour fondations

Avant de poser la moindre première poutre de cette maison ossature bois, deux ans de conception ont été nécessaires. Le temps de vérifier la faisabilité technique du projet et d’obtenir l’accord de la copropriété. Un bureau d’études structure accompagne pour valider la capacité du petit immeuble à supporter deux nouveaux niveaux. Pour se faire, un chainage en béton armé est réalisé sur le mur en pierre d’origine pour recevoir et répartir la charge des poutres en bois qui vont constituer les fondations sur lesquelles sera posé le sol en bois de la maison.

« Traiter 100 % de la toiture était la meilleure solution. Ensuite, il a fallu que tous les copropriétaires cèdent leur droit au toit. La surélévation vient se positionner sur un petit appartement que nous avons acheté et sur l’appartement d’un voisin », précise Charles. Pour convaincre la copropriété, le couple a transformé le chantier en avantage : en contrepartie de la cession des droits du toit, le couple a complètement rénové la toiture et son étanchéité qui était en piteux état. À la clé : une isolation thermique et phonique (ouate de cellulose insufflée entre solives). Autre astuce de mutualisation : l’échafaudage monté et loué pendant la pose de la nouvelle couverture a permis d’effectuer le ravalement des façades de l’immeuble pour les nettoyer et les rafraîchir.


Rénover : Appartement autorénové au cœur de Marseille



Il y a trois ans, Lola et Morgan ont entrepris la rénovation d’un appartement à Marseille. Un voyage porté par la sobriété, semé d’embûches mais aussi d’apprentissages.

C’est derrière l’imposante façade d’un bâtiment des années 1930, dans le cœur de Marseille, que se sont déroulés les travaux à partir de mars 2019. Un chantier de 14 mois, en autorénovation et chantiers participatifs, auxquels il faut ajouter cinq semaines d’intervention de professionnels. Avec ses 200 m2 de jardin et une partie de ses sols en tomette, l’appartement avait de quoi séduire. Au moment de l’achat, sa conception en brique et pierre et son emplacement au cœur de la ville correspondent à merveille au mode de vie de Lola et Morgan. « Nous n’avions pas de voiture et nous étions heureux au quotidien comme cela. Pouvoir se déplacer facilement et avoir accès à tous les services reste un avantage non négligeable en ville, d’autant que nous sommes juste à côté de la gare Marseille-Blancarde, donc c’est très bien situé », précise Lola Pouchin, 30 ans. 

Autre motivation : mettre en pratique leurs apprentissages et valeurs. Pour le couple, tous deux architectes de formation, la dimension écologique de la rénovation, plus vertueuse que la construction car moins consommatrice de ressources, a été abordée en théorie dans leurs cursus respectifs. « Nous nous sommes dit que si nous ne le faisions pas chez nous, nous n’aurions pas la crédibilité pour le faire chez les autres », relate Lola. De fait, le couple privilégie les matériaux biosourcés, naturels ainsi que l’existant si cela a du sens. Respectueux de l’environnement, ils les jugent aussi inoffensifs pour leur santé, surtout celle de leur bébé Corto, né pendant les travaux. Un « tsunami » heureux qui a confirmé certains choix, comme celui d’utiliser des câbles électriques blindés dans les deux chambres pour se prémunir des champs électromagnétiques durant la nuit (lire p. 29).

Pour cet appartement de 73 m2, le couple se donne plusieurs objectifs. Entre les bruits de la rue, le système de chauffage électrique à changer et l’emplacement du logement en rez-de chaussée, il décide de combiner des matériaux qui leur assurent une bonne isolation thermique et phonique, mais aussi de tenter de réaliser un maximum de travaux par eux-mêmes et en chantiers participatifs. « D’entrée, nous avions une contrainte financière. Pour cette rénovation, nous avions un budget disponible de 40 000 € », se souvient Lola.


Habitat groupé : La Semblada a les communs à cœur

HABITAT GROUPE-N°129, La Maison écologique, À La Semblada, les communs à cœur

Ils sont réunis dans la salle commune de La Semblada pour l’apéro. Cela fait de longs mois que ce n’est pas arrivé, la pandémie de Covid-19 ayant eu raison, pendant un temps, des échanges conviviaux non masqués. Cet espace accueillant est au cœur de l’immeuble que sept familles – douze enfants et douze adultes – partagent depuis fin 2018 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) dans l’écoquartier de Trémonteix. Le premier habitat participatif porté en autopromotion en Auvergne. Lors des multiples échanges destinés à trouver les moyens de réduire le budget global de ce projet, elles n’ont rien lâché sur ce point. Pas question de renoncer à donner une place centrale à la salle commune. « Nous avons préféré réduire l’ensemble du bâtiment, donc la surface de chacun des sept appartements, plutôt que de rebuter cette pièce dans un coin sombre où nous n’irions jamais », raconte Audrey, dont le duplex est, par exemple, passé de 89 m2 initialement à 82 m2.

