
Secteur « non essentiel », les magasins qui fournissent des matériaux de construction sont, pour la plupart, fermés au public à cause du coronavirus Covid-19. Il reste néanmoins possible de s’approvisionner en ayant recours aux livraisons, ou au « drive ».
Enquête de Nolwenn Weiler – 7 avril 2020
Avec l’épidémie de coronavirus, la plupart des distributeurs d’écomatériaux ont fermé boutique. Au cours des premières semaines de confinement, seuls les professionnels avaient le droit de venir retirer des marchandises en magasins. Toutefois, les particuliers pouvaient se faire livrer. Cependant, la donne a un peu changé le 24 mars dernier, avec la publication d’un décret qui autorise les magasins de bricolage à rester ouverts. Mais, dans la pratique, la plupart des enseignes préfèrent éviter d’ouvrir, pour mieux protéger leurs salariés et leurs clients.
« Les professionnels peuvent venir retirer les marchandises en prenant rendez-vous, explique Guillaume Rouaud, du magasin Logisain (Loire-Atlantique). Les devis et questions se font par téléphone ou par mail. Pour les particuliers, la livraison est obligatoire. » Yanic Noël, du réseau Ecobâti, ajoute: « Nous organisons des livraisons en France et en Belgique via tous nos magasins. Uniquement en livraison pour les particuliers. En livraison et retrait sur place pour les professionnels. »
Des conditions de livraison très strictes
Avant d’être livré, il faut s’assurer que les conditions sont réunies pour que cela se fasse sans danger face au risque de transmission du coronavirus. Ainsi, Jean-François Bébin, de la société Eko etik (Ille-et-Vilaine) y est particulièrement attentif. « La semaine dernière, j’ai livré des plaques de Fermacell à Hirel, non loin du Mont-Saint-Michel. J’ai demandé au client de me déposer une palette à l’extérieur et de ne pas être présent. J’ai tout déchargé tout seul, puis je suis reparti. » Jean-François Bébin prend ces mêmes précautions anti-coronavirus quand il confie les livraisons à un transporteur. « Je vérifie que le livreur va réellement pouvoir décharger seul, pour éviter les contacts avec les clients. Est-ce que l’accès le permet ? Est-ce qu’il pourra se servir de son chariot élévateur ? Je cadre ça très clairement avec les gens. »
« Il est très important de nous confier uniquement les commandes pour lesquelles les gens ont l’assurance qu’elles peuvent être réceptionnées. Toutes les marchandises ne pouvant être livrées nous seront automatiquement retournées », avertit de son côté Marie Cargueray, du Pôle habitat écologique, situé à Baud (Morbihan). « Les livraisons peuvent avoir un léger retard par rapport à d’habitude et le changement, c’est l’impossibilité de choisir la livraison en point relais », précise Manon Clabaut, du réseau Kenzaï. Côté transporteurs, « des frais supplémentaires s’appliquent en raison du manque de personnel ». Quand ce sont les distributeurs qui assurent eux-mêmes les livraisons, un système de forfait kilométrique est proposé, avec parfois des tarifs dégressifs selon la quantité de marchandises commandées. Il arrive aussi que les distributeurs passent directement par les services de livraison des fabricants de matériaux.
Le drive se généralise face au coronavirus
Autre option : le « drive ». Il permet de venir récupérer son matériel préalablement préparé en magasin. Ainsi, « il est possible de venir chercher sa commande en “retrait” en ayant au préalable passé commande sur le site Internet, explique Manon Clabaut, du réseau Kenzaï. Nous appelons le client quand la commande est prête, avec une date de rendez-vous. Lorsqu’il vient la chercher, la commande est isolée. De cette façon, le client est seul pour charger dans son véhicule (aucun contact avec le personnel). Toutefois, si besoin, notre préparateur (équipé d’un masque) peut aider à charger avec le chariot ». « Nous déposons les matériaux façon drive à l’extérieur du magasin, en respectant une zone de sécurité stricte », expliquent les gérants du magasin parisien Bien être et matériaux. Comme l’arrêté du 24 mars autorise l’ouverture des magasins de bricolage, il faut cocher la case ” achat de produits de première nécessité ” sur l’attestation de déplacement dérogatoire.
Autre option, le groupement d’achat
Enfin, à noter : l’organisation toute récente de groupes d’achats spécialisés en écoconstruction par le réseau Twiza (pour l’instant plutôt orientés photovoltaïque, chauffe-eau solaire et poêle de masse – pas d’isolant). Ce dernier propose en temps « normal » des informations diverses pour les autoconstructeurs et une mise en relation avec des volontaires aux chantiers participatifs. Du côté des grandes enseignes de bricolage, la situation est assez inégale face au coronavirus. Certaines – pour le moment peu nombreuses – ont décidé d’ouvrir. Mais d’autres se concentrent sur le système du « drive » et la livraison à domicile. Toutes espèrent que le décret du 24 mars va permettre de relancer une activité en berne depuis le début du confinement.
« Certaines personnes sont réellement impatientes d’avoir des matériaux, termine Jean-François Bébin. Mais la plupart des gens sont plutôt compréhensifs. En général, ils acceptent de faire une pause dans leurs chantiers et se disent qu’ils décaleront, c’est tout. Un chantier, très objectivement, c’est rarement vital. Et si on a deux ou quatre mois de retard à l’échelle d’une vie, c’est quand même faible, non ? »
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