Enquête : Point d’eau, l’utile à l’agréable



Originaux et décoratifs, les aménagements aquatiques apportent une source de vie au jardin.

Un écosystème se met en place autour d’une mare ou d’un bassin de baignade naturel qui vous fera passer toute envie de piscine chlorée. spectacle perpétuel.

Quel bonheur d’entendre le clapo­tis de l’eau, d’observer la faune se développer au beau milieu du jardin et même d’y plonger à la belle saison. Calme ou intrépide, l’eau apporte la vie, le foisonne­ment ou l’apaisement. Simple bac de récupéra­tion, mare, fontaine, ruisseau, étang ou bassin de baignade, les aménagements possibles sont nombreux et à adapter aux envies et à la taille du jardin. « N’importe quel point d’eau possède un intérêt pour la faune et la flore, mais la mare est le milieu aquatique le plus simple et le plus riche en biodiversité à mettre en place dans un jardin. L’es­sentiel est de chercher à imiter la nature», explique Gilles Leblais, paysagiste-naturaliste et auteur de deux livres sur le sujet11 1.

Pour un récupérateur d’eau de pluie, les grands volumes préfèrent une cuve enterrée. Mais pour un usage modeste, il est possible de positionner une dérive et un réceptacle sous une gouttière. Un vieux tonneau en bois ou une cuve de récup’ habillée d’un bardage en bois ou de branchages font l’affaire. « Pour la dérive, j’ai canalisé 1,60 m avec des bambous coupés en deux Ils transportent l’eau jusqu’à la réserve. On peut aussi se servir de vieilles gouttières en cuivre ou en inox, avec un filtre fait d’un chiffon placé sur un embout de bouteille de plastique», ajoute le jardinier-photographe.


Cahier pratique : Une pergola comme autrefois



Technique traditionnelle d’assemblage en bois pour cette pergola dont lombre vous permettra de profiter du jardin même par grosse chaleur.

Deux en un, la pergola ombrage  un espace extérieur et limite les surchauffes estivales à l’intérieur du logement en réduisant les apports solaires d’une façade exposée au soleil. La végétaliser avec des plantes grim­pantes renforce ces effets et améliore l’intégration paysagère.

Sur maison existante, adosser la per­gola au mur par une panne (dite mura­lière) plutôt que construire des poteaux supplémentaires diminue le volume de bois et confère davantage de légèreté. Utiliser du bois naturellement résistant aux attaques fongiques et d’insectes xylophages évite par ailleurs l’usage de produits chimiques. En feuillus : chêne, châtaignier, robinier. En résineux: dou­glas, Western Red Cedar … Préférez un bois d’origine locale et purgé d’aubier. La méthode ici présentée peut être mise en œuvre par des autoconstructeur.rices ayant un peu d’expérience du travail du bois et disposant d’un minimum de matériel. La durée du chantier dépen­dra de l’expérience, l’exigence et l’ou­tillage (du bois raboté fait gagner du temps lors des tracés et finitions). Si la fixation traditionnelle en bois de type tenon-mortaise exclut l’ouvrage de la garantie décennale des artisans à cause d’une conception jugée trop peu drai­nante pour l’écoulement de la pluie, elle témoigne d’une capacité à traverser les années pour peu qu’on soigne la réalisa­tion. Des fixations plus conventionnelles peuvent cependant être envisagées. Laspect massif de cette réalisation est éloigné de la légèreté d’autres modèles de pergola. «Si on veut garder des pannes carrées, on ne peut pas utiliser de sections plus petites, prévient l’artisan Nico­las Roucayrol. Si on souhaite une panne sablière rectangulaire de même largeur que les poteaux mais de hauteur supérieure, on peut réduire la section des poteaux jusqu’à du 10 x 10 cm, mais la pergola perdra de son cachet traditionnel »


Enquête : Trop classe ta terrasse !



Une terrasse peut tout à fait être réalisée avec du bois local et non traité.