Une décision ferme, mûrie au fil des formations et nombreuses visites d’habitats groupés, réalisées après la première réunion organisée en 2011 par Yannick et Brigitte, à l’initiative du projet. De ce travail instructif, le groupe a tiré une seconde leçon pour maintenir le lien entre les habitants sur le long terme : l’importance d’organiser les espaces de façon à favoriser les rencontres fortuites. Pour concrétiser ces attentes, l’atelier d’architecture du Rouget, créé par Simon Teyssou, est sélectionné. « Ce dernier avait déjà eu, à titre personnel, une expérience d’habitat participatif et c’était le seul à nous parler autant de la façon dont nous voulions vivre dans le bâtiment que d’architecture », justifie Mickaela.

Un patio fédérateur

Le résultat est là. Dans cet immeuble principalement en bois, opportunément baptisé La Semblada, qui signifie « assemblée » en patois auvergnat, toutes les entrées des appartements donnent, comme la salle commune de 45 m2, sur le patio central. « Cette organisation n’était pas la moins onéreuse, mais c’était un effort à faire pour le collectif. Nous ne le regrettons pas », poursuit Mickaela. Pour profiter au mieux de cet espace convivial, une terrasse a été réalisée par le groupe sous le préau qui ouvre sur le jardin. Table de ping-pong et banquettes en palettes y sont désormais installées.

Autre point qui a son importance : six des sept familles mutualisent quatre machines à laver dans une buanderie partagée (10 m2), située sciemment au fond de la salle commune. Impossible d’aller laver son linge sale en famille sans croiser les voisins ! 


Rénover un appartement, l’urbain contraint

Rénover un appartement

Dans un immeuble de Lyon, Claire et Thomas ont jonglé avec les contraintes d’une rénovation en ville et en appartement. Approvisionnement, stockage, voisinage s’ajoutent au fait qu’ils n’ont pas la main sur tout le bâtiment. Pas facile d’atteindre une performance idéale, mais l’amélioration est incontestable.

Rénover un appartement induit des contraintes, pas toujours anticipées

Ni une, ni deux, Claire et Thomas ont signé une promesse d’achat dès la première visite de cet appartement d’un immeuble en mâchefer des années 1920-1930, « avec des cheminées en marbre, de vieux parquets, des moulures… On rêvait d’éléments architecturaux qui font le cachet de cette époque-là et d’y apporter le confort moderne, se réjouit Thomas. D’un point de vue environnemental, je ne suis pas pour la construction neuve. L’habitat écologique, c’est celui qui existe déjà et qu’on retape ». Mais rénover un appartement, qui plus est dans un quartier historique du centre-ville de Lyon, induit des contraintes, pas toujours anticipées…

« Quand on a signé chez la notaire, on lui a parlé de notre projet qui impliquait de démolir tout l’intérieur, se souvient le couple. Elle nous a prévenus que dans ce quartier, plusieurs chantiers ont abattu des cloisons qui ne sont pas censées être porteuses mais, avec le temps et l’affaissement du solivage, elles ont pris en charge et leur retrait a provoqué des accidents sérieux. » Ils font donc venir en urgence un bureau d’études, qui examine le bâtiment et leur donne le feu vert. « Ça a rassuré tout le monde, y compris les voisins ! »

Pour le bien des voisins

Le voisinage est une composante à ne pas négliger dans un immeuble de dix copropriétaires. « On a essayé de ne pas faire de bruit les soirs et week-ends, mais c’est compliqué quand tu bosses la semaine. On demandait régulièrement aux voisins si ce n’était pas trop pénible, retrace Claire. Un seul copropriétaire s’est plaint, quand on descendait les gravats avec les diables dans les escaliers. » Sans compter un robinet qui a fui chez le voisin du dessous. « Garder un point d’eau dans un appartement entièrement remis à nu, c’est compliqué », constate Thomas. Et pour que les bonnes relations perdurent, contrairement aux murs extérieurs isolés en fibre de bois, le mur mitoyen reçoit des panneaux de ouate de cellulose et chanvre (60 mm) pour une meilleure isolation acoustique.

Claire et Thomas, qui ont opté pour une part importante d’autoconstruction, posent pas mal de congés « pour bien avancer durant l’été, quand les voisins étaient partis en vacances…


Rénover : Faire de son appartement un coin de campagne

appartement écologique

Faire danser le bois et la terre crue en centre-ville, voilà l’ambition d’Isabelle et Rémy pour leur appartement de 60m2 au cœur de Clermont-Ferrand.

