Sous terre, semi-enterrées ou en surface, des alternatives naturelles assurent de bonnes conditions de conservation.
Pour conserver fruits et légumes ou bouteilles de vin, oublions les énergivores caves électriques ou bâtis en béton et panneaux sandwich pétrosourcés.
Fruits et légumes au frigo, vins dans une cave motorisée. Sommes-nous voués à consommer toujours plus d’électricité pour conserver nos denrées ? La cave naturelle fait pourtant ses preuves depuis des millénaires et mérite de retrouver sa place dans nos logis.
Pour commencer, ne stockons pas les bouteilles avec les fruits et légumes, « qui peuvent altérer la qualité du vin, voire lui transmettre des odeurs », prévient Joël Rochard, ingénieur œnologue. D’autant que les conditions de conservation diffèrent. Si celles du vin se situent autour de 12 à 15°C et 60 à 70 % d’humidité relative (HR) de l’air, « les pommes de terre réclament 80 % d’HR, les légumes racines entre 90 et 95 % », souligne le maraîcher Timothée Châtelain. Si l’HR est trop basse, les aliments se fanent et les bouchons de liège se dessèchent, laissant passer l’air. Si elle est trop forte, les denrées risquent de pourrir ; les bouchons et étiquettes, de moisir. Une pomme se conserve moins de deux mois à 18°C mais plus de quatre mois à 10°C et près de sept mois à 5°C. De 0 à 0,5°C pour les tomates et fraises, 1 à 3°C pour les patates ; « Les températures optimales de conservation dépendent des variétés et sont de toute façon trop basses pour être maintenues en permanence dans une cave naturelle. Dans un usage privé, le but n’est pas de conserver le plus longtemps possible, car la teneur en vitamines, acides, glucides et autres nutriments diminue avec le temps », lit-on dans Construire une cave naturelle (1), qui conseille environ 5°C en hiver et 10°C en été, avec une HR de 85 à 95 %.
Une cave en pierres semi-enterrée
Pour le vin, l’idéal est une cave enterrée. « Le sous-sol se maintient à 11-12°C dans les zones fraîches, 15-16°C en zone méditerranéenne », indique Joël Rochard, dont la cave est taillée directement dans la roche du sous-sol. « Ceux qui ne peuvent pas l’enterrer complètement et ont un peu de place peuvent opter pour une cave semi-enterrée. »
À Maumusson (44), après un test de stabilité du sol et un terrassement de 2 m de profondeur à la mini-pelle, l’association L’Arbre de vie a monté des murs en limousinerie traditionnelle. « Les pierres sont maçonnées avec un mélange de terre argileuse et de sable », expose Aurélien Gratien, à l’initiative du projet. Reste à poser un plancher bois au plafond, le couvrir d’un film d’étanchéité, puis de 80 cm de terre.
Pour une cave de surface, « l’effet de masse de murs en pierre ou terre crue de 40 cm apporte une inertie qui évitera la variation de température à l’échelle de quelques jours. Mais lorsque la chaleur grimpe ou chute durant plusieurs semaines, la cave en subira l’influence, avertit Joël Rochard. L’intérêt reste que ça évite une variation rapide, d’autant plus si vous ajoutez un toit végétal (2) de 50 à 60 cm. Il peut se prolonger sur les côtés pour former un talus. Ainsi, toutes les parois bénéficient de l’inertie de la terre. On peut aussi jouer sur l’isolation. Les blocs monomurs type briques alvéolaires incluent une isolation dans la masse du matériau de structure ».