À condition de ne pas négliger sa conception et sa réalisation, notamment face à la gestion de l’humidité. Choix de l’essence de bois, des supports, fixations et autres accessoires qui allongeront sa durée de vie : Suivez le guide !

Ennemi n ° 1 d’une terrasse en bois: l’humidité. En découlent les prin­cipes d’une bonne conception et réalisation pour un ouvrage qui dure. Écartons le «bois composite» issu du pétrole, le pin qui doit rece­voir un traitement chimique et énergivore pour tenir en extérieur et, si les bois exotiques ont une excellente résistance, ils sont importés depuis d’autres continents. Plusieurs essences fran­çaises sont adaptées, naturellement classe 3, comme le douglas purgé d’aubier.
« On peut aussi utiliser du mélèze, mais je préfère le cèdre, plus facile à travailler et stable dans notre région», indique l’artisan Sylvain Fayet, de la Scop Arbâts (04). Ces trois essences se vendent autour de 21 à 35 €/m2 (lames sèches rabotées) ou 500 à 650 €/m3 brut de sciage. Pour des ter­rasses très exposées aux intempéries ou en bord de piscine, il emploie du robinier, classe 4 bien que français. «Il faut respecter un élancement plus faible pour qu’il reste stable. Son prix a flambé, désormais proche des bois exotiques, à plus de 70 €/m2» Le chêne est parfois difficile à déni­cher localement, mais« comme le châtaignier, il se positionne entre les essences courantes et le robinier en termes qualitatifs et budgétaires».


Portfolio : Des circulations sans goudron ni béton



Portfolio allées.

Voies carrossables, aires de stationnement, allées piétonnes, il est temps de détrôner les enrobés bitumés (issus du pétrole et cancérogènes possibles) et leurs acolytes cimentés (une des principales sources de rejets de CO2 dans l’atmosphère), matériaux néfastes pour les sols et la gestion des eaux pluviales. Les alternatives existent, à choisir ou panacher selon les usages, les coûts, l’entretien…

Une allée est dimensionnée selon la portance : « pour qu’un piéton y circule, on prévoit 5 à 10 cm d’épaisseur totale ; pour le passage de véhicules, 20-25 cm, voire 35 cm pour supporter un camion de livraison ou de déménagement », préconise Claude Oillic, paysagiste près de Toulouse (31). Le sol est décaissé en conséquence. « On met une première couche de gros cailloux, qui freinent l’enfoncement dans le sol, et on termine avec une couche de finition, par exemple du gravier. » Attention à la provenance du gravier, car « on en importe du monde entier alors que la France produit des quartz, calcaires, granit, etc., alerte Emmanuel Gouy, de la Scop Les Jardins de demain (44). On l’étale au râteau sur une sous-couche de grave 0/40 chargée en sable argileux pour stabiliser l’ensemble une fois vibré ». L’entretien se limite à retirer quelques herbes, égaliser au râteau et recharger tous les deux ou trois ans. Pour réduire l’entretien des allées et délimiter les espaces, des bordures se font en pierre, brique, pavé… En bois (traverses, planches ou rondins), les poser sur une couche de gravier pour réduire l’humidité.


Avis d’experts : S’ouvrir d’autres horizons que le gazon



Des couverts autonomes qui demandent peu d’entretien et permettent de faire des économies.

Diversifier les étendues végétales au profit d’espèces adaptées au contexte local et aux usages des diverses zones du jardin réduit les charges d’entretien et favorise la biodiversité. Sans compter les attraits esthétiques d’un extérieur foisonnant de vie, de couleurs et de volumes.

