Tuiles solaires, purement esthétiques ?
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Par Christophe Tréhet
Publié le 15 mai 2023
Elles assurent à la fois l'étanchéité du toit et une production d'électricité photovoltaïque, en remplaçant toute ou partie de la couverture de votre bâtiment. Coûteuses et encore peu distribuées,
les tuiles solaires constituent néanmoins une solution pour les projets soumis à certaines contraintes.
Produire de l’électricité photovoltaïque tout en assurant la couverture étanche et durable du toit. Voilà l’astucieuse idée à l’origine des tuiles – ou ardoises – solaires, calquée sur les panneaux solaires posés de façon « intégrée », c’est-à-dire dans le plan de la toiture. Ce produit à la double fonction se distingue des panneaux photovoltaïques, très majoritaires, fixés en surimposition. Les tuiles et ardoises solaires sont nées d’un « mariage entre les métiers du photovoltaïque et de la couverture », résume Marc Jedliczka, directeur général d’Hespul, association lyonnaise spécialisée notamment dans le solaire photovoltaïque et qui a contribué à la création des premiers modèles. En se rapprochant progressivement de l’aspect (forme, couleur) des tuiles et des ardoises classiques, les fabricants de tuiles solaires ambitionnent en outre d’offrir des produits « qui ne dénaturent pas l’esthétique » des toitures.
Quatre constructeurs proposent aujourd’hui en France des tuiles photovoltaïques faisant l’objet d’un Avis technique délivré par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), via une commission d’experts dédiée aux procédés photovoltaïques. Un sésame pour apparaître sur la liste verte de l'Agence qualité construction (AQC) ; la référence technique pour obtenir l’accord des assurances. De plus, leurs produits peuvent donner lieu à l'obtention d'une prime à l’investissement, les installations photovoltaïques n'entrant pas dans le champ d'application des normes DTU. Il s’agit d’Edilians, Sunstyle international, VMH Énergies et Systovi (entreprise du groupe Cetih). Si Edilians est issu du secteur de la couverture, Systovi fabrique historiquement des modules photovoltaïques.
Des écailles photovoltaïques qui taquinent la lauze
François Moisan s’attelle à la rénovation d’une maison à Revest-Saint-Martin, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à laquelle s’est accolée récemment une extension en ossature bois. Ancien cadre à l’Ademe, le jeune retraité s'interroge sur une toiture photovoltaïque, d’autant qu’il peine à trouver, pour couvrir le nouveau bâti, des lauzes à l’identique des toitures locales et de celles qui chapeautent la maison historique. « Je connais l’entreprise qui fabrique les tuiles solaires Sunstyle et leur forme en losange se rapproche idéalement de celle des lauzes », raconte-t-il. Sa principale difficulté au départ est de trouver un installateur. « Nous avons trouvé avec Sunstyle l’entreprise Tech3F qui regroupe au sein d’une même équipe des compétences de couverture et d’installation photovoltaïque. Il s’agit de leur première toiture en tuiles Sunstyle, l’entreprise a donc formé Francis Filippa sur son site à Châtellerault (86). Trois mois plus tard, les travaux commençaient et l’équipement a fonctionné de suite. »
La surface photovoltaïque occupe 27 m2, pour 30 m2 de toiture orientée sud/sud-est. Et offre une puissance de 2,6 kW. « Le projet n’a pas nécessité l’aval de l’architecte des Bâtiments de France mais, localement, il y a une tendance forte à favoriser l’intégration paysagère », poursuit François Moisan. Pour cette raison, il a choisi des tuiles de couleur grise, plus en accord avec les lauzes de schiste.
L’électricité produite depuis mai 2021 est autoconsommée et le surplus est vendu, réduisant le tarif d’achat à 10 c€/kWh, auquel il faut ajouter une prime d’autoconsommation de 380 €/kWc installé, soit 991 € (198 €/an pendant cinq ans payés par EDF-OA). Par jour ensoleillé, les tuiles fournissent 6 kWh l'hiver et 15 kWh l'été. Les économies d'électricité et le produit de la vente au réseau vont amortir progressivement les 16 000 € TTC du projet. « Ce n’est pas rentable à court terme, mais ce n’était pas l’objectif. »
© François Moisan
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