
Du sol au plafond, la maison autoconstruite en Charente-Maritime par Sarah et Julien s’habille en seconde main. Charpente, dalle, fenêtres, isolation ; ses entrailles aussi ont déjà vécu d’autres vies.
Un portail qui s’ouvre sur le halètement du chien Bouli, une volée de marches en palettes (en attendant la terrasse en dalles de teck démontées de la cour d’un bureau parisien) et nous voilà attablés dans l’enveloppant intérieur de Sarah et Julien. Ils ont emménagé en avril dernier dans la maison dont ils ont entamé l’autoconstruction en février 2021 près de Rochefort (17), en suivant une recette bien à eux : bois, terre, paille… et une grosse dose de réemploi.
Julien dévoile son ingrédient pas si secret : le réseau, tissé en suivant des formations, Propaille, terre crue dans le Périgord, réemploi des matériaux avec Odéys à Bordeaux. « Ça ouvre les yeux sur plein de choses, ils te fournissent des pistes, qui t’amènent à un gars, qui te parle d’une boutique et de fil en aiguille ta baraque prend forme ! Il faut parler,
parler, parler. »
Stratégie de la langue bien pendue
Parler avec « le menuisier du village d’à côté, consulté pour les fenêtres. On ne l’a pas retenu mais on a sympathisé et quand je lui ai dit que je cherchais un escalier, il m’a proposé celui qui traînait depuis quatre ans dans son garage. Après l’avoir démonté d’une mairie, il n’a pas pu jeter ce magnifique ouvrage en ormeau, un bois qu’on ne trouve plus depuis que cet arbre a été décimé par une maladie ».
Parler encore, avec les architectes du collectif Cancan, qui ont récupéré des claustras « dans un chai de Bordeaux qui refaisait sa déco alors que tout était neuf. À la mode, ces panneaux coûtent 250 € neufs ; ils les bradaient 15 €, donc on a sauté dessus », même s’il a fallu les stocker deux ans et demi avant de les poser au plafond de l’entrée.
Les écuries de tôle se remplissent vite, le couple installe un grand barnum et stocke aussi sur le chantier. « Heureusement qu’on avait notre meilleur ami : le transpalette ! 100 € bien rentabilisés, on pouvait déplacer facilement sur la dalle les bottes de paille ou les fenêtres sans les abîmer et sans nous abîmer », sourit Sarah.
Une partie de cette dalle est en bois de réemploi acheté à des entreprises qui s’en séparaient ou récupéré chez un oncle entrepreneur. « Quand on allait voir mes parents à Paris, on revenait la remorque pleine après être allés fouiner dans les restes de chantier et tout ce qui ne servait à rien dans ses hangars, se souvient Julien. Depuis, il s’est fait un grand rayonnage, s’est acheté un chariot élévateur, a tout rangé et il propose à ses clients du réemploi ! »
Pas si dur en structure
La charpente est dénichée sur Leboncoin, vendue par un ancien couvreur qui l’a gardée des années après qu’elle ait été démontée d’un très vieux hangar. « On a récupéré pour la moitié du prix neuf de magnifiques poutres de 11 m, bien droites, de section 25 x 25 et 30 x 30 cm », s’enthousiasment les autoconstructeurs. Le bureau d’études structure accepte la charpente de réemploi, « mais il a minimisé la section par sécurité, en considérant dans ses calculs que le 25 x 25 cm était du 15 x 15 cm en douglas neuf. Alors qu’il doit être bien plus solide ! ».
Retrouvez cet article dans le Hors-série n°19 : Récup et Réemploi
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