D’un vert profond et doux, le gazon s’est imposé dans l’imaginaire collectif comme l’élément clé du plaisir au jardin. Mais ce plaisir coûte cher. Si les emblématiques gazons britanniques sont naturellement nourris de pluies abondantes, en France « l’arro­sage d’un gazon nécessite près de 1 000 /lm’ par an à Montpellier», prévient Olivier Filippi, pépiniériste spécialiste des plantes pour jardin sec. L’auteur d’Alternatives au gazorl11 précise que les graminées qui constituent les gazons traditionnels, ray-grass anglais en tête, « sont des espèces particulièrement gourmandes en azote». Autrement dit, en engrais. Par ailleurs, l’obtention d’un couvert dense et ras (bien pauvre en biodiversité) tout au long de l’an­née implique des tontes régulières,« cinq à dix par an minimum», prévient Lucie Heitz, de l’entreprise Nungesser semences spécialisée dans la création de sites paysagers. De quoi donner envie d’être plus créatif et de changer de regard pour adopter une approche plus écologique.


Enquête : Clôturer sans enfermer



La clôture définit les limites d’une propriété

Mais aussi des espaces au sein d’un même jardin, empêche des animaux de partir en vadrouille, etc. certaines sont dramatiques pour l’environnement et le lien social. des solutions existent pour limiter les dégâts, voire recréer de la vie.

D’’un côté de la rue, il y a ce mur bahut surmonté de grilles en fer forgé. De l’autre, ce mur maçonné de 2 m tout gris. Les clôtures façonnent notre paysage. Elles sont des limites culturelles, instaurées pour séparer un grand dehors, lieu du tout-le-monde, d’un dedans qui nous caractérise », définit Chris Younès, philosophe de l’architecture. Elle invite à penser les clôtures comme un « espace critique ». Leur aspect, leur opacité, leur hauteur « ques- tionnent notre façon d’habiter le monde. À quel point on lui fait confiance ou non, à quel point on veut cohabiter avec lui… ». Ce « lui » vaut pour l’humain et le non-humain. « Les clôtures participent à la fragmentation paysa-gère. Quand elles sont pleines au moins sur la partie inférieure ou à mailles fines, elles empêchent la faune de se déplacer pour s’abriter, se nourrir ou se reproduire », pointe Elsa Caudron, responsable du programme Nature en ville de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Sont victimes, entre autres, le hérisson qui se rapproche des villes pour s’alimenter dans les jardins, la pédofaune évo-luant dans les premiers 10 cm du sol, le renard… Il est temps que la clôture incarne « une nouvelle façon de vivre avec l’autre et avec la terre », sou-haite Chris Younès. Qu’elle ne représente plus « une barrière infranchissable » mais « un espace de mise en relation ». Un concept clé : la perméabilité.


Portfolio : Les végétaux se tressent sans stress



Portfolio vannerie.

Au jardin, l’osier (saule) et le châtaignier peuvent se tresser pour des aménagements bucoliques, parfois vivants, souvent éphémères.

Os(i)er la banquette. En Corrèze, Olivier Ton a récupéré une banquette en rotin et comblé l’assise et le dossier par de l’osier brut (avec écorce) et blanc (écorcé), tressé par groupes de deux ou trois brins. Plus de 300 ont été nécessaires, d’une longueur de 1,80 à 2 m. « On peut aussi tresser une banquette en créant la structure en osier », précise cet osiériculteur-vannier. La banquette en osier ne sera pas éternelle, mais on peut la préserver par une ou deux applications par an d’huile de lin mélangée à un siccatif type essence de térébenthine pour ne pas « coller ».

Assis sur le plessis. La collection Cluny de l’atelier Chatersèn (Gard) comporte fauteuils (60 cm), banquettes (1,20 m) et bancs (1,50 m) en châtaignier. L’assise est tressée comme un plessis (voir p. 23) et la structure en bois ronds assemblée traditionnellement par tenons et mortaises. Le bois change d’aspect au fil des ans. « On dit du châtaignier qu’il a la même durée de vie sec qu’il a été sur pied, révèle l’artisan chaisier Arnaud Mainardi. J’ai réalisé une banquette chez moi en 2012 et on ne passe toujours pas à travers ! » Pour mieux préserver l’ouvrage, le rentrer en hiver.


Portfolio : Meubler son extérieur



Portfolio Mobilier.

Créée en 2008,La Menuiserie solidaire est une association d’aide aux personnes en situation de handicap ou sans emploi en réinsertion. Implantée à Magnanville (78) et Dreux (28), elle leur partage des savoir-faire artisanaux tout en valorisant des bois de récupération. Planches et chevrons issus de chantiers de démolition ou de construction, palettes industrielles provenant des emballages d’un cuisiniste local sont métamorphosés en mobilier, comme ce salon de jardin en pin brut.

Pour un aménagement extérieur modulable adapté aux rêveries intimistes comme aux grandes tablées festives, ces modèles de chaise et table pliantes facilitent les déplacements et le stockage. Robustes et relativement faciles à fabriquer, ces chaises offrent même le confort d’un dossier incurvé. L’association grenobloise Entropie défend un modèle alternatif de production d’objets basé sur le design libre, l’autoproduction et l’écoconception. Elle partage ainsi gratuitement les notices de fabrication de ses créations sur asso-entropie.fr


Reportage : Pour aménager leur jardin, ils s’emballent pour le local



Vive le local !

Dans le Maine-Et-Loire, la famille Mouillé a transformé ce jardinet tristounet en un véritable espace de vie ; pour eux comme pour la faune et la flore. Ainsi agréments, cultures nourricières, aménagements, équipements et mobilier extérieurs mettent à profit des matériaux, végétaux et savoir-faire locaux.

Ainsi, lorsque Michel et Evelyne achètent ces 703 m2 de terrain en 2004, ne s’y dressent qu’une maison, un cerisier, une haie de thuyas et un vieil abri de jardin. Mais « Petit à petit, on l’a aménagé pour le rendre plus agréable et y favoriser la biodiversité », retrace Michel Mouillé. En se bardant de croûtes d’arbres brutes, l’abri se mue en atelier et poulailler. Les thuyas sont retirés et la famille plante « des végétaux locaux, comme le noisetier et un pommier patte-de-loup, dont les fruits arborent comme une griffure de loup quand ils se fendillent au mois de juin. C’est une variété locale, créée à Beaupréau», à quelques kilo­mètres du bourg de Roussay (49) où vivent le couple et ses trois enfants.


Cahier pratique > travaux : Une terrasse bois en arc de cercle

Travaux terrasse bois arc de cercle

Pour changer des terrasses rectangulaires, l’arc de cercle est une bonne alternative esthétique.

La contrainte technique n’est pas insurmontable. Conseils …

Les propriétaires souhaitaient une terrasse en arc de cercle pour son esthétique, « car cela casse les lignes», nous expliquent ils. Rien d’insur­montable, mais il a fallu s’adapter au lieu: deux murs en parpaing perpendiculaires, dont un présentant un souci d’équerrage; «J’ai choisi de traiter la contrainte technique de l’arc de cercle avec des étrésillons.  Il est tout à fait possible d’utiliser une planche qui épouse l’arrondi; mais pour cela il faut un bois assez flexible pour pouvoir se courber», explique Baptiste Dupré, charpentier.

L’artisan a réalisé cette terrasse bois en pin douglas sur des pieux en robinier. Du bois local et massif qui résiste bien au temps qui passe : 30 ans pour les lames et 40 ans pour les pieux (même enfouis sous la terre, car le robinier est chargé en silice)! « C’est une vieille tech­nique qui n’est pas couverte par les DTU, mais ça vaut le coup! Cela permet d’éviter les plots en béton ou en plastique et si on veut enlever la terrasse, il suffit de retirer les pieux ; Mais, bien sûr, il faut qu’il n’y ait pas des réseaux électriques ou sanitaires en-dessous», poursuit Baptiste Dupré.

Le charpentier réfléchit à une alterna­tive au géotextile à base de pétrochimie, « quelque chose qui ne se dégrade pas dans le temps si on veut éviter la repousse des plantes. Je pense à mettre de la sciure de pin douglas, mais ce sont des supposi­tions et cela n’aurait qu’une efficacité tem­poraire, il faut expérimenter!».