Vivre en ville dans un appartement conventionnel ; au mieux, j’aurais tenu deux mois », affirme Rémy Ollier. Charpentier spécialisé dans la construction en paille, le jeune homme ne s’imagine pas dans un habitat « inerte ». Lorsqu’il rencontre la danseuse Isabelle Franques en 2016, celle-ci occupe en colocation un appartement de 60 m² au quatrième étage d’un immeuble en pierre de Volvic du centre historique de Clermont-Ferrand (63). Acheté deux ans auparavant dans un état rustique, elle l’a rénové pour en faire un logement viable, mignon et pratique : aménagement de la cuisine et de la salle d’eau avec des matériaux et meubles standards, pose de toile de verre au plafond et peinture sur l’ensemble des plaques de plâtre qui couvrent les murs isolés avec de la laine de verre, pose de carrelage en complément du parquet stratifié existant, remplacement des menuiseries bois abîmées par du PVC, investissement dans du chauffage électrique performant…

D’écologie, il n’est alors pas vraiment question. Clermontois d’origine, Rémy, alors installé dans le Lot, décide d’emménager avec sa compagne dans le Puy-de-Dôme. Elle n’est pas prête à laisser son compagnon habiter chez elle, ni à vendre l’appartement ; il rêve d’une vie en pleine nature. Une solution s’impose : recréer l’atmosphère d’un coin de campagne en centre-ville, importer le savoir faire de Rémy pour créer chez Isabelle un nid commun aussi « organique » que la nature et la danse.

Des courbes naturelles

Dans cette perspective, le choix des matériaux naturels est une évidence, mais le couple va plus loin. Il souhaite bannir arêtes et angles droits. « Ces derniers n’existent pas dans la nature, sauf pour se défendre. Ils pompent de l’énergie », estime Rémy. « Tandis que les arrondis sont doux, accueillants », complète Isabelle. Pour la finition des murs, le couple n’a qu’une idée en tête : des enduits en terre crue. « Ils permettent non seulement de créer des courbes apaisantes, mais également d’instaurer une ambiance feutrée, où les bruits tranchants n’ont pas leur place », justifie Isabelle, qui a pu constater les bénéfices de ce matériau sur des chantiers participatifs. Rémy, lui, connaît bien la technique pour avoir travaillé avec le spécialiste Éric Handrich (voir entretien p. 30).

Désireux d’améliorer la thermique de leur appartement, ils commencent en février 2018 par une phase de déconstruction. Les murs périphériques sont mis à nu, jusqu’à retrouver la structure en maçonnerie. […]


Rénover : écorénover un appartement en ville

Rénover un appartement en ville

Rénover un appartement en ville, pas si facile… ni impossible !

Voisinage, espaces restreints, approvisionnement et stockage, copropriété… A Rennes, cela n’a pas effrayé Justine et Eric, qui voient dans leur appartement de centre-ville une vraie cohérence écologique.

Alors locataires depuis quatre ans et demi de ce T3 bis d’un immeuble de 1959 au coeur de Rennes (35), Éric et Justine Pierrevelcin l’achètent en février 2016. « Cela nous a laissé le temps d’en voir les atouts et les défauts, souligne Justine, qui travaille dans une agence d’urbanisme à 10 mn en vélo. Le matin, 30 mn suffisent pour déposer les enfants à l’école et chez la nounou et arriver au travail. Habiter en ville est vertueux en termes de déplacement. La voiture reste plantée dans la rue quasiment toute la semaine, on s’en est même passé pendant plusieurs mois. C’est aussi un véritable confort de vie de pouvoir tout faire à vélo, disposer de pas mal de services à proximité, même s’il s’agit d’un quartier résidentiel. » Toutefois, l’écorénovation d’un appartement en milieu urbain se heurte à des contraintes spécifiques, mais loin d’être insurmontables.


Articles en accès libre – Confinement utile

reportages maisons et appartement écoconstruits ou écorénovés

Pour rendre le confinement et sa sortie plus vertueux, ouvrir les possibles, vous inspirer et vous évader hors de vos quatre murs, La Maison écologique publie en accès libre quelques uns de ses articles. Une grande enquête sur l’habitat face à l’effondrement (c’est de saison, non ?), mais aussi des reportages dans des maisons et appartement écoconstruits ou écorénovés… N’hésitez pas à partager avec vos proches pour leur donner de bonnes idées pour l’Après ! Lire la suite


L’appartement s’agrandit, la facture de chauffage rétrécit!

Rénovation écologique d'un appartement duplex basse consommation. crédit Gwendal Le Ménahèze

[VIDEO] La rénovation écologique de cet appartement du centre-ville de Lyon a transformé un logement vieillissant en duplex contemporain. Par la même occasion, la passoire thermique est devenue logement basse consommation.

Quand ils emménagent dans cet appartement en 2006, Anne Berger et Étienne Vienot en sont locataires. Naît ensuite leur premier enfant, Aimé. Puis Lucie, suivie de Zoé. « Ça ne tenait plus. On a donc pensé à déménager, se souvient le couple. Mais on aimait bien le quartier et cet appartement avait du potentiel. » Dans le quartier des Pentes de la Croix Rousse, l’immeuble est en secteur classé par les Bâtiments de France. Il a été construit dans les années 1820-1830 en plein centre-ville de Lyon. A l’époque, l’essor de l’activité textile attirait en nombre les canuts – ouvriers de la soie. « Ils vivaient et travaillaient dans ces ateliers. Ils étaient propriétaires de leur outil de travail, retrace Étienne. Comme ils utilisaient les très hauts métiers à tisser Jacquard, les hauteurs de plafond étaient conséquentes. » Ajoutées aux greniers, tout prêtait à transformer cet appartement en un confortable duplex.

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