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Numéro 89
la maison écologique

N°89 - Octobre-Novembre 2015

Dossier : La RT 2012, éco-compatible ? A la loupe : Maison de ville zéro carbone Avis d'expert : Les produits minces réfléchissants, ça isole ? Rénover : La métamorphose d'un pavillon Autoconstruire : Deux ans pour écoconstruire notre maison Faites-le vous-même : Bâtir en paille avec la technique Greb ... Version numérique : Retrouvez vos numéros enrichis, en ligne ou sur l'application. Téléchargez ou imprimez-les si besoin.

Edito

Couic au cocorico Vous ne le savez peut-être pas encore, mais un vitrage producteur d'électricité solaire a été imaginé et développé dans les bureaux d'une société française, sise dans les Bouches-du-Rhône. Une innovation prometteuse aux allures de vitre fumée et tout à fait dans l'esprit des bâtiments à énergie positive. Cerise sur le panneau, son rendement de transformation de l'énergie solaire est dans la moyenne des meilleurs produits mondiaux. Pour leur vitrage nouvelle génération, les ingénieurs de Nexcis – le petit nom de l'entreprise en question – ont planché sur un procédé novateur de production à base d'électrodéposition, de four atmosphérique et de laser à très basse durée d'impulsion. Résultat : une diminution des besoins en métaux rares et moins d'émissions de CO2, le tout en assurant une qualité accrue au matériau et une cadence de fabrication élevée. Cocorico ! Pour cette solution dite BIPV, acronyme anglais de « photovoltaïque intégré au bâti », pas moins de dix-sept brevets ont été déposés. Les associés de la société ont de quoi être fiers. Alors vous comprendrez qu'à l'annonce de la liquidation de leur entreprise, les 77 salariés de Nexcis se sont sentis pour le moins déroutés ! Leurs actionnaires principaux ? EDF à 37 %, Eren à 33 % et EDF Énergies nouvelles à hauteur de 28 %, société dont le fondateur est également à la tête d'Eren. Actionnaires qui semblent malheureusement plus intéressés par la vente des brevets que par le développement de l'emploi industriel... Pourtant, depuis sa création en 2009, Nexcis a reçu pas moins de 40 millions d'euros d'aides publiques sous la forme de crédits d'impôt, d'aides des collectivités locales et de subventions européennes* ! De nombreux soutiens issus du secteur scientifique européen se sont mobilisés pour défendre les chercheurs. Et les élus locaux haussent le ton, exigeant d'EDF le remboursement de la subvention régionale si la cessation d'activité était confirmée sans aucune solution alternative maintenant l'emploi et l'utilisation de la technologie sur place. Cette triste histoire rappelle amèrement ce qui est arrivé au solaire en France il y a quelques décennies. Des chercheurs du CNRS et d'EDF sont alors à la pointe des travaux sur les centrales électrosolaires à concentration. En 1979, leur technologie est mûre et EDF se lance dans la construction de la tour Thémis dans les Pyrénées-Orientales. Les premiers essais commencent en 1982 ; en 1983, la centrale est opérationnelle. Elle envoie alors ses 2,5 MW solaires sur le réseau. Trois petites années plus tard, chute du prix du pétrole et politique du tout nucléaire obligent, EDF stoppe tout. Couic au cocorico ! Julie Barbeillon * Source : Reporterre, l'excellent média sur l'écologie, en ligne sur www.reporterre.org