Faire danser le bois et la terre crue en centre-ville, voilà l’ambition d’Isabelle et Rémy pour leur appartement de 60m2 au cœur de Clermont-Ferrand.
Vivre en ville dans un appartement conventionnel ; au mieux, j’aurais tenu deux mois », affirme Rémy Ollier. Charpentier spécialisé dans la construction en paille, le jeune homme ne s’imagine pas dans un habitat « inerte ». Lorsqu’il rencontre la danseuse Isabelle Franques en 2016, celle-ci occupe en colocation un appartement de 60 m² au quatrième étage d’un immeuble en pierre de Volvic du centre historique de Clermont-Ferrand (63). Acheté deux ans auparavant dans un état rustique, elle l’a rénové pour en faire un logement viable, mignon et pratique : aménagement de la cuisine et de la salle d’eau avec des matériaux et meubles standards, pose de toile de verre au plafond et peinture sur l’ensemble des plaques de plâtre qui couvrent les murs isolés avec de la laine de verre, pose de carrelage en complément du parquet stratifié existant, remplacement des menuiseries bois abîmées par du PVC, investissement dans du chauffage électrique performant…
D’écologie, il n’est alors pas vraiment question. Clermontois d’origine, Rémy, alors installé dans le Lot, décide d’emménager avec sa compagne dans le Puy-de-Dôme. Elle n’est pas prête à laisser son compagnon habiter chez elle, ni à vendre l’appartement ; il rêve d’une vie en pleine nature. Une solution s’impose : recréer l’atmosphère d’un coin de campagne en centre-ville, importer le savoir faire de Rémy pour créer chez Isabelle un nid commun aussi « organique » que la nature et la danse.
Des courbes naturelles
Dans cette perspective, le choix des matériaux naturels est une évidence, mais le couple va plus loin. Il souhaite bannir arêtes et angles droits. « Ces derniers n’existent pas dans la nature, sauf pour se défendre. Ils pompent de l’énergie », estime Rémy. « Tandis que les arrondis sont doux, accueillants », complète Isabelle. Pour la finition des murs, le couple n’a qu’une idée en tête : des enduits en terre crue. « Ils permettent non seulement de créer des courbes apaisantes, mais également d’instaurer une ambiance feutrée, où les bruits tranchants n’ont pas leur place », justifie Isabelle, qui a pu constater les bénéfices de ce matériau sur des chantiers participatifs. Rémy, lui, connaît bien la technique pour avoir travaillé avec le spécialiste Éric Handrich (voir entretien p. 30).
Désireux d’améliorer la thermique de leur appartement, ils commencent en février 2018 par une phase de déconstruction. Les murs périphériques sont mis à nu, jusqu’à retrouver la structure en maçonnerie